I

Tu souris dans l’invisible.

Ô douce âme inaccessible,

Seul, morne, amer,

Je sens ta robe qui flotte

Tandis qu’à mes pieds sanglote

La sombre mer.

La nuit à mes chants assiste.

Je chante mon refrain triste

À l’horizon.

Ange frissonnant, tu mêles

Le battement de tes ailes

À ma chanson.

Je songe à ces pauvres êtres,

Nés sous tous ces toits champêtres,

Dont le feu luit,

Barbe grise, tête blonde,

Qu’emporta cette eau profonde

Dans l’âpre nuit.

Je pleure les morts des autres.

Hélas ! leurs deuils et les nôtres

Ne sont qu’un deuil.

Nous sommes, dans l’étendue,

La même barque perdue

Au même écueil.

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