Notes

1 : C'est le point principal sur lequel je diffère de mon savant ami, M. Henri Martin. Du reste, ce dissentiment ne diminue en rien mon estime sympathique pour sa grande et très-belle histoire, si instructive, si riche de recherches et d'idées. Il a été infiniment utile, pour raviver la tradition nationale, trop effacée, que deux histoires qui s'aident, se suppléent l'une l'autre, aient paru simultanément.

2 : Ceci ne touche en rien la candeur des individus. Il y avait des hommes admirables, les Bazart, les Barrault, les Carnot, les Charton, les D'Eichthall, les Lemonnier, etc.

3 : Comme ils odorent très-bien la mort, les moments où l'âme blessée peut mollir, au moment où j'avais fait une perte sensible de famille, un d'eux, séduisant et fin, vint me voir et me tâta. Je fus surpris, confondu de l'idée qu'il eût pu croire avoir quelque prise sur moi, qu'il dît qu'on pouvait s'entendre, ayant entre soi des nuances, etc. Je lui dis ces propres paroles: «Monseigneur, avez-vous été parfois sur la mer de glace?—Oui.—Vous avez vu telle fente, sur laquelle d'un bord à l'autre on peut parler, converser?—Oui.—Mais vous n'avez pas vu que cette fente est un abîme... Et telle, Monseigneur, si profonde, qu'à travers la glace et la terre, elle descend sans que jamais on en ait trouvé le fond. Elle va jusqu'au centre du globe, s'en va traversant le globe, et se perd dans l'infini.»

4 : Je ne veux pas anticiper ici. D'un mot ou deux seulement, je puis dire: C'est ce livre, «ce livre d'un poète et d'un homme d'imagination,» qui, par des pièces décisives, a dit à tous ce qui leur importait:

Aux protestants, le fait très-capital de la Saint-Barthélemi, sue quinze jours d'avance à Bruxelles (papiers Granvelle, 10 août). Puis, tant de faits sur la Révocation, qu'ils avaient bien peu éclaircie.

Aux royalistes, tout un monde de curieux faits anecdotiques; exemple, la légende du Masque de fer et la sagesse de leur reine. Les lettres de Franklin (en 1863) ont donné là-dessus le secret d'après Richelieu, prouvé que seul j'avais raison.

Aux financiers, le système de Law (inexpliqué par M. Thiers en 1826) se trouve enfin à jour et par les manuscrits et par l'histoire des Bourses de Paris et de Londres.

Pour la Révolution, que dire? La mienne est sortie tout entière des trois grands corps d'archives de ces temps qu'on a à Paris. Louis Blanc (malgré son mérite, son talent que j'honore) put-il la deviner? Put-il la faire à Londres avec quelques brochures? J'ai bien de la peine à le croire.—Lisez au reste et comparez.

5 : Longtemps même après la mort d'Alexandre, Cassandre, devenu roi de Macédoine, se promenait un jour à Delphes, et examinait les statues. Ayant aperçu tout à coup celle d'Alexandre, il en fut tellement saisi qu'il frissonna de tout son corps et fut frappé d'un étourdissement. (Plutarque.)

6 : Ὅσον ἄχρηστον ποιῆσαι τό λοιπὸν, Strab., l. IV, ap. Scr. R. Fr. I, 30.—Remarquons combien les anciens ont été frappés de l'instinct rhéteur et du caractère bruyant des Gaulois. Nota in vanos tumultus gens (Tit. Liv. à la prise de Rome).—Les crieurs publics, les trompettes, les avocats, étaient souvent Gaulois. Insuber, id est, mercator et præco. Cicer. Fragm. or. contra Pisonem.—Voyez aussi tout le discours Pro Fonteio.—Pleraque Gallia duas res industriossime persequitur, virtutem bellicam et argute loqui. (Cato.) ᾽Απειληταὶ, καὶ ἀνατατικοὶ, καὶ τετραγῳοδημένοι. Diodor. Sic., lib. IV.

7 : Il ne faut pas confondre les Ibères avec leurs voisins les Cantabres. W. de Humboldt a établi cette distinction dans son admirable petit livre sur la langue des Basques. Voy. les Éclaircissements à la fin de ce chapitre.

8 : Diodor. Sicul., l. V, ap. Scr. Fr., I, 310.—Strab., l. IV.—Athen., l. XIII, c. VIII.—Nous trouvons plus tard, chez les Celtes de l'Irlande et de l'Angleterre, quelque trace des mœurs dissolues de la Gaule antique. Le docteur Leland, t. I, p. 14, dit que les Irlandais regardaient l'adultère comme une «galanterie pardonnable.» O'Halloran, I, 394.—Lanfranc, saint Anselme et le pape Adrien, dans son fameux bref à Henri II, leur reprochent l'inceste.—Voy. Usser., Syl. epist., 70, 94, 95.—Saint Bernard, in vit. S. Malach., 1932, sqq. Girald, Cambr., 742, 743.

9 : Ibériens des montagnes. W. de Humboldt. V. les Éclaircissements à la fin de ce chapitre.

10 : Alb, montagne, dans la langue gaélique.—Gor, élevé, en basque.

11 : Appien (Illyr., p. 1196, et de B. civ., I, p. 625) et Diodore (lib. V, p. 309) disent que les Celtes étaient Cimmériens.—Plutarque (in Mario) fait entendre la même chose.—«Les Cimmériens, dit Éphore (apud Strab., V, p. 375), habitent des souterrains qu'ils appellent argillas.» Le mot argel veut dire souterrain, dans les poésies des Kymrys de Galles (W. Archaiol., I, p. 80, 152).—Les Cimbres juraient par un taureau. Les armes de Galles sont deux vaches.—Plusieurs critiques allemands distinguent toutefois les Cimmériens des Cimbres, et ceux-ci des Kymrys. Ils rattachent les Cimbres à la race germanique.

12 : Voy. les Éclaircissements à la fin de ce chapitre.

13 : Is-Ombria, Basse-Ombrie.

14 : Quelques savants ont même douté que leurs oppida, au temps de César, fussent autre chose que des lieux de refuge.

15 : La fougue, la promptitude et la mobilité des résolutions caractérisent également les Bolg d'Irlande, de Belgique et de Picardie (Bellovaci, Bolci, Bolgæ, Belgæ, Volci, etc.), et ceux du midi de la France, malgré les mélanges divers des races...

Les Belges, dans les anciennes traditions irlandaises, sont désignés par le nom de Fir-Bholg. Ausone (de Clar. Urb. Narbo.) témoigne que le nom primitif des Tectosages était Bolg: «Tectosagos primævo nomine Bolgas.» Cicéron leur donne celui de Belgæ: «Belgarum Allobrogumque testimoniis credere non timetis?» (Pro Man. Fonteio.) Les manuscrits de César portent indifféremment Volgæ ou Volcæ.—Enfin, saint Jérôme nous apprend que l'idiome des Tectosages était le même que celui de Trèves, ville capitale de la Belgique. Am. Thierry, I, 131.

16 : Ses derniers avis furent suivis pour ce qui regardait les blessés, car le nouveau brenn fit égorger dix mille hommes qui ne pouvaient soutenir la marche; mais il conserva la plus grande partie des bagages.—Diod. Sic. XXII, 870.—S'il y avait des enfants qui parussent plus gras que les autres, ou nourris d'un meilleur lait, les Gaulois, dans l'invasion de la Grèce, buvaient leur sang et se rassasiaient de leur chair. Pausanias, l. X, p. 650.—Après le combat, les Grecs donnèrent la sépulture à leurs morts; mais les Kymro-Galls n'envoyèrent aucun héraut redemander les leurs, s'inquiétant peu qu'ils fussent enterrés ou qu'ils servissent de pâture aux bêtes fauves et aux vautours. Pausan., l. X, p. 619.—À Égée, ils jetèrent au vent les cendres des rois de Macédoine. Plut., Pyrrh., Diod. ex. Val.—Lorsque le brenn eut connu, par les rapports des transfuges, le dénombrement des troupes grecques, plein de mépris pour elles, il se porta en avant d'Héraclée et attaqua les défilés dès le lendemain, au lever du soleil, «sans avoir consulté sur le succès futur de la bataille, remarque un écrivain ancien, ancien prêtre de sa nation, ni, à défaut de ceux-ci, aucun devin grec.» Pausan., liv. X, p. 648. Am. Thierry, passim.—Le brenn dit, à Delphes: «Locupletes deos largiri hominibus oportere... eos nullis opibus egere, ut qui eas largiri hominibus soleant.» Justin, XXIV, 6.

17 : Elle en livra quatre mille aux Romains.

18 : Florus, II, 3, trad. de M. Ragon.—La vigueur des Liguriens faisait dire proverbialement: Le plus fort Gaulois est abattu par le plus maigre Ligurien. Diod., V. 39. Voyez aussi liv. XXXIX, 2. Strabon, IV. Les Romains leur empruntèrent l'usage des boucliers oblongs, scutum ligusticum. Liv. XLIV, 35. Leurs femmes, qui travaillaient aux carrières, s'écartaient un instant quand les douleurs de l'enfantement les prenaient, et, après l'accouchement, elles revenaient au travail. Strabon, III, Diod. IV. Les Liguriens conservaient fidèlement leurs anciennes coutumes; par exemple, celle de porter de longs cheveux. On les appelait Capillati.—Caton dit, dans Servius: «Ipsi unde oriundi sint, exacta memoria, illiterati, mendaces, quæ sunt et vera minus meminere.» Nigidius Figulus, contemporain de Varron, parle dans le même sens.

19 : Voy. mon Histoire romaine.

20 : Valer. Max., l. III, c. VII.—Sallust. de B. Jug., ad calc: «Ex ea tempestate spes atque opes civitatis in illo sitæ.»—Vell. Paterc, l. II, c. XII: «Videtur meruisse... ne ejus nati rempublicam pœniteret.»—Florus, l. III, c. III: «Tam lætum tamque felicem liberatæ Italiæ assertique imperii nuntium... populus Romanus accepit per ipsos, si credere fas est, deos, etc.»—Plut., in Mario.

21 : Ainsi les terminaisons ac, oc, du midi de la France, rattacheraient les noms d'hommes et de lieux à un pluriel, conformément au génie des gentes pélasgiques, exprimé nettement dans l'italien moderne, où les noms d'hommes sont des pluriels: Alighieri, Fieschi, etc.

22 : Vasco, Wasco, en langue basque, signifie homme, dit le dictionnaire de Laramandi (édition de 1743, sous ce titre pompeux: El impossible vincido, arte della lingua Bascongada, imprimé à Salamanque). Voyez aussi Laboulinière, Voyage dans les Pyrénées françaises, I, 235.

23 : Osca, d'eusi, aboyer; parler? d'olsa, bruit? Chaque peuple barbare se considérait comme parlant seul un vrai langage d'homme. En opposition à euscaldunac, ils disent er-d-al-dun-ac; de arra, erria, terre; ainsi erdaldunac, qui parlent la langue du pays; les Basques français appellent ainsi les Français, les Biscayens les Castillans.

24 : Toutefois dun (duna, avec l'article) est une terminaison commune de l'adjectif basque. De arra, ver; ar-duna, plein de vers. De erstura, angoisse; erstura dun-a, plein d'angoisses. Eusc-al-dun-ac, les Basques. Caladunum peut signifier, en basque, contrée riche en joncs.

25 : On peut cependant citer encore Mauléon en Gascogne et en Poitou (Maulin en basque).—En Bretagne: Rennes, Batz, Alet, Morlaix. (On trouve dans les Pyrénées: Rasez, Rœdæ, pagus Redensis ou Radensis, comme Redon, Redonas, Morlaas, etc. On trouve encore en Bretagne un Auvergnac, un Montauban du côté de Rennes.)—Les mots Auch, Occitanie, Gard, Gers, Garonne, Gironde, semblent aussi d'origine basque.—Montesquieu, Montesquiou, de Eusken?

26 : L'aruspicine et la flûte des Vascons étaient célèbres, comme celle des Étrusques et Lydiens. Lamprid. Alex. Sever.—Vasca tibia dans Solin, c. V:—Servius, XI Æn., et apud auctorem veteris glossarii latino-græci. Aujourd'hui ils n'ont pas d'autre instrument (comme les highlanders écossais la cornemuse). Strabon, l. III.

27 : Ce sujet a été renouvelé par le progrès des études celtiques et l'interprétation remarquable de MM. J. Reynaud, Henri Martin, Gatien-Arnoult (1860).

28 : KIRK. Maxim. Tyr., Serm. 18.—Senec., Quæst. nat. l. V. c. XVII.—Posidon., ap. Strab., l. IV.—P. Oros., l. V, c. XVI. Greg. Turon., de Glor. confess., c. V. Dans le moine de Saint-Gall, Circinus est synonyme de Boréas.—TARANIS. Lucan., l. 1.—VOSÈGE. Inscrip. Grut., p. 94.—PENNIN, liv. XXI, c. XXXVIII.—ARDOINNE. Inscrip. Grut.—GENIO ARVERNORUM. Reines., app. 5.—BIBRACTE. Inscr. ap. Scr., rer. Fr., l. 24.—NEMAUSUS. Grut. p. 111. Spon., p. 169.—AVENTIA. Grut., p. 110.—BELENUS. Auson., carm. II.—Tertull., Apolog. c. XXIV.—HESUS. Dans un bas-relief trouvé sous l'église de Notre-Dame de Paris, en 1711, on voit Hésus couronné de feuillage, à demi-nu, une cognée à la main, et le genou gauche appuyé sur un arbre qu'il coupe.—OGMIUS. L'écriture sacrée des Irlandais s'appelait Ogham. Voy. Tolland, O'Halloran, et Vallancey et Beaufort, dans les Collectanea de Rebus Hibernicis, etc.

29 : Cæsar.

30 : Voy., à la fin de ce chapitre, les Éclaircissements sur les traditions religieuses des Gallois et des Irlandais. J'ai rapporté ces traditions; toutes récentes qu'elles peuvent paraître, elles portent un caractère profondément indigène. Le mythe du castor et du lac a bien l'air d'être né à l'époque où nos contrées occidentales étaient encore couvertes de forêts et de marécages.

31 : Cet œuf prétendu paraît n'avoir été autre chose qu'une échinite, ou pétrification d'oursin de mer.

Durant l'été, dit Pline, on voit se rassembler dans certaines cavernes de la Gaule des serpents sans nombre, qui se mêlent, s'entrelacent, et avec leur salive, jointe à l'écume qui suintent de leur peau, produisent cette espèce d'œuf. Lorsqu'il est parfait, ils l'élèvent et le soutiennent en l'air par leurs sifflements; c'est alors qu'il faut s'en emparer avant qu'il ait touché la terre. Un homme, aposté à cet effet, s'élance, reçoit l'œuf dans un linge, saute sur un cheval qui l'attend, et s'éloigne à toute bride, car les serpents le poursuivent jusqu'à ce qu'il ait mis une rivière entre eux et lui. Il fallait l'enlever à une certaine époque de la lune; on l'éprouvait en le plongeant dans l'eau; s'il surnageait, quoique entouré d'un cercle d'or, il avait la vertu de faire gagner les procès et d'ouvrir un libre accès auprès des rois. Les druides le portaient au cou, richement enchâssé et le vendaient à très-haut prix.

32 : Derw (cymrique), Deru (armoricain), Dair (gaélique): chêne.

33 : Sur les révolutions de la province romaine, entre Marius et César, voyez Am. Thierry. Une grande partie de l'Aquitaine suivit l'exemple de l'Espagne, et se déclara pour Sertorius; c'est de la Gaule que Lépidus envahit l'Italie. Mais le parti de Sylla l'emporta. L'Aquitaine fut réduite par Pompée. Il y fonda des colonies militaires à Toulouse, à Biterræ (Béziers), à Narbonne (an 75), et réunit tous les bannis qui infestaient les Pyrénées dans sa nouvelle ville de Convenæ (réunion d'hommes rassemblés de tous pays); c'est Saint-Bertrand de Comminges. Le principal agent des violences du parti de Sylla en Gaule avait été un Fonteïus, que Cicéron trouva le moyen de faire absoudre. (Voy. le Pro Fonteio.) La Gaule romaine eut tant à souffrir que les députés des Allobroges furent au moment d'engager leur patrie dans la conjuration de Catilina. Voy. mon Histoire romaine.

34 : Onze cent quatre-vingt-douze mille hommes avant les guerres civiles. (Pline.)

35 : Ver-go-breith, gaël., homme pour le jugement.

Cæs., l. I, c. XVI. «Vergobretum, qui creatur annuus et vitæ necisque in suos habes potestatem.»—L. VII, c. XXXIII. «Legibus Æduorum iis qui summum magistratum obtinerent, excedere ex finibus non liceret... quum leges duo ex una familia, vivo utroque, non solum magistratus creari vetarent, sed etiam in senatu esse prohiberent.»—L. V, c. VII. «Esse ejusmodi imperia, ut non minus haberet juris in se (regulum?), multitudo, quam se in multitudine...» et passim.

36 : César rassure ses soldats en leur rappelant que dans la guerre de Spartacus ils ont déjà battu les Germains.

37 : C'est déjà ce divitiac qui a exploré le chemin quand César marchait contre les Suèves.—Les Germains n'ont pas de druides, dit César. Ils étaient, à ce qu'il semble, les protecteurs du parti antidruidique dans les Gaules.

38 : Jusqu'à l'expédition de Bretagne, nous voyons le divitiac des Édues accompagner partout César, qui sans doute leur faisait croire qu'il rétablirait dans la Belgique l'influence du parti éduen, c'est-à-dire druidique et populaire.

39 : Cæsar.

40 : Sæpius ob prædam quam ob delictum. (Suétone.)

41 : Suivant Ballet, Lar, en celtique, signifie feu. En vieil irlandais il signifie le sol d'une maison, la terre, ou bien une famille (?). Lere, tout-puissant.—Joun, iauna, en basque, Dieu (Janus, Diana). En irlandais, Anu, Ana (d'où Jona?), mère des Dieux, etc., etc.

42 : Bed. Hist. Eccl., II, c. XIII: Cui primus pontificum ipsius Coifi continuo respondit» (premier prêtre d'Edwin, roi de Northumbrie, converti par Paulinus au commencement du VIIe siècle). Macpherson. Dissert. on the celt. antiq.—Coibhi-draoi, druide-coibhi, est une expression usitée en Écosse pour désigner une personne de grand mérite. (Voy. Macintosh's, Gaelic Proverbs, p. 34.—Haddleton, Notes on Tolland, p. 279.) Un proverbe gaélique dit: «La pierre ne presse pas la terre de plus près que l'assistance de Coibhi (bienfaisance, attribut du chef des druides?)»

43 : Davies Mythol., p. 271, 277. Ammian. Marcell., liv. XV: «Druidæ ingeniis celsiores, ut authoritas Pythagoræ decrevit, sodalitiis astricti consortiis, quæstionibus occultarum rerum altarumque erecti sunt, etc.

44 : Si l'on veut qu'Alexandre n'ait pas péri par le poison, on ne peut nier du moins qu'il fut peu regretté des Macédoniens. Sa famille fut exterminée en peu d'années.

45 : Les Romains, dit saint Augustin, n'ont nui aux vaincus que par le sang qu'ils ont versé. Ils vivaient sous les lois qu'ils imposaient aux autres. Tous les sujets de l'Empire sont devenus citoyens.

46 : C'est lui qui conseilla à César de rester assis quand le sénat, en corps, se présenta devant lui. Voy. mon Histoire romaine.

47 : Il établit, au détroit de la Manche, des douanes sur l'ivoire, l'ambre et le verre. Strabon.

48 : César établit les vétérans de la 10e légion à Narbonne, qui prit alors les surnoms de Julia, Julia Paterna, colonia Decumanorum. Inscript. ap. Pr. de l'Hist. du Languedoc.—Arles, Julia Paterna Arelate.—Biterræ, Julia Biterra. Scr. fr. I, 135.—Bibracte, Julia Bibracte, etc.—Sous Auguste, Nemausus joignit à son nom celui d'Augusta, et prit le titre de colonie romaine. Il en fut de même d'Alba Augusta chez les Helves; d'Augusta, chez les Tricastins.—Augusto nemetum devint la capitale des Arvernes.—Noviodunum prit le nom d'Augusta; Bibracte, d'Augustodunum, etc. Am. Thierry, III, 281.

49 : Tacite, traduction de Burnouf.

50 : Un Gaulois le contemplait en silence. «Que vois-tu donc en moi? lui dit Caligula.—Un magnifique radotage.» L'empereur ne le fit pas punir; ce n'était qu'un cordonnier. (Dion Cassius.)

51 : Il fit construire le phare qui éclairait le passage entre la Gaule et la Bretagne. On a cru, dans les temps modernes, en démêler quelques restes.

52 : Tacit. Hist., l. IV, c. 51. Fatali nunc igne signum cælestis iræ datum, et possessionem rerum humanarum transalpinis gentibus portendi, superstitione vanâ Druidæ canebant.

53 : Strab., l. IV: «Rome soumit les Gaulois bien plus aisément que les Espagnols.»—Discours de Claude, ap. Tacit., Annal. II, c. XIV: «Si cuncta bella recenseas, nullum breviore spatio quam adversus Gallos confectum: continua inde ac firma pax.—Hirtius ad Cæs., l. VIII, c. XLIX: «César... defessam tot adversis præliis Galliam, conditione parendi meliore, facile in pace continuit.»—Dio. C., l. LII, ap. Scr. R. Fr. I, p. 520: «Auguste défendit aux sénateurs de sortir de l'Italie sans son autorisation; ce qui s'observe encore aujourd'hui; aucun sénateur ne peut voyager, si ce n'est en Sicile ou en Narbonnaise.»

