CHAPITRE XI L’OFFICE DES TÉLÉPHONES

De son expédition, Allsmine était revenu la tête lourde, l’esprit et le corps brisés.

Triplex lui avait porté un coup terrible, car Joan, publiquement, avait pris parti pour le Corsaire.

Et puis cet Arlequin d’Or, disparu depuis de si longues années, qui subitement sortait des flots comme un témoignage accusateur.

Le tribunal des Masques verts avait donc dit vrai ? Maudlin était vivante, et l’homme, la brute que le Directeur avait employée au crime, avait trahi.

Toute la nuit Toby se retourna sur sa couche sans parvenir à trouver le sommeil. Parfois la fatigue l’emportait, ses yeux se fermaient malgré lui. Mais aussitôt un cauchemar commençait.

À ses oreilles bourdonnait un étrange bruissement ; des murailles se détachaient des silhouettes, imprécises d’abord, qui bientôt devenaient plus nettes, plus réelles. C’étaient des Arlequins dont le chapeau bicorne, la batte, les vêtements étaient d’or de diverses nuances ; or jaune, or vert, or rouge, or mat ou poli. Tous portaient le loup vert, tous écartaient les lèvres dans un rire cruel qui découvrait leurs dents blanches, tous tendaient vers le policier un bras accusateur.

Celui-ci se réveillait en sursaut, promenait autour de lui un regard effaré. Le songe s’était dissipé pour reprendre un peu plus tard.

Quand arriva le matin, Toby était positivement moulu. Ses membres courbatus étaient douloureux. Chaque mouvement lui arrachait une plainte.

Il s’habilla pourtant et furtif sortit de sa chambre. Il gagna la rue avec l’allure d’un homme qui craint de rencontrer un visage de connaissance.

Il avait peur de se trouver en face de Joan, de James Pack même. Il lui semblait que tous devaient lire dans sa pensée, devaient acquérir en le regardant la certitude du crime commis jadis.

Une seule personne conservait sa confiance, une seule. C’était Armand Lavarède.

Pourquoi ? Le Directeur de la police aurait été bien embarrassé de l’expliquer.

Aux heures de détresse, les âmes faibles deviennent superstitieuses. Armand, apparu à sir Toby le jour où ce dernier était accroché à la potence, Armand qui aussitôt lui avait rendu l’inappréciable service de détruire les clichés photographiques pris par les reporters australiens, Armand était devenu pour lui une sorte de fétiche.

Allsmine se figurait que s’il pouvait attacher le journaliste à sa fortune, il triompherait de ses ennemis et tout naturellement il se dirigea vers le Centennial-Park-Hôtel.

Au parloir il fit demander le Parisien. Celui-ci arriva presque aussitôt, assez surpris de cette visite matinale.

Mais le policier vint à lui la main tendue, et sans préambule :

– Sir Lavarède, dit-il, ma présence à pareille heure peut vous sembler inopportune. Je vais vous l’expliquer d’un mot. Je viens contracter avec vous un pacte d’alliance.

D’un geste vague, Armand indiqua qu’il ne comprenait pas.

– Entendez-moi bien, reprit Toby. Vous et moi, sommes menacés par un même ennemi. Le Corsaire Triplex – il baissa la voix en prononçant ce nom, – le Corsaire Triplex m’attaque dans ma considération ; pour vous, c’est dans vos affections qu’il vous contrecarre. Soyons donc alliés à l’encontre de lui.

– Mon concours vous est tout acquis, insinua le journaliste d’un air innocent.

La tournure que prenait l’entretien l’amusait infiniment. L’homme qui avait détenu Niari, qui avait empêché Robert de reprendre son véritable nom, venait lui demander assistance. Cela était du dernier bouffon.

Après tout, il pouvait lui être utile de posséder la confiance du Directeur, aussi avait-il cru de bonne politique de formuler une phrase encourageante.

Allsmine se laissa prendre à ses paroles :

– Je vous remercie de parler ainsi. Vous êtes un homme intelligent et vous comprenez à demi-mot. Voici donc ce que je vous propose avec grande sympathie.

