I

Le dôme obscur des nuits, semé d’astres sans nombre,

Se mirait dans la mer resplendissante et sombre ;

La riante Stamboul, le front d’ombres voilé,

Semblait, couchée au bord du golfe qui l’inonde,

Entre les feux du ciel et les reflets de l’onde,

Dormir dans un globe étoilé.

On eût dit la cité dont les esprits nocturnes

Bâtissent dans les airs les palais taciturnes,

À voir ses grands harems, séjours des longs ennuis,

Ses dômes bleus, pareils au ciel qui les colore,

Et leurs mille croissants, que semblaient faire éclore

Les rayons du croissant des nuits.

L’œil distinguait les tours par leurs angles marquées,

Les maisons aux toits plats, les flèches des mosquées,

Les moresques balcons en trèfles découpés,

Les vitraux se cachant sous des grilles discrètes,

Et les palais dorés, et comme des aigrettes

Les palmiers sur leur front groupés.

Là, de blancs minarets dont l’aiguille s’élance

Tels que des mâts d’ivoire armés d’un fer de lance ;

Là, des kiosques peints ; là, des fanaux changeants ;

Et sur le vieux sérail, que ses hauts murs décèlent,

Cent coupoles d’étain, qui dans l’ombre étincellent

Comme des casques de géants.

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