54 : Strab., l. IV, ap. Scr. Fr. I, 9. «Cette ville avait rendu les Gaulois tellement philhellènes, qu'ils écrivaient en grec jusqu'aux formules des contrats, et aujourd'hui elle a persuadé aux Romains les plus distingués de faire le voyage de Massalie, au lieu du voyage d'Athènes.»—Les villes payaient sur les revenus publics des sophistes et des médecins. Juvénal: «De conducendo loquitur jam rhetore Thule.»—Martial (l. VII, 87) se félicite de ce qu'à Vienne les femmes même et les enfants lisent ses poésies.—Les écoles les plus célèbres étaient celles de Marseille, d'Autun, de Toulouse, de Lyon, de Bordeaux. Ce fut dans cette dernière que persista le plus longtemps l'enseignement du grec.

55 : Strab., ibid. «Chez les Marseillais, on ne voit point de dot au-dessus de cent pièces d'or; on n'en peut mettre plus de cinq à un habit, et autant pour l'ornement d'or.» Tacit. Vit. Agricol., c. IV; «Arcebat eum (Agricolam) ab inlecebris peccantium, præter ipsius bonam integramque naturam, quod statim parvulus sedem ac magistram studiorum Massiliam habuerit, locum græca comitate et provinciali parcimonia mixtum ac bene compositum.»—On trouve dans Athénée, l. XII, c. V, un proverbe qui semble contredire ces autorités (πλεύσαις εἰς Μασσαλίαν).

56 : Pline en cite trois, qui eurent une vogue prodigieuse au premier siècle; l'un d'eux donna un million pour réparer les fortifications de sa ville natale.

57 : Né près de Marseille.

58 : Ou Becco. Suétone: Id valet gallinacei rostrum.—Bek (Armor.), Big (Kymr.), Gob (Gaël.).

59 : Leurs familles, du moins, étaient originaires d'Espagne.

60 : Né à Lyon.

61 : Zozim., l. I.—P. Oros., l. VII: «Invasit tyrannidem, multo quidem reipublicæ commodo.»—Trebell. Pollio, ad ann. 260: «Posthumius... Gallias ab omnibus circumfluentibus barbaris validissime vindicavit.—Nimius amor erga Posthumium omnium erat in gallica gente populorum, quod submotis omnibus germanicis gentibus, romanum in pristinam securitatem revocasset imperium. Ab omni exercitu et ab omnibus Gallis Posthumius gratanter acceptus talem se præbuit per annos septem, ut Gallias instauraverit.» On lit sur une médaille de Posthumius: RESTITUTORI GALLIÆ. Script. Fr. I, 538.

62 : Voyez mon article Zénobie. (Biog. univ.)

63 : Tibère. Dans l'affaire de Sérénus, Tibère se déclara pour les accusateurs, contra morem suum. Tacite, Annal., l. IV, c. XXX.—«Accusatores, si facultas incideret, pœnis afficiebantur.» L. VI, c. XXX.—Les biens d'un grand nombre d'usuriers ayant été vendus au profit du fisc: «Tulit opem Cæsar, disposito per mensas millies sestertio, factaque mutuandi copia sine usuris per triennium, si debitor populo in duplum prædiis cavisset. Sic refecta fides.» Annal., liv. VI, c. XVII.—«Præsidibus onerandas tributo provincias suadentibus rescripsit: Boni pastoris esse tondere pecus, non deglubere.» Sueton., in Tiber., c. XXXII.—«Principem præstitit, etsi varium, commodiorem tamen sæpius, et ad utilitates publicas proniorem. Ac primo eatenus interveniebat, ne quid perperam fieret... Et si quem reorum elabi gratia rumor esset, subitus aderat, judicesque... religionis et noxæ de qua cognescerent, admonebat: atque etiam si qua in publicis moribus desidia aut mala consuetudine labarent, corrigenda suscepit.» C. XXXIII.—«Ludorum ac munerum impensas corripuit, mercedibus scenicorum rescissis, paribusque gladiatorum ad certum numerum redactis...; adhibendum supellectili modum censuit. Annomamque macelli, senatus arbitratu, quotannis temperandam, etc.—Et parcimoniam publicam exemplo quoque juvit.» C. XXXIV.—«Neque spectacula omnimo edidit.» C. XLVII.—«In primis tuendæ pacis a grassaturis, ac latrociniis sediotionumque licentia, curam habuit, etc.»—«Abolevit et jus moremque asylorum, quæ usquam erant.» C. XXXVII.

Néron. «Non defuerunt qui per longum tempus vernis æstivisque floribus tumulum ejus ornarent, ac modò imagines prætextatas in Rostris præferrent, modo edicta, quasi viventis, et brevi magno inimicorum malo reversuri. Quid etiam Vologesus, Parthorum rex, missis ad senatum legatis de instauranda societate, hoc etiam magnopere oravit, ut Neronis memoria coleretur. Denique cum post viginti annos exstitisset conditionis incertæ, qui se Neronem esse jactaret, tam favorabile nomen ejus apud Parthos fuit, ut vehementer adjutus, et vix redditus sit.» Suet., in Nerone, c. LVII.

64 : Tibère. «Petitum est a principe cognitionem exciperet: quod ne reus quidem abnuebat, studia populi et patrum metuens: contra, Tiberium spernendis rumoribus validum... veraque... judice ab uno facilius discerni: odium et invidiam apud multos valere... Paucis familiarium adhibitis, minas accusantium, et hinc preces audit, integramque causam ad senatum remittit.» Tacit., Annal., l. III, c. X.

«Messalinus... a primoribus civitatis revincebatur: iisquæ instantibus ad imperatorem provocavit.» Tacit., Annal., l. VI, c. V.—«Vulcatius Tullinus, ac Marcellus, senatores, et Calpurnius, eques romanus, appellato principe instantem damnationem frustrati.» Ibid., l. XII, c. XXVIII.—Deux délateurs puissants, Domitius Afer et P. Dolabella, s'étant associés pour perdre Quintilius Varus, «restitit tamen senatus et opperiendum imperatorem censuit, quod unum urgentium malorum suffugium in tempus erat.» Ibid., liv. IV, c. LXVI.

Claude. «Alium interpellatum ab adversariis de propria lite negantemque cognitionis rem, sed ordinarii juris esse, agere causam confestim apud se coegit, proprio negotio documentum daturum, quam æquus judex in alieno negotio futurus esset.» Sueton., in Claudio, c. V.

Domitien. «Jus diligenter et industrie dixit, plerumque et in foro pro tribunali extra ordinem ambitiosas centumvirorum sententias recidit.» Suet., in Dom., c. VIII.

65 : On a trouvé à Antibes l'inscription suivante:

D. M.
PVERI SEPTENTRI
ONIS ANNOR XII QUI
ANTIPOLI IN THEATRO
BIDVO SALTAVIT ET PLA
CVIT.

«Aux mânes de l'enfant Septentrion, âgé de douze ans, qui parut deux jours au théâtre d'Antibes, dansa et plut.» Ce pauvre enfant est évidemment un de ces esclaves qu'on élevait pour les louer à grand prix aux entrepreneurs de spectacles, et qui périssaient victimes d'une éducation barbare. Je ne connais rien de plus tragique que cette inscription dans sa brièveté, rien qui fasse mieux sentir la dureté du monde romain... «Parut deux jours au théâtre d'Antibes, dansa et plut.» Pas un regret. N'est-ce pas là en effet une destinée bien remplie! Nulle mention de parents; l'esclave était sans famille. C'est encore une singularité qu'on lui ait élevé un tombeau. Mais les Romains en élevaient souvent à leurs joujoux brisés. Néron bâtit un monument «aux mânes d'un vase de cristal.»

66 : Voy. M. Moreau de Jonnès, Tableau du prix moyen des denrées d'après l'édit de Dioclétien retrouvé à Stratonicé: Une paire de caligæ (la plus grossière chaussure) coûtait 22 fr. 50 c.; la livre de viande de bœuf ou de mouton, 2 fr. 50 c.; de porc, 3 fr. 60 c.; le vin de dernière qualité, 1 fr. 80 c. le litre; une oie grasse, 45 fr.; un lièvre, 33 fr.; un poulet, 13 fr.; un cent d'huîtres, 22 fr., etc.

67 : Tacite.—L'empereur finit par être obligé d'habiller et nourrir le soldat. Lampride.

68 : Lactant. de M. persecut, c. VII, 23. «Adeò major esse cœperat numerus accipientium quam dantium... Filii adversus parentes suspendebantur...»—Une sorte de guerre s'établit entre le fisc et la population, entre la torture et l'obstination du silence. «Erubescit apud eos, si quis non inficiando tributa in corpore vibices ostendat.» Ammian. Marc., in Comment. Cod. Theod., lib. XI, tit. 7, leg 3a.

69 : Prosper Aquit., in Chronic: «Omnia pene Galliarum servitia in Bagaudam conspiravere.» Ducange, vo, Bagaudæ, Bacaudæ, ex Paul. Oros., l. VII, c. XV; Eutrop., lib. IX; Hieronymus in Chronico Euseb.: «Diocletianus consortem regni Herculium Maximianum assumit, qui, rusticorum multitudine oppressa, quæ factioni suæ Bacaudarum nomen inciderat, pacem Gallis reddit.» Victor Scotti: «Per Galliam excita manu agrestium ac latronum, quos Bagaudas incolæ vocant, etc.» Pæanius Eutropii interpres Gr.: Στασιάξοντος δὲ ἐν Γάλλοις τοῦ ἀγροικικοῦ, καὶ Βακαὺδας καλοῦντας τοὺς συνκροτηθέντας, ὄνομα δέ ἓστι τοῦτο τυρἀννους δηλοῦν ἐπιχωρίους... Βαγεὑειν est vagari apud Suidam. At cum Gallicam vocem esse indicet Aurelius Victor, quid si à Bagat, vel Bagad, quæ vox Armoricis et Wallis, proinde veteribus Gallis, turmam sonat, et hominum collectionem?—Catholicum Armoricum: «Bagat, Gall., assemblée, multitude de gens, troupeau.—Cæterum Baogandas, seu Baogaudas, habet prima Salviani editio, ann. 1530.—Baugaredos vocat liber de castro Ambasiæ, num. 8. Baccharidas, Idacius in Chronico, in Dieclotiano.—Non desunt, qui Parisienses vulgò Badauts per ludibrium appellant, tanquam a primis Bagaudis ortum duxerint.—Turner, Hist. of A. I. Bagach, in Irish, in warlike. Bagach, in Erse is fighting.—Bagad, in Welsh, is multitude.—Saint-Maur-des-Fossés, près Paris, s'appelait le château des Bagaudes. Voy. Vit. S. Baboleni.

70 : Millin.

71 : Sous les rois Rechila et Théodoric.

72 : Schæpflin adopte cependant une autre opinion. V. sa dissertation: Constantinus magnus non fuit Britannus. Bâle, 1741, in-4o.

73 : Eumène. Une grande partie du territoire d'Autun était sans culture.

74 : «Cessent jam nunc rapaces officialium manus...» Lex Constantin, in Cod. Theod., lib. I, tit. VII, leg. 1a.—Si quis est cujuscumque loci, ordinis, dignitatis, qui se in quemcumque judicum, comitum, amicorum, vel palatinorum meorum, aliquid... manifeste probare posse confidit, quod non integre, atque juste gessisse videatur, intrepidus et securus accedat; interpellet me, ipse audiam omnia... si probaverit, ut dixi, ipse me vindicabo de eo, qui me usque ad hoc tempus simulata integritate deceperit. Illum autem, qui hoc prodiderit, et comprobaverit, in dignitatibus et rebus augebo.» Ex lege Constantini, in Cod. Theod., lib. IX, tit. I, leg. 4a.—«Si pupilli, vel viduæ, aliique fortunæ injuria miserabiles, judicium nostræ serenitatis oraverint, præsertim cum alicujus potentiam perhorrescant, cogantur eorum adversarii examini nostri suî copiam facere.» (Ex lege Constantini, lib. I, tit., leg. 2a.)—«A secta indictione... ad undecimam nuper transactam, tàm curiis, quam possessori... reliqua indulgemus: ita ut quæ in istis viginti annis... sive in speciebus, sive pecunia... debentur, nomine reliquorum omnibus concedantur: nihil de his viginti annis speret publicorum cumulus horreorum, nihil arca amplissimæ præfecturæ, nihil utrumque nostrum ærarium.» Constantin., in Cod. Theod., lib. XI, tit. XXVIII, leg. 16a.—Quinque annorum reliqua nobis remisisti,» dit Eumène à Constantin. V. Ammian. Marc., in Commod. Cod. Theod., lib. XI, tit. XXVII, leg. 1a.

75 : «Quisquis colonus plus a domino exigitur, quam ante consueverat et quam in anterioribus temporibus exactum est, adeat judicem... et facinus comprobet: ut ille qui convincitur amplius postulare, quam accipere consueverat, hoc facere in posterum prohibeatur, prius reddito quod superexactione perpetrata noscitur extorsisse.» Constant., in Cod. Justinian., lib. XI, tit. XLIX.

«Apud quemcumque coloris juris alieni fuerit inventus, is non solum eundem origini suæ restituat... ipsos etiam colonos, qui fugam meditantur, in servilem conditionem ferro ligari conveniet, ut officia quæ liberis congruunt, merito servilis condemnationis compellantur implere.» Ex lege Constantin., in Cod. Theod., lib. V, leg. 9a, l. I.—«Si quis colonus originalis, vel inquilinus, ante trigenta annos de possessione discessit, neque ad solum genitale... repetitus est, omnis ab ipso, vel a quo forte possidetur, calumnia penitus excludatur...» Ex lege Hon. et Theod., in Cod. Theod., lib. V, tit. X, leg. 1a.—«In causis civilibus hujusmodi hominum generi adversus dominos, vel patronos aditum intercludimus, et vocem negamus (exceptis superexactionibus in quibus retro principes facultatem eis super hoc interpellandi præbuerunt).» Arc. et Hon., in Cod. Justin., lib. XI, tit. XLIX.—«Si quis alienum colonum suscipiendum, retinendumve crediderit, duas auri libras ei cogatur exsolvere, cujus agros transfuga cultore vacuaverit: ita ut eundem cum omni peculio suo et agnitione restituat.» Theod. et Valent., in Cod. Just., lib. XI, tit. LI, leg. 1a.

La loi finit par identifier le colon à l'esclave: «Le colon change de maître avec la terre vendue.» Valent. Theod. et Arc., in Cod. Justin., lib. XI, tit. XLIX, leg. 2a.—Cod. Just., LI. «Que les colons soient liés par le droit de leur origine, et bien que, par leur condition, ils paraissent des ingénus, qu'ils soient tenus pour serfs de la terre sur laquelle ils sont nés.»—Cod. Justin., tit. XXXVII. «Si un colon se cache ou s'efforce de se séparer de la terre où il habite, qu'il soit considéré comme ayant voulu se dérober frauduleusement à son patron, ainsi que l'esclave fugitif.» Voyez le Cours de Guizot, t. IV.—M. de Savigny pense que leur condition était, en un sens, pire que celle des esclaves; car il n'y avait, à son avis, aucun affranchissement pour les colons.

76 : Par la loi Julia, le cœlebs ne peut rien recevoir d'un étranger, ni de la plupart de ses affines, excepté celui qui prend «concubinam, liberorum quærendorum causa.»

77 : Hérodien.

78 : Probi Epist. ad senatum, in Vopisc. «Arantur Gallicana rura barbaris bobus, et juga germanica captiva præbent nostris colla cultoribus.»

Voyez Aurel. Vict., in Cæsar.—Vopisc. ad ann. 281.—Eutrop., lib. IX.—Euseb. Chronic.—Sueton., in Dom., c. VII.

Eumen., Panegyr. Constant.: «Sicut tuo, Maximiane Auguste, nutu Nerviorum et Treverorum arva jacentia letus postliminio restitutus, et receptus in leges Francus excoluit: ita nunc per victorias tuas, Constanti Cæsar invicte, quidquid infrequens Ambiano et Bellovaco et Tricassino solo Lingonicoque restabat, barbaro cultore revirescit...,» etc.

79 : Au moins vingt-sept jugera.

80 : Aussi ne disposent-ils pas librement de leur bien. Ils ne peuvent vendre sans autorisation. (Code Théodosien.) Le curiale qui n'a pas d'enfants ne peut disposer par testament que du quart de ses biens. Les trois autres quarts appartiennent à la curie.

81 : Toutefois la loi est bonne et généreuse; elle ne ferme la curie ni aux juifs ni aux bâtards. «Ce n'est point une tache pour l'ordre, parce qu'il lui importe d'être toujours au complet.» Cod. Theod.

82 : Cod. Theod., l. X, t. XXXI. «Non ante discedat quam, insinuato judici desiderio, profiscendi licentiam consequatur.»

Ibid., l. XII, t. XVIII. «Curiales omnes jubemus interminatione moneri, ne civitates fugiant aut deserant, rus habitanti causa; fundum quem civitati prætulerint scientes fisco esse sociandum, eoque rure esse carituros, cujus causa impios se, vitando patriam, demonstrarint.»

L. si cohortalis 30. Cod. Theod., l. VIII, t. IV. «Si quis ex his ausus fuerit affectare militiam... ad conditionem propriam retrabatur.»—Cette disposition désarmait tous les propriétaires.

«Quidam ignaviæ sectatores, desertis civitatum muneribus, captant solitudines ac secreta..., L. quidam» 63, Cod. Theod., l. XXII, t. I.—«Nec enim eos aliter, nisi contemptis patrimoniis liberamus. Quippe animos divina observatione devinctos non decet patrimoniorum desideriis occupari. L. curiales 104, ibid.

83 : Constantin., in Cod. Justin., l. XI, t. LVIII, lex 1. «Prædia deserta decurionibus loci sui subsunt assignari debent, cum immunitate triennii.»

«Honorii indulgentia Campaniæ tributa, aliquot jugerum velut desertorum et squalidorum... Quingena viginti octo millia quadraginta duo jugera, quæ Campania provincia, juxta inspectorum relationem et veterum monumenta chartarum, in desertis et squalidis locis habere dignoscitur, iisdem provincialibus concessimus, et chartas superfluæ descriptionis cremari censemus.» Arc. et Hon., in Cod. Theod., lib. XI, tit. XXVIII, l. II.

84 : En 382, une loi porta: «Soit que toutes les provinces réunies délibèrent en commun, soit que chaque province veuille s'assembler en particulier, que l'autorité d'aucun magistrat ne mette ni obstacle ni retard à des discussions qu'exige l'intérêt public.» L. sive integra, 9, Cod. Theod., l. XII, t. XII. Voyez Raynouard, Histoire du Droit municipal en France, I, 192.

Voici les principales dispositions de la loi de 418:—I. L'assemblée est annuelle.—II. Elle se tient aux ides d'août.—III. Elle est composée des honorés, des possesseurs et des magistrats de chaque province.—IV. Si les magistrats de la Novempopulanie et de l'Aquitaine, qui sont éloignées, se trouvent retenus par leurs fonctions, ces provinces, selon la coutume, enverront des députés.—V. La peine contre les absents sera de cinq livres d'or pour les magistrats, et de trois pour les honorés et les curiales.—VI. Le devoir de l'assemblée est de délibérer sagement sur les intérêts publics. Ibid., p. 199.

85 : Mamertin., in Panegyr. Juliani: «Aliæ, quas a vastitate barbarica terrarum intervalla distulerant, judicum nomine a nefariis latronibus obtinebantur ingenua indignis cruciatibus corpora (lacerabantur); nemo ab injuria liber... ut jam barbari desiderarentur, ut præoptaretur a miseris fortuna captorum.»—P. Oros... «Ut inveniantur quidam Romani, qui malint inter barbaris pauperem libertatem, quam inter Romanos tributariam servitutem.»—Salvian. de Provid., l. V. «Malunt enim sub specie captivitatis vivere liberi, quam sub specie libertatis esse captivi... nomen civium Romanorum aliquando... magno æstimatum... nunc ultro repudiatur.—Sic sunt... quasi captivi jugo hostium pressi: tolerant supplicium necessitate, non voto: animo desiderant libertatem, sed summam sustinent servitutem. Leviores his hostes, quam exactores sunt, et res ipsa hoc indicat; ad hostes fugiunt, ut vim exactionis evadant. Una et consentiens illic Romanæ plebis oratio, ut liceat eis vitam... agere cum barbaris... Non solum transfugere ab eis ad nos fratres nostri omnino nolunt, sed ut ad eos confugiant, nos relinquunt; et quidem mirari satis non possunt, quod hoc non omnes omnino faciunt tributarii pauperes... nisi quod una causa tantum est, qua non faciunt, quia transferre illuc... habitatiunculas familiasque non possunt; nam cum plerique eorum agellos ac tabernacula sua deserant, ut vim exactionis evadant... Nonnulli eorum... qui... fugati ab exactoribus deserunt... fundos majorum expetunt, et coloni divitum fiunt.»—V. aussi, dans Priscus, l'Histoire d'un Grec réfugié près d'Attila.

86 : Au commencement du cinquième siècle, Innocent Ier avance quelques timides prétentions, invoquant la coutume et les décisions d'un synode. (Epist. 2: «Si majores causæ in medium fuerint devolutæ, ad sedem apostolicam, sicut synodus statuit et beata consuetudo exigit, post judicium episcopale referantur.—Epist. 29: Patres non humana sed divina decrevere sententia, ut quidquid, quamvis de disjunctis remotisque provinciis ageretur, non prius ducerent finiendum, nisi ad hujus sedis notitiam pervenirent.»)—On disputait beaucoup sur le sens du célèbre passage: Petrus es, etc., et saint Augustin et saint Jérôme ne l'interprétaient pas en faveur de l'évêché de Rome. (Augustin, de divers. Serm., 108. Id., in Evang. Joan., tract. 124.—Hieronym., in Amos 6, 12. Id., adv. Jovin., l. I.) Mais saint Hilaire, saint Grégoire de Nysse, saint Ambroise, saint Chrysostome, etc., se prononcent pour la prétention contraire. À mesure qu'on avance dans le cinquième siècle, on voit peu à peu tomber l'opposition; les papes et leurs partisans élèvent plus haut la voix. (Concil., Ephes. ann. 431, actio III).—Leonis I, Epist. 10: Divinæ cultum religionis ita Dominus instituit, ut veritas per apostolicam tubam in salutem universitatis exiret... ut (id officium) in B. Petri principaliter collocaret.—Epist. 12: Curam quam universis ecclesiis principaliter ex divina institutione debemus, etc., etc.» Enfin Léon le Grand prit le titre de chef de l'Église universelle (Leonis I, Epist. 103, 97).