Il prit un temps avant de poursuivre :

– Voici la situation : je désire conserver mon appointement de Directeur de la police du Pacifique. Vous-même avez la volonté de restituer à votre cousin son nom et sa nationalité. D’où vient l’opposition à nos désirs ? Du Corsaire Triplex. Unissons-nous donc pour le battre. Je ferai d’ailleurs tout ce qui sera en mon pouvoir pour nous assurer la victoire si vous consentez à devenir mon ami.

– C’est déjà fait, murmura le Parisien.

– Je vous suis très obligé de cette déclaration. En ce pays que le misérable trouble avec de l’argent volé sans aucun doute, vous êtes le seul sur qui s’appuie ma confiance. Ma femme elle-même, égarée par des rêveries maternelles, s’éloigne de moi. Je puis compter sur vous ?

– Comme sur vous-même, Sir Allsmine.

– Alors venez et promenez avec moi. Je vais, sous le sceau du secret, vous montrer une ingénieuse innovation qui, je pense, nous assurera le succès.

– Et c’est… ?

– Vous verrez. Venez seulement.

Ma foi, Lavarède était curieux par nature, il ne résista pas davantage. En courant il remonta à sa chambre, s’habilla, dit un adieu rapide à Aurett et à Lotia, puis vint rejoindre le policier qui l’avait attendu au parloir.

Cinq minutes plus tard, tous deux marchaient côte à côte dans la rue. Sir Toby était radieux. Il avait réussi dans sa négociation, du moins il le croyait et ses transes s’étaient évanouies.

Bientôt les promeneurs se trouvèrent devant l’office central des téléphones, vaste bâtiment carré entre les murs duquel se centralise tout le service téléphonique de la ville de Sydney.

Traversant les halls, où une nuée d’employés s’agitaient devant les tableaux numérotés, donnaient, au milieu des sonneries stridentes, la communication à d’incessants dialogues à distance, Armand et son guide parvinrent à l’entrée des caves. Ils descendirent un escalier tortueux.

Dans les méandres du sous-sol, ils firent plusieurs détours et s’arrêtèrent enfin devant une porte massive hermétiquement close.

À l’aide d’une clef qu’il tira de sa poche, Allsmine ouvrit, appuya sur un bouton électrique placé près de l’entrée et aussitôt de nombreuses lampes s’allumèrent, éclairant une salle spacieuse à l’aménagement bizarre.

Du plafond descendaient comme une toile d’araignée géante, une innombrable quantité de fils de laiton, qui aboutissaient à un clavier dressé sur une table de chêne occupant toute la longueur de la pièce.

Devant chaque face du clavier, reliées à lui par d’autres fils, s’alignaient des machines à écrire automatiques, lesquelles fonctionnaient sans trêve avec un bruit de marteaux.

Et cependant on n’apercevait personne.

Le premier sentiment qu’éprouva Lavarède fut la surprise ; le second, le désir de comprendre. Aussi se tourna-t-il vers son compagnon pour demander :

– Qu’est-ce que c’est que cela ? Avec un sourire Toby répondit :

– C’est l’office téléphonique de la police.

Puis d’un air avantageux, il ajouta :

– Une invention à moi. Je vais vous expliquer. Vous n’ignorez pas que toute dépêche télégraphique importante peut-être communiquée à la police. De même, grâce aux rayons Rœntgen, nous sommes en mesure de lire une lettre fermée. Mais les gens malintentionnés savaient ces choses et souvent ils préféraient employer le téléphone dont la surveillance nous échappait.

– Vous échappait, dites-vous ? Voilà un imparfait qui semble signifier…

– Qu’elle ne nous échappe plus ?

– Précisément.

Gaiement le Directeur secoua la main du Parisien :

– C’est un plaisir de causer avec vous, Sir Lavarède, vous saisissez de suite.

– Quoi ! le téléphone…

– Est aujourd’hui mon agent fidèle.

