Chapitre III Rivalité de Charles VII et de Philippe-le-Bon. — Jacques Cœur. — Le dauphin Louis. (1452-1456)

Les brillantes et voluptueuses fêtes de la maison de Bourgogne avaient un côté sérieux. Tous les grands seigneurs de la chrétienté, y venant jouer un rôle, se trouvaient pour quelques semaines, pour des mois entiers, les commensaux, les sujets volontaires du grand duc. Ils ne demandaient pas mieux que de rester à sa cour. Les belles dames de Bourgogne et de Flandre savaient bien les retenir ou les ramener. Ce fut, dit-on, l’adresse d’une dame de Croy qui décida la trahison du connétable de Bourbon et faillit démembrer la France.

Le duc de Bourgogne faisait au roi une guerre secrète et périlleuse, pour laquelle il n’avait même pas besoin d’agir expressément. Tout ce qu’il y avait de mécontent parmi les grands, regardait vers le duc, était ou croyait être encouragé de lui, intriguait sourdement sur la foi de la rupture prochaine. Charles VII p335 eut ainsi plus d’une secrète épine, une surtout, terrible, dans sa famille, dont il fut piqué toute sa vie — et mourut à la longue.

Bans toutes les affaires, grandes ou petites, qui troublèrent, vers la fin, ce règne, se retrouve toujours le nom du dauphin. Accusé en toutes, jamais convaincu, il reste pour tel historien (qui plus tard le traitera fort mal comme roi) le plus innocent prince du monde. Quant à lui, il s’est mieux jugé. Tout vindicatif qu’il pût être, il fit assez entendre à son avènement que ceux qui l’avaient désarmé et chassé de France, les Brézé et les Dammartin, avaient agi en cela comme loyaux serviteurs du roi, et il se les attacha, persuadé qu’ils serviraient non moins loyalement le roi, quel qu’il fût.

Le bonhomme Charles VII aimait les femmes, et il en avait quelque sujet. Une femme héroïque lui sauva son royaume. Une femme, bonne et douce, qu’il aima vingt années , fit servir cet amour à l’entourer d’utiles conseils, à lui donner les plus sages ministres, ceux qui devaient guérir la pauvre France. Cette excellente influence d’Agnès a été reconnue à la longue ; la Dame de Beauté, mal vue, mal accueillie du peuple, tant qu’elle vécut, n’en est pas moins restée un de ses plus doux souvenirs.

Les Bourguignons criaient fort au scandale, quoique pendant les vingt années où Charles VII fut fidèle à Agnès, leur duc ait eu justement vingt maîtresses. Il y p336 avait scandale, sans nul doute, mais surtout en ceci, qu’Agnès avait été donnée à Charles VII par la mère de sa femme, par sa femme peut-être. Le dauphin se montra de bonne heure plus jaloux pour sa mère que sa mère ne l’était. On assure qu’il porta la violence jusqu’à donner un soufflet à Agnès. Quand la Dame de Beauté mourut (par suite de couches, selon quelques-uns), tout le monde crut que le dauphin l’avait fait empoisonner. Au reste, dès ce temps, ceux qui lui déplaisaient vivaient peu ; témoin sa première femme, la trop savante et spirituelle Marguerite d’Écosse, celle qui est restée célèbre pour avoir baisé en passant le poète endormi .

Tous les gens suspects au roi devenaient infailliblement amis du dauphin. Cela est frappant surtout pour les Armagnacs. Le dauphin était né leur ennemi ; il commença sa vie militaire par les emprisonner, et il devait finir par les exterminer. Eh bien ! dans l’intervalle, ils lui plaisent comme ennemis de son père, il se rapproche d’eux et prend pour factotum, pour son bras droit, le bâtard d’Armagnac.

Autant qu’on peut juger cette époque assez obscure, les intrigues des Armagnacs, du duc d’Alençon, se rattachent à celles du dauphin, aux espérances que leur donnait à tous, cette guerre en paix du duc de Bourgogne et du roi. L’affaire même de Jacques Cœur s’y rapporte en partie ; on l’accusa d’avoir empoisonné Agnès et d’avoir prêté de l’argent à l’ennemi d’Agnès, au dauphin. Un mot sur Jacques Cœur.

p337 Il faut visiter à Bourges la curieuse maison de ce personnage équivoque ; maison pleine de mystères, comme fut sa vie. On voit, à bien la regarder, qu’elle montre et qu’elle cache ; partout on y croit sentir deux choses opposées, la hardiesse et la défiance du parvenu, l’orgueil du commerce oriental, et en même temps la réserve de l’argentier du roi. Toutefois la hardiesse l’emporte ; ce mystère affiché est comme un défi au passant.

