XXIX

JUIN ! – C’était bien un printemps – mais un printemps de là-bas, rapide, enfiévré, avec des odeurs énervantes, des lourdeurs d’orage.

C’était le retour des papillons, des oiseaux, de la vie ; les colibris avaient quitté leur robe grise pour reprendre leurs couleurs éclatantes de l’été. – Tout verdissait comme par enchantement ; – un peu d’ombre tiède et molle descendait maintenant des arbres feuillus sur le sol humide ; les mimosas, fleuris à profusion, ressemblaient à d’énormes bouquets, à de grosses houppes roses ou orangées, dans lesquelles les colibris chantaient de leur toute petite voix douce, pareille à la voix des hirondelles qui jaseraient en sourdine ; – les lourds baobabs eux-mêmes avaient revêtu pour quelques jours un frais feuillage, d’un vert pâle et tendre. Dans la campagne, le sol s’était couvert de fleurs singulières, de graminées folles, de daturas aux larges calices odorants ; – et les ondées qui tombaient sur tout cela étaient chaudes et parfumées – et, le soir, sur les hauts herbages nés de la veille dansaient en rond les lucioles éphémères, semblables à des étincelles de phosphore…

Et la nature s’était tant hâtée d’enfanter tout cela, qu’en huit jours elle avait tout donné.

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