87 : Regula S. Bened., c. 48: Otiositas inimica est animæ... «L'oisiveté est ennemie de l'âme: aussi les frères doivent être occupés, à certaines heures, au travail des mains; dans d'autres, à de saintes lectures.»—Après avoir réglé les heures du travail, il ajoute: «Et si la pauvreté du lieu, la nécessité ou la récolte des fruits tient les frères constamment occupés, qu'ils ne s'en affligent point, car ils sont vraiment moines s'ils vivent du travail de leurs mains, ainsi qu'ont fait nos pères et les apôtres.»

Ainsi, aux Ascètes de l'Orient, priant solitairement au fond de la Thébaïde, aux Stylites, seuls sur leur colonne, aux Ευχίται errants, qui rejetaient la loi et s'abandonnaient à tous les écarts d'un mysticisme effréné, succédèrent en Occident des communautés attachées au sol par le travail. L'indépendance des cénobites asiatiques fut remplacée par une organisation régulière, invariable; la règle ne fut plus un recueil de conseils, mais un code.

88 : Né, selon les uns, dans notre Bretagne; selon d'autres, dans les îles Britanniques, ce qui du reste ne change rien à la question. Il suffit qu'il ait appartenu à la race celtique.

89 : Ælianus Spartianus, in Pescenn. Nigro. Vopisc. in Numeriano: «Cum apud Tungros in Gallia, quadam in caupona moraretur, et cum druide quadam muliere rationem convictus sui quotidiani faceret, at illa diceret; Diocletiane, nimium avarus, nimium parcus es; joco, non serio, Diocletianum respondisse fertur: Tunc ero largus, cum imperator fuero. Post quod verbum druias dixisse fertur: Diocletiane, jocari noli: nam imperator eris, cum Aprum occideris.—Id. in Diocletiano, Dicebat (Diocletianus) quodam tempore Aurelianum Gallicanas consuluisse druidas, sciscitantem utrum apud ejus posteros imperium permaneret: tum illas respondisse dixit: Nullius clarius in republica nomen quam Claudii posterorum futurum.»

Æl. Lamprid. in Alex. Sever. «Mulier druias eunti exclamavit gallico sermone: Vadas, nec victoriam speres, nec militi tuo credas.»

90 : C'est à cette époque, vers 177, sous le règne de Marc-Aurèle, que l'on place les premières conversions et les premiers martyrs de la Gaule. Sulpic. Sever., Hist. sacra, ap. Scr. fr. I, 573: Sub Aurelio... persecutio quinta agitata ac tum primum intra Gallias martyria visa.—Avec saint Pothin moururent quarante-six martyrs. Gregor. Turonens, de Glor. Martyr., l. I, c. XLIX.—En 202, sous Sévère, saint Irénée, d'abord évêque de Vienne, puis successeur de saint Pothin, souffrit le martyre avec neuf mille (selon d'autres, dix-huit mille) personnes de tout sexe et de tout âge.—Un demi-siècle après lui, saint Saturnin et ses compagnons auraient fondé sept autres évêchés. Passio S. Saturn., ap. Greg. Tur., l. I, c. XXVIII: «Decii tempore, viri episcopi ad prædicandum in Gallias missi sunt;... Turocinis Gatianus, Arelatensibus Trophimus, Narbonæ Paulus, Tolosæ Saturninus, Parisiacis Dionysius, Arvernis Stremonius, Lemovicinis Martialis, destinatus episcopus.—Le pape Zozime réclame la primatie pour Arles. Epist. I, ad Episc. Gall.

91 : Quels temples? Je serais porté à croire qu'il s'agit ici de temples nationaux, de religions locales. Les Romains qui pénétrèrent dans le Nord ne peuvent, en si peu de temps, avoir inspiré aux indigènes un tel attachement pour leurs dieux. (Sulp. Sev., Vita S. Martini.) Voyez les Éclaircissements à la fin de ce chapitre.

92 : Id., Ibid., ap. Scr. Fr. I, 573. V. aussi Grég. de Tours, l. X, c. XXXI.—Saint Ambroise, qui se trouvait en même temps à Trèves, se joignit à lui (Ambros., Epist. 24, 26). Saint Martin avait fondé un couvent à Milan, dont saint Ambroise occupa bientôt le siége (Greg. Tur., l. X, c. XXXI). On sait quelle résistance Ambroise opposa aux Milanais qui l'appelaient pour évêque. Il fallut aussi employer la ruse, et presque la violence, pour faire accepter à saint Martin l'évêché de Tours. (Sulp. Sev., loco citato.)

93 : Euseb., Hist. eccl., V. 37, ap. Gieseler's Kirchengeschichte, I, 139, Πολυθρύλλητον παρὰ τοις αἱρεσιώταις ζἠτημα τὁ πόθεν ἡ κακία;—Tertullian., de Præscr. hæret., c. VII, ibid.: «Eædem materiæ apud hæreticos et philosophos volutantur, iidem retractus implicantur, unde malum et quare? et unde homo et quomodo?»

94 : S. Hieronym. ad Pammach.: «In libro Περι ἀρχων loquitur:... quod in hoc corpore quasi in carcere sunt animæ relegatæ, et antequam homo fieret in Paradiso, inter rationales creaturas in cœlestibus commoratæ sunt.»—Saint Jérôme lui reproche ensuite d'allégoriser tellement le Paradis, qu'il lui ôte tout caractère historique (quod sic Paradisum allegoriset, ut historiæ auferat veritatem, pro arboribus angelos, pro fluminibus virtutes cœlestes intelligens, totamque Paradisi continentiam tropologica interpretatione subvertat). Ainsi, Origène rend inutile, en donnant une autre explication de l'origine du mal, le dogme du péché originel, et en même temps il en détruit l'histoire. Il en nie la nécessité, puis la réalité.—Il disait aussi que les démons, anges tombés comme les hommes, viendraient à récipiscence, et seraient heureux avec les saints (et cum sanctis ultimo tempore regnaturos). Ainsi cette doctrine, toute stoïcienne, s'efforçait d'établir une exacte proportion entre la faute et la peine; elle rendait l'homme seul responsable; mais la terrible question revenait tout entière: il restait toujours à expliquer comment le mal avait commencé dans une vie antérieure.

95 : On l'appelait aussi Morgan (môr, mer, dans les langues celtiques).—Il avait eu pour maître l'origéniste Rufin, qui traduisit Origène en latin et publia pour sa défense une véhémente invective contre saint Jérôme. Ainsi Pélage recueille l'héritage d'Origène.

96 : Saint Augustin.

97 : Il ne peut y avoir de péché héréditaire, disait Pélage, car c'est la volonté seule qui constitue le péché.

«Quærendum est, peccadum voluntatis an necessitatis est? Si necessitatis est peccatum, non est: si voluntatis, vitari potest.» Donc, ajoutait-t-il, l'homme peut être sans péché; c'est le mot de Théodore de Mopsueste: «Quærendum utrum debeat homo sine peccato esse? Procul dubio debet. Si debet, potest. Si præceptum est, potest.» Origène aussi ne demandait pour la perfection que «la liberté aidée de la loi et de la doctrine.»

98 : Origène, qui avait nié le péché originel, avait pensé que l'incarnation était une pure allégorie. Du moins on le lui reprochait. Saint Augustin sentit bien la nécessité de cette conséquence. V. le traité: De Nuturâ et Gratiâ.

99 : Le premier qui tenta cette conciliation difficile, ce fut le moine Jean Cassien, disciple de saint Jean-Chrysostome, et qui plaida près du pape pour le tirer d'exil. Il avança que le premier mouvement vers le bien partait du libre arbitre, et que la grâce venait ensuite l'éclairer et le soutenir; il ne la crut pas, comme saint Augustin, gratuite et prévenante, mais seulement efficace. Il dédia un de ses livres à saint Honorat, qui avait, comme lui, visité la Grèce, et qui fonda Lérins, d'où devaient sortir les plus illustres défenseurs du semi-pélagianisme. La lutte s'engagea bientôt. Saint Prosper d'Aquitaine avait dénoncé à saint Augustin les écrits de Cassien, et tous deux s'étaient associés pour le combattre. Lérins leur opposa Vincent, et ce Faustus qui soutint contre Mamert Claudien la matérialité de l'âme, et qui écrivit, comme Cassien, contre Nestorius, etc. Arles et Marseille inclinaient au semi-pélagianisme. Le peuple d'Arles chassa son évêque, saint Héros, qui poursuivait Pélage, et choisit après lui saint Honorat; à saint Honorat succède saint Hilaire, son parent, qui soutint comme lui les opinions de Cassien, et fut comme lui enterré à Lérins, etc. Gennadius écrivit au IXe siècle l'histoire du semi-pélagianisme.

100 : En 447, saint Hilaire d'Arles l'oblige de s'asseoir, quoique simple prêtre, entre deux saints évêques, ceux de Fréjus et de Riez.

101 : Lérins fut fondé par saint Honorat, dans le diocèse d'Antibes, à la fin du IVe siècle. Saint Hilaire d'Arles, et saint Césaire, Sidonius de Clermont, Ennodius du Tésin, Honorat de Marseille, Faustus de Riez, appellent Lérins l'île bienheureuse, la terre des miracles, l'île des Saints (on donna aussi ce nom à l'Irlande), la demeure de ceux qui vivent en Christ, etc.—Lérins avait de grands rapports avec Saint-Victor de Marseille, fondé par Cassien vers 410.—Les deux couvents furent une pépinière de libres penseurs.

102 : Dans Grégoire de Tours (ap. Scr. fr. II, 467), saint Simplicius voit de loin promener par la campagne, sur un char traîné par des bœufs, une statue de Cybèle. La Cybèle germanique, Ertha, était traînée de même. Tacit. German.

103 : Ils y ont été souvent maltraités, il est vrai, mais bien moins qu'ailleurs. Ils ont eu des écoles à Montpellier et dans plusieurs autres villes du Languedoc et de Provence.

104 : Indépendamment de ce lien commun, quelques-uns se voueront à cet homme qui les nourrit, qu'ils aiment. Ainsi prendront naissance les dévoués des Galls et des Aquitains.

Cæsar, B. Gall., l. III, c. XXII: «Devoti, quos illi soldurios appellant... Neque adhuc repertus est quisquam qui, eo interfecto, cujus se amicitiæ devovisset, mori recusaret.»—Athenæus, l. VI, C. XIII:... Αδιάτομον τὸν τῶν Σωτιανῶν βασιλέα (ἕθνος δὲ τοῦτο Κελτικὀν) ἐξακοσίους ἔχειν λογάδας περὶ αὐτὸν, οὒς καλεῖσθαι ὑπὸ Γαλατῶν Σιλοδούρους, ἓλληνιστὶ ἔυχωλιμαίους.—Zaldi ou Saldi, cheval, dans la langue basque.

Voyez les Éclaircissements à la fin du chapitre sur les races de l'Angleterre.

(Extrait de l'ouvrage de M. Price.)

105 : M. Champollion-Figeac en a reconnu jusque dans le Dauphiné.—On retrouve à Marseille, sous forme chevaleresque, la tradition de la reconnaissance d'Ulysse et de Pénélope.—Naguère encore l'Église de Lyon suivait les rites de l'Église grecque.—Il paraît que les médailles celtiques, antérieures à la conquête romaine, offrent une grande ressemblance avec les monnaies macédoniennes. Caumont, Cours d'Antiq. monument., I, 249.—Tout cela ne me semble pas suffisant pour conclure que l'influence grecque ait modifié profondément, intimement, le génie gaulois. Je crois plutôt à l'analogie primitive des deux races qu'à l'influence des communications.

106 : Strabon.

107 : S. August., de civ. Dei, l. XIX, c. VII: «At enim opera data est ut imperiosa civitas non solum jugum, verum etiam linguam suam domitis gentibus, per pacem societatis imponeret.»

Val. Max., l. II, c. II: «Magistratus vero prisci, quantopere suam populique romani majestatem retinentes se gesserint, hinc cognosci potest, quod, inter cætera obtinendæ gravitatis indicia, illud quoque magna cum perseverantia custodiebant, ne Græcis unquam nisi latine responsa darent. Quin etiam ipsa linguæ volubilitate, qua plurimum valent, excussa, per interpretem loqui cogebant; non in urbe tantum nostra, sed etiam in Græcia et Asia; quo scilicet latinæ vocis honos per omnes gentes venerabilior diffunderetur.»

L. Decreta, D. l. XLII, t. I: «Decreta a prætoribus latine interponi debent.»—Tibère s'excusa auprès du sénat d'employer le mot grec de monopole... «Adeo ut monopolium nominaturus, prius veniam postularit quod sibi verbo peregrino utendum esset; atque etiam in quodam decreto patrum, cum ἔμβλημα recitaretur, commutandam censuit vocem.» Suet., in Tiber., c. LXXI.

108 : Dion Cassius.

109 : Dès le VIIIe siècle, le mariage des deux langues gauloise et latine paraît avoir donné lieu à la formation de la langue romane. Au IXe siècle, un Espagnol se fait entendre d'un Italien. (Acta SS ord. S. Ben., sec. III, P. 2e, 258.) C'est dans cette langue romane rustique que le concile d'Auxerre défend de faire chanter par des jeunes filles des cantiques mêlés de latin et de roman, tandis qu'au contraire ceux de Tours, de Reims et de Mayence (813, 847), ordonnent de traduire les prières et les homélies; c'est, enfin, dans cette langue qu'est conçu le fameux serment de Louis le Germanique à Charles le Chauve, premier monument de notre idiome national.—Le latin et le gaulois durent, sans aucun doute, y entrer, suivant les localités, dans des proportions très-différentes. Un Italien a pu écrire, vers 960: «Vulgaris nostra lingua quæ latinitati vicina est» (Martène, Vet. Scr. I, 298), ce qui explique pourquoi la langue vulgaire provençale était commune à une partie de l'Espagne et de l'Italie; mais rien ne nous dit qu'il en fut de même de la langue vulgaire du milieu et du nord de la Gaule. Grégoire de Tours (l. VIII), en racontant l'entrée de Gontran à Orléans, distingue nettement la langue latine de la langue vulgaire. En 995, un évêque prêche en gaulois (gallice. Concil. Hardouin, V, 734). Le moine de saint Gall donne le mot veltres (lévriers) pour un mot de langue gauloise (gallica lingua). On lit dans la vie de saint Columban (Acta SS. sec. II, p. 17): «Ferusculam, quam vulgo homines squirium vocant (un écureuil).» Il est curieux de voir poindre ainsi peu à peu, dans un patois méprisé, notre langue française.

110 : Alb, d'où: Alpes, Albanie; penn, pic, d'où: Apennins, Alpes Pennines.—Bardd, Βάρδοι, ap. Strab., l. IV, et Diod., l. V. Bardi, ap. Amm. Marc., l. XV, etc.—Derwydd (V. note p. 41); aujourd'hui encore en Irlande, Drui signifie magicien; Druidheacht, magie; Tolland's Letters, p. 58. Dans le pays de Galles, on appelle les amulettes de verre: gleini na Droedh, verres de druides.—Trimarkisia, de tri, trois, et marc, cheval. Owen's welsch Dictionn. Armstrong's gaël dict. «Chaque cavalier gaulois, dit Pausanias (l. X, ap. Scr. fr. I, 469), est suivi de deux serviteurs qui lui donnent au besoin leurs chevaux; c'est ce qu'ils appellent dans leur langue Trimarkisia (τριμαρκισια) du mot celtique marca.»—À ces exemples on en pourrait joindre beaucoup d'autres. On retrouve le gæsum (javelot gaulois) des auteurs classiques dans les mots galliques; gaisde, armé; gaisg, bravoure, etc. Le cateia, dans gath-teht (prononcez ga-té). La rotta, ou chrotta (Fortunat, VII, 8), dans le gaélique cruit, le cymrique crwdd, est la roite du moyen âge.—Le sagum, dans l'armoric sae, etc., etc.

111 : Il n'y a pas un homme illettré en Irlande, Galles et Écosse du Nord, qui ne comprenne:

 

Arma

virumque(ac)

cano

Trojæ

qui

primus

ab

oris

Gaeliq.

Arm

agg

fer

can

 

pi

pim

fra

or

Gallois.

Arvau

ac

gwr

canwyv

Troiau

cw

priv

o

or

 

 

Γηνητήθω

φάος

καἱ

ἔγενἐτο

φάος.

 

G'ennet

pheor

agg

genneth

pheor.

 

Ganed

fawdd

ac y

genid

fawdd.

 

Fiat

lux

et (ac)

lux

facta

fuit.

 

Feet

lur

agg

tur

feet

fet.

 

Tydded

lluch

a

lluch

a

felhied.

Cambro-Briton, janvier 1822.

112 : Ardennæ: l'article ar, et den (cymr.), don (bas-bret.), domhainn (gaël.), profond.—Arelate: ar, sur, et lath (gaël.), llaeth (cymr.), marais.—Avenio: abhainn (gaël.), avon (cymr.), eau.—Batavia: bat, profond, et av, eau.—Genabum (Orléans), et de même Genève: cen, pointe, et av, eau.—Morini (le Boulonnais): môr, mer.—Rhodanus: rhed-an, rhod-an, eau rapide (Adelung Dict. gaël. et welsch.), etc.

113 : On peut citer les exemples suivants:

  Breton. Gallois. Irlandais. Latin.
Bâton. .... .... batta. baculus.
Bras. .... braich. .... brachium.
Carriole, chariot. carr. .... carr. currus.
Chaîne. chadden. .... caddan. catena.
Chambre. cambr. .... .... camera.
Cire. .... .... ceir. cera.
Dent. .... dant. .... dens.
Glaive. glaif. .... .... gladius.
Haleine. halan. alan. .... halitus.
Lait. .... laeth. laith. lac, lactis.
Matin. mintin. .... madin. mane, matunitus.
Prix. pris. .... pris. pretium.
Sœur. choar. .... seuar. soror.

114 : Ces idées que je hasarde ici trouvent leur démonstration complète et invincible dans le grand ouvrage que M. Edwards va publier sur les langues de l'occident de l'Europe. Puisque j'ai rencontré le nom de mon illustre ami, je ne puis m'empêcher d'exprimer mon admiration sur la méthode vraiment scientifique qu'il suit depuis vingt ans dans ses recherches sur l'histoire naturelle de l'homme. Après avoir pris d'abord son sujet du point de vue extérieur (Influence des agents physiques sur l'homme), il l'a considéré dans son principe de classification (Lettre sur les races humaines). Enfin il a cherché un nouveau principe de classification dans le langage, et il a entrepris de tirer du rapprochement des langues les lois philosophiques de la parole humaine. C'est avoir saisi le point par où se confondent l'existence extérieure de l'homme et sa vie intime.—Ceci était écrit en 1832.—En 1842, nous avons eu le malheur de perdre cet excellent ami.—M. Edwards, né dans les colonies anglaises, était originaire du pays de Galles.

115 : Bien entendu (je m'en suis déjà expliqué) que les genres primitifs sont peu de chose en comparaison de tous les développements qu'en a tirés le travail spontané de la liberté humaine.

116 : Telle terre, telle race. L'idée de la délivrance, dit Turner, ravissait les Kymrys dans leur sauvage pays de Galles, dans leur paradis de pierres; stony Wales, selon l'expression de Taliesin.

117 : J. Logan: «Les Gaëls remarquent soigneusement que ceux qui ont porté la main sur les pierres druidiques n'ont jamais prospéré.»

118 : Logan: Clach cuid fir, c'est lever une grosse pierre du poids de deux cents livres environ, et la mettre sur une autre d'environ quatre pieds de haut. Un jeune homme qui est capable de le faire est désormais compté pour un homme, et il peut alors porter un bonnet.—Ne semble-t-il pas que les cromleachs soient les jeux des géants?

119 : Humboldt, Recherches sur la langue des Basques.

120 : Logan.

121 : Idem.

122 : Idem.

123 : Partout où le christianisme ne détruisit pas les cercles druidiques, ils continuèrent à servir de cours de justice.—En 1380, Alexandre lord de Stewart Badenach tint cour aux pierres debout (the Standing Stones) du conseil de Kingusie.—Un canon de l'Église écossaise défend de tenir des cours de justice dans les églises.

124 : Voir les Éclaircissements à la fin de ce chapitre sur les pierres celtiques.

125 : Guillelm. Pictav., ap. Ser. Fr. XI, 88: «La confiance de Conan II était entretenue par le nombre incroyable de gens de guerre que son pays lui fournissait; car il faut savoir que dans ce pays, d'ailleurs fort étendu, un seul guerrier en engendre cinquante; parce que, affranchis des lois de l'honnêteté et de la religion, ils ont chacun dix femmes et même davantage.»—Le comte de Nantes dit à Louis le Débonnaire: «Cœunt frater et ipsa soror, etc.» Ermold. Nigellus, l. III, ap. Ser. Fr. VI, 52.—Hist. Brit. Armoricæ, ibid., VII, 52: «Sorores suas, neptes, consanguineas, atque alienas mulieres adulterantes, necnon et hominum, quod pejus est, interfectores... diabolici viri.»—César disait des Bretons de la Grande-Bretagne: «Uxores habent deni duodenique inter se communes, et maxime fratres cum fratribus et parentes cum liberis. Sed si qui sunt ex his nati, eorum habentur liberi, à quibus primum virgines quæque ductæ sunt.» Bell. Gall., l. V, c. XIV.—V. aussi la lettre du synode de Paris à Nomenoé (849), ap. Scr. Fr. VII, 504, et celle du concile de Savonnières aux Bretons (859), ibid., 584.

