II

Dans le quartier nord de Saint-Louis, près de la mosquée, était une vieille petite maison isolée, appartenant à un certain Samba-Hamet, trafiquant du haut fleuve. Elle était toute blanche de chaux ; ses murs de brique lézardés, ses planches racornies par la sécheresse, servaient de gîte à des légions de termites, de fourmis blanches et de lézards bleus. Deux marabouts hantaient son toit, claquant du bec au soleil, allongeant gravement leur cou chauve au-dessus de la rue droite et déserte, quand par hasard quelqu’un passait. Ô tristesse de cette terre d’Afrique !

Un frêle palmier à épines promenait lentement chaque jour son ombre mince tout le long de la muraille chaude ; c’était le seul arbre de ce quartier, où aucune verdure ne reposait la vue. Sur ses palmes jaunies venaient souvent se poser des vols de ces tout petits oiseaux bleus ou roses qu’on appelle en France des bengalis. Autour, c’était du sable, toujours du sable. Jamais une mousse, jamais un frais brin d’herbe sur ce sol, desséché par tous les souffles brûlants du Sahara.

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