IV

Écoutez ! — Le canon gronde.

Il est temps qu’on lui réponde.

Le patient est le fort.

Éclatent donc les bordées !

Sur ces nefs intimidées,

Frégates, jetez la mort !

Et qu’au souffle de vos bouches

Fondent ces vaisseaux farouches,

Broyés aux rochers du port !

La bataille enfin s’allume.

Tout à la fois tonne et fume.

La mort vole où nous frappons.

Là, tout brûle pêle-mêle.

Ici, court le brûlot frêle

Qui jette aux mâts ses crampons,

Et, comme un chacal dévore

L’éléphant qui lutte encore,

Ronge un navire à trois ponts.

— L’abordage ! l’abordage ! —

On se suspend au cordage,

On s’élance des haubans.

La poupe heurte la proue.

La mêlée a dans sa roue

Rameurs courbés sur leurs bancs,

Fantassins cherchant la terre,

L’épée et le cimeterre,

Les casques et les turbans.

La vergue aux vergues s’attache ;

La torche insulte à la hache ;

Tout s’attaque en même temps.

Sur l’abîme la mort nage.

Épouvantable carnage !

Champs de bataille flottants,

Qui, battus de cent volées,

S’écroulent sous les mêlées,

Avec tous les combattants.

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