Et d’un ton grave :

– Vous seul et moi connaissons ce secret. La discrétion est donc de rigueur. Si je vous ai pris pour confident, c’est que je suis certain de votre honorabilité et que j’ai besoin de votre secours.

Lavarède s’inclina et d’un accent empreint d’une imperceptible ironie :

– Je suis tout à vous, seulement…

– Seulement, achevez…

– Je serais heureux de comprendre davantage.

– Vous allez être satisfait.

S’appuyant à la table, sir Toby reprit après un instant de silence :

– Tous les habitants de la ville ignorent cette nouvelle installation. Les ouvriers que j’ai employés ont cru à la formation d’un bureau supplémentaire de communications téléphoniques. Seul j’ai la clef de la serrure à secret qui maintient fermée la porte de cette salle.

– Bien. Allez toujours.

– Voici maintenant le principe de mes appareils. Chacun des fils qui viennent du plafond est relié à l’un des branchements de la canalisation téléphonique de la ville.

– J’y suis. Ils dérivent ainsi les conversations échangées et les amènent ici.

– Oui, mais de telle sorte que les causeurs ne s’en doutent pas. Je dérive une quantité si petite, qu’elle ne saurait être sensible à l’oreille la plus exercée.

– Alors comment la recevez-vous ?

– Ne soyez pas trop pressé. Vous saurez tout. Ces fils dériveurs arrivent dans le casier numéroté que vous avez devant les yeux. Là, sous l’action de courants électriques, leurs vibrations sont renforcées et transmises par d’autres fils aux machines à écrire rangées sur la table. Celles-ci, actionnées par un courant régulier, enregistrent tous les sons sur un papier sans fin qui se déroule automatiquement au moyen d’un mouvement d’horlogerie.

– Bref, s’écria Armand, vous transformez la conversation téléphonique en message téléphoné ?

– Juste ! Vous êtes décidément très intelligent. Chaque jour, il me suffit de couper les bandes couvertes de caractères, et j’ai sous les yeux le résumé de la pensée intime de toute la cité.

Pendant un moment le journaliste demeura abasourdi. Ce procédé d’information laissait loin derrière lui tous ceux qu’emploient les journaux les mieux informés. C’était la réalisation pratique de la consultation directe de l’opinion publique.

Le Directeur jouissait délicieusement de sa stupéfaction. Il lui prit amicalement le bras :

– Les bobines de papier sont sous la table. Les rouleaux ont exactement sept cents mètres. La consommation étant de sept mètres environ par vingt-quatre heures, il suffit de remplacer les dits rouleaux tous les cent jours.

– Ah ! murmura le Parisien, tout cela est clair, mais je ne vois pas en quoi je puis vous être utile.

– Je suis ici pour vous l’apprendre.

– En ce cas j’ouvre mes oreilles afin d’aider mes yeux.

– Écoutez donc.

Et baissant la voix, comme s’il craignait d’être entendu par un invisible témoin, Allsmine murmura :

– Ma présence quotidienne à l’Office Central attirerait l’attention. Vous au contraire, étranger, inconnu, vous y passerez inaperçu. J’espère que vous consentirez à venir chaque matin enlever les feuilles noircies pour me les remettre ensuite.

– Avec plaisir, riposta le Français très intéressé.

– Notre adversaire commun, le Corsaire Triplex – un drôle très au courant – se défie certainement du télégraphe et de la poste. Dès lors, pour correspondre avec ses affidés il doit se servir du téléphone.

– J’y suis !

– Ah ! et vous trouvez l’idée bonne ?

– Excellente. J’entre immédiatement en fonctions.

Ce disant, Lavarède s’approcha de la table et commença à couper les bandes de papier sur lesquelles les machines à écrire avaient aligné leurs caractères.

D’un air ravi, le policier le suivait, roulait les bandes, assujettissait les rouleaux à l’aide d’anneaux de caoutchouc et les rangeait méthodiquement dans la serviette de cuir qu’il portait sous le bras.

