Ode huitième. Le matin.


Moriturus morituræ  !

Le voile du matin sur les monts se déploie.

Vois, un rayon naissant blanchit la vieille tour ;

Et déjà dans les cieux s’unit avec amour,

Ainsi que la gloire à la joie,

Le premier chant des bois aux premiers feux du jour.

Oui, souris à l’éclat dont le ciel se décore ! —

Tu verras, si demain le cercueil me dévore,

Un soleil aussi beau luire à ton désespoir,

Et les mêmes oiseaux chanter la même aurore,

Sur mon tombeau muet et noir !

Mais dans l’autre horizon l’âme alors est ravie.

L’avenir sans fin s’ouvre à l’être illimité.

Au matin de l’éternité

On se réveille de la vie,

Comme d’une nuit sombre ou d’un rêve agité.

Avril 1822.

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