À MADAME LA DUCHESSE DE RICHELIEU

Madame la duchesse, Veuillez agréer ce livre comme un hommage de très respectueuse amitié.

J’hésitais à vous l’offrir, parce que la donnée n’en est pas bien correcte ; mais j’ai veillé à ce que l’expression ne fût jamais de mauvais aloi, et j’espère y être parvenu.

C’est le journal d’un été de ma vie, auquel je n’ai rien changé pas même les dates, je trouve que, quand on arrange les choses, on les dérange toujours beaucoup. Bien que le rôle le plus long soit en apparence à madame Chrysanthème, il est bien certain que les trois principaux personnages sont Moi, le Japonet l’Effetque ce pays m’a produit.

Vous rappelez-vous une photographie – assez comique, j’en conviens – représentant le grand Yves, une Japonaise et moi, alignés sur une même carte d’après les indications d’un artiste de Nagasaki ? – Vous avez souri quand je vous ai affirmé que cette petite personne, entre nous deux, si soigneusement peignée, avait été une de mes voisines. Veuillez recevoir mon livre avec ce même sourire indulgent, sans y chercher aucune portée morale dangereuse ou bonne, – comme vous recevriez une potiche drôle, un magot d’ivoire, un bibelot saugrenu quelconque, rapporté pour vous de cette étonnante patrie de toutes les saugrenuités…

Avec un grand respect, madame la duchesse, votre affectionné, Pierre Loti.

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