En vingt minutes l’opération fut terminée. Les deux hommes sortirent alors. Toby referma soigneusement la porte, expliqua le secret de la serrure à son compagnon, puis lui remettant la clef :

– Désormais, Sir Lavarède, vous êtes le chef absolu de ce bureau. Je compte sur vous comme vous-même pouvez compter sur moi.

* *

*

Depuis cinq jours Armand allait chaque matin à l’Office Central des téléphones. Religieusement il débarrassait les rouleaux des bandes utilisées, puis il apportait sa moisson à l’hôtel de Paramata-Street.

Jusque-là Allsmine n’avait rencontré aucune communication intéressante. Il se demandait si le Corsaire Triplex, décidément impossible à surprendre, arrivait à se passer même du téléphone pour envoyer ses ordres à ses complices.

Le sixième jour, le Directeur était dans son cabinet, les verrous soigneusement tirés. Il compulsait avec une mauvaise humeur évidente, les coupures qu’Armand venait de lui remettre.

– Rien, toujours rien, grommela-t-il.

Et de fait les appareils n’avaient enregistré que des dialogues commerciaux ou amicaux dont il n’avait cure.

– Envoyez-moi cinquante pièces de drap n° 7 bis, lisait-il. Au diable les marchands !… Petit Coco a reçu son polichinelle, continuait-il. Au diable les enfants et leurs jouets !

Mais il avait beau envoyer à Satan tous ses administrés, il ne trouvait pas une ligne concernant son mortel ennemi.

D’un geste découragé il prit la dernière bande. Il hésita avant de la dérouler.

– À quoi bon ? fit-il.

Puis appelant à lui toute sa volonté :

– Il ne faut pas marchander ma peine, non, il ne faut pas. Je ferai mon métier jusqu’au bout.

Un mètre, deux mètres, quatre mètres de la bande passèrent sous ses yeux. Son visage exprimait la fatigue. Soudain il eut un cri, dans ses prunelles brilla un pétillement joyeux, et se levant il lut à haute voix les lignes suivantes :

– Allô, allô. Donnez-moi le 157,22.

– Bien, Monsieur, 157,22.

– Oui.

Ici un pointillé indiquant la sonnerie d’appel.

– Allô. C’est vous, Goodeye ?

– Oui, Fairnose.

– Bien, les ordres du Triple Captain sont-ils exécutés ?

– Ils le sont en vérité. Mais lui, comment se porte-t-il ?

– Bien je suppose. Il vient de partir pour les mines d’or de Brimstone-Mounts dans le désert de Sandy.

– Un long voyage.

– Pas trop. Par mer jusqu’à l’estuaire de la rivière Schaim. Ensuite il remontera le cours d’eau et arrivera ainsi à trois journées de marche des mines au lieu dit « Les Trois Aiguilles ».

– Et il en ramènera le témoin… ?

– Qui doit faire rentrer sous terre Monsieur Tout est à moi (Allsmine).

– Parfait ! pas d’instructions nouvelles ?

– Non.

– Alors au revoir, Fairnose.

– Au revoir Goodeye !

Pendant une minute, sir Toby demeura immobile, songeant au parti qu’il pouvait tirer de la découverte.

Il n’y avait aucun doute en son esprit. Le capitaine Triple, M. Tout est à moi mentionnés par la communication étaient Triplex et lui-même. Les pseudonymes lui apparaissaient transparents. Triple, Tout est à moi sont la traduction du nom latin Triplex, du nom anglais Allsmine (All is mine).

– Puff over ! clama enfin le Directeur. Cette fois je le tiens.

Se coiffant de son chapeau, il sortit, courut au Centennial-Park-Hôtel. Justement Lavarède lisait les journaux au parloir. Allsmine vint à lui, et lui touchant l’épaule de la main :

– Sir Lavarède, dit-il.

Le Parisien leva la tête.

– Sir Allsmine, vous ?

– Moi-même.

– Qu’est-ce qui me vaut une visite aussi agréable ?

– Le motif est sérieux.

– Pourtant vous riez ?

– C’est la meilleure preuve de la gravité de la chose.

Devant cette déclaration, Armand garda le silence, mais ses yeux exprimèrent la curiosité.

