Le roi dit : « Nous jurons, comme ont juré nos pères,
De rendre à nos sujets paix, amour, équité ;
D’aimer, aux mauvais jours comme en des temps prospères,
La charte de leur liberté.
Nous vivrons dans la foi par nos aïeux chérie.
Des ordres de chevalerie
Nous suivrons le chemin étroit.
Pour sauver l’opprimé nos pas seront agiles.
Ainsi nous le jurons sur les saints Évangiles.
Que Dieu soit en aide au bon droit ! »
Montjoie et Saint-Denis ! — Voilà que Clovis même
Se lève pour l’entendre ; et les deux saints guerriers,
Charlemagne et Louis, portant pour diadème
Une auréole de lauriers ;
Et Charles Sept, guidé par Jeanne encor ravie ;
Et François Premier, dont Pavie
Trouva l’armure sans défaut ;
Et du dernier martyr l’héroïque fantôme,
Ce roi, deux fois sacré pour un double royaume,
À l’autel et sur l’échafaud !
Devant ces grands témoins de la grandeur française,
Le saint chrême de Charle a rajeuni les droits.
Il reçoit, sans faiblir, cette couronne où pèse
La gloire de soixante rois.
L’archevêque bénit l’épée héréditaire,
Et le sceptre, et la main austère
Dont nul signe n’est démenti ;
Puis il plonge à leur tour dans le divin calice
Ces gants, qu’un roi jamais n’a jetés dans la lice,
Sans qu’un monde n’en ait retenti !