126 : Ducange, Glossarium: On disait: un Breton pour un soldat, un routier, un brigand. Guilbert, de Laude B. Mariæ, c. X.—Charta ann. 1395: «Per illas partes transierunt gentes armorum Britones et pillardi, et amoverunt quatuor jumenta.»—On disait aussi Breton, pour: conseiller de celui qui se bat en duel. Édit de Philippe le Bel: «... et doit aler cius ki a apelet devant, et ses Bretons porte son escu devant lui.» Carpentier, Supplément au Glossaire de Ducange.—(Breton, bretteur? bretailleur?)—Willelm. Malmsbur., ap. Scr. Fr. XIII, 13: «Est illud genus hominum egens in patria, aliasque externo ære laboriosæ vitæ mercatur stipendia; si dederis, nec vilia, sine respectu juris et cognationis, detractans prælia; sed pro quanti tate nummorum ad quascumque voles partes obnoxium.»

127 : Strabon, Dion, Solin, saint Jérôme, s'accordent sur la licence des mœurs celtiques.—O'Connor dit que la polygamie était permise chez eux; Derrich, qu'ils changeaient de femme une fois ou deux par an; Campion, qu'ils se mariaient pour un an et un jour.—Les Pictes d'Écosse prenaient leurs rois de préférence dans la ligne féminine (Fordun, apud Low, Hist. of Scotland): de même chez les Naïrs du Malabar, dans le pays le plus corrompu de l'Inde, la ligne féminine est préférée, la descendance maternelle semblant seule certaine.—C'est peut-être comme mère des rois que Boadicea et Cartismandua sont reines des Bretons, dans Tacite.—Les lois galloises limitent à trois cas le droit qu'a le mari de battre sa femme (lui avoir souhaité malheur à sa barbe, avoir tenté de le tuer, ou commis adultère). Cette limitation même indique la brutalité des maris.—Cependant l'idée de l'égalité apparaît de bonne heure dans le mariage celtique. Les Gaulois, dit César (B. Gall., lib. VI, 17), apportaient une portion égale à celle de la femme, et le produit du tout était pour le survivant. Dans les lois de Galles, l'homme et la femme pouvaient également demander le divorce. En cas de séparation, la propriété était divisée par moitié. Enfin, dans les poésies ossianiques, bien modifiées, il est vrai, par l'esprit moderne, les femmes partagent l'existence nuageuse des héros. Au contraire, elles sont exclues du Walhalla scandinave.

128 : Dans l'Italie antique, Deivei parentes. V. la lettre de Cornélie à Caïus Gracchus.

129 : Le partage égal tombe de bonne heure en désuétude dans l'Allemagne; le Nord y reste plus longtemps fidèle. V. Grimm, Alterthümer, p. 475, et Mittermaier, Grundsætze des deutschen Privatrechts, 3e ausg., 1827, p. 730.—J'ai lu dans un voyage (de M. de Staël, si je ne me trompe), une anecdote fort caractéristique. Le voyageur français, causant avec des ouvriers mineurs, les étonna fort en leur apprenant que beaucoup d'ouvriers français avaient un peu de terre qu'ils cultivaient dans les intervalles de leurs travaux. «Mais quand ils meurent, à qui passe cette terre?—Elle est partagée également entre leurs enfants.» Nouvel étonnement des Anglais. Le dimanche suivant, ils mettent aux voix entre eux les questions suivantes: «Est-il bon que les ouvriers aient des terres?» Réponse unanime: «Oui.» Est-il bon que ces terres soient partagées et ne passent pas exclusivement à l'aîné?» Réponse unanime: «Non.»

130 : Ou bien ils émigrent. De là le wargus germanique, le ver sacrum des nations italiques. Le droit d'aînesse, qui équivaut souvent à la proscription, au bannissement des cadets, devient ainsi un principe fécond des colonies.

131 : V. mon troisième volume et les ouvrages de Sommer, Robinson, Palgrave, Dalrymple, Sullivan, Hasted, Low, Price, Logan, les Collectanea de Rebus Hibernicis, et les Usances de Rohan, Brouerec, etc. Blackstone n'y a rien compris.

132 : Suivant Turner (Hist. of the Anglo-Saxons, I, 233), ce qui livra la Bretagne aux Saxons, ce fut la coutume du gavelkind, qui subdivisait incessamment les héritages des chefs en plus petites tyrannies. Il en cite deux exemples remarquables.

133 : On sait qu'en Bretagne on donne le titre d'oncle au cousin qui est supérieur d'un degré. Cette coutume tendait évidemment à resserrer les liens de parenté.—En général, l'esprit de clan a été plus fort en Bretagne qu'on ne l'imagine, bien qu'il domine moins chez les Kymrys que chez les Gaëls.

134 : Aussi l'obéissance de ces cousins n'est-elle pas sans indépendance et sans fierté. Un proverbe celtique dit: «Plus forts que le laird sont ses vassaux.» (Logan.)—Ibid.: I, 192. Le jeune chef de clan, Rannald, venant prendre possession et voyant la quantité de bêtes qu'on avait tuées pour célébrer son arrivée, remarqua que quelques poules auraient suffi. Tout le clan s'insurgea, et déclara qu'il ne voulait rien avoir à faire avec un chef de poules. Les Frasers, qui avaient élevé le jeune chef, livrèrent un combat sanglant où ils furent défaits et le chef tué.

135 : Proverbe breton: Cent pays, cent modes, cent paroisses, cent Églises:

Kant brot, kant kis;
Kant parrez, kant illis.

Proverbe gallois: Deux Welches ne resteront pas en bon accord.

136 : Suivant Gildas, p. 8, les Saxons avaient une prophétie selon laquelle ils devaient ravager la Bretagne cent cinquante ans et la posséder cent cinquante (interpolation cambrienne?)

A serpent with chains
Towering and plundering
With armed wings
From Germania...

(Taliesin, p. 94, et apud Turner, I, p. 312.)

Nous rapporterons aussi la fameuse prophétie de Myrdhyn, d'après Geoffroi de Montmouth, qui nous a transmis les traditions religieuses de la Bretagne, renfermées autrefois dans les livres d'exaltation, comme disaient les Latins (libri exaltationis):

«Wortiguern étant assis sur la rive d'un lac épuisé, deux dragons en sortirent, l'un blanc et l'autre rouge.» Le rouge chasse le blanc; le roi demande à Myrdhyn ce que cela signifie... Myrdhyn pleure; le blanc c'est le Breton, le rouge c'est le Saxon...—«Le sanglier de Cornouailles foulera leurs cols sous ses pieds. Les îles de l'Océan lui seront soumises, et il possédera les ravins des Gaules. Il sera célèbre dans la bouche des peuples, et ses actions seront la nourriture de ceux qui les diront. Viendra le lion de la justice; à son rugissement trembleront les tours des Gaules et les dragons des îles. Viendra le bouc aux cornes d'or, à la barbe d'argent. Le souffle de ses narines sera si fort qu'il couvrira de vapeurs toute la surface de l'île. Les femmes auront la démarche des serpents, et tous leurs pas seront remplis d'orgueil. Les flammes du bûcher se changeront en cygnes qui nageront sur la terre comme dans un fleuve. Le cerf aux dix rameaux portera quatre diadèmes d'or. Les six autres rameaux seront changés en cornes de bouviers, qui ébranleront par un bruit inouï les trois îles de la Bretagne. La forêt en frémira, et elle s'écriera par une voix humaine: «Arrive, Cambrie, ceins Cornouailles à ton côté, et dis à Guintonhi: La terre t'engloutira.»

Ce qui précède est emprunté à la traduction qu'en a donnée Edgar Quinet dans les épopées françaises inédites du XIIe siècle. Voici la suite:

«Alors il y aura massacre des étrangers. Les fontaines de l'Armorique bondiront, la Cambrie sera remplie de joie, les chênes de Cornouailles verdiront. Les pierres parleront; le détroit des Gaules sera resserré... Trois œufs seront couvés dans le nid, d'où sortiront renard, ours et loup. Surviendra le géant de l'iniquité, dont le regard glacera le monde d'effroi.»

(Galfrid, Monemutensis, l. IV.)

137 : C'est l'histoire d'Adam et Ève, de Samson et Dalila, d'Hercule et Omphale; mais la légende celtique est la plus touchante. M. Quinet l'a reprise et agrandie dans son poème: Merlin l'enchanteur (1860). Ce n'est pas dans une note qu'on peut parler d'un tel livre, l'une des œuvres capitales du siècle.

138 : Voici la plus populaire des chansons galloises: elle est mêlée d'anglais et de gallois:

Doux est le chant du joyeux barde,
Ar hyd y Nôs (toute la nuit);
Doux le repos des pasteurs fatigués,
Ar hyd y Nôs;
Et pour les cœurs oppressés de chagrin,
Obligés d'emprunter le masque de la joie,
Il y a trève jusqu'au matin,
Ar hyd y Nôs.

(Cambro-Briton, novembre 1819.)

139 : On couronnait le roi d'Irlande sur une pierre noirâtre, appelée la Pierre du Destin. Elle rendait un son clair, si l'élection était bonne. (Voyez Tolland, p. 138.) D'Iona elle fut transportée dans le comté d'Argyle, puis à Scone, où l'on inaugurait les rois d'Écosse. Édouard Ier la fit placer, en 1300, à Westminster, sous le siége du couronnement. Les Écossais conservent l'oracle suivant: «Le peuple libre de l'Écosse fleurira, si cet oracle n'est point menteur: partout où sera la pierre fatale, il prévaudra par le droit du ciel.» Logan, I, 197.—En Danemark et en Suède, comme dans l'Irlande et l'Écosse, c'était sur une pierre qu'on faisait l'inauguration des chefs.—Id., p. 198. Sur une belle colline verte, aux environs de Lanark, est une pierre creusée de main d'homme, où siégeait Wallace pour conférer avec ses chefs.

140 : Voir les Éclaircissements à la fin du chapitre sur les Bardes.

141 : Les Tudors ont mis le dragon gallois dans les armes d'Angleterre, que les Stuarts ont ensuite orné du triste chardon de l'Écosse; mais les farouches léopards ne les ont pas admis sur le pied de l'égalité, pas plus que la harpe irlandaise.

142 : Mémoires de la Société des Antiquaires de Londres.

143 : Voyez le Cambro-Briton (avec cette épigraphe: Kymri fu, Kymri fud).—Plusieurs lois défendaient aux Irlandais de parler le celtique, et de même aux Gallois, vers 1700.—Cambro-Briton, déc. 1821. Dans les principales écoles galloises, surtout dans le Nord, le gallois, loin d'être encouragé, a été depuis plusieurs années défendu sous peine sévère. Aussi les enfants le parlent incorrectement, n'en connaissent point la grammaire, et sont incapables de l'écrire. Mais il semble que les langues celtiques se soient réfugiées dans les académies. En 1711, le pays de Galles avait soixante-dix ouvrages imprimés dans sa langue; il en a aujourd'hui plus de dix mille. Logan, the Scotish Gaël, 1831.—Le costume n'a pas moins été persécuté que la langue. En 1585, le parlement défendit de paraître aux assemblées en habit irlandais. (Toutefois les Irlandais ont quitté leur costume au milieu du XVIIe siècle, plus aisément que les highlanders d'Écosse.)—On lit dans un journal écossais, de 1750, qu'un meurtrier fut acquitté parce que sa victime portait la tartane.

144 : Giraldus Cambrensis (Topograph. Hiberniæ, III, c. XXIX) reprocha à l'Irlande de ne pas compter parmi ses saints un seul martyr. «Non fuit qui faceret hoc bonum: non fuit usque ad unum!» Moritz, archevêque de Cashel, répondit que l'Irlande pouvait du moins se vanter d'un grand nombre de personnages dont la science avait éclairé l'Europe. «Mais, peut-être, ajouta-t-il, aujourd'hui que votre maître, le roi d'Angleterre, tient la monarchie entre ses mains, nous pourrons ajouter des martyrs à la liste de nos saints.»—O'Halloran, Introduct. to the hist. of Ireland. Dublin, 1803, p. 177.

145 : Logan. C'est une improvisation en vers sur les vertus du mort. À la fin de chaque stance, un chœur de femmes pousse un cri plaintif. Dans les cantons éloignés de l'Irlande, on s'adresse au mort et on lui reproche d'être mort, quoiqu'il eût une bonne femme, une vache à lait, de beaux enfants, et sa suffisance de pommes de terre.

146 : O'Halloran prétend que, d'après les registres du ministère de la guerre, depuis l'an 1691 jusqu'à l'an 1745 inclusivement, quatre cent cinquante mille Irlandais se sont enrôlés sous les drapeaux de la France. Peut-être ceci doit-il s'entendre de tous les Irlandais entrés dans nos armées jusqu'en 1789.

147 : Logan: «Aujourd'hui les montagnards d'Écosse sont obligés, par la misère, d'émigrer; les terres se changent partout en pâturages; les régiments peuvent à peine s'y lever. Le piobrach peut sonner; les guerriers n'y répondront pas.»

148 : Latifundia perdidère Italiam. Pline.—En Écosse, les lairds se sont approprié les terres de leurs clans; ils ont converti leur suzeraineté en propriété.—En Bretagne, au contraire, beaucoup de fermiers qui tenaient la terre à titre de domaine congéable, sont devenus propriétaires; les anciens propriétaires ont été dépouillés comme seigneurs féodaux.

149 : Logan.

150 : On voit, dans le moine de Saint-Gall, un pauvre qui a honte d'être roux: «Pauperculo valde rufo, gallicula sua quia pileum non habet, et de colore suo nimium erubuit, caput induto...» (Lib. I, ap. Scr. Fr., V.)

151 :

Moi, je vueil l'œil et brun le teint,
Bien que l'œil verd toute la France adore.

Ronsard.

Ode à Jacques Lepeletier,—Legrand d'Aussy, I, 369: «Les cheveux de ma femme, qui aujourd'hui me paraissent noirs et pendants, me semblaient alors blonds, luisants et bouclés. Ses yeux, qui me semblent petits; je les trouvais bleus, charmants et bien fendus.» (Le Mariage; Alias, Le Jeu d'Adam, le Bossu d'Arras.)

152 : Sur le bord de la Seine, près de Duclair, est une roche très-élevée, connue sous le nom de Chaise de Gargantua; près d'Orches, à deux lieues de Blois, la Chaise de César; près de Tancarville, la Pierre Géante, ou Pierre du Géant.

153 : Tacite.

154 : Lorsque saint Boniface alla convertir les Hessois... «alii lignis et fontibus clanculo, alii autem aperte sacrificabant, etc.» Acta SS. ord. S. Ben., sec. III, in S. Bonif.

Tacit. Germania, c. XL: «Ils adorent Ertha, c'est-à-dire la Terre-Mère. Ils croient qu'elle intervient dans les affaires des hommes et qu'elle se promène quelquefois au milieu des nations. Dans une île de l'Océan est un bois consacré, et dans ce bois un char couvert dédié à la déesse. Le prêtre seul a le droit d'y toucher; il connaît le moment où la déesse est présente dans ce sanctuaire; elle part traînée par des vaches, et il la suit avec tous les respects de la religion. Ce sont alors des jours d'allégresse; c'est une fête pour tous les lieux qu'elle daigne visiter et honorer de sa présence. Les guerres sont suspendues; on ne prend point les armes; le fer est enfermé. Ce temps est le seul où ces barbares connaissent, le seul où ils aiment la paix et le repos; il dure jusqu'à ce que, la déesse étant rassasiée du commerce des mortels, le même prêtre la rende à son temple. Alors le char et les voiles qui le couvrent, et si on les en croit, la divinité elle-même, sont baignés dans un lac solitaire. Des esclaves s'acquittent de cet office, et aussitôt après le lac les engloutit. De là une religieuse terreur et une sainte ignorance sur cet objet mystérieux, qu'on ne peut voir sans périr.»

Le Castum nemus de Tacite ne serait-il pas l'île Sainte des Saxons, Heiligland, à l'embouchure de l'Elbe, appelée aussi Fosetesland, du nom de l'idole qu'on y adorait (... à nomine dei sui falsi Fosete, Foseteslandt est appellata. Acta SS. ord. S. Bened., sec. 1, p. 25)? Les marins la révéraient encore au XIe siècle, selon Adam de Brême. Pontanus la décrit en 1530.—Les Anglais possèdent depuis 1814 cette île danoise, berceau de leurs aïeux (elle a pour armes un vaisseau voguant à pleines voiles); mais la mer, qui a anéanti North-Strandt en 1634, a presque détruit Heiligland en 1649. Elle est formée de deux rocs, comme le Mont-Saint-Michel et le rocher de Delphes. V. Turner, Hist. of the Anglo-Saxons, I, 125.

155 : Ceux-ci avaient égard à la position astronomique des lieux; de là les noms de: Wisigoths, Ostrogoths, Wessex, Sussex, Essex, etc. Les Celtes, au contraire.

156 : Dans la Saga de Regnar Lodbrog, les Normands vont à la recherche de Rome, dont on leur a vanté les richesses et la gloire; ils arrivent à Luna, la prennent pour Rome et la pillent. Détrompés, ils rencontrent un vieillard qui marche avec des souliers de fer; il leur dit qu'il va à Rome, mais que cette ville est si loin qu'il a déjà usé une pareille paire de souliers, ce qui les décourage.

157 : Jornandès (c. XIII, XIV) a donné la généalogie de Théodoric, le quatorzième rejeton de la race des Amali, depuis Gapt, l'un des Ases ou demi-dieux.—Baltha ou Bold (hardi, brave). «Origo mirifica,» dit le même auteur, c. XXIX. C'est à cette race illustre qu'appartenait Alaric.—La famille des Baux, de Provence et de Naples, se disait issue des Balti. Voyez Gibbon, V, 430.

158 : Tacite.

159 : Saxones, Saxon, Sacæ, Asi, Arii?—Turner, I, 115. Saxones, i.e. Sakai-Suna, fils des Sacæ, conquérants de la Bactriane.—Pline dit que les Sakai établis en Arménie s'appelaient Saccassani (l. VI, c. XI); cette province d'Arménie s'appela Saccasena (Strab., l. XI, p. 776-8). On trouve des Saxoi sur l'Euxin (Stephan de urb. et pop., p. 657). Ptolémée appelle Saxons un peuple scythique sorti des Sakai.

160 : V. mon Histoire romaine, I.

161 : Jacob Grimm.

162 : Distinguons soigneusement de la Germanie primitive deux formes sous lesquelles elle s'est produite à l'extérieur; premièrement, les bandes aventureuses des barbares qui descendirent au Midi, et entrèrent dans l'Empire comme conquérants et comme soldats mercenaires; deuxièmement, les pirates effrénés qui, plus tard, arrêtés à l'ouest par les Francs, sortirent d'abord de l'Elbe, puis de la Baltique, pour piller l'Angleterre et la France. Les uns et les autres commirent d'affreux ravages. Au premier contact des races, lorsqu'il n'y avait encore ni langues, ni habitudes communes, les maux furent grands sans doute, mais les vaincus n'oublièrent aucune exagération pour ajouter eux-mêmes à leur effroi.

163 : Priscus.

164 : J'ai parlé dans un autre ouvrage de la profonde impersonnalité du génie germanique et j'y reviendrai ailleurs. Ce caractère est souvent déguisé par la force sanguine, qui est très-remarquable dans la jeunesse allemande; tant que dure cette ivresse de sang, il y a beaucoup d'élan et de fougue. L'impersonnalité est toutefois le caractère fondamental (V. mon Introduction à l'Histoire universelle). C'est ce qui a été admirablement saisi par la sculpture antique, témoin les bustes colossaux des captifs Daces, qui sont dans le Bracchio Nuovo du Vatican et les statues polychromes qu'on voit dans le vestibule de notre Musée. Les Daces du Vatican, dans leurs proportions énormes, avec leur forêt de cheveux incultes, ne donnent point du tout l'idée de la férocité barbare, mais plutôt celle d'une grande force brute, celle du bœuf et de l'éléphant, avec quelque chose de singulièrement indécis et vague. Ils voient, sans avoir l'air de regarder, à peu près comme la statue du Nil dans la même salle du Vatican, et la charmante Seine de Vietti, qui est au Musée de Lyon. Cette indécision du regard m'a souvent frappé dans les hommes les plus éminents de l'Allemagne.

165 : V. les formules d'initiation du compagnonnage allemand dans mon Introduction à l'Histoire universelle.

166 : Niebelungen, 87.—Il semble que, dans ses compositions, Cornélius ait eu sous les yeux les Niebelungen allemands plus que l'Edda et les Sagas scandinaves.

167 : V. le Voyage d'Edgar Quinet. 5e volume des Œuvres complètes, 1857.

168 : V. le commencement du Nialsaga.—Salvian. de Provident., l. VII. «Gotorum gens perfida, sed pudica est. Saxones crudelitate efferi, sed castitate mirandi.»

169 : Tacit., Germ., c. XV. «Fortissimus quisque... nihil agens, delegata domus et penatium et agrorum cura feminis senibusque, et infirmissimo cuique ex familia.»

170 : Zozim., l. IV, ap. Script. Fr. I, 584:—Paul. Oros., l. VII, c. XXXV: «Eugenium tyrannum creare ausus est, legitque hominem, cui titulum imperatoris imponeret, ipse acturus imperium.» Prosper. Aquitan., ann. 394. Marcellin. Chron. ap. Scr. Fr. I, 640.—Claudien (IV Consul. Honor. v. 74) dit dédaigneusement:

Hunc sibi Germanus famulum delegerat exul.