– Vous êtes un voyageur ? reprit le policier, sans répondre à son interrogation muette.

– Sinon par métier, du moins par circonstance, fit modestement son interlocuteur.

– Un déplacement d’un mois n’est pas pour vous effrayer ?

– Non sans doute, mais…

D’un geste, le Directeur l’interrompit.

– Vous plairait-il d’annoncer que demain matin vous partez pour la Nouvelle-Zélande ?

À cette question, le Français se leva tout d’une pièce :

– En Nouvelle-Zélande ?

– Votre parole d’abord que vous ne direz pas autre chose, à aucune personne ?

– Je vous la donne, seulement…

– Soyez quiet ! Vous avez des raisons de penser que votre cousin est en New-Zealand. Vous y allez, je vous accompagne.

– Bien. Voilà ce qui n’est pas vrai, maintenant quelle est la vérité ?

– La voici : je sais où nous rencontrerons Triplex.

Lavarède tressaillit.

– De quelle façon avez-vous… ?

– Acquis la certitude, voulez-vous dire ? Il m’est aisé de répondre. C’est vous-même qui me l’avez apportée.

– Moi ?

– Ce matin.

– Ah ! les papiers du téléphone ?

– C’est cela ! À présent consentez-vous… ?

– Très volontiers, s’écria Armand. Au surplus, l’inaction me pèse, et par ma foi, je ne serais pas fâché de me trouver face à face avec ce Corsaire. Vivre en plein mystère sans en avoir l’explication, cela est insupportable à un journaliste.

– Alors, nous sommes d’accord ?

– Entièrement.

– Faites donc vos préparatifs. Je viendrai vous prendre ce soir.

Et secouant la main de son « allié » au point de lui désarticuler le bras :

– Puff over ! Sir Lavarède, ricana le policier. Puff over ! nous allons rire.

Les deux hommes se séparèrent. Allsmine regagna sa demeure, tandis que le Parisien remontait à sa chambre.

Mais là il eut à subir les questions d’Aurett et de Lotia. Quand il eut répété ce qui avait été convenu avec sir Toby, les deux femmes s’insurgèrent.

Comment il s’agissait de rejoindre son ami, son cousin, Robert, et il se figurait qu’elles consentiraient à se séparer de lui ? Jamais cela n’aurait lieu. Toutes deux étaient des voyageuses intrépides, elles avaient l’intime conviction qu’elles ne seraient pas un embarras. Donc elles seraient de l’excursion, ou Lavarède y renoncerait.

En fin de compte, le journaliste dut céder. Il se rendit donc dans Paramata-Street pour faire part au policier de l’exigence de ses jolies camarades. À sa grande surprise, celui-ci parut enchanté de voyager en compagnie de ces dames, et il déclara que le soir même, il emmènerait tout le monde.

Et Lavarède l’ayant quitté, il fit appeler James Pack, lui raconta que, sollicité par Armand, il poussait une pointe en Nouvelle-Zélande, remit au fidèle secrétaire les rênes de la police du Pacifique, et lui enjoignit spécialement de surveiller les faits et gestes de mistress Joan.

– La pauvre femme m’inquiète, dit-il hypocritement. Les agissements inqualifiables du Triplex ont eu sur sa raison une influence néfaste. Veillez sur elle comme sur une enfant.

James s’inclina d’un air pénétré, promit de faire bonne garde et se retira laissant son supérieur assuré qu’il ne se produirait rien d’anormal pendant son voyage.

À la nuit, il quitta mystérieusement son logis. Déjà Lavarède, Aurett et Lotia avaient réglé leur note au bureau de leur hôtel et attendaient sous le vestibule entourés de garçons portant leurs valises.

Tous se dirigèrent vers le port militaire. Une chaloupe les conduisit à bord du croiseur Destroyer, réquisitionné dans la journée par le Directeur de la police. Vers deux heures du matin, la mer étant étale, le navire se mit lentement en marche, embouqua la passe de Port Jackson, et bientôt sa double hélice battit les flots verts du Pacifique.

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