XXVII Nourmahal-La-Rousse

No es bestia que non fus hy trobada.
Joan Lorenzo Segura de Astorga.

Pas de bête fauve qui ne s’y trouvât.

Entre deux rocs d’un noir d’ébène

Voyez-vous ce sombre hallier

Qui se hérisse dans la plaine

Ainsi qu’une touffe de laine

Entre les cornes du bélier ?

Là, dans une ombre non frayée,

Grondent le tigre ensanglanté,

La lionne, mère effrayée,

Le chacal, l’hyène rayée,

Et le léopard tacheté.

Là, des monstres de toute forme

Rampent : — le basilic rêvant,

L’hippopotame au ventre énorme,

Et le boa, vaste et difforme,

Qui semble un tronc d’arbre vivant.

L’orfraie aux paupières vermeilles,

Le serpent, le singe méchant,

Sifflent comme un essaim d’abeilles ;

L’éléphant aux larges oreilles

Casse les bambous en marchant.

Là, vit la sauvage famille

Qui glapit, bourdonne et mugit.

Le bois entier hurle et fourmille.

Sous chaque buisson un œil brille,

Dans chaque antre une voix rugit.

Eh bien ! seul et nu sur la mousse,

Dans ce bois-là je serais mieux

Que devant Nourmahal-la-Rousse,

Qui parle avec une voix douce

Et regarde avec de doux yeux.

25 novembre 1828.