Écoutez ! — Le canon gronde.
Il est temps qu’on lui réponde.
Le patient est le fort.
Éclatent donc les bordées !
Sur ces nefs intimidées,
Frégates, jetez la mort !
Et qu’au souffle de vos bouches
Fondent ces vaisseaux farouches,
Broyés aux rochers du port !
La bataille enfin s’allume.
Tout à la fois tonne et fume.
La mort vole où nous frappons.
Là, tout brûle pêle-mêle.
Ici, court le brûlot frêle
Qui jette aux mâts ses crampons,
Et, comme un chacal dévore
L’éléphant qui lutte encore,
Ronge un navire à trois ponts.
— L’abordage ! l’abordage ! —
On se suspend au cordage,
On s’élance des haubans.
La poupe heurte la proue.
La mêlée a dans sa roue
Rameurs courbés sur leurs bancs,
Fantassins cherchant la terre,
L’épée et le cimeterre,
Les casques et les turbans.
La vergue aux vergues s’attache ;
La torche insulte à la hache ;
Tout s’attaque en même temps.
Sur l’abîme la mort nage.
Épouvantable carnage !
Champs de bataille flottants,
Qui, battus de cent volées,
S’écroulent sous les mêlées,
Avec tous les combattants.