171 : Triades de l'île de Bretagne, trad. par Probert, p. 381. «La troisième expédition combinée fut conduite hors de cette île par Ellen, puissant dans les combats, et Cynan, son frère, seigneur de Meiriadog, en l'Armorique, où ils obtinrent terres, pouvoir et souveraineté de l'empereur Maxime, pour le soutenir contre les Romains... et aucun d'eux ne revint, mais ils restèrent là et dans Ystre Gyvaelwg, où ils formèrent une communauté.»—En 462, on voit au concile de Tours un évêque des Bretons.—En 468, Anthemius appelle de la Bretagne et établit à Bourges douze mille Bretons. Jornandès, de Reb. Geticis, c. XLV.—Suivant Turner (Hist. of the Anglo-Sax., p. 282), les Bretons ne s'établirent dans l'Armorique qu'en 532, comme le dit la Chronique du Mont-Saint-Michel.—Au reste, il y eut sans doute de toute antiquité, entre la Grande-Bretagne et l'Armorique, un flux et reflux continuel d'émigrations, motivé par le commerce et surtout par la religion (V. César). On ne peut disputer que sur l'époque d'une colonisation conquérante. (Voyez l'Éclaircissement à la fin de ce chapitre.)

172 : Ils eurent le poste d'honneur à la bataille.

173 : Gérontius.

174 : Paul Orose.

175 : Les Hérules et les Lombards se contentèrent du tiers.

176 : Aug. Thierry.

177 : Procope oppose les Goths aux nations germaniques. De Bello Gothico, l. III, c. XXXIII, ap. Scr. Fr. II, 41:—Paul. Oros. ap. Scr. Fr. I. «Blande, mansuete, innocenterque vivunt, non quasi cum subjectis, sed cum fratribus.»

178 : «Etzel, Atzel, Athila, Athela, Ethela.—Atta, Attî, Aetti, Vater, signifient, dans presque toutes les langues, et surtout en Asie, père, juge, chef, roi.—C'est le radical des noms du roi marcoman Attalus, du Maure Attala, du Scythe Atheas, d'Attalus de Pergame, d'Atalrich, Eticho, Ediko.—Mais il y a un sens plus profond et plus large. Attila est le nom du Volga, du Don, d'une montagne de la province d'Einsiedeln, le nom général d'un mont ou d'un fleuve. Il aurait ainsi un rapport intime avec l'ATLAS des mythes grecs.» Jac. Grimm, Altdeutsche Waelder, I, 6.

179 : On voit dans Priscus et Jornandès les Grecs et les Romains l'apaiser souvent par des présents (Priscus, in Corp. Hist. Byzantinæ, I, 72.—Genséric le détermine, par des présents, à envahir la Gaule.—Pour réparation d'un attentat à sa vie, il exige une augmentation de tribut, etc.).—Dans le Wilkinasaga, c. LXXXVII, il est appelé le plus avide des hommes; c'est par l'espoir d'un trésor que Chriemhild le décide à faire venir ses frères dans son palais.

180 : Jornandès, de rebus Getic. ap. Duchesne, I, 226: «Forma brevis, lato pectore, capite grandiori, minutis oculis, rarus barba, canis aspersus, simo naso, teter colore, originis suæ signa referens.»—Amm. Marcel., XXXI, 1. «Hunni... pandi, ut bipedes existimes bestias: vel quales in commarginandis pontibus effigiati stipites dolantur incompti.» Jornandès, c. XXIV. «Species pavenda nigredine, sed veluti quædam (si dici fas est) offa, non facies, habensque magis puncta quam lumina.»

181 : Greg. Tur., l. II, ap. Scr. Fr. I, 163: «Gaudentius Aëtii pater, Scythiæ provinciæ primoris loci.»—Jornandès dit (ap. Scr. Fr. I, 22): «Fortissimorum Mœsiorum stirpe progenitus, in Dorostena civitate.»—Aétius avait été en otage chez les Huns (Greg. Tur., loc. cit.).—Parmi les ambassadeurs d'Attila étaient Oreste, père d'Augustule, le dernier empereur d'Occident, et le Hun Édecon, père d'Odoacre, qui conquit l'Italie. Voyez la relation de Priscus.

182 : L'invasion d'Attila en Italie n'y avait pas laissé une impression moins profonde. Dans une bataille qu'il livra aux Romains, aux portes même de Rome, tout, disait-on, avait péri des deux côtés. «Mais les âmes des morts se relevèrent et combattirent avec une infatigable fureur trois jours et trois nuits.»

183 : Attila, dans sa retraite, massacre, selon la légende, les onze mille vierges de Cologne.

184 : Du côté des Romains étaient les Wisigoths et leur roi Théodoric; du côté des Huns, les Ostrogoths et les Gépides. Un Ostrogoth tua Théodoric.

185 :

Je te donnerais volontiers mon bouclier,
Si j'osais te l'offrir devant Chriemhild...
N'importe! prends-le, Hagen, et porte-le à ton bras.
Ah! puisses-tu le porter jusque chez vous, jusqu'à la terre des Burgundes.

186 : Le chant d'Hildebrand et Hadubrand a été retrouvé et publié en 1812 par les frères Grimm. Ils le croient du VIIIe siècle. Je ne puis m'empêcher de reproduire ce vénérable monument de la primitive littérature germanique. Il a été traduit par M. Gley (Langue des Francs, 1814) et par M. Ampère (Études hist. de Chateaubriand). J'essaye ici d'en donner une traduction nouvelle.

«J'ai ouï dire qu'un jour, au milieu des combattants, se défièrent Hildibraht et Hathubraht le père et le fils... Ils arrangeaient leurs armures, se couvraient de leurs cottes d'armes, se ceignaient, bouclaient leurs épées; ils marchaient l'un sur l'autre. Le noble et sage Hildibraht demande à l'autre, en paroles brèves: Qui est ton père entre les hommes du peuple, et de quelle race es-tu? Si tu veux me l'apprendre, je te donne une armure à trois fils. Je connais toute race d'hommes.—Hathubraht, fils d'Hildibraht, répondit: Les hommes vieux et sages qui étaient jadis me disaient que Hildibraht était mon père; moi, je me nomme Hathubraht. Un jour il s'en alla vers l'Orient, fuyant la colère d'Othachr (Odoacre?); il alla avec Théothrich (Théodoric?) et un grand nombre de ses serviteurs. Il laissa au pays une jeune épouse assise dans sa maison, un fils enfant, une armure sans maître, et il alla vers l'Orient. Le malheur croissant pour mon cousin Dietrich, et tous l'abandonnant, lui, il était toujours à la tête du peuple, et mettait sa joie aux combats. Je ne crois pas qu'il vive encore.—Dieu du ciel, seigneur des hommes, dit alors Hildibraht, ne permets point le combat entre ceux qui sont ainsi parents! Il détache alors de son bras une chaîne travaillée en bracelet que lui donna le roi, seigneur des Huns. Laisse-moi, dit-il, te faire ici ce don!—Hathubraht répondit: C'est avec le javelot que je puis recevoir, et pointe contre pointe! Vieux Hun, indigne espion, tu me trompes avec tes paroles. Dans un moment je te lance mon javelot. Vieil homme, espérais-tu donc m'abuser? Ils m'ont dit, ceux qui naviguaient vers l'Ouest, sur la mer des Vendes, qu'il y eut une grande bataille où périt Hildibraht, fils d'Heeribraht.—Alors, reprit Hildibraht, fils d'Heeribraht: Je vois trop bien à ton armure que tu n'es point un noble chef, que tu n'as pas encore vaincu... Hélas! quelle destinée est la mienne! J'erre depuis soixante étés, soixante hivers, expatrié, banni. Toujours on me remarquait dans la foule des combattants; jamais ennemi ne me traîna, ne m'enchaîna dans son fort. Et maintenant, il faut que mon fils chéri me perce de son glaive, me fende de sa hache, ou que moi je devienne son meurtrier. Sans doute, il peut se faire, si ton bras est fort, que tu enlèves à un homme de cœur son armure, que tu pilles son cadavre; fais-le, si tu en as le droit, et qu'il soit le plus infâme des hommes de l'Est, celui qui te détournerait du combat que tu désires. Braves compagnons, jugez dans votre courage lequel aujourd'hui sait le mieux lancer le javelot, lequel va disposer des deux armures.—Là-dessus, les javelots aigus volèrent et s'enfoncèrent dans les boucliers; puis ils en vinrent aux mains, les haches de pierre sonnaient, frappant à grands coups les blancs boucliers. Leurs membres en furent quelque peu ébranlés, non leurs jambes toutefois...»

187 : Voir les Éclaircissements à la fin de ce chapitre.

188 : «Cum jam terror Francorum resonaret in his partibus, et omnes eos amore desiderabili cuperent regnare, sanctus Aprunculus, Lingonicæ civitatis episcopus, apud Burgundiones cœpit haberi suspectus. Cumque odium de die in diem cresceret, jussum est ut clam gladio feriretur. Quo ad eum, perlato nuntio, nocte a castro Divionensi... demissus, Arvernis advenit, ibique... datus est episcopus.—Multi jam tunc ex Galiis habere Francos dominos summo desiderio cupiebant. Unde factum est, ut Quintianus Ruthenorum episcopus... ab urbe depelleretur. Dicebant enim ei: «quia desiderium tuum est, ut Francorum dominatio teneat terram hanc...» Orto inter eum et cives Gotthos, qui in hac urbe morabantur, suspicio attigit, exprobrantibus civibus, quod velit se Francorum ditionibus subjugare; consilioque accepto, cogitaverunt eum perfodere gladio. Quod cum viro Dei nuntiatum fuisset, de nocte consurgens, ab urbe Ruthena egrediens, Arvernos advenit. Ibique a sancto Eufrasio episcopo... benigne susceptus est, decedente ab hoc mundo Apollinari, cum hæc Theodorico regi nuntiata fuissent, jussit inibi sanctum Quintianum constitui... dicens: Hic ob nostri amoris zelum ab urbe sua ejectus est.—Hujus tempore jam Chlodovechus regnabat in aliquibus urbibus in Galliis, et ob hanc causam hic pontifex suspectus habitus a Gotthis, quod se Francorum ditionibus subdere vellet, apud urbem Tholosam exilio condemnatus, in eo oblit... Septimus Turonum episcopus Volusianus... et octavus Verus... pro memoratæ causæ zelo suspectus habitus a Gotthis in exilium deductus vitam finivit.» Greg. Tur., lib. II, c. XXIII, XXXVI; l. X, c. XXXI. V. aussi c. XXVI et Vit. Fatr. ap. Scr. Fr., t. III, p. 408.

189 : En 254, sous Gallien, les Francs avaient envahi la Gaule et percé à travers l'Espagne jusqu'en Mauritanie (Zozime, l. I, p. 646. Aurel. Victor, c. XXXIII.) En 277, Probus les battit deux fois sur le Rhin et en établit un grand nombre sur les bords de la mer Noire. On sait le hardi voyage de ces pirates, qui partirent, ennuyés de leur exil, pour aller revoir leur Rhin, pillant sur la route les côtes de l'Asie, de la Grèce et de la Sicile, et vinrent aborder tranquillement dans la Frise ou la Batavie (Zozime, I, 666).—En 293, Constance transporta dans la Gaule une colonie franque.—En 358, Julien repoussa les Chamaves au delà du Rhin et soumit les Saliens, etc.—Clovis (ou mieux Hlodwig), battit Syagrius en 486.—Greg. Tur., l. II, c. IX: «Tradunt multi eosdem de Pannoniâ fuisse digressos, et primum quidem litora Rheni amnis incoluisse: dehinc transacto Rheno, Thoringiam transmeasse.»

190 : Amm. Marcelin, l. XV, ad ann. 355... «Franci, quorum ea tempestate in Palatio multitudo florebat...»—Lorsque l'empereur Anastase envoya plus tard à Clovis les insignes du consulat, les titres romains étaient déjà familiers aux chefs des Francs.—Agathias dit, peu après, que les Francs sont les plus civilisés des barbares, et qu'ils ne diffèrent des Romains que par la langue et le costume.—Ce n'est pas à dire que ce costume fût dépourvu d'élégance. «Le jeune chef Sigismer, dit Sidonius Apollinaris, marchait précédé ou suivi de chevaux couverts de pierreries étincelantes; il marchait à pied, paré d'une soie de lait, brillant d'or, ardent de pourpre; avec ces trois couleurs s'accordaient sa chevelure, son teint et sa peau... Les chefs qui l'entouraient étaient chaussés de fourrures. Les jambes et les genoux étaient nus. Leurs casaques élevées, étroites, bigarrées de diverses couleurs, descendaient à peine aux jarrets, et les manches ne couvraient que le haut du bras. Leurs saies vertes étaient bordées d'une bande écarlate. L'épée, pendant de l'épaule à un long baudrier, ceignait leurs flancs couverts d'une rhénone. Leurs armes étaient encore une parure...» Sidon, Apollin., l. IV, Epist. XX, ap. Scr. Fr. I, 793.—«Dans le tombeau de Childéric Ier, découvert en 1653 à Tournay, on trouva autour de la figure du roi son nom écrit en lettres romaines, un globe de cristal, un stylet avec des tablettes, des médailles de plusieurs empereurs... Il n'y a rien dans tout cela de trop barbare.» Chateaubriand, Études historiques, III, 212.—Saint Jérôme (dans Frédégaire) croit les Francs, comme les Romains, descendants des Troyens, et rapporte leur origine à un Francion, fils de Priam. «De Francorum vero regibus, beatus Hieronymus, qui jam olim fuerant, scripsit quod prius... Priamum habuisse regem... cum Troja caperetur... Europam media ex ipsis pars cum Francione eorum rege ingressa fuit... cum uxoribus et liberis Rheni ripam occuparunt... Vocati sunt Franci, multis post temporibus, cum ducibus externas dominationes semper negantes.» Fredeg., c. II.—On sait combien cette tradition a été vivement accueillie au moyen âge.

191 : Dans le long séjour qu'ils firent en Belgique, ils durent nécessairement se mêler aux indigènes, et n'arrivèrent sans doute en Gaule que lorsqu'ils étaient devenus en partie Belges.

192 : Ainsi les Francs s'associent contre les Ariens tous les catholiques de la Gaule.

193 : Grégoire de Tours.

194 : Plusieurs critiques anglais et allemands pensent maintenant, comme l'abbé Dubos, que la royauté des Francs n'avait rien de germanique, mais qu'elle était une simple imitation des gouverneurs impériaux, prœsides, etc. Voy. Palgrave, Upon the Commonwealth of the England, 1832, 1er vol.—En 406, les Francs avaient tenté vainement de défendre les frontières contre la grande invasion des barbares, et à plusieurs reprises ils avaient obtenu des terres comme soldats romains. Sismondi, I, 174.—Enfin, les bénédictins disent dans leur préface (Scr. r. Fr. I, LIII): «Il n'y a rien, ni dans l'histoire, ni dans les lois des Francs, dont on puisse inférer que les habitants des Gaules aient été dépouillés d'une partie de leurs terres pour former des terres saliques aux Francs.»

195 : Les passages suivants montrent à quel point ils étaient indépendants de leurs rois: «Si tu ne veux pas aller en Bourgogne avec tes frères, disent les Francs à Théodoric, nous te laisserons là et nous marcherons avec eux.» Greg. Tur., l. III, c. XI.—Ailleurs les Francs veulent marcher contre les Saxons qui demandent la paix. «Ne vous obstinez pas à aller à cette guerre où vous vous perdrez, leur dit Clotaire Ier; si vous voulez y aller, je ne vous suivrai pas.» Mais alors les guerriers se jetèrent sur lui, mirent en pièce sa tente, l'en arrachèrent de force, l'accablèrent d'injures, et résolurent de le tuer, s'il refusait de partir avec eux. Clotaire, voyant cela, alla avec eux, malgré lui.» Ibid., l. IV. c. XVI.—Le titre de roi était primitivement de nulle conséquence chez les barbares. Ennodius, évêque de Paris, dit d'une armée du grand Théodoric: «Il y avait tant de rois dans cette armée, que leur nombre était au moins égal à celui des soldats qu'on pouvait nourrir avec les subsistances exigées des habitants du district où elle campait.»

196 : Greg. Tur., l. II, c. XXXI.—Sigebert et Chilpéric n'épousent Brunehaut et Galsuinthe qu'après leur avoir fait abjurer l'arianisme.—Chlotsinde, fille de Clotaire Ier; Ingundis, femme d'Ermengild; Berthe, femme du roi de Kent, convertirent leurs maris.

197 : «Il envoya secrètement dire au fils du roi de Cologne, Sigebert le boiteux: «Ton père vieillit et boite de son pied malade. S'il mourait, je te rendrais son royaume avec mon amitié...» Chlodéric envoya des assassins contre son père et le fit tuer, espérant obtenir son royaume... Et Clovis lui fit dire: «Je rends grâces à ta bonne volonté, et je te prie de montrer tes trésors à mes envoyés, après quoi tu les posséderas tous.» Chlodéric leur dit: «C'est dans ce coffre que mon père amassait ses pièces d'or.» Ils lui dirent: «Plonge ta main jusqu'au fond pour trouver tout.» Lui l'ayant fait et s'étant tout à fait baissé, un des envoyés leva sa hache et lui brisa le crâne.—Clovis ayant appris la mort de Sigebert et de son fils, vint dans cette ville, convoqua le peuple, et dit: «Je ne suis nullement complice de ces choses, car je ne puis répandre le sang de mes parents; cela est défendu. Mais puisque tout cela est arrivé, je vous donnerai un conseil; voyez s'il peut vous plaire. Venez à moi, et mettez-vous sous ma protection.» Le peuple applaudit avec grand bruit de voix et de boucliers, l'éleva sur le pavois, et le prit pour roi.—Il marcha ensuite contre Chararic..., le fit prisonnier avec son fils, et les fit tondre tous les deux. Comme Chararic pleurait, son fils lui dit: «C'est sur une tige verte que ce feuillage a été coupé, il repoussera et reverdira bien vite. Plût à Dieu que pérît aussi vite celui qui a fait tout cela!» Ce mot vint aux oreilles de Clovis... Il leur fit à tous deux couper la tête. Eux morts, il acquit leur royaume, et leurs trésors, et leur peuple.—Ragnacaire était alors roi à Cambrai... Clovis ayant fait faire des bracelets et des baudriers de faux or (car ce n'était que du cuivre doré), les donna aux leudes de Ragnacaire pour les exciter contre lui... Ragnacaire fut battu et fait prisonnier avec son fils Richaire... Clovis lui dit: «Pourquoi as-tu fait honte à notre famille en te laissant enchaîner? Mieux valait mourir.» Et levant sa hache, il la lui planta dans la tête. Puis se tournant vers Richaire, il lui dit: «Si tu avais secouru ton père, il n'eût pas été enchaîné.» Et il le tua de même d'un coup de hache. Rignomer fut tué par son ordre dans la ville du Mans... Ayant tué de même beaucoup d'autres rois et ses plus proches parents, il étendit son royaume sur toutes les Gaules. Enfin, ayant un jour assemblé les siens, il parla ainsi de ses parents qu'il avait lui-même fait périr: «Malheureux que je suis, resté comme un voyageur parmi des étrangers, et qui n'ai plus de parents pour me secourir si l'adversité venait!» Mais ce n'était pas qu'il s'affligeât de leur mort; il ne parlait ainsi que par ruse et pour découvrir s'il avait encore quelque parent, afin de le tuer.» Greg. Tur., l. II, XLII.

198 : Prosternebat enim quotidie Deus hostes ejus sub manu ipsius, et augebat regnum ejus, eo quod ambularet recto corde coram eo, et faceret quæ placita erant in oculis ejus.—Ces paroles sanguinaires étonnent dans la bouche d'un historien qui montre partout ailleurs beaucoup de douceur et d'humanité.

199 : Lettre écrite par Clovis à un évêque, à l'occasion de sa guerre contre les Goths.

200 : Grégoire de Tours.

201 : Grégoire de Tours.—Dans la Hesse et la Franconie, ils avaient écartelé ou écrasé sous les roues de leurs chariots plus de deux cents jeunes filles, et en avaient ensuite distribué les membres à leurs chiens et à leurs oiseaux de chasse. Voy. le discours de Theuderic aux siens.

202 : Grégoire de Tours. Un troisième fils de Clodomir échappa, et se réfugia dans un couvent. C'est saint Clodoald ou saint Cloud.

203 : L'expédition de Theudebert ne fut pas la dernière des Francs en Italie. En 584 «le roi Childebert alla en Italie, ce qu'apprenant les Lombards, et craignant d'être défaits par son armée, ils se soumirent à sa domination, lui firent beaucoup de présents, et promirent de lui demeurer fidèles et soumis. Le roi, ayant obtenu d'eux ce qu'il désirait, retourna dans les Gaules, et ordonna de mettre en mouvement une armée qu'il fit marcher en Espagne. Cependant il s'arrêta. L'empereur Maurice lui avait donné, l'année précédente, cinquante mille sols d'or pour chasser les Lombards de l'Italie. Ayant appris qu'il avait fait la paix avec eux, il redemanda son argent; mais le roi, se confiant en ses forces, ne voulut pas seulement lui répondre là-dessus.» Greg, Tur. l. VI, c. XLII.

204 : Blessé par un taureau sauvage.

205 : La première fois qu'ils l'envahirent, Childebert et Clotaire prétendaient venger leur sœur, maltraitée par son mari Amalaric, roi des Wisigoths, qui voulait la convertir à l'arianisme. Elle avait envoyé à ses frères un mouchoir teint de son sang. (Grégoire de Tours.)

206 : Sidon Apollin., l. VIII, Epist. IX: «Istic (à Bordeaux) Saxona cærulum videmus assuetum ante sala, solum timere.» Carmen VIII:

Quin et Aremoricus piratam Saxona tractus
Sperabat, cui pelle salum sulcare Britannum
Ludus, et assuto, glaucum mare findere lembo.