Cette maison, avancée un peu dans la rue, comme pour regarder et voir venir, se tient quasi toute close ; à ses fausses fenêtres, deux valet en pierre ont l’air d’épier les gens. Dans la cour, de petits bas-reliefs offrent les humbles images du travail, la fileuse, la balayeuse, le vigneron, le colporteur  ; mais par-dessus cette fausse humilité, la statue équestre du banquier plane impérialement . Dans ce triomphe à huis clos, le grand homme d’argent ne dédaigne pas d’enseigner tout le secret de sa fortune ; il nous l’explique en deux devises. L’une est l’héroïque rébus : « A vaillans (cœurs) riens impossible. » Cette devise est de l’homme, de son audace, de son naïf orgueil. L’autre est la petite sagesse du marchand au moyen âge : « Bouche close. Neutre. Entendre dire. Faire. Taire. » Sage et discrète maxime, qu’il fallait suivre en la taisant. Dans la belle salle du haut, le vaillant Cœur est plus indiscret encore ; il s’est fait sculpter, pour son p338 amusement quotidien, une joute burlesque, un tournoi à ânes, moquerie durable de la chevalerie qui dût déplaire à bien des gens.

Le beau portrait que Godefroi donne de Jacques Cœur d’après l’original, et qui doit ressembler, est une figure éminemment roturière (mais point du tout vulgaire), dure, fine et hardie. Elle sent un peu le trafiquant en pays sarrasin, le marchand d’hommes. La France ne remplit que le milieu de cette aventureuse vie , qui commence et finit en Orient ; marchand en Syrie dès 1432, il meurt en Chypre amiral du Saint-Siège. Le pape, un pape espagnol, tout animé du feu des croisades, Calixte Borgia, l’accueillit dans son malheur et l’envoya combattre les Turcs.

C’est ce que rappelle à Bourges la chapelle funéraire des Cœurs. Jacques y paraît transfiguré dans les splendides vitraux sous le costume de saint Jacques, patron des pèlerins ; dans ses armes, trois coquilles de pèlerinage, triste pèlerinage, les coquilles sont noires ; mais entre sont postés fièrement trois cours rouges, le triple cour du héros marchand. Le registre de l’Église ne lui donne qu’un titre : « Capitaine de l’Église contre les infidèles. » Du roi, de l’argentier du roi, pas un mot, rien qui rappelle ses services si mal reconnus ; peut-être, en son amour-propre de banquier, a-t-il voulu qu’on oubliât cette mauvaise affaire qui sauva la France , cette faute d’avoir pris un trop puissant p339 débiteur, d’avoir prêté à qui pouvait le payer d’un gibet.

Il y avait pourtant dans ce qu’il fit ici une chose qui valait bien qu’on la rappelât ; c’est que cet homme intelligent  rétablit les monnaies, inventa en finances la chose inouïe, la justice, et crut que pour le roi, comme pour tout le monde, le moyen d’être riche, c’était de payer.

Cela ne veut pas dire qu’il ait été fort scrupuleux sur les moyens de gagner pour lui-même. Sa double qualité de créancier de roi et d’argentier du roi, ce rôle étrange d’un homme qui prêtait d’une main et se payait de l’autre, devait l’exposer fort. Il parait assez probable qu’il avait durement pressuré le Languedoc, et qu’il faisait l’usure indifféremment avec le roi et avec l’ennemi du roi, je veux dire avec le dauphin. Il avait en ce métier pour concurrents naturels les Florentins, qui l’avaient toujours fait. Nous savons par le journal de Pitti , tout à la fois ambassadeur, banquier et joueur gagé, ce que c’étaient que ces gens. Les rois leur reprenaient de temps en temps en gros, par confiscation, ce qu’ils avaient pris en détail. La colossale p340 maison des Bardi et Peruzzi avait fait naufrage au quatorzième siècle, après avoir prêté à Édouard III de quoi nous faire la guerre, cent vingt millions . Au quinzième, la grande maison, c’étaient les Médicis, banquiers du Saint-Siège, qui risquaient moins, dans leur occulte commerce de la daterie, échangeant bulles et lettre de change, papier pour papier. L’ennemi capital de Jacques Cœur, qui le ruina  et prit sa place, Otto Castellani, trésorier de Toulouse, paraît avoir été parent des Médicis. Les Italiens et les seigneurs agirent de concert dans ce procès, et en firent une affaire. On ameuta le peuple en disant que l’argentier faisait sortir l’argent du royaume, qu’il vendait des armes aux Sarrasins , qu’il leur avait rendu un esclave chrétien, etc. L’argent prêté au dauphin pour troubler le royaume fut peut-être son véritable crime. Ce qui est sûr, c’est que Louis XI, à peine roi, le réhabilita fort honorablement.

Un autre ami du dauphin, encore plus dangereux, c’était le duc d’Alençon, dont la ruine entraîna, précéda du moins de bien près la sienne ; Alençon fut arrêté le 27 mai 1456, et le dauphin s’enfuit du Dauphiné, de France, le 31 août, même année.

Ce prince du sang qui avait bien servi le roi contre p341 les Anglais, et qui se trouvait « petitement récompensé  », négociait sans trop de prudence à Londres et à Bruges ; il était en correspondance avec le dauphin. Tout cela, pour avoir été nié, n’en parait pas moins indubitable . Il avait des places en Normandie, une artillerie plus forte, selon lui, que celle du roi. Il s’offrait au duc d’York , qui pour le moment était trop occupé par la guerre civile, mais qui, s’il eût trouve un moment de répit, s’il eût pu faire une belle course, ici, par exemple occuper Granville, Alençon, Domfront et le Mans, qu’on se faisait fort de lui livrer, n’aurait plus eu besoin de guerre civile pour prendre là-bas la couronne ; l’Angleterre tout entière se serait levée pour la lui mettre sur la tête.

