I

Il est, Chateaubriand, de glorieux navires

Qui veulent l’ouragan plutôt que les zéphires.

Il est des astres, rois des cieux étincelants,

Mondes volcans jetés parmi les autres mondes,

Qui volent dans les nuits profondes,

Le front paré des feux qui dévorent leurs flancs.

Le génie a partout des symboles sublimes.

Ses plus chers favoris sont toujours des victimes,

Et doivent aux revers l’éclat que nous aimons ;

Une vie éminente est sujette aux orages ;

La foudre a des éclats, le ciel a des nuages

Qui ne s’arrêtent qu’aux grands monts !

Oui, tout grand cœur a droit aux grandes infortunes ;

Aux âmes que le sort sauve des lois communes

C’est un tribut d’honneur par la terre payé.

Le grand homme en souffrant s’élève au rang des justes.

La gloire en ses trésors augustes

N’a rien qui soit plus beau qu’un laurier foudroyé !

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