I

Hélas ! que j’en ai vu mourir de jeunes filles !

C’est le destin. Il faut une proie au trépas.

Il faut que l’herbe tombe au tranchant des faucilles ;

Il faut que dans le bal les folâtres quadrilles

Foulent des roses sous leurs pas.

Il faut que l’eau s’épuise à courir les vallées ;

Il faut que l’éclair brille, et brille peu d’instants,

Il faut qu’avril jaloux brûle de ses gelées

Le beau pommier, trop fier de ses fleurs étoilées,

Neige odorante du printemps.

Oui, c’est la vie. Après le jour, la nuit livide.

Après tout, le réveil, infernal ou divin.

Autour du grand banquet siège une foule avide ;

Mais bien des conviés laissent leur place vide,

Et se lèvent avant la fin.

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