Le dauphin, même après l’affaire d’Alençon, croyait tenir en Dauphiné. Il était en correspondance intime p342 et tendre avec son oncle de Bourgogne . Il comptait sur la Savoie, un peu sur les Suisses. Il se faisait reconnaître par le pape, et lui faisait hommage des comtés de Valentinois et de Diois. Enfin, chose hardie, il ordonna une levée générale, de dix-huit ans jusqu’à soixante.

Cela lui tourna mal. Le Dauphiné était fatigué ; ce tout petit pays, qui n’était pas riche, devenait, sous une main si terriblement active, un grand centre de politique et d’influence , insigne honneur, mais un peu cher. Tout le pays était debout, en mouvement ; l’impôt avait doublé ; une foule d’améliorations s’étaient faites , il est vrai, plus que le pays n’en voulait payer. La noblesse, qui ne payait pas, aurait soutenu le dauphin ; mais, dans son impatience de se faire des créatures, d’abaisser les uns, d’élever les autres, il faisait tous les jours des nobles ; il en fit d’innombrables, force gentilshommes qui pouvaient, sans déroger, commercer, labourer la terre. Ce mot : Noblesse du dauphin Louis, est resté proverbial. Elle ne venait pas toujours par de nobles moyens ; tel, disait-on, n’avait pour titre que d’avoir tenu l’échelle, élargi la haie par où le dauphin entrait la nuit chez la dame de Sassenage.

L’intervention du due de Bourgogne, du duc de Bretagne, suffirent plus tard pour sauver le duc d’Alençon ; p343 mais le dauphin était trop dangereux. Nulle intervention n’y fit, ni celle du roi de Castille, qui écrivit pour lui, et même approcha de la frontière, ni celle du pape qui eût sans doute parlé pour son vassal, s’il en eût eu le temps. Le dauphin comptait peut-être aussi mettre en mouvement le clergé. Nous avons vu son étrange démarche auprès des évêques de Normandie. Dans son dernier danger, il fit maint pèlerinage, et envoya des vœux, des offrandes aux églises qu’il ne pouvait visiter : Saint-Michel, Cléry, Saint-Claude, Saint-Jacques de Compostelle. Et à peine eut-il passé chez le duc de Bourgogne qu’il écrivit à tous les prélats de France.

C’était un peu tard. Il avait inquiété l’Église, en empiétant sur les droits des évêques du Dauphiné. Ses ennemis, Dunois, Chabannes, jugèrent avec raison qu’il ne serait point soutenu, que ni son oncle de Bourgogne, ni son beau-père le Savoyard, ni ses sujets du Dauphiné, ni ses amis secrets de la France, ne tireraient l’épée pour lui. Ils agirent avec une vivacité extrême, frappèrent coup sur coup.

D’abord, le 27 mai 1456, le duc d’Alençon fut arrêté par Dunois lui-même, la terreur imprimée dans les Marches d’Ouest, la porte fermée au duc d’York, que les malveillants auraient appelé sans nul doute in extremis.

Un second coup (7 juillet) frappé sur les Anglais, mais tout autant sur le duc de Bourgogne ; fut la réhabilitation de la Pucelle d’Orléans , condamnation p344 implicite de ceux qui l’avaient brûlée, de celui qui l’avait livrée. Ce ne fut pas une œuvre médiocre de patience et d’habileté d’amener le pape à faire réviser le procès et les juges d’Église à réformer un jugement d’Église, de renouveler ainsi ce souvenir peu honorable pour le duc de Bourgogne, de le désigner aux rancunes populaires comme ami des Anglais, ennemi de la France.

Ces actes de vigueur avertirent tout le monde. Les nobles de l’Armagnac et du Rouergue comprirent que le dauphin, avec ses belles paroles, ne pourrait les soutenir, et ils se déclarèrent loyaux et fidèles sujets. Le beau-père du dauphin, le duc de Savoie, voyant venir une armée du côté de la France, rien du côté de la Bourgogne, écouta les paroles qui lui furent portées par l’ancien écorcheur Chabannes, qui avait pris joyeusement la commission de recors dans cette affaire, et se faisait fort d’exécuter le dauphin. Chabannes exigea du Savoyard qu’il abandonnât son gendre, et, pour plus de sûreté, il en tira un gage, la seigneurie de Clermont en Genevois. Ainsi le dauphin restait seul et il voyait son père avancer vers Lyon. La bonne volonté ne lui faisait pas faute pour résister, on peut l’en croire lui-même : « Si Dieu ou fortune, écrivait ce bon fils , m’eût donné d’avoir moitié autant de gens d’armes comme le p345 roi mon père, son armée n’eût pas eu la peine de venir ; je la fusse allé combattre dès Lyon . »

La levée en masse qu’il avait ordonnée contre son père n’ayant rien produit, les nobles ne remuant pas plus que les autres, il ne lui restait qu’à fuir, s’il pouvait. Chabannes croyait ne rien faire en prenant le Dauphiné, s’il ne prenait le dauphin ; il lui avait dressé une embuscade et croyait bien le tenir. Mais il échappa par le Bugey, qui était à son beau-père ; sous prétexte d’une chasse, il envoya tous ses officiers d’un côté, e passa de l’autre. Lui septième, il traversa au galop le Bugey, le Val-Romey, et par cette course de trente lieues il se trouva à Saint-Claude en Franche-Comté, chez le duc de Bourgogne.

