V

Le matin elle chante et puis elle travaille,

Sérieuse, les pieds sur sa chaise de paille,

Cousant, taillant, brodant quelques dessins choisis ;

Et, tandis que, songeant à Dieu, simple et sans crainte,

Cette vierge accomplit sa tâche auguste et sainte,

Le silence rêveur à sa porte est assis.

Ainsi, Seigneur, vos mains couvrent cette demeure.

Dans cet asile obscur, qu’aucun souci n’effleure,

Rien qui ne soit sacré, rien qui ne soit charmant !

Cette âme, en vous priant pour ceux dont la nef sombre,

Peut monter chaque soir vers vous sans faire d’ombre

Dans la sérénité de votre firmament !

Nul danger ! nul écueil ! — Si ! l’aspic est dans l’herbe !

Hélas ! hélas ! le ver est dans le fruit superbe !

Pour troubler une vie il suffit d’un regard.

Le mal peut se montrer même aux clartés d’un cierge.

La curiosité qu’a l’esprit de la vierge

Fait une plaie au cœur de la femme plus tard.

Plein de ces chants honteux, dégoût de la mémoire,

Un vieux livre est là-haut sur une vieille armoire,

Par quelque vil passant dans cette ombre oublié ;

Roman du dernier siècle ! œuvre d’ignominie !

Voltaire alors régnait, ce singe de génie

Chez l’homme en mission par le diable envoyé.

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