XIX. N’envions rien

Ô femme, pensée aimante

Et cœur souffrant,

Vous trouvez la fleur charmante

Et l’oiseau grand ;

Vous enviez la pelouse

Aux fleurs de miel ;

Vous voulez que je jalouse

L’oiseau du ciel.

Vous dites, beauté superbe

Au front terni,

Regardant tour à tour l’herbe

Et l’infini :

« Leur existence est la bonne ;

« Là, tout est beau ;

« Là, sur la fleur qui rayonne,

« Plane l’oiseau !

« Près de vous, aile bénie,

« Lis enchanté,

« Qu’est-ce, hélas ! que le génie

« Et la beauté ?

« Fleur pure, alouette agile,

« À vous le prix !

« Toi, tu dépasses Virgile ;

« Toi, Lycoris !

« Quel vol profond dans l’air sombre !

« Quels doux parfums ! – »

Et des pleurs brillent sous l’ombre

De vos cils bruns.

Oui, contemplez l’hirondelle,

Les liserons ;

Mais ne vous plaignez pas, belle,

Car nous mourrons !

Car nous irons dans la sphère

De l’éther pur ;

La femme y sera lumière,

Et l’homme azur ;

Et les roses sont moins belles

Que les houris ;

Et les oiseaux ont moins d’ailes

Que les esprits !

Août 18…

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