Chapitre IV
Suite de la rivalité de Charles VII et de Philippe-le-Bon. (1456-1461)

Charles VII dit en apprenant la fuite du dauphin et l’accueil qu’il avait trouvé chez le duc de Bourgogne : « Il a reçu chez lui un renard qui mangera ses poules. »

C’eût été en effet un curieux épisode a ajouter au vieux roman de Renard. Cette grande farce du moyen âge tant de fois reprise, rompue, reprise encore, après avoir fourni je ne sais combien de poèmes , semblait se continuer dans l’histoire. Ici, c’était Renard chez Isengrin, se faisant son hôte et son compère ; Renard amendé, humble et doux, mais tout doucement observant chaque chose, étudiant d’un regard oblique la maison ennemie.

D’abord, ce bon personnage, tout en laissant à ses gens l’ordre de tenir ferme contre son père , lui avait p347 écrit respectueusement, pieusement, « qu’étant, avec l’autorisation de son seigneur et père, gonfalonier de la sainte Église romaine, il n’avait pu se dispenser d’obtempérer à la requête du pape, et de se joindre à son bel oncle de Bourgogne, qui allait partir contre les Turcs pour la défense de la foi catholique ». Par une autre lettre adressée à tous les évêques de France, il se recommandait à leurs prières pour le succès de la sainte entreprise.

A l’arrivée, ce fut entre lui et la duchesse et le duc un grand combat d’humilité  ; ils lui cédaient partout, et le traitaient presque comme le roi ; lui, au contraire, de se faire d’autant plus petit et le plus pauvre homme du monde. Il les fit pleurer au récit lamentable des persécutions qu’il avait endurées. Le duc se mit à sa disposition, lui, ses sujets, ses biens, toutes choses , sauf la chose que voulait le dauphin, une armée pour rentrer dans le royaume et mettre son père en tutelle. Le duc n’avait nulle envie d’aller si vite ; il se faisait vieux ; ses États, ce vaste et magnifique corps, ne se portaient pas bien non plus ; il était toujours endolori du côté de la Flandre, et il avait mal à la Hollande. Ajoutez que ses serviteurs, qui étaient ses maîtres, MM. de Croy, ne l’auraient pas laissé faire la guerre. Elle eût ramené les grosses taxes , les révoltes. Et qui p348 eût conduit cette guerre ? L’héritier, le jeune et violent comté de Charolais, c’est-à-dire que tout fût tombé dans les mains de sa mère, qui aurait chassé les Croy.

Les conseillers de Charles VII n’ignoraient rien de tout cela. Ils étaient si persuadés que le duc n’oserait faire la guerre, que si le roi les eût crus, ils auraient hasardé un coup de main pour enlever le dauphin au fond du Brabant. Ils avaient décidé le roi à marier sa fille au jeune Ladislas, roi de Bohême et de Hongrie, issu de la maison de Luxembourg, et à occuper le Luxembourg comme héritage de son gendre. Déjà le roi avait déclaré prendre Thionville et le duché sous sa protection. Déjà l’ambassade hongroise était à Paris, et elle allait emmener la jeune princesse lorsqu’on apprit que Ladislas venait de mourir.

Ce hasard ajournait la guerre , que d’ailleurs les deux ennemis étaient loin de désirer. Ils s’en firent une qui allait mieux à deux vieillards, une aigre petite guerre d’écrits, de jugements, de conflits de tribunaux. Avant d’entrer dans ce détail, il faut expliquer, une fois pour toutes, ce que c’était que la puissance de la maison de Bourgogne et faire connaître en général le caractère de la féodalité de ce temps.

Le duc de Bourgogne était chez lui, était en France même, le chef d’une féodalité politique qui n’avait rien de vraiment féodal. Ce qui avait fait le droit de la féodalité primitive, ce qui l’avait fait respecter, aimer de ceux mêmes sur qui elle pesait, c’est qu’elle était p349 profondément naturelle ; c’est que la famille seigneuriale, née de la terre, y était enracinée, qu’elle vivait d’une même vie, qu’elle en était, pour ainsi parler, le genius loci . Au quinzième siècle, les mariages, les héritages, les dons des rois, ont tout bouleversé. Les familles féodales qui avaient intérêt à fixer et concentrer les fiefs, ont travaillé elles-mêmes à leur dispersion. Séparées par de vieilles haines, elles se sont rarement alliées au voisin ; le voisin, c’est l’ennemi ; elles ont plutôt cherché, jusqu’au bout du royaume, l’alliance du plus lointain étranger. De là des réunions de fiefs, bizarres, étranges, comme Boulogne et Auvergne ; d’autres même odieuses ; ainsi, dans la France du Nord, où les Armagnacs p350 ont laissé tant d’affreux souvenirs, où leur nom même est un blasphème, ils s’y sont établis, y ont acquis le duché de Nemours.

