ANAMALIS fobil ! – Tous les gros bourgeons laiteux des baobabs s’étaient épanouis en feuilles tendres !…
Et Jean sentait que ce printemps nègre lui brûlait le sang, qu’il courait comme un poison dévorant dans ses veines… Le renouveau de toute cette vie l’énervait, lui, – parce que cette vie n’était pas la sienne chez les hommes, le sang qui bouillonnait était noir ; chez les plantes, la sève qui montait était empoisonnée ; les fleurs avaient des parfums dangereux, et les bêtes étaient gonflées de venin… Chez lui aussi, la sève montait, la sève de ses vingt-deux ans, – mais d’une manière fiévreuse qui en fatiguait la source, – et à la longue, il se serait senti mourir de ce renouveau terrible…
Anamalis fobil !… Comme ce printemps marchait vite !… Juin allait à peine finir, et déjà, sous l’influence d’une chaleur mortelle, dans une atmosphère qui n’était plus viable, déjà les feuilles étaient jaunies, les plantes étaient mourantes, et les graminées trop mûres retombaient sur le sol…