XXXVI À une enfant, fille du poëte

1831

Céleste fille du poëte,

La vie est un hymne à deux voix.

Son front sur le tien se reflète,

Sa lyre chante sous tes doigts.

Sur tes yeux quand sa bouche pose

Le baiser calme et sans frisson,

Sur ta paupière blanche et rose

Le doux baiser à plus de son.

Dans ses bras quand il te soulève

Pour te montrer au ciel jaloux,

On croit voir son plus divin rêve

Qu’il caresse sur ses genoux !

Quand son doigt te permet de lire

Les vers qu’il vient de soupirer,

On dirait l’âme de sa lyre

Qui se penche pour l’inspirer.

Il récite ; une larme brille

Dans tes yeux attachés sur lui.

Dans cette larme de sa fille

Son cœur nage ; sa gloire a lui !

Du chant que ta bouche répète

Son cœur ému jouit deux fois.

Céleste fille du poëte,

La vie est une hymne à deux voix.

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