Ces rapprochements de populations diverses, hostiles, sous une même domination, ne sont nulle part plus choquants que dans cet étrange empire de la maison de Bourgogne. Nulle part, pas même en Bourgogne, le duc n’était vraiment le seigneur naturel  . Ce mot si fort au moyen age et qui imposait tant de respect, était ici trop visiblement un mensonge. Les sujets de cette maison la regrettèrent tombée ; mais tant qu’elle fut debout, elle ne maintint guère que par force ce discordant assemblage de pays si divers, cette association d’éléments indigestes.

Partout d’abord deux langues, et chacune de vingt dialectes, je ne sais combien de patois français que les Français n’entendent pas ; quantité de jargons allemands, inintelligibles aux Allemands ; vraie Babel, où, comme dans celle de la Genèse, l’un demandant la pierre, on lui donnait le plâtre ; dangereux quiproquo, où les procès flamands se traduisant bien ou mal en p351 wallon ou en français , les parties s’entendant peu, le juge ne comprenant pas, il pouvait, en bonne conscience, condamner, pendre, rouer l’un pour l’autre.

Ce n’est pas tout. Chaque province, chaque ville ou village, fier de son patois, de sa coutume, se moquant du voisin : de là force querelles, batteries de kermesses, haines de villes, interminables petites guerres.

Entre les Wallons seuls, que de diversités ! de Mézières et Givet à Dinant, par exemple, du féodal Namur à la république épiscopale de Liège. Du côté de la langue allemande, on peut juger de la violence des antipathies par l’empressement avec lequel les Hollandais, au moindre signe, accouraient armés dans les Flandres.

Chose étrange qu’en ces contrées uniformes et monotones, sur ces terres basses, vagues, où toute différence s’adoucit et se pacifie, où les fleuves languissants semblent s’oublier plutôt que finir, que, là justement, dans l’indistinction géographique, les oppositions sociales se prononcent si fortement !

Mais les Pays-Bas n’étaient point le seul embarras du duc de Bourgogne. Le mariage qui fit la fortune de son grand-père l’avait établi à la fois sur la Saône, la Meuse et l’Escaut. Du même coup il s’était trouvé triple, multiple à l’infini. Il avait acquis un empire, mais aussi cent procès, procès pendants, procès à venir, relations avec tous, discussions avec tous, tentations d’acquérir, occasions de batailler, de la guerre pour p352 des siècles. Il avait, en ce mariage, épousé l’incom-patibilité d’humeur, la discorde, le divorce permanent.

Mais cela ne suffisait pas. Les ducs de Bourgogne allèrent augmentant toujours et compliquant l’imbroglio : « Plus ils estoient embrouillés, plus ils s’embrouilloient . »

Par le Luxembourg, la Hollande et la Frise, ils avaient entamé un interminable procès avec l’Empire, avec les Allemagnes, les vastes, lentes et pesantes Allemagnes, dont on pouvait se jouer longtemps, mais pour perdre à la fin, comme dans toute dispute avec l’infini.

Du côté de la France, les affaires étaient bien plus mêlées encore. Par la Meuse, par Liège et les La Marck, la France remuait à volonté une petite France wallonne entre le Brabant et le Luxembourg. Vers la Flandre, le Parlement avait droit et justice ; il le faisait sentir rarement, mais rudement.

La France avait encore sur le duc une prise plus directe. Avec quoi, ce cadet de France, créé par nous guerroyait-il en France ? avec des Français. Il demandait de l’argent aux Flamands, mais, s’il s’agissait d’un conseil ou d’un coup d’épée, c’était aux Wallons, aux Français qu’on avait recours. Les conseillers principaux, Raulin, Hugonet, Humbercourt, les Granvelle, furent toujours des deux Bourgognes. Le valet confident de Philippe-le-Bon, Toustain, était un Bourguignon ; son chevalier, son Roland, Jacques de Lalaing, était un homme du Hainaut.

p353 Si le duc de Bourgogne n’emploie que des Français, que feront-ils ? Ils contreferont la France. Elle a une Chambre des comptes ; ils font une Chambre des comptes. Elle a un Parlement ; ils font un Parlement ou conseil supérieur. Elle parle de rédiger ses coutumes (1453) ; vite, ils se mettent à rédiger les leurs (1459).

Comment se fait-il que cette France pauvre, pâle, épuisée, entraîne cette fière Bourgogne, cette grosse Flandre, dans son tourbillon ?... Cela tient sans doute à la grandeur d’un tel royaume, mais bien plus à son génie de centralisation, à son instinct généralisateur, que le monde imite de loin. De bonne heure chez nous la langue, le droit, ont tendu à l’unité. Dès 1300, la France a tiré de cent dialectes, une langue dominante, celle de Joinville et de Beaumanoir. En même temps, tandis que l’Allemagne et les Pays-Bas erraient au gré de leur rêverie par les mille sentiers du mysticisme, la France centralisait la philosophie dans la scolastique, la scolastique dans Paris.