207 : Clovis lui-même choisit des Romains pour les envoyer en ambassade, Aurelianus en 481, Paternus en 507 (Greg. Tur. Epist. c. XVIII, XXV). On rencontre une foule de noms romains autour de tous les rois germains: un Aridius est le conseiller assidu de Gondebaud (Greg. Tur., l. II, c. XXXII).—Arcadius, sénateur arverne, appelle Childéric Ier dans l'Auvergne et s'entremet pour le meurtre des enfants de Clodomir (Id., l. III, c. IX, XVIII).—Asteriolus et Secundinus, «tous deux sages et habiles dans les lettres et la rhétorique,» avaient beaucoup de crédit (en 547) auprès de Theudebert (Ibid., c. XXXIII).—Un ambassadeur de Gontran se nomme Félix (Greg. Tur., l. VIII, c. XIII); son référendaire, Flavius, (l. V, c. XLVI). Il envoie un Claudius pour tuer Éberulf dans Saint-Martin de Tours (l. VIII, c. XXIX).—Un autre Claudius est chancelier de Childebert II (Greg. de Mirac. S. Martini, l. IV).—Un domestique de Brunehaut se nomme Flavius (Greg. Tur., l. IX, c. XIX). À son favori Protadius succède «le Romain Claudius, fort lettré et agréable conteur» (Fredegar., c. XXVIII). Dagobert a pour ambassadeurs Servatus et Paternus, pour généraux Abundantius et Venerandus, etc. (Gesta Dagoberti, passim)... etc., etc.—Sans doute plus d'un roi Mérovingien perdit dans ce contact avec les vaincus la rudesse barbare, et voulut apprendre avec ses favoris l'élégance latine: Fortunat écrit à Charibert:

Floret in eloquio lingua latina tuo.
Qualis es in propria docto sermone loquela
Qui nos Romano vincis in eloquio!

—«Sigebertus erat elegans et versutus.»—Sur Chilpéric, V. plus bas.—Les Francs semblent avoir eu de bonne heure la perfidie byzantine: «Franci mendaces, sed hospitales (sociables?...)» Salvian., l. VII, p. 169. «Si pejeret Francus, quid novi faceret; qui perjurium ipsum sermonis genus esse putat, non criminis.» Salvian., l. IV, c. XIV.—«Franci, quibus familiare est ridendo fidem frangere.» Flav. Vopiscus in Proculo.

208 : Grégoire de Tours.

209 : Frédégaire parle de la tyrannie fiscale d'un Protadius, maire du palais en 605, sous Theuderic, et favori de Brunehaut.

210 : Lorsque les Saxons rentrèrent dans leur pays, ils trouvèrent la place prise: «Au temps du passage d'Alboin en Italie, Clotaire et Sigebert avaient placé, dans le lieu qu'il quittait, des Suèves et d'autres nations; ceux qui avaient accompagné Alboin, étant revenus du temps de Sigebert, s'élevèrent contre eux et voulurent les chasser et les faire disparaître du pays; mais eux leur offrirent la troisième partie des terres, disant: Nous pouvons vivre ensemble sans nous combattre.» Les autres, irrités parce qu'ils avaient auparavant possédé ce pays, ne voulaient aucunement entendre à la paix. Les Suèves leur offrirent alors la moitié des terres, puis les deux tiers, ne gardant pour eux que la troisième partie. Les autres le refusant, les Suèves leur offrirent toutes les terres et tous les troupeaux, pourvu seulement qu'ils renonçassent à combattre; mais ils n'y consentirent pas, et demandèrent le combat. Avant de le livrer, ils traitèrent entre eux du partage des femmes des Suèves, et de celle qu'aurait chacun après la défaite de leurs ennemis qu'ils regardaient déjà comme morts; mais la miséricorde de Dieu, qui agit selon sa justice, les obligea de tourner ailleurs leurs pensées; le combat ayant été livré, sur vingt-six mille Saxons, vingt mille furent tués, et des Suèves, qui étaient six mille quatre cents, quatre-vingts seulement furent abattus, et les autres obtinrent la victoire. Ceux des Saxons qui étaient demeurés après la défaite jurèrent, avec des imprécations, de ne se couper ni la barbe ni les cheveux jusqu'à ce qu'ils se fussent vengés de leurs ennemis; mais ayant recommencé le combat, ils éprouvèrent encore une plus grande défaite, et ce fut ainsi que la guerre cessa.» Greg. Tur., l. V, c. XV. V. aussi Paul Diacre, De Gestis Langobardorum, ap. Muratori, I.

211 : Grégoire de Tours. Frédégonde donne un breuvage à deux clercs pour qu'ils aillent assassiner Childebert.

212 : Une affranchie, possédée de l'esprit de Python, riche, vêtue d'habits magnifiques, se réfugie auprès de Frédégonde. (Greg. Tur. l. VII, CXLIV.)—Claudius promet à Frédégonde et à Gontran de tuer Éberulf, meurtrier de Chilpéric, dans la basilique de Tours: «Et cum iter ageret, et consuetudo est barbarorum, auspicia intendere cœpit. Simulque interrogare multos si virtus beati Martini de præsenti manifestaretur in perfidis.» c. XXIX.

Le paganisme est encore très-fort à cette époque. Dans un concile où assistèrent Sonnat, évêque de Reims, et quarante évêques, on décide: «Que ceux qui suivent les augures et autres cérémonies païennes, ou qui font des repas superstitieux avec des païens, soient d'abord doucement admonestés et avertis de quitter leurs anciennes erreurs; que s'ils négligent de le faire, et se mêlent aux idolâtres et à tous ceux qui sacrifient aux idoles, ils soient soumis à une pénitence proportionnée à leur faute.» Frodoart, l. II, c. V.—Dans Grégoire de Tours (l. VIII, c. XV), saint Wulfilaïc, ermite de Trèves, raconte comment il a renversé (en 585) la Diane du lieu et les autres idoles.—Les conciles de Latran, en 402, d'Arles, en 452, défendent le culte des pierres, des arbres et des fontaines. On lit dans les canons du concile de Nantes, en 658: «Summo decertare debent studio episcopi et eorum ministri, ut arbores dæmonibus consacratæ quas vulgus colit, et in tenta veneratione habet ut nec ramum nec surculum inde audeat amputare, radicitus exsindantur atque comburantur. Lapides quoque quos in ruinosis, locis et silvestribus dæmonum ludificatinibus decepti venerantur, ubi et vota vovent et deferunt, funditus effodiantur, atque in tali loco projiciantur, ubi nunquam a cultoribus suis inveniri possint. Omnibusque interdicatur ut nullus candelam vel aliquod munus alibi deferat nisi ad ecclesiam Domino Deo suo...» Sirmund., t. III, Conc. Galliæ. V. aussi le vingt-deuxième canon du Concile de Tours, en 567, et les Capitulaires de Charlemagne, ann. 769.

213 : «De Frédégonde te souvienne,» dit saint Ouen à son ami Ébroin, défenseur de la Neustrie contre l'Ostrasie.—La prédominance appartint d'abord à la Neustrie. Depuis Clovis, et avant le complet anéantissement de l'autorité royale, sous les maires du palais, quatre rois ont réuni toute la monarchie franque: ce sont des rois de Neustrie:—Clotaire Ier, 558-561.—Clotaire II, 613-628.—Dagobert Ier, 631-638.—Clovis II, 655-656.—En effet, c'était en Neustrie que s'était établi Clovis, avec la tribu alors prépondérante.—La Neustrie était plus centrale, plus romaine, plus ecclésiastique.—L'Ostrasie était en proie aux fluctuations continuelles de l'émigration germanique.

214 : «Les bourgs situés aux environs de Paris furent entièrement consumés par la flamme, dit Grégoire de Tours; l'ennemi détruisit les maisons comme tout le reste, et emmena même les habitants en captivité. Sigebert conjurait qu'on n'en fît rien; mais il ne pouvait contenir la fureur des peuples venus de l'autre bord du Rhin. Il supportait donc tout avec patience, jusqu'à ce qu'il pût revenir dans son pays. Quelques-uns de ces païens se soulevèrent contre lui, lui reprochant de s'être soustrait au combat; mais lui, plein d'intrépidité, monta à cheval, se présenta devant eux, les apaisa par des paroles de douceur, et ensuite en fit lapider un grand nombre.»

215 : Chilpéric vint à Paris prendre les trésors de Brunehaut, et la relégua elle-même à Rouen, et ses filles à Meaux.

216 : Grégoire de Tours.

217 : Greg. Tur., liv. VII, CXLV.—«Sed versiculi illi, dit Grégoire de Tours, nulli penitus metricæ conveniunt rationi.» Liv. V, c. XLV.—Cependant la tradition lui attribue l'épitaphe suivante sur saint Germain-des-Prés:

Ecclesiæ speculum, patriæ vigor, ara reorum,
Et pater, et medicus, pastor amorque gregis,
Germanus virtute, fide, corde, ore beatus;
Carne tenet tumulum, mentis honore polum.
Vir cui dura nihil nocuerunt fata sepulcri:
Vivit enim, nam mors quem tulit ipsa timet.
Crevit adhuc potius justus post funera; nam qui
Fictile vas fuerat, gemma superna micat.
Hujus opem et meritum mutis data verba loquuntur,
Redditus et cæcis predicat ore dies.
Nunc vir apostolicus, rapiens de carne trophæum,
Jure triumphali considet arce throni.

(Apud Aimoin., l. III, c. X.)

Il ajouta des lettres à l'alphabet... «et misit epistolas in universas civitates regni sui, ut sic pueri docerentur, ac libri antiquitus scripti, planatipumice rescriberentur.» Greg. Tur., l. V, XLV.

218 : Voy. dans Grég. de Tours (l. VI, c. XXII) sa clémence envers un évêque qui avait dit, entre autres injures, qu'en passant du royaume de Gontran dans celui de Chilpéric, il passait de paradis en enfer.—Cependant, ailleurs il se plaint amèrement des évêques (ibid., l. VI, c. XLVI); «Nullum plus odio habens quam ecclesias; aiebat enim plerumque: Ecce pauper remansit fiscus noster, ecce divitiæ nostræ ad ecclesias sunt translatæ; nulli penitus, ni soli episcopi regnant; periit honor noster, et transiit ad episcopos civitatunt.»

219 : On peut juger de la violence de ce gouvernement par la manière dont Chilpéric dota sa fille Rigunthe. Il fit enlever comme esclaves, pour la suivre en Espagne, une foule de colons royaux; un grand nombre se donnèrent la mort, et le cortége partit en chargeant le roi de malédictions.

220 : Grégoire de Tours.

221 : Grégoire de Tours.

222 : Une femme guérit son fils de la fièvre quarte, en lui donnant de l'eau où elle avait fait infuser une frange du manteau de Gontran. (Grégoire de Tours.)

223 : Grégoire de Tours: «Gontran protégeait Frédégonde et l'invitait souvent à des repas, lui promettant qu'il serait pour elle un solide appui. Un certain jour qu'ils étaient ensemble, la reine se leva et dit adieu au roi, qui la retint en lui disant: «Prenez encore quelque chose.» Elle lui dit: «Permettez-moi, je vous en prie, seigneur, car il m'arrive, selon la coutume des femmes, qu'il faut que je me lève pour enfanter.» Ces paroles le rendirent stupéfait, car il savait qu'il n'y avait que quatre mois qu'elle avait mis un fils au monde: il lui permit cependant de se retirer.»

224 : Grégoire de Tours.

225 : «Comme Gondovald cherchait de tous côtés des secours, quelqu'un lui raconta qu'un certain roi d'Orient, ayant enlevé le pouce du martyr saint Serge, l'avait implanté dans son bras droit, et que lorsqu'il était dans la nécessité de repousser ses ennemis, il lui suffisait d'élever le bras avec confiance; l'armée ennemie, comme accablée de la puissance du martyr, se mettait en déroute. Gondovald s'informa avec empressement s'il y avait quelqu'un en cet endroit qui eût été jugé digne de recevoir quelques reliques de saint Serge. L'évêque Bertrand lui désigna un certain négociant nommé Euphron, qu'il haïssait, parce qu'avide de ses biens, il l'avait fait raser autrefois, malgré lui, pour le faire clerc; mais Euphron passa dans une autre ville et revint lorsque ses cheveux eurent repoussé. L'évêque dit donc: «Il y a ici un certain Syrien nommé Euphron, qui, ayant transformé sa maison en une église, y a placé les reliques de ce saint; et, par le pouvoir du martyr, il a vu s'opérer plusieurs miracles, car, dans le temps que la ville de Bordeaux était en proie à un violent incendie, cette maison, entourée de flammes, en fut préservée.» Aussitôt Mummole courut promptement avec l'évêque Bertrand à la maison du Syrien, y pénétra de force, et lui ordonna de montrer les saintes reliques. Euphron s'y refusa; mais, pensant qu'on lui tendait des embûches par méchanceté, il dit: «Ne tourmente pas un vieillard et ne commets pas d'outrages envers un saint; mais reçois ces cent pièces d'or et retire-toi.» Mummole insistant, Euphron lui offrit deux cents pièces d'or; mais il n'obtint point à ce prix qu'ils se retirassent sans avoir vu les reliques. Alors Mummole fit dresser une échelle contre la muraille (les reliques étaient cachées dans une châsse au bout de la muraille, contre l'autel), et ordonna au diacre d'y monter. Celui-ci, étant donc monté au moyen de l'échelle, fut saisi d'un tel tremblement lorsqu'il prit la châsse, qu'on crut qu'il ne pourrait descendre vivant. Cependant, ayant pris la châsse attachée à la muraille, il l'emporta. Mummole, l'ayant examinée, y trouva l'os du doigt du saint, et ne craignit pas de le frapper d'un couteau. Il avait placé un couteau sur la relique et frappait dessus avec un autre. Après bien des coups qui eurent grand'peine à le briser, l'os, coupé en trois parties, disparut soudainement. La chose ne fut pas agréable au martyr, comme la suite le montra bien.»—Ces Romains du Midi respectaient les choses saintes et les prêtres bien moins que les hommes du Nord. On voit un peu plus loin qu'un évêque ayant insulté le prétendant à table, les ducs Mummole et Didier l'accablèrent de coups.—Greg. Tur., l. VII, ap. Scr. Rer. Fr., t. II, p. 302.

226 : Ainsi dans Shakespeare, Macbeth, acte V..... «Je regardais du côté de Rimham, quand tout à coup il m'a semblé que la forêt se mettait en mouvement...»—De même l'armée des hommes de Kent qui marcha contre Guillaume le Conquérant, après la bataille d'Hastings.

227 : Frédégaire.

228 : Moine de Saint-Gall.

229 : Fredegar., c. LX: «Luxuriæ supra modum deditus, tres habebat, ad instar Salomonis, reginas, maxime et plurimas concubinas... Nomina concubinarum, eo quod plures fuissent, increvit huic chronicæ inseri.»

230 : Gesta Dagob., c. I, ap. Scr. Rer. Fr., II, 580. «Clotharius tum præcipue illud memorabile suæ potentiæ posteris reliquit indicium, quod rebellantibus adversus se Saxonibus, ita eos armis perdomuit, ut omnes virilis sexus ejusdem terræ incolas, qui gladii, quem tum forte gerebat, longitudinem excesserint, peremerit.»

231 : Fredegar., c. XLVIII: «Homo quidam, nomine Samo, natione Francus, de pago Sennonago, plures secum negotiantes adscivit; ad exercendum negotium in Sclavos, cognomento Winidos, perrexit. Sclavi jam contra Avaros, cognomento Chunos... cœperant bellare... Cum Chuni in exercitu contra gentem quamlibet adgrediebant, Chuni pro castris adunato illorum exercitu stabant; Winidi vero pugnabant, etc... Chuni ad hyemandum annis singulis in Sclavos veniebant: uxores Sclavorum et filias eorum stratu sumebant... Winidi, cernentes utilitatem Samonis, eum super se eligunt regem. Duodecim uxores ex genere Winidorum habebat.»

232 : Fredegar., c. LXXII: «Cum dispersi per domos Bajoariorum ad hyemandum fuissent, consilio Francorum Dagobertus Bajoariis jubet ut Bulgaros illos cum uxoribus et liberis unusquisque in domo sua in una nocte Bajoarii interficerent: quod protinus a Bajoariis est impletum.»

233 : Τοῦ χὠρου ἐπίσκοποι.—Dans les Capitulaires de Charlemagne, on les nomme: «Episcopi villani;»—Hincmar, opusc. 33, c. XVI: vicani.—Canones Arabici Nicænæ Synodi: «Chorepiscopus est loco episcopi, super villas et monasteria, et sacerdotes villarum.»—Voy. le Glossaire de Ducange, t. II.

234 : Saint Domnole, aimé de Clotaire pour avoir souvent caché ses espions du vivant de Childebert, allait en récompense être élevé au siége d'Avignon. Mais il supplie le roi «ne permiteret simplicitatem illius inter senatores sophisticos ac judices philosophicos fatigari.» Clotaire le fit évêque du Mans. Greg. Turon., l. VI c. IX.

235 : Frodoard.

236 : Dans l'île d'Anglesey, il y a deux places appelées encore le Cercle de l'Astronome, Cærrig-Bruydn, et la Cité des Astronomes, Cær-Edris. Rowland, Mona antiqua, p. 84. Low, Hist. of Scotl., p. 277.

237 : Solitaires de Dieu. Deus et Celare, Cella, ont des racines analogues dans les langues latine et celtique.

238 : Les femmes et les enfants des culdées réclamaient une part dans les dons faits à l'autel. (Low.)

239 : Carpentier, Suppl. au Gloss. de Ducange: «In Hybernia lac adhibitum fuisse ad baptizandos divitum filios, qui domi baptizabantur, testis est Bened. abbas Petroburg.» T. I, p. 30. (On plongeait trois fois les enfants dans de l'eau, ou dans du lait si les parents étaient riches; le concile de Cashel (1171) ordonna de baptiser à l'église.)—Ex Concil. Neocesariensi, in vet. Pœnitentiali, discimus infantem posse baptizari inclusum in utero materno, cujus hæc sunt verba: «Prægnans mulier baptizetur, et postea infans.»—On voyait souvent en Irlande des évêques mariés. O'Halloran, t. III.—Au IXe siècle, les Bretons se rapprochaient par la liturgie et la discipline de l'Église bretonne anglaise. Louis le Débonnaire, remarquant que les religieux de l'abbaye de Landévenec portaient la tonsure dans la forme usitée chez les Bretons insulaires, leur ordonna de se conformer en cela, comme en tout, aux décisions de l'Église de Rome. D. Lobineau, preuves II, 26.—D. Morice, preuves I, 228.

240 : Britannia, fertilis provincia tyrannorum. (Saint Jérôme.)

241 : Saint Loup naquit à Toul, épousa la sœur de saint Hilaire, évêque d'Arles, fut moine à Lérins, puis évêque de Troyes.—Saint Germain, né à Auxerre, fut d'abord duc des troupes de la marche Armorique et Nervicane. De retour à Auxerre, il se livrait tout entier à la chasse, et élevait des trophées en mémoire des succès qu'il y obtenait. Saint Amator, évêque de la ville, l'en chassa, puis le convertit et l'ordonna prêtre malgré lui. Il eut pour disciples sainte Geneviève et saint Patrice. Saint Germain et saint Martin, le chasseur et le soldat, étaient les deux saints les plus populaires de la France. Mais saint Hubert succéda à saint Germain dans le patronage des chasseurs.

242 : Saint Colomban explique lui-même le rapport mystique de son nom avec les mots jona, barjona, qui signifient colombe dans les livres saints.

243 : Nous avons son éloquente réponse à un concile assemblé contre lui.—Biblioth. max Patrum, III, Epist. 2, ad Patres cujusdam gallicanæ super quæstiones paschæ congregatæ: «Unum deposco a vestra sanctitate ut... quia hujus diversitatis author non sim, ac pro Christo salvatore, communi domino ac Deo, in has terras peregrinus processerim, deprecor vos per communem dominum qui judicaturum... ut mihi liceat cum vestra pace et charitate in his sylvis silere et vivere juxta ossa nostrorum fratrum decem et septem defunctorum, sicut usque nunc licuit nobis inter vos vixisse duodecim annis... Capiat nos simul, oro, Gallia, quos capiet regnum cœlorum, si boni simus meriti... Confiteor conscientiæ meæ secreta, quod plus credo traditioni patriæ meæ...»

244 : L'Église de Rome était fortement intéressée à supprimer les écrits d'un ennemi, qui avait pourtant laissé dans la mémoire des peuples une si grande réputation de sainteté. Aussi la plupart des livres de saint Colomban ont péri. Quelques-uns se trouvaient encore au XVIe siècle à Besançon et à Bobbio, d'où ils furent, dit-on, portés aux bibliothèques de Rome et de Milan.

245 : Bibl. max. PP. XII, p. 2. La base de la discipline est l'obéissance absolue jusqu'à la mort. «Obedientia usque ad quem modum definitur? Usque ad mortem certe, quia Christus usque ad mortem obedivit Patri pro nobis.»—Quelle est la mesure de la prière? «Est vera orandi traditio, ut possibilitas ad hoc destinati sine fastidio voti prævaleat.» Celui qui perd l'hostie aura pour punition un an de pénitence.—Qui la laisse manger aux vers, six mois.—Qui laisse le pain consacré devenir rouge, vingt jours.—Qui le jette dans l'eau par mépris, quarante jours.—Qui le vomit par faiblesse d'estomac, vingt jours;—par maladie, dix jours.—Six coups, douze coups, douze psaumes à réciter, etc., pour celui qui n'aura pas répondu amen au bénédicité, qui aura parlé en mangeant, qui n'aura pas fait le signe de la croix sur sa cuiller (qui non signaverit cochlear quo lambit), ou sur la lanterne allumée par un plus jeune frère.—Cent coups à celui qui fait un ouvrage à part.—Dix coups à celui qui a frappé la table de son couteau ou qui a répandu de la bière.—Cinquante à celui qui ne s'est pas courbé pour prier, qui n'a pas bien chanté, qui a toussé en entonnant les psaumes, qui a souri pendant l'oraison ou qui s'amuse à conter des histoires.—Celui qui raconte un péché déjà expié sera mis au pain et à l'eau pour un jour (pour que l'on ne réveille pas en soi les tentations passées?).—«Si quis monachus dormierit in una domo cum muliere, duos dies in pane et aqua; si nescivit quod non debet unum diem.—Castitas vera monachi in cogitationibus judicatur... et quid prodest virgo corpore, si non sit virgo mente?»

