Ode sixième. Le nuage.

J’erre au hasard, en tous lieux, d’un mouvement plus doux que la sphère de la lune.

Shakespeare.

Ce beau nuage, ô vierge, aux hommes est pareil.

Bientôt tu le verras, grondant sur notre tête,

Aux champs de la lumière amasser la tempête,

Et leur rendre en éclairs les rayons du soleil.

Oh ! qu’un ange longtemps d’un souffle salutaire

Le soutienne en son vol, tel que l’ont vu tes yeux !

Car, s’il descend vers nous, le nuage des cieux

N’est plus qu’un brouillard sur la terre.

Vois, pour orner le soir, ce matin il est né.

L’astre géant, fécond en splendeurs inconnues,

Change en cortège ardent l’amas jaloux des nues ;

Le génie est plus grand d’envieux couronné !

La tempête qui fuit d’un orage est suivie.

L’âme a peu de beaux jours ; mais, dans son ciel obscur,

L’amour, soleil divin, peut dorer d’un feu pur

Le nuage errant de la vie.

Hélas ! ton beau nuage aux hommes est pareil.

Bientôt tu le verras, grondant sur notre tête,

Aux champs de la lumière amasser la tempête,

Et leur rendre en éclairs les rayons du soleil !

Avril 1822.

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