La centralisation des coutumes, leur codification, éloignée encore, était préparée lentement, sûrement, sinon par la législation, au moins par la jurisprudence. De bonne heure, le Parlement déclara la guerre aux usages locaux, aux vieilles comédies juridiques, aux symboles matériels si chers à l’Allemagne et aux Pays-Bas ; il avoua hautement ne connaître nulle autorité au-dessus de l’équité et de la raison .

Telle fut l’invincible attraction de la France ; le duc p354 de Bourgogne, qui s’efforçait de s’en détacher, de devenir Allemand, Anglais, fut de plus en plus français malgré lui. Vers la fin, lorsque les évêchés impériaux d’Utrecht et de Liège repoussèrent ses évêques, lorsque la Frise appela l’empereur, Philippe-le-Bon céda définitivement à l’influence française. Il tomba sous la domination d’une famille picarde, les Croy, et leur confia, non seulement la part principale au pouvoir, mais ses places frontières, les clefs de sa maison, qu’ils purent à volonté ouvrir au roi de France. Enfin, il reçut, pour ainsi dire, la France elle-même, l’introduisit chez lui, se la mit au cœur et se l’inocula en ce qu’elle avait de plus inquiet, de plus dangereux, de plus possédé du démon de l’esprit moderne.

Cet humble et doux dauphin, nourri chez Philippe-le-Bon des miettes de sa table, était justement l’homme qui pouvait le mieux voir ce qu’il y avait de faible dans le brillant échafaudage de la maison de Bourgogne. Il avait bien le temps d’observer, de songer, dans son humble situation : il attendait patiemment à Genappe, près Bruxelles. Malgré la pension que lui payait son hôte, à grand’peine pouvait-il subsister, avec tant de gens qui l’avaient suivi. Il vivotait de sa dot de Savoie, d’emprunts faits aux marchands ; il tendait la main aux princes, au duc de Bretagne, par exemple, qui refusa sèchement. Avec cela, il lui fallait plaire à ses hôtes ; il lui fallait rire et faire rire, être bon compagnon, jouer aux petits contes, en faire lui-même, payer sa part aux Cent Nouvelles et dérider ainsi son tragique cousin Charolais.

p355 Les Cent Nouvelles, les contes salés renouvelés des fabliaux, lui allaient mieux que les Amadis et tous les romans que l’on traduisait de nos poèmes chevaleresques  pour Philippe-le-Bon. La pesante rhétorique  devait peu convenir à un esprit net et vif comme celui du dauphin. Et tout était rhétorique dans cette cour : il y avait, non seulement dans les formes du style, mais dans le cérémonial et l’étiquette , une pompe, une enflure ridicule. Les villes imitaient la cour ; partout il se formait des confréries bourgeoises de parleurs et de beaux diseurs qui s’intitulaient naïvement de leur vrai nom : Chambres de rhétorique.

Les vaines formes, l’invention d’un symbolisme vide, étaient bien peu de saison, au moment où l’esprit moderne, jetant ses enveloppes, les signes, les symboles, éclatait dans l’imprimerie . On conte qu’un rêveur, errant au vent du nord dans une pâle forêt de Hollande, vit l’écorce ridée des chênes se détacher en lettres mobiles et vouloir parler. Puis, un chercheur des bords du Rhin trouva le vrai mystère ; le profond p356 génie allemand communiqua aux lettres la fécondité de la vie ; il en trouva la génération ; il fit qu’elles s’engendrassent et se fécondassent de mâle eu femelle, de poinçons en matrices : le monde, ce jour-là, entra dans l’infini.

Dans l’infini de l’examen. Cet art humble et modeste, sans forme ni parure, agit partout, remua tout avec une puissance rapide et terrible. Il avait beau jeu sur un monde brisé. Toute nation l’était, l’Église autant qu’aucune nation ; il fallait que tous fussent brisés pour se voir au fond et bien se connaître. Grain d’orge ne saurait, sans la meule, ce qu’il a de farine .

Notre dauphin Louis, liseur insatiable, avait fait venir sa librairie de Dauphiné en Brabant  ; il dut y recevoir les premiers livres imprimés. Nul n’aurait mieux senti l’importance du nouvel art, s’il était vrai, comme on l’a dit, qu’à son avènement il eût envoyé à Strasbourg pour faire venir des imprimeurs. Ce qui est sûr, c’est qu’il les protégea contre ceux qui les croyaient sorciers .

Ce génie inquiet reçut en naissant tous les instincts modernes, bons et mauvais, mais par-dessus tout l’impatience de détruire, le mépris du passé ; c’était un esprit vif, sec, prosaïque, à qui rien n’imposait, sauf un homme peut-être, le fils de la fortune, de l’épée et de la ruse, Francesco Sforza . Pour les radotages p357 chevaleresques de la maison de Bourgogne, il n’en tenait grand compte ; il le montra dès qu’il fut roi. Au grand tournoi que le duc de Bourgogne donna à Paris, quand tous les grands seigneurs eurent couru, joûté, paradé, un inconnu parut en lice, un rude champion, payé tout exprès, qui les défia tous et les jeta par terre. Louis XI, caché dans un coin, jouissait du spectacle.