246 : Pour se dispenser de suivre Colomban en Italie, saint Gall prétendait avoir la fièvre... «Ille vero existimans eum pro laboribus ibi consummandis amore loci detentum, viæ longioris detractare laborem, dicit ei: Scio, frater, jam tibi onerosum esse tantis pro me laboribus fatigari; tamen hoc dicessurus denuntio, ne, vivente me in corpore, missam celebrare præsumas.»—Un ours vint servir saint Gall dans sa solitude, et lui apporter du bois pour entretenir son feu. Saint Gall lui donna un pain: «Hoc pacto montes et colles circumpositos habeto communes.» Poétique symbole de l'alliance de l'homme et de la nature vivante dans la solitude.

247 : Les Bollandistes disent très-bien qu'il y a entre la règle de saint Colomban et celle de saint Benoît la même différence qu'entre les règles des franciscains et des dominicains. C'est l'opposition de la loi et de la grâce. L'ordre de Saint-Benoît devait prévaloir: 1o sur le RATIONALISME des pélagiens; 2o sur le MYSTICISME de saint Colomban.

248 : «In infantia Sigiberti omnes Austrasii, cum eligerent Chrodinum majorem domus... Ille respuens... Tunc Gogonem eligunt.» Greg. Tur., Epitom., c. LVIII. Ann. 628. Defuncto Gondoaldo..., Dagobertus rex Erconaldum, virum illustrem, in majorem domus statuit...»—656. «Defuncto Erconaldo..., Franci, in incertum vacillantes, præfinito consilio Ebruino hujus honoris altitudine majorem domo in aula regis statuunt» (Dagobert était mort et ils avaient élu pour roi Clotaire III). Gesta Reg. Fr. c. XLII, XLV.—626. «Clotarius II... cum proceribus et leudis Burgundiæ Trecassis conjungitur, cum eos sollicitasset, si vellent, mortuo jam Warnachario, alium in ejus honoris gradum sublimare. Sed omnes, unanimiter denegantes, se nequaquam velle majorem domus eligere, regisgratiam obnixe petentes cum rege transigere...» Fredegar., c. LIV, ap. Scr. Fr., II, 435.—641. «Flaochatus, genere Francus, Major domus in regnum Burgundiæ, electione pontificum et cunctorum ducum, a Nantichilde regina in hunc gradum honoris nobiliter stabilitur.» Id., c. LXXXIX, ibid., 447.—M. Pertz, dans son ouvrage intitulé: Geschichte der Merowingischen Hausmeier (1819), a réuni tous les noms par lesquels on désignait les maires du palais:—Major domus regiæ, domus regalis, domus, domus palatii, domus in palatio, palatii, in aula. Senior domus.—Princeps domus.—Princeps palatii.—Præpositus palatii.—Præfectus domus regiæ.—Præfectus palatii.—Præfectus aulæ.—Rector palatii.—Nutritor et bajulus regis? (Fred., c. LXXXVI.)—Rector aulæ, imo totius regni.—Gubernator palatii.—Moderator palatii.—Dux palatii, Custos palatii et Tutor regni.—Subregulus. Ainsi le maire devint presque le roi, et réciproquement gouverner le royaume s'exprima par gouverner le palais.—Bathilda regina, quæ cum Chlotario, filio Francorum, regebat palatium.»

249 : La querelle de saint Léger et d'Ébroin enveloppait aussi une querelle nationale, une haine de villes. Saint Léger, évêque d'Autun, avait pour lui l'évêque de Lyon, et contre lui les évêques de Valence et de Châlons. Ces deux villes faisaient ainsi la guerre à leurs rivales, les deux capitales de la Bourgogne.—Lorsque saint Léger se fut livré volontairement à ses ennemis, Autun n'en fut pas moins obligé de se racheter. Ils voulaient chasser aussi l'évêque de Lyon, mais les Lyonnais s'armèrent pour le défendre. Les villes prennent évidemment part active à la querelle.

250 : Grégoire de Tours.—Basine a le don de seconde vue, comme la Brunhild de l'Edda. Comme Brunhild, elle se livre au plus vaillant.

251 : Fredegarius, ap. Scr. Rer. Fr. II, 414: «Optaveram et ego ut mihi succumberet talis dicendi facundia, ut vel paululum esset ad instar. Sed rarius hauritur, ubi non est perennitas aquæ. Mundus jam senescit, ideoque prudentiæ acumen in nobis epescit, nec quisquam potest hujus temporis, nec præsumit oratoribus præcedentibus esse consimilis.»

252 : Un roi d'Irlande, nommé Cormac, écrivit en 260 de Triadibus et quelques triades sont restées dans la tradition irlandaise sous le nom de Fingal. Les Irlandais marchaient au combat trois par trois; les highlanders d'Écosse, sur trois de profondeur. Nous avons déjà parlé de la trimarkisia.—Au souper, dit Giraldus Cambrensis, les Gallois servent un panier de végétaux devant chaque triade de convives; ils ne se mettent jamais deux à deux (Logan, the Scotish Gaël).

253 : Vie de saint Colomban.

254 : Acta SS. ord. S. S. Ben., sæc. II.—Dans une vie de saint Arnoul, par un certain Umno, qui prétend écrire par ordre de Charlemagne, il est dit: «Carolus... cui fuerat trivatus Arnolfus.—... regem Chlotarium, cujus filiam, Bhlithildem nomine, Ansbertus, vir aquitanicus præpotens divitiis et genere, in matrimonium accepit, de qua Burtgisum genuit, patrem B. hujus Arnulfi.»—Et plus loin: «Natus est B. Arnulfus aquitanico patre; suevia matre in castro Lacensi (à Lay, diocèse de Tulle), in comitatu Calvimontensi.»

255 : V. Lefebvre, Disquisit., et Valois, Rerum. Fr. lib. VIII et XVII. On trouve dans l'ancienne vie de saint Ferréol: «Sanctus Ferreolus, natione Narbonensis a nobilissimis parentibus originem duxit; hujus genitor Anspertus, ex magno senatorum genere prosapiam nobilitatis deducens, accepit Chlotarii, regis Francorum, filiam, vocabulo Blitil.»—Le moine Ægidius, dans ses additions à l'histoire des évêques d'Utrecht, composée par l'abbé Harigère, dit que Bodegisile ou Boggis, fils d'Anspert, possédait cinq duchés en Aquitaine. D'après cette généalogie, les guerres de Charles Martel et d'Eudes, de Pepin et d'Hunald, auraient été des guerres de parents.

256 : V. l'importante charte de 845 (Hist. du Lang., I, preuves, p. 85, et notes, p. 688. L'authenticité en a été contestée par M. Rabanis). Les ducs d'Aquitaine, Boggis et Bertrand, épousèrent les Ostrasiennes Ode et Bhigberte. Eudes, fils de Boggis, épousa l'Ostrasienne Waltrude. Ces mariages donnèrent occasion à saint Hubert, frère d'Eudes, de s'établir en Ostrasie, sous la protection de Pepin, et d'y fonder l'évêché de Liége.

257 : La maison Carlovingienne donne trois évêques de Metz en un siècle et demi, Arnulf, Chrodulf et Drogon. Les évêques étant souvent mariés avant d'entrer dans les ordres, transmettaient sans peine leur siége à leurs fils ou petits-fils. Ainsi les Apollinaires prétendaient héréditairement à l'évêché de Clermont. Grégoire de Tours dit, au sujet d'un homme qui voulait le supplanter: «Il ne savait pas, le misérable, qu'excepté cinq, tous les évêques qui avaient occupé le siége de Tours étaient alliés de parenté à notre famille.» (L. V, c. L. ap. Scr. Fr. II, 264.)

258 : À en croire quelques auteurs, la France, à cette époque eût pensé devenir païenne.—Bonifac., Epist. 32, ann. 742: «Franci enim, ut seniores dicunt, plus quam per tempus LXXX annorum synodum non fecerunt, nec archiepiscopum habuerunt, nec Ecclesiæ canonica jura alicubi fundabant vel renovabant.»—Hincmar., epist. 6, c. XIX. «Tempore Caroli principis... in Germanicis et Belgicis ac Gallicanis provinciis omnis religio Christianitatis pene fuit abolita, ita ut... multi jam in orientalibus regionibus idola adorarent, et sine baptismo manerent.»

259 : En 725, ils prirent Carcassonne, reçurent Nîmes à composition, et détruisirent Autun. En 731, ils brûlèrent l'église de Saint-Hilaire de Poitiers.

260 : Selon Paul Diacre (l. IV), les Sarrasins perdirent trois cent soixante-quinze mille hommes.—Isidore de Béjà a raconté cette guerre vingt-deux ans après la bataille, dans un latin barbare. Une partie de son récit est en rimes, ou plutôt en assonances. (On retrouve l'assonance dans la chanson des habitants de Modène, composée vers 924):

Abdirraman multitudine repletam
Sui exercitus prospiciens terram,
Montana Vaseorum disecans,
Et fretosa et plana percalcans,
Trans Francorum intus experditat...

(Isidor. Pacensis, ap. Scr. Rer. Fr. II, 721.)

261 : Chronic. Virdun., ap. Scr. Fr., III, 364. «Tanta enim profusione thesaurus totius ærarii publici dilapidatus est, tanta dedit militibus, quos soldarios vocari mos obtinuit (soldarii, soldurii? on a vu que les dévoués de l'Aquitaine s'appelaient ainsi)..., ut non ei suffecerit thesaurus regni, non deprædatio urbium..... non exspoliatio ecclesarium et monasteriorum, non tributa provinciaram. Ausus est etiam, ubi hæc defecerunt, terras ecclesiarum diripere, et eas commilitonibus illis tradere, etc.»—Frodoard, l. II, c. XII: «Quand Charles Martel eut défait ses ennemis, il chassa de son siége le pieux Rigobert, son parrain, qui l'avait tenu sur les saints fonts de baptême, et donna l'évêché de Reims à un nommé Milon, simple tonsuré qui l'avait suivi à la guerre. Ce Charles Martel, né du concubinage d'une esclave, comme on le lit dans les Annales des rois Francs, plus audacieux que tous les rois ses prédécesseurs, donna non-seulement l'évêché de Reims, mais encore beaucoup d'autres du royaume de France, à des laïques et à des comtes; en sorte qu'il ôta tout pouvoir aux évêques sur les biens et les affaires de l'Église. Mais tous les maux qu'il avait faits à ce saint personnage et aux autres Églises de Jésus-Christ, par un juste jugement, le Seigneur les fit retomber sur sa tête; car on lit dans les écrits des Pères, que saint Euchère, jadis évêque d'Orléans, dont le corps est déposé au monastère de Saint-Trudon, s'étant mis un jour en prière, et absorbé dans la méditation des choses célestes, fut ravi dans l'autre vie; et là, par révélation du Seigneur, vit Charles tourmenté au plus bas des enfers. Comme il en demandait la cause à l'ange qui le conduisait, celui-ci répondit que, par la sentence des saints qui, au futur jugement, tiendront la balance avec le Seigneur, il était condamné aux peines éternelles pour avoir envahi leurs biens. De retour en ce monde, saint Euchère s'empressa de raconter ce qu'il avait vu à saint Boniface, que le saint-siége avait délégué en France pour y rétablir la discipline canonique, et à Fulrad, abbé de Saint-Denis et premier chapelain du roi Pepin, leur donnant pour preuve de la vérité de ce qu'il rapportait sur Charles Martel, que, s'ils allaient à son tombeau, ils n'y trouveraient point son corps. En effet, ceux-ci étant allés au lieu de la sépulture de Charles, et ayant ouvert son tombeau, il en sortit un serpent, et le tombeau fut trouvé vide et noirci comme si le feu y avait pris.»

262 : Acta SS. ord. S. Ben., sæc. III. Le Pape Zacharie écrit à Boniface: «Provincia in qua natus et nutritus es, quam et in gentem Anglorum et Saxonum in Britannia insula primi prædicatores ab apostolica sede missi, Augustinus, Laurentius, Justus et Honorius, novissime vero tuis temporibus Theodorus, ex græco latinus, arte philosophus et Athenis eruditus, Romæ ordinatus, pallio sublimatus, ad Britanniam præfatam transmissus, judicabat et gubernabat...»—Ce Théodore, moine grec de Tarse en Cilicie, avait été envoyé pour remplir le siége de Kenterbury, par le pape Vitalien; il était fort savant en astronomie, en musique, en métrique, en langues grecque et latine; il apporta un Homère et un saint Chrysostome. Il était conduit par Adrien, moine napolitain, né en Afrique, non moins savant, et qui avait été deux fois en France. (Usque hodie supersunt de eorum discipulis, qui latinam græcamque linguam æque ut propriam norunt.) Sous eux, le moine northumbrien Benedict Biscop fit venir des artistes de France, et bâtit dans le Northumberland le monastère de Weremouth, selon l'architecture romaine; les murs étaient ornés de peintures achetées à Rome et de vitres apportées de France. Un maître chanteur avait été appelé de Saint-Pierre de Rome. (Beda, Hist. abbat. Wiremuth.)—Théodore et Adrien eurent pour élèves Alcuin et Aldhelm, parent du roi Ina, le premier Saxon qui ait écrit en latin, selon Camden; il chantait lui-même ses Cantiones Saxonicæ dans les rues, à la populace. Guill. Malmesbury le qualifie: «Ex acumine Græcorum, ex nitore Romanum, ex pompa Anglum.» (Warton, Diss. on the introd. of learning into England, I, CXXII.)

263 : Bonifac., Epist. 105: «Decrevimus in nostro synodali conventu et confessi sumus fidem catholicam, et unitatem, et subjectionem Romanæ Ecclesiæ, fine tenus vitæ nostræ, velle servare: sancto Petro et vicario ejus velle subjici... Metropolitanos pallia ab illa sede quærere: et per omnia, præcepta Petri canonice sequi desiderare, ut inter oves sibi commendatas numeremur.»

264 : Le pape écrit à Boniface: «Talia nobis a te referuntur, quasi nos corruptores simus canonum et Patrum rescindere traditiones studeamus: ac per hoc (quod absit) cum nostris clericis in simoniacam hæresim incidamus, expetentes et accipientes ab illis præmia, quibus tribuimus pallia. Sed hortamur, carissime frater, ut nobis deinceps tale aliquid minime scribas...» Acta SS. ord. S. Ben., sæc. III, 75.

265 : Saint Boniface écrit au pape Zacharie: «Maximus mihi labor fuit adversus duos hæreticos pessimos.... unus qui dicitur Adelbert, natione Gallus, alter qui dicitur Clemens, genere Scotus.—Fecit quoque (Adelbert) cruciculas et oratoriola in campis, et ad fontes...; ungulas quoque et capillos dedit ad honorificandum te portandum cum reliquiis S. Petri, principis apostolorum.» Epist. 135.

266 : C'était comme le pontife-roi à Rome, le calife à Bagdad dans la décadence, ou le daïmo au Japon.

267 : De plus un tribut de trois cents chevaux. Annal. Met., ap. Scrip. Fr., V, 336. Le cheval était la principale victime qu'immolaient les Perses et les Germains. Le pape Zacharie (Epist. 142) recommande à Boniface d'empêcher qu'on ne mange de chair de cheval, sans doute comme viande de sacrifice.

268 : Il répondit aux réclamations de l'empereur, qu'il avait entrepris cette guerre pour l'amour de saint Pierre et la rémission de ses péchés.

269 : Fredegar. Scholast., c. XXI. Je doute fort que les Francs, qui furent battus par eux dans la jeunesse de leur empire, leur aient imposé un tribut, comme le prétend Frédégaire, sous les faibles enfants de Brunehaut.

270 : La taille des Basques est très-haute, surtout en comparaison de celle des Béarnais.

271 : Le continuateur de Frédégaire.

Voy. aussi Éginhard, Annal., ibid., 199: «Cum res quæ ad ecclesias... pertinebant, reddere noluisset.—Spondet se ecclesiis sua jura redditurum, etc.»

272 : Le continuateur de Frédégaire.

273 : Secunda S. Austremonii translatio, ap. Scr. Rer. Fr. V. 433. «Rex, ad instar David regis... oblita regali purpura, præ gaudio omnem illam insignem vestem lacrymis perfundebat, et ante sancti martyris exequias exultabat; ipsiusque sacratissima membra propriis humeris evehebat. Erat autem hiems.» Translat. S. Germani Pratens., ibid., 428 «... mittentes, tam ipse quam optimates ab ipso electi, manus ad feretrum.»

274 : On dit communément que Charlemagne est la traduction de Carolus Magnus. «Challemaines si vaut autant comme grant Challes.»—Charlemagne n'est qu'une corruption de Carloman, Karl-mann, l'homme fort.

Les Chroniques de Saint-Denys disent elles-mêmes Challes et Challemaines, pour Charles et Carloman (maine, corruption française de mann; comme lana, laine, etc.). On trouve dans la Chronique de Théophane un texte plus positif encore. Il appelle Carloman Καρουλλομαλυος; Scr. Fr., V, 187. Les deux frères portaient donc le même nom.—Au Xe siècle, Charles le Chauve gagna aussi à l'ignorance des moines latins le surnom de Grand, comme son aïeul. Épitaph., ap. Scr. Fr., VII, 322.

... Nomen qui nomine duxit
De magni magnus, de Caroli Carolus.

C'est ainsi que les Grecs se sont trompés sur le nom d'Elagabal, dont ils ont fait, bon gré, mal gré, Héliogabal, du grec Hélios, soleil.

275 : Ceci est très-frappant dans leur jurisprudence. Ils adoptent presque indifféremment la plupart des symboles dont chacun est propre à chaque tribu germanique. Voy. Grimm.

276 : Fronsac (Francicum ou Frontiacum) en Aquitaine. (Eginh. Annal., ap. Scr. Fr., V. 201); et en Saxe, la ville que les chroniques désignent sous le nom de Urbs Karoli (Annal. Franc, ibid., p. 11), un fort sur la Lippe (p. 29), Ehresburg, etc.

277 : Grimm.

278 : Capitulare ann. 779, c. VII. «De decimis, ut unusquisque suam deciman donet, atque per jussionem pontificis dispensetur.»—Capitulatio de Saxon., ann. 791, c. XVI: «Undecunque census aliquid ad fiscum pervenerit..., decima pars ecclesiis et sacerdotibus reddatur.» C. XVII: «Omnes deciman partem substantiæ et laboris sui dent, tam nobiles quam ingenui, similiter et liti.» Voy. aussi Capitul. Francofrod., ann. 794, c. XXIII.—Dès l'an 567, on trouve mention de la dîme dans une lettre pastorale des évêques de Touraine; une constitution de Clotaire et les Actes du concile de Mâcon, en 588, la prescrivent expressément. Ducange, II, 1334, Vo Decimæ.

279 : Capitul. add. ad. leg. Langob., ann. 801, c. 1. «Volumus primo, ut neque abbates, neque presbyteri, neque diaconi, neque subdiaconi, neque quislibet de clero, de personis suis ad publica, vel ad secularia judicia trahantur vel distringantur, sed a suis episcopis judicati justitiam faciant. «Cf. Capitul. Aquisgr., ann. 786, c. XXXVII.—Capitul. Francoford., ann. 794, c. IV: Statutum est a domino rege et S. Synodo, ut episcopi justitias faciant in suas parochias... Comites quoque nostri veniant ad judicium episcorum.»

280 : Grimm.

281 : Grimm.

282 : Ils essayèrent de brûler une église que saint Boniface avait construite à Fritzlar, dans la Hesse. Mais le saint avait prophétisé en la bâtissant qu'elle ne périrait jamais par le feu: deux anges vêtus de blanc vinrent la défendre, et un Saxon, qui s'était agenouillé pour souffler le feu, fut trouvé mort dans la même attitude, les joues encore enflées de son souffle (Annales de Fulde).

283 : Colonne, ou statue de la Germanie, ou d'Arminius.

284 : Stapfer, art. Arminius, dans la Biogr. univer.: «Les lieux voisins de Dethmold sont encore pleins de souvenirs de ce mémorable événement. Le champ qui est au pied de Teutberg s'appelle encore Wintfeld, ou Champ de la Victoire; il est traversé par le Rodenbech, ou Ruisseau de sang, et le Knochenbach, ou Ruisseau des os, qui rappelle ces ossements trouvés, six ans après la défaite de Varus, par les soldats de Germanicus venus pour leur rendre les derniers honneurs. Tout près de là est Feldrom, le champ des Romains; un peu plus loin, dans les environs de Pyrmont, le Herminsberg, ou mont d'Arminius, couvert des ruines d'un château qui porte le nom de Harminsbourg, et sur les bords du Weser, dans le même comté de la Lippe, on trouve Varenholz, le bois de Varus.

285 : Éginhard. Annal. Ap. Script. Franc, V, 201. «Ne diutius siti confectus laboraret exercitus, divinitus factum creditur ut quadam die, cum juxta morem, tempore meridiano, cuncti quiescerent, prope montem qui castris erat contiguus tanta vis aquarum in concavitate cujusdam torrentis eruperit, ut exercitui cuncto sufficeret.»—Poetæ Saxonici Annal., l. I.

286 : Lippstadt.

287 : Un jour que l'on baptisait des Northmans, on manqua d'habits de lin, et on donna à l'un d'eux une mauvaise chemise mal cousue. Il la regarda quelque temps avec indignation, et dit à l'empereur: «J'ai déjà été lavé ici vingt fois, et toujours habillé de beau lin blanc comme neige; un pareil sac est-il fait pour un guerrier ou pour un gardeur de pourceaux? Si je ne rougissais d'aller tout nu, n'ayant plus mes habits et refusant les tiens, je te laisserais là ton manteau et ton Christ.» Moine de Saint-Gall.—Les Avares, alliés de Charlemagne, voyant qu'il faisait manger dans la salle leurs compatriotes chrétiens, et les autres à la porte, se firent baptiser en foule pour s'asseoir aussi à la table impériale.

