III

L’angle de la cellule abrite un lit paisible.

Sur la table est ce livre où Dieu se fait visible,

La légende des saints, seul et vrai panthéon.

Et dans un coin obscur, près de la cheminée,

Entre la bonne Vierge et le buis de l’année,

Quatre épingles au mur fixent Napoléon.

Cet aigle en cette cage ! — et pourquoi non ? dans l’ombre

De cette chambre étroite et calme, où rien n’est sombre,

Où dort la belle enfant, douce comme son lys,

Où tant de paix, de grâce et de joie est versée,

Je ne hais pas d’entendre au fond de ma pensée

Le bruit des lourds canons roulant vers Austerlitz.

Et près de l’empereur devant qui tout s’incline,

— Ô légitime orgueil de la pauvre orpheline ! —

Brille une croix d’honneur, signe humble et triomphant,

Croix d’un soldat, tombé comme tout héros tombe,

Et qui, père endormi, fait du fond de sa tombe

Veiller un peu de gloire auprès de son enfant.

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