II AUX OISEAUX ET AUX NUAGES.

Ô vierges du zénith, nuées,

Ô doux enfants de l’air, oiseaux,

Blancheurs par l’aube saluées,

Que contemple l’œil bleu des eaux ;

Vous qu’Ève nomma la première ;

Vous pour qui le Dieu redouté

Fit cet abîme, la Lumière,

Et cette aile, la Liberté ;

Vous qu’on voit, du gouffre où nous sommes,

Dans le grand ciel mystérieux ;

Vous qui n’admirez pas les Romes,

Les fourmilières valant mieux ;

Vous que la rosée en ses ombres

Abreuve ou crée avec ses pleurs,

Oiseaux qui sortez des nids sombres,

Nuages qui sortez des fleurs,

Parlez ; vous que le jour fait naître

Pour un essor illimité,

Vous que le libre éther pénètre

De gloire et de sérénité,

Vous qui voyez le mont austère,

Le frais matin, le soir obscur,

Toute la mer, toute la terre,

Éternels passants de l’azur ;

Que dit-on, dans la nuit sereine,

Que pense-t-on, dans la clarté,

De toute cette honte humaine

Qui rampe sous l’immensité ?

8 août 1854.

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