IV

Heureux les éprouvés ! voilà ce que je vois ;

Et je m’en vais, fantôme, habiter les décombres.

Les pêcheurs, dont j’entends sur les grèves la voix,

Regardent les flots croître ; et moi, grandir les ombres.

Je souris au désert ; je contemple et j’attends ;

J’emplis de paix mon cœur qui n’eut jamais d’envie ;

Je tâche, craignant Dieu, de m’éveiller à temps

Du rêve monstrueux qu’on appelle la vie.

La mort va m’emmener dans la sérénité ;

J’entends ses noirs chevaux qui viennent dans l’espace.

Je suis comme celui qui, s’étant trop hâté,

Attend sur le chemin que la voiture passe.

Ne plaignez pas l’élu qu’on nomme le proscrit.

Mon esprit, que le deuil et que l’aurore attire,

Voit le jour par les trous des mains de Jésus-Christ.

Toute lumière sort ici-bas du martyre.

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