Aucun bruit ne sortait de la maison. Je collai mon oreille au seuil, je crus entendre le faible bruit d’une respiration et comme des sanglots au fond de la seconde chambre. Je fis trembler légèrement la porte comme si elle eût été seulement ébranlée sur ses gonds par le vent, afin d’appeler peu à peu l’attention de Graziella et pour que le son soudain et inattendu d’une voix humaine ne la tuât pas en l’appelant. La respiration s’arrêta. J’appelai alors Graziella, à demi-voix et avec l’accent le plus calme et le plus tendre que je pus trouver dans mon cœur. Un faible cri me répondit du fond de la maison.
J’appelai de nouveau en la conjurant d’ouvrir à son ami, à son frère qui venait seul, la nuit, à travers la tempête et guidé par son bon ange, la chercher la découvrir, l’arracher à son désespoir lui apporter le pardon de sa famille, le sien, et la ramener à son devoir à son bonheur à sa pauvre grand-mère, à ses chers petits enfants !
« Dieu ! c’est lui ! c’est mon nom ! c’est sa voix ! » s’écria-t-elle sourdement.
Je l’appelai plus tendrement Graziellina, de ce nom de caresse que je lui donnais quelquefois quand nous badinions ensemble.
« Oh ! c’est bien lui, dit-elle. Je ne me trompe pas, mon Dieu ! c’est lui ! »
Je l’entendis se soulever sur les feuilles sèches qui bruissaient à chacun de ses mouvements, faire un pas pour venir m’ouvrir puis retomber de faiblesse ou d’émotion sans pouvoir aller plus avant.