Revenons à Genappe. Dans cette retraite, il partageait son loisir forcé entre deux choses, désespérer son père et miner tout doucement la maison qui le recevait. Le pauvre Charles VII se sentait peu à peu entouré d’une force inquiète et malveillante ; il ne trouvait plus rien de sûr . Cette fascination alla si loin, que son esprit s’affaiblissant, il finit par s’abandonner lui-même . De crainte de mourir empoisonné, il se laissa mourir de faim .

p358 Le duc de Bourgogne ne mourut pas encore ; mais il n’en était guère mieux. Il devenait de plus en plus maladif de corps et d’esprit. Il passait sa vie à mettre d’accord les Croy avec son fils et sa femme. Le dauphin pratiquait les deux partis ; il avait un homme sûr près du comte de Charolais. Son exemple (sinon ses conseils) suscitait au duc un ennemi dans son propre fils ; les choses en vinrent au point entre le fils et le père, que l’impétueux jeune homme faillit imiter le dauphin, et fit demander à Charles VII s’il le recevrait en France.

La lutte du duc et du roi n’est donc pas près de finir. Que Charles VII meure, que Louis XI soit ramené en France par le duc, sacré par lui à Reims, il n’importe, la question restera la même. Ce sera toujours la guerre de la France aînée, de la grande France homogène, contre la France cadette, mêlée d’Allemagne. Le roi (qu’il le sache ou non), c’est toujours le roi du peuple naissant, le roi de la bourgeoisie, de la petite noblesse, du paysan, le roi de la Pucelle, de Brézé, de Bureau, de Jacques Cœur. Le duc est surtout un haut suzerain féodal, que tous les grands de la France et des Pays-Bas se plaisent à reconnaître pour chef ; ceux qui ne sont pas ses vassaux ne veulent pas moins dépendre de lui, comme du suprême arbitre de l’honneur chevaleresque. Si le roi a contre le duc sa juridiction d’appel, son instrument légal, le Parlement , le duc a sur les p359 grands seigneurs de France une action moins légale, mais peut-être plus puissante, dans sa cour d’honneur de la Toison d’or.

Cet ordre de confrérie, d’égalité entre seigneurs, où le duc, tout comme un autre, venait se faire admonester, chapitrer  , ce conseil auquel il faisait semblant de communiquer ses affaires , c’était au fond un tribunal où les plus fiers se trouvaient avoir le duc pour juge, où il pouvait les honorer, les déshonorer par une sentence de son ordre. Leur écusson répondait d’eux ; appendu à Saint-Jean de Gand, il pouvait être biffé, noirci. C’est ainsi qu’il fit condamner le sire de Neufchâtel et le comte de Nevers, refuser, exclure, comme indignes, le prince d’Orange, et le roi de Danemark. Au contraire, le duc d’Alençon, condamné par le Parlement, n’en fut pas moins maintenu avec honneur parmi les membres de la Toison d’or. Les grands se consolaient aisément d’être dégradés à Paris par des procureurs, lorsqu’ils étaient glorifiés chez le duc de Bourgogne, dans une cour chevaleresque, où siégeaient des rois.

p360 Le chapitre de la Toison le plus glorieux, le plus complet peut-être et qui marque le mieux l’apogée de cette grandeur, est celui de 1446. Tout semblait paisible. Rien à craindre de l’Angleterre. Le duc d’Orléans, racheté par son ennemi, par le duc de Bourgogne, siégeait près de lui en chapitre ; personne ne se souvenait de la vieille rivalité ; Orléans et Bourgogne devenant confrères, et le duc de Bretagne entrant aussi dans l’ordre, la France, d’ailleurs fort occupée, devait être trop heureuse qu’on la laissât tranquille. Les Pays-Bas l’étaient, entre les deux éruptions de Bruges et de Gand. Dans ce même chapitre, le duc de Bourgogne, armant chevalier l’amiral de Zélande, semblait finir les vieilles disputes de Zélande et de Flandre, marier les deux moitiés ennemies des Pays-Bas, et consolider sa puissance sur les rivages du Nord.

Le bon Olivier de La Marche conte avec admiration comment, alors tout jeune et simple page, il suivit de point en point tout ce long cérémonial, dont le vieux roi d’armes de la Toison d’or voulait bien lui expliquer les mystères. Chacun des chevaliers allait en grande pompe à l’offrande, les absents même et les morts par représentants. Avant tous, le duc fut appelé à l’autel où l’attendait son carreau de drap d’or. « Le poursuivant d’armes, Fusil, prit le cierge du duc, fondateur et chef, le baisa et le donna au roi d’armes de la Toison d’or, lequel, en s’agenouillant par trois fois, vint devant le duc et dit : « Monseigneur le duc de Bourgogne, de Lotrich, de Brabant, de Lembourg et de Luxembourg, comte de Flandre, d’Artois et de Bourgongne, p361 palatin de Hollande, de Zélande et de Namur, marquis du Sainct-Empire, seigneur de Frise, de Salins et de Malines, chef et fondateur de la noble ordre de Toison d’or, allez à l’offrande ! »

