Brest, 15 juin 1878.
Nous habitons pour aujourd’hui un logis de hasard, rue de Siam, à Brest, où l’Ariane est revenue mouiller ce matin.
En réponse à l’avis de son arrivée, Yves a reçu de Toulven, du vieux Keremenen, la dépêche suivante :
« Petit garçon né cette nuit. Se porte très bien, Marie aussi.
Corentin Keremenen. »
La nuit venue et nous couchés, impossible de dormir. J’entendis Yves dans son lit qui se tourne, se vire, comme il dit avec son accent breton. À l’idée qu’il ira demain à Toulven voir ce petit nouveau-né, son bon et brave cœur déborde de toute sorte de sentiments dans lesquels il ne se reconnaît plus.
… Deux jours après lui, je dois, moi aussi, me rendre à Toulven pour le baptême.
Et il fait mille projets pour cette cérémonie :
« Je n’ose pas vous dire, mais, si vous vouliez, à Toulven, manger chez nous ? Dame, vous savez, chez mon beau-père, ça n’est pas comme à la ville, bien sûr. »