XXVIII AUX PRÊTRES.

Il sied de ressembler aux dieux. Ton Dieu, flamine,

Dévore ses enfants ; ton Dieu, mage, extermine ;

Augure, ton Dieu ment ; uléma, ton Dieu met

La terre sous le sabre impur de Mahomet ;

Ton Dieu, Rome, est l’agneau, mais il tette la louve ;

Ô noir dominicain qui rêves, ton Dieu trouve

Agréable l’odeur infâme des bûchers ;

D’affreux temples, ayant pour prêtres des bouchers,

Sont l’habitation de ton Dieu, corybante ;

Brahmine, ton Dieu sombre aime la nuit tombante ;

Rabbin, ton Dieu maudit la race de Japhet,

Et cloue au fond du ciel le soleil stupéfait ;

Sabaoth est cruel, Jupiter est immonde,

Et pas un Dieu ne sait comment est fait le monde ;

Les peuples ont le choix pour fléchir le genou

Entre le monstre Asgar et le monstre Vishnou ;

Ce Dieu brait, celui-là rugit, celui-ci beugle ;

C’est pourquoi l’idéal de l’homme est d’être aveugle,

Ténébreux, vil, féroce, ignorant, odieux,

Afin d’être aussi près que possible des dieux.

4 août 1874.

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