288 : Éginhard, vita Karoli, ap. Scr. Fr., V, 93.—Voy. aussi Éginhard. Annal. ibid., 203.—Poet. Sax., l. I, ibid., 143.—Chroniques de Saint-Denys, l. I, c. VI.—Les autres chroniques ne parlent point de cette déroute.—Sur les poëmes Carlovingiens, voyez le cours de M. Fauriel, et l'excellente thèse de M. Monin: Sur le Roman de Roncevaux, 1832.

289 : Il prit pour otages quinze des plus illustres, et les remit à la garde de l'archevêque de Reims, Vulfar, auquel il accordait la plus grande confiance. Vulfar avait été précédemment revêtu des fonctions de Missus Dominicus en Champagne. Frodoard, Hist. Remens., l. II, c. XVIII. «Le très-sage et très-habile Charles, dit le biographe de Louis le Débonnaire, savait s'attacher les évêques. Il établit par toute l'Aquitaine des comtes et des abbés, et beaucoup d'autres encore, qu'on nomme Vassi, de la race des Francs; il leur confia le soin du royaume, la défense des frontières et le gouvernement des fermes royales.» Astronom. Vita Ludov. Pii, c. 3, ap. Scr. Fr., VI, 88.—Les abbés remplissent ici des fonctions militaires. Charlemagne écrit à un abbé de Saxe de venir avec des hommes bien armés et des vivres pour trois mois. Caroli M. Espit., 21, ap. Scr. Fr., V, 633.

Vita S. Sturmii, abassumptis at. Fuld., ap. Scr. Fr., V, 447. «Karolus... universis sacerdotibus, abbatibus, presbyteris... totam illam provinciam in parochias episcopales divisit... Tunc pars maxima beato Sturmio populi et terræ illius ad procurandum committitur.» Annal. Franc., ap. Scr. Fr., V, 26. «Divisitque ipsam patriam inter presbyteros et episcopos, seu et abbates, ut in eis baptizarent et prædicarent.»—Idem, Chron. Moissiac., ibid. 71.

290 : Grimm.

291 : Monach. S. Galli, l. II, c. II. «Terra Huorum novem circulis cingebatur... Tam latus fuit unus circulus... quantum est spatium de castro Turonico ad Constantiam... Ita vici et villæ erant locatæ, ut de aliis ad alias vox humana posset audiri. Contra eadem quoque ædificia, inter inexpugnabiles illos muros, portæ non satis latæ erant constitutæ... Item de secundo circulo, qui similiter ut primus erat exstructus; vigenti milliaria Teutonica quæ sunt quadraginta Italica, ad tertium usque tendebantur; similiter usque ad nonum; quamvis ipsi circuli alius alio multo contractiores fuerunt... Ad has ergo munitiones per ducentos et eo amplius annos, qualescumque omnium occidentialum divitias congregantes... orbem occiduum pene vacuum dimiserunt.»

292 : Eginh. annal., ad ann. 793. «On avait persuadé au roi que si l'on creusait entre le Rednitz et l'Atmul un canal assez grand pour contenir des vaisseaux, on pourrait naviguer facilement du Rhin au Danube, parce que l'une de ces rivières se jette dans le Danube et l'autre dans le Mein. Aussitôt il vint dans ce lieu avec toute sa cour, y réunit une grande multitude, et employa à cette œuvre toute la saison de l'automne. Le canal fut donc creusé sur deux mille pas de longueur et trois cents pieds de largeur, mais en vain, car au milieu d'une terre marécageuse déjà imprégnée d'eau par sa nature, et inondée par des pluies continuelles, l'entreprise ne put s'achever: autant les ouvriers avaient tiré de terre pendant le jour, autant il en retombait pendant la nuit, à la même place. Pendant ce travail, on lui apporta deux nouvelles fort déplaisantes: les Saxons s'étaient révoltés de tous côtés; les Sarrasins avaient envahi la Septimanie, engagé un combat avec les comtes et les gardes de cette frontière, tué beaucoup de Francs, et ils étaient rentrés chez eux victorieux.»

293 : Il avait aussi une vive affection pour le prédécesseur de Léon, le pape Adrien. «Il alla quatre fois à Rome pour accomplir des vœux et faire ses prières.»

Eginh. Kar. M. c. 19: «Nuntiato Adriani obitu, quem amicum præcipium habebat, sic flevit, ac si fratrem aut carissimum filium amisisset. C. XVII: Nec ille toto regni sui tempore quicquam duxit autiquius, quam ut urbs Roma sua opera suoque labore veteri polleret auctoritate...»—Voy. les lettres d'Adrien à Charlemagne. (Scr. Fr., V, 403, 544, 545, 546, etc.)

294 : Eginh. Annal., p. 215. «Coram altari, ubi ad orationem se inclinaverat, Leo papa coronam capiti ejus imposuit.»—Eginh. Vit. Kar. M., ibid. 100. «Quod primo in tantum adversatus est, ut affirmaret se eo die, quamvis præcipua festivitas esset, ecclesiam non intraturum fuisse, si pontificis consilium præscire potuisset.»

295 : Un proverbe grec disait: «Ayez le Franc pour ami, mais non pas pour voisin.»

296 : Éginhard. «Le roi des Northumbres, de l'île de Bretagne, nommé Eardulf, chassé de sa patrie et de son royaume, se rendit près de l'empereur, alors à Nimègue; il lui exposa la cause de son voyage, et partit pour Rome. À son retour de Rome, par l'entremise des légats du pontife romain et de l'empereur, il fut rétabli dans son royaume.»

297 : «Ce que le poète disait impossible:

Aut ararim Parthus bibet, aut Germania Tigrim,

parut alors, dit le moine de Saint-Gall, une chose toute simple, à cause des relations de Charles avec Haroun. En témoignage de ce fait, j'appellerai toute la Germanie, qui, du temps de votre glorieux père Louis (il s'adresse à Charles le Chauve), fut contrainte de payer un denier par chaque tête de bœuf et par chaque manse dépendant du domaine royal, pour le rachat des chrétiens qui habitaient la terre sainte. Dans leur misère, ils imploraient leur délivrance de votre père, comme anciens sujets de votre bisaïeul Charles et de votre aïeul Louis.» Monach. Sangall., l. II, c. XIV.

298 : Il choisit Aix pour y bâtir son palais, dit Éginhard, à cause de ses eaux thermales. «Il aimait cette douce chaleur, et y venait fréquemment nager. Il y invitait les grands, ses amis, ses gardes, et quelquefois plus de cent personnes se baignaient avec lui.» Il passait l'automne à chasser.

299 : «Il s'essayait à écrire, et portait d'habitude sous son chevet des tablettes, afin de pouvoir, dans ses moments de loisir, s'exercer la main à tracer des lettres; mais ce travail ne réussit guère; il l'avait commencé trop tard.»

Eginh, in Karol. M., c. XXV. «Il apprit la grammaire sous le diacre Pierre de Pise, et eut pour maître dans ses autres études, Albinus, surnommé Alcuin, également diacre, né en Bretagne, et de race saxonne, homme d'une science universelle, et sous la direction duquel il donna beaucoup de temps et de travail à la rhétorique et à la dialectique, mais surtout à l'astronomie. Il apprenait aussi le calcul, et étudiait le cours des astres, avec une curieuse et ardente sagacité.»—«Dans les dernières années de sa vie, il ne fit plus que de s'occuper de prières et d'aumônes et corriger des livres. La veille de sa mort, il avait soigneusement corrigé, avec des Grecs et des Syriens, les évangiles de saint Mathieu, de saint Marc, de saint Luc et de saint Jean.» Thegan. de Gestis Ludov. Pii, c. VII, ap. Scr. Fr. VI, 76.—Il envoya aussi, «à son meilleur ami,» le pape Adrien, un Psautier en latin, écrit en lettres d'or, et avec une dédicace en vers. (Eginh. ap. Script. Rer. Franc. t. V, p. 402.) Aussi l'ensevelit-on avec un Évangile d'or à la main. (Monach. Engolism. in Kar. M., ibid. 186.)

300 : «À une certaine fête, comme un jeune homme, parent du roi, chantait fort bien Alleluia, le roi dit à un évêque qui se trouvait là: «Il a bien chanté notre clerc!» L'autre sot, prenant cela pour une plaisanterie, et ignorant que le clerc fût parent de l'empereur, répondit: «Les rustres en chantent autant à leurs bœufs.» À cette impertinente réponse, l'empereur lui lança un regard terrible, dont il tomba foudroyé.» Moine de Saint-Gall.

Eginh. in Kar. M., c. XXVI. «Il perfectionna soigneusement la lecture et le chant sacrés, car il s'y entendait admirablement, quoiqu'il ne lût jamais lui-même en public, et qu'il ne chantât qu'à demi voix et en chœur.»—Mon. Sangall., l. I, c. VII.

Jamais, dans la basilique du docte Charles, il ne fut besoin de désigner à chacun le passage qu'il devait lire, ni d'en marquer la fin avec de la cire ou avec l'ongle, tous savaient si bien ce qu'ils avaient à lire, que si on leur disait à l'improviste de commencer, jamais on ne les trouvait en faute. Lui-même, il levait le doigt ou un bâton, ou envoyait quelqu'un aux clercs assis loin de lui, pour désigner celui qu'il voulait faire lire. Il marquait la fin, par un son guttural, que tous attendaient en suspens, tellement que, soit qu'il fit signe après la fin d'un sens, ou à un repos au milieu de la phrase, ou même avant le repos, personne ne reprenait trop haut ou trop bas. En sorte que, bien que tous ne comprissent pas, c'était dans son palais que se trouvaient les meilleurs lecteurs, et nul n'osa entrer parmi ses choristes (fût-il même connu d'ailleurs) qui ne sût bien lire et bien chanter.»

301 : Mon. S. Galli, l. I, c. XXXII. «Quæ (mansiones) ita circa palatium peritissimi Caroli ejus dispositione constructæ sunt, ut ipse per cancellos solarii sui cuncta posset videre, quæcumque ab intrantibus vel exeuntibus quasi latenter fierent. Sed et ita omnia procerum habitacula a terra erant in sublime suspensa, ut sub eis non solum militum milites et eorum servitores, sed omne genus hominum ab injuriis imbrium vel nivium, vel gelu, caminis possent defendi, et nequaquam tamen ab oculis acutisssimi Caroli valerent abscondi.»

302 : Eginh. in Kar. M., c. XXVI. «Ecclesiam mane et vespere, item nocturnis horis et sacrificii tempore, quoad eum valetudo permiserat, impigre frequentabat.»—Mon. Sangall., l. I, c. XXXIII: «Gloriosissimus Carolus ad nocturnas laudes pendulo et profundissimo pallio utebatur.»

303 : Eginh. in Kar. M., c. XXII. «Corpore fuit amplo atque robusto, statura eminenti, quæ tamen justam non excederet... apice corporis rotundo, oculis prægrandibus ac vegetis, naso paululum mediocritatem excedente... Cervix obesa et brevior, venterque projectior... Voce clara quidem, sed quæ minus corporis formæ conveniret.—Medicos pene exosos habebat, quod ei in cibis assas, quibus assuetus erat, dimittere, et elixis adsuescere suadebant.»—Permis aux grandes Chroniques de Saint-Denys, écrites si longtemps après, de dire qu'il fendait un chevalier d'un coup d'épée, et qu'il portait un homme armé debout sur la main. On a proportionné l'empereur à l'empire, et conclu que celui qui régnait de l'Elbe à l'Èbre devait être un géant.

304 : Id. ibid., c. XIX: «Nunquam iter sine illis faceret. Adequitabant et filii, filiæ vero pone sequebantur,.. Quæ cum pulcherrimæ essent et ab eo plurimum diligerentur, mirum dictu quod nullam earum cuiquam aut suorum aut exterorum nuptum dare voluit... Sed omnes secum usque ad obitum suum in domo sua retinuit, dicens se earum contubernio carere non posse. Ac propter hoc, alias felix, adversæ fortunæ malignitatem expertus est. Quod tamen ita dissimulavit, ac si de eis nunquam alicujus probri suspicio exorta, vel fama dispersa fuisset.»

305 : V. un passage curieux d'une vie de saint Grégoire, ap. Scrip. Rer. Fr. t. V, p. 445.—V. aussi la vie de Charlemagne, par un moine d'Angoulême (ap. Scr. Fr. V, 185).—Mon. Sangall., l. I, c. X. «Voyant avec douleur que le chant était divers selon les diverses provinces, il demanda au pape douze clercs instruits dans la psalmodie. Mais, par malice, lorsqu'on les eut dispersés de côté et d'autre, ils se mirent à enseigner tous des méthodes différentes. Charles indigné se plaignit au pape, et le pape les mit en prison.»

306 : «Albinum cognomento Alcuinum.....» (Éginhard.)

Alcuin écrivait à Charlemagne: «Envoyez-moi de France quelques savants traités aussi excellents que ceux dont j'ai soin ici (à la bibliothèque d'York), et qu'a recueillis mon maître Ecbert; et je vous enverrai de mes jeunes gens, qui porteront en France les fleurs de Bretagne, en sorte qu'il n'y ait plus seulement un jardin enclos à York, mais qu'à Tours aussi puissent germer quelques rejetons du paradis.»—Appelé en France, il devint le maître du Scot Rabanus Maurus, fondateur de la grande école de Fulde.—Éginhard dit que Charlemagne donnait les honneurs et les magistratures à des Scots, estimant leur fidélité et leur valeur; et que les rois d'Écosse lui étaient fort dévoués.—Dans sa vie de saint Césaire, dédiée à Charlemagne, Héricus dit: «Presque toute la nation des Scots, méprisant les dangers de la mer, vient s'établir dans notre pays avec une suite nombreuse de philosophes.»

307 : Moine de Saint-Gall.—Voy. l'amusante histoire d'un pauvre semblablement élevé par Charles à un riche évêché.

308 : Eghin. in Kar. M., c. XXIX. «Barbara et antiquissima carmina, quibus veterum regum actus ac bella canebantur, scripsit, memoriæque mandavit. Inchoavit et grammaticam patrii sermonis.»—Suivant Éginhard (c. XIV) Charlemagne donna aux mois des noms significatifs dans la langue allemande (mois d'hiver, mois de boue, etc.); mais, selon la remarque de M. Guizot, on les trouve en usage chez différents peuples germains, avant le temps de Charlemagne.

309 : «Quand les Francs qui combattaient au milieu des Gaulois virent ceux-ci revêtus de saies brillantes et de diverses couleurs, épris de l'amour de la nouveauté, ils quittèrent leur vêtement habituel et commencèrent à prendre celui de ces peuples. Le sévère empereur, qui trouvait ce dernier habit plus commode pour la guerre, ne s'opposa point à ce changement. Cependant, dès qu'il vit les Frisons, abusant de cette facilité, vendre ces petits manteaux écourtés aussi cher qu'autrefois on vendait les grands, il ordonna de ne leur acheter, au prix ordinaire, que de très-longs et larges manteaux. «À quoi peuvent servir, disait-il, ces petits manteaux? au lit, je ne puis m'en couvrir; à cheval, ils ne me défendent ni de la pluie ni du vent, et quand je satisfais aux besoins de la nature, j'ai les jambes gelées.» Moine de Saint-Gall.

310 : Eginh. in Kar. M., c. XXV. «Latinam ita didicit, ut æque illa ac patria lingua orare esset solitus; græcam vero melius intelligere quam pronunciare poteret.»—Poeta Saxon., l. V, ap. Scr. Fr. V, 176:

..... Solitus lingua sæpe est orare latina;
Nec græcæ prorsus nescius extiterat.

«Telle était sa faconde, qu'il en ressemblait à un pédagogue (ut didasculus appareret; alibi dicaculus, petit plaisant).»

311 : Le curiale devait avoir au moins vingt-cinq arpents de terre, l'hériman, de trente-six à quarante-huit.

312 : Un bœuf, ou six boisseaux de froment, valaient deux sous; cinq bœufs, ou une robe simple, ou trente boisseaux, dix sous; six bœufs, ou une cuirasse, ou trente-six boisseaux, douze sous (M. Desmichels).

313 : On pourrait multiplier les exemples. Capitul. anni 802, ap. Scr. Fr., V, 659. «Placuit ut unusquisque ex propria persona se in sancto Dei servitio secundum Dei præceptum et secundum sponsionem suam pleniter conservare studeat secundum intellectum et vires suas; quia ipse domnus imperator non omnibus singulariter necessariam potest exhibere curam.» Capitul. anni 806, ibid. 677. «Cupiditas in bonam partem potest accipi et in malam. In bonam juxta apostolum, etc.—Avaritia est alienas res appetere, et adeptas nulli largiri. Et juxta apostolum, hæc est radix omnium malorum. Turpe lucrum exercent qui per varias circumventiones lucrandi causa inhoneste res quaslibet congregare decertant.»

314 : Carol. libr. I, c. XXI. «Solus igitur Deus colendus, solus adorandus, solus glorificandus est, de quo per prophetam dicitur: exaltatum est nomen ejus solius, etc.»

315 : Je crois qu'il faut entendre ainsi cette dilapidation du domaine que Charlemagne reprocha à son fils. Ce domaine avait dû se former de toutes les violences de la conquête. Le caractère scrupuleux de Louis, et les réparations qu'il fit plus tard à d'autres nations maltraitées par les Francs, autorisent à interpréter ainsi sa conduite en Aquitaine. Voici le texte de l'historien contemporain: «In tantum largus, ut antea nec in antiquis libris nec in modernis temporibus auditum est, ut villas regias quæ erant et avi et tritavi (Pepin et Charles Martel), fidelibus suis tradidit eas in possessiones sempiternas... Fecit enim hoc diu tempore.» Theganus, de gestis Ludov. Pii, c. XIX. ap. Scr. Fr. VI, 78.

316 : Moine de Saint-Gall.

317 : Annal. Franc., ad ann. 810, ap. Scr. Fr. V, 59.»Nuntium accepit classem ec de Nortmannia Frisiam appulisse... Missis in omnes circumquaque regiones ad congregandum exercitum nuntiis...»—Ibid. ad ann. 809. «Cumque ad hoc per Galliam atque Germaniam homines congregasset...»

318 : Eginh in Kar. M., c. XIV. «Godefridus adeo vana spe inflatus erat, ut totius sibi Germaniæ promitteret potestatem, etc.»—V. aussi Annal. Franc., ap. Scr. Fr. V, 57, Hermann. Contract., ibid. 366.






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or any Project Gutenberg-tm work, (b) alteration, modification, or
additions or deletions to any Project Gutenberg-tm work, and (c) any
Defect you cause.

Section 2. Information about the Mission of Project Gutenberg-tm

Project Gutenberg-tm is synonymous with the free distribution of
electronic works in formats readable by the widest variety of
computers including obsolete, old, middle-aged and new computers. It
exists because of the efforts of hundreds of volunteers and donations
from people in all walks of life.

Volunteers and financial support to provide volunteers with the
assistance they need are critical to reaching Project Gutenberg-tm's
goals and ensuring that the Project Gutenberg-tm collection will
remain freely available for generations to come. In 2001, the Project
Gutenberg Literary Archive Foundation was created to provide a secure
and permanent future for Project Gutenberg-tm and future
generations. To learn more about the Project Gutenberg Literary
Archive Foundation and how your efforts and donations can help, see
Sections 3 and 4 and the Foundation information page at
www.gutenberg.org



Section 3. Information about the Project Gutenberg Literary Archive Foundation

The Project Gutenberg Literary Archive Foundation is a non profit
501(c)(3) educational corporation organized under the laws of the
state of Mississippi and granted tax exempt status by the Internal
Revenue Service. The Foundation's EIN or federal tax identification
number is 64-6221541. Contributions to the Project Gutenberg Literary
Archive Foundation are tax deductible to the full extent permitted by
U.S. federal laws and your state's laws.

The Foundation's principal office is in Fairbanks, Alaska, with the
mailing address: PO Box 750175, Fairbanks, AK 99775, but its
volunteers and employees are scattered throughout numerous
locations. Its business office is located at 809 North 1500 West, Salt
Lake City, UT 84116, (801) 596-1887. Email contact links and up to
date contact information can be found at the Foundation's web site and
official page at www.gutenberg.org/contact

For additional contact information:

    Dr. Gregory B. Newby
    Chief Executive and Director
    gbnewby@pglaf.org

Section 4. Information about Donations to the Project Gutenberg
Literary Archive Foundation

Project Gutenberg-tm depends upon and cannot survive without wide
spread public support and donations to carry out its mission of
increasing the number of public domain and licensed works that can be
freely distributed in machine readable form accessible by the widest
array of equipment including outdated equipment. Many small donations
($1 to $5,000) are particularly important to maintaining tax exempt
status with the IRS.

The Foundation is committed to complying with the laws regulating
charities and charitable donations in all 50 states of the United
States. Compliance requirements are not uniform and it takes a
considerable effort, much paperwork and many fees to meet and keep up
with these requirements. We do not solicit donations in locations
where we have not received written confirmation of compliance. To SEND
DONATIONS or determine the status of compliance for any particular
state visit www.gutenberg.org/donate

While we cannot and do not solicit contributions from states where we
have not met the solicitation requirements, we know of no prohibition
against accepting unsolicited donations from donors in such states who
approach us with offers to donate.

International donations are gratefully accepted, but we cannot make
any statements concerning tax treatment of donations received from
outside the United States. U.S. laws alone swamp our small staff.

Please check the Project Gutenberg Web pages for current donation
methods and addresses. Donations are accepted in a number of other
ways including checks, online payments and credit card donations. To
donate, please visit: www.gutenberg.org/donate

Section 5. General Information About Project Gutenberg-tm electronic works.

Professor Michael S. Hart was the originator of the Project
Gutenberg-tm concept of a library of electronic works that could be
freely shared with anyone. For forty years, he produced and
distributed Project Gutenberg-tm eBooks with only a loose network of
volunteer support.

Project Gutenberg-tm eBooks are often created from several printed
editions, all of which are confirmed as not protected by copyright in
the U.S. unless a copyright notice is included. Thus, we do not
necessarily keep eBooks in compliance with any particular paper
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