II

Il faut toujours quelqu’un qui dise : je suis prêt.

Je m’immole. Sans quoi, ma France bien-aimée,

La conscience au cœur de l’homme se romprait ;

Peuple ! Il ne resterait pas une âme allumée.

Il est bon en tout temps, aujourd’hui comme hier,

Que des hommes sereins, en qui rien ne recule,
Se sentent un amour mystérieux et fier

Pour l’exil, nuit sinistre, et la mort, crépuscule.

Je suis de ceux sur qui le char roule effrayant ;

L’épreuve me flagelle et le devoir me broie ;

Je ne vois pas pourquoi je serais triste, ayant

Ce lugubre bonheur et cette sombre joie.

D’autres, meilleurs que moi, dans le deuil et l’affront

Expirèrent ; ils sont dans la lumière pure.

Gloire à ces combattants du Golgotha ! leur front

Est d’autant plus serein que l’épine est plus dure.

Ils furent grands. Ils ont souffert, ils ont aimé.

Leur linceul laisse voir leur clarté sous ses voiles ;

Et le rude chemin du martyre est semé

De leurs gouttes de sang qu’on prend pour des étoiles.

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