CHAPITRE XVIII

Nous avons laissé Joannetti dans l’attitude de l’étonnement, immobile devant moi, attendant la fin de la sublime explication que j’avais commencée.

Lorsqu’il me vit enfoncer tout à coup la tête dans ma robe de chambre, et finir ainsi mon explication, il ne douta pas un instant que je ne fusse resté court faute de bonnes raisons et de m’avoir par conséquent, terrassé par la difficulté qu’il m’avait proposée.

Malgré la supériorité qu’il en acquérait sur moi, il ne sentit pas le moindre mouvement d’orgueil, et ne chercha point à profiter de son avantage. – Après un petit moment de silence, il prit le portrait, le remit à sa place, et se retira légèrement sur la pointe du pied. – Il sentait bien que sa présence était une espèce d’humiliation pour moi, et sa délicatesse lui suggéra de se retirer sans m’en laisser apercevoir. – Sa conduite, dans cette occasion, m’intéressa vivement, et le plaça toujours plus avant dans mon cœur. Il aura sans doute une place dans celui du lecteur ; et s’il en est quelqu’un assez insensible pour la lui refuser après avoir lu le chapitre suivant, le ciel lui a sans doute donné un cœur de marbre.

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