I

Lyre ! encore un hommage à la vertu qui t’aime !

Assez tu dérobas des hymnes d’anathème

Au funèbre Isaïe, au triste Ézéchiel !

Pour consoler les morts, pour pleurer les victimes,

Lyre, il faut de ces chants sublimes

Dont tous les échos sont au ciel.

Elle aussi, Dieu l’a rappelée ! —

Les cieux nous enviaient Sombreuil ;

Ils ont repris leur exilée ;

Nous tous, bannis, traînons le deuil.

Répondez, a-t-on vu son ombre

S’évanouir dans la nuit sombre,

Ou fuir vers le jour immortel ?

La vit-on monter ou descendre ?

Où déposerons-nous sa cendre ?

Est-ce à la tombe ? est-ce à l’autel ?

Ne pleurez pas, prions : les saints l’ont réclamée ;

Prions : adorez-la, vous qui l’avez aimée !

Elle est avec ses sœurs, anges purs et charmants,

Ces vierges qui, jadis, sur la croix attachées,

Ou, comme au sein des fleurs sur des brasiers couchées,

S’endormirent dans les tourments.

Sa vie était un pur mystère

D’innocence et de saints remords ;

Cette âme a passé sur la terre

Entre les vivants et les morts.

Souvent, hélas ! l’infortunée,

Comme si de sa destinée

La mort eût rompu le lien,

Sentit, avec des terreurs vaines,

Se glacer dans ses pâles veines

Un sang qui n’était pas le sien !

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