XXXVI

Soit. C’est dit. Tout n’est plus qu’une cendre qui vole.

La révolution française est une folle,

Une drôlesse, à qui Bruxelles dit : Va-t’en !

Danton est empoigné par monsieur d’Anethan

Et Robespierre est pris au collet par Cornesse ;

On met Paris au poste ainsi qu’une ivrognesse ;

Nous sommes un troupeau de moutons qui n’est bon

Qu’à suivre son berger et son boucher Bourbon ;

Depuis quatre cents ans l’esprit humain radote.

Qu’est-ce que le progrès ? une vieille anecdote.

Nous nous sommes repus de chimères ; le vrai,

C’est Sanchez en morale, en finances Terray ;

La guillotine est bien, la potence est meilleure ;

Ce que nous appelons conscience est un leurre ;

Dieu parle dans le dogme et non dans la raison ;

Le confessionnal nous offre sa cloison,

Collons-y notre oreille et soyons imbéciles,

C’est le salut. Faisons vers les hommes fossiles

Le plus que nous pourrons de pas à reculons.

Le vrai but resplendit derrière nos talons ;

C’est le passé, le trône et l’autel, l’ignorance.

Déshabituons-nous de ce grand mot : la France.

Le pape a décrété qu’il est Dieu ; donc il l’est.

L’esprit, qui de Paris sur le monde soufflait,

Semait de la folie aux quatre vents éparse ;

Les droits de l’homme sont une assez triste farce ;

Le monarque est le char, le peuple est le pavé ;

Nous n’avons rien créé, nous n’avons rien trouvé ;

À nos inventions mettons le bonnet d’âne ;

Molière n’est qu’un drôle, et Tartuffe le damne ;

Jean-Jacques est un croquant, Voltaire est un grimaud,

Et Trublet, Patouillet, Pluche, ont le dernier mot.

Altwies, 20 septembre 1871.

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