Ce jour même, au banquet de l’ordre, lorsque tous les chevaliers, « en leurs manteaux, en la gloire et solennité de leur estat », allaient s’asseoir à la table de velours étincelante de pierreries, lorsque le duc, « qui sembloit moins duc qu’empereur », prenait l’eau et la serviette de la main d’un de ses princes, un petit homme en noir jupon se trouva là, on ne sait comment, et se jetant à genoux, lui présenta à lire.., une supplique ?... non, un exploit  ! un exploit, bien en forme, du Parlement de Paris, un ajournement en personne pour lui ; pour son neveu, le comte d’Étampes, pour toute la haute baronnie qui se trouvait là... Et cela, pour un quidam, dont le Parlement déclarait évoquer l’affaire... Comme si l’huissier fût venu dire : « Voici le fléau de cette fière élévation que vous avez prise, qui vous vient corriger ici, pincer, monsieur, montrer qui vous êtes  ! »

Une autre fois, c’est encore un de ces hardis sergents p362 qui s’en vient dans Lille, le duc étant dans cette ville, battre et rompre à marteau de forge la porte de la prison, pour en tirer un prisonnier. Grand esclandre et clameur du peuple ; il fallut que le duc vînt : « Le gracieux exploitant toujours mailloit et frappoit ; il avoit déjà rompu les serrures et grosses barres . » Le duc se retint et ne parla pas, il arrêta ses gens qui voulaient jeter l’homme à la rivière.

Cette apparition de l’homme noir au banquet de la Toison d’or, qu’était-ce, sinon le memento mori d’une faible et fausse résurrection de la féodalité ? Et ce marteau de forge, dont l’homme de loi frappait si ferme, que brisait-il, sinon le fragile, l’artificiel, l’impossible empire, formé de vingt pièces ennemies, qui ne demandaient qu’à rentrer dans leur dispersion naturelle ?

APPENDICE

1 — page 2 — Le premier manuscrit de l’Imitation...

De Imitatione Christi, ed Gence, 1826, descriptio codicum mss., p. xiii. M. Gence regarde le ms. de Mœlck, 1421, comme le plus ancien. M. Hase pense que le ms. de Grandmont pourrait être de la fin du quatorzième siècle. (Bibl. royale, fonds de Saint-Germain, no 837.)

Deux mille éditions latines, etc.

Nul doute qu’il n’y ait un plus grand nombre de traductions et d’éditions ; j’indique seulement ici le nombre de celles qui sont venues à la connaissance d’un de nos plus savants bibliographes : Barbier, Dissertation sur soixante traductions françaises, etc., p, 254 (1812). M. Gence a recueilli l’indication d’un grand nombre d’éditions dans les archives italiennes (Catalogues de la congrégation de l’Index), à l’époque où ces archives furent transférées à Paris. — Parmi les traducteurs de l’Imitation, on trouve avec surprise deux noms, Corneille et Lamennais. Le génie héroïque et polémique n’avait rien à voir avec le livre de la paix et de l’humilité.

Les Français y montrent des gallicismes...

De Imitatione, ed. Gence, index grammaticus.

Les Italiens des italianismes...

M. Gregory en cite quelques-uns ; il est vrai que plusieurs de ces mots ne sont pas spécialement des italianismes, mais des mots communs à toutes les langues néo-latines. (Gregory, Mémoire sur le véritable auteur de l’Imitation, publié par M. Lanjuinais, in-l2 (1827), p. 23-24.)

p364 Les Allemands des germanismes...

Schmidt, Essai sur Gerson, 1839, p. 122 ; Gieseler, Lehrbuch, II, iv, 348.

Les prêtres la réclament pour Gerson...

Si l’on veut que l’auteur ou le dernier rédacteur de l’imitation soit le plus grand homme du quinzième siècle, ce sera certainement Gerson. Le vénérable M. Gence a voué sa vie à la défense de cette thèse. Pour la soutenir, il faut supposer que le goût de Gerson a fort changé dans sa retraite de Lyon. Le livre De Parvulis ad Christum trahendis, la Consolatio theologiae, qui sont pourtant de cette époque, sont généralement écrits dans la forme pédantesque du temps. Dans quelques-uns de ses sermons et opuscules français, surtout dans celui qu’il adresse à ses sœurs, on trouve un tour vif et simple qui ne serait pas indigne de l’auteur de l’Imitation. Toutefois, même dans ce dernier opuscule, il y a encore de la subtilité et du mauvais goût. Il dit, au sujet de l’Annonciation, que la Vierge « ferma la portière de discrétion », etc. (Gerson, t. III, p. 810-841.)

Les chanoines réguliers pour Thomas de Kempen...

Thomas de Kempen a pour lui le témoignage de ses trois compatriotes, Jean Busch, Pierre Schott et Jean Trittenheim, tous trois du quinzième siècle. Il semble pourtant bien difficile que ce laborieux copiste se soit élevé si haut ; son Soliloquium animae ne donne pas lieu de le croire. « Le Christ, dit-il, m’a pris sur ses épaules, ma enseigné comme une mère, me cassant les noix spirituelles et me les mettant dans la bouche. » Ce luxe d’images (et quelles images !) est peu digne, comme l’observe très bien M. Faugère, de l’homme qui aurait écrit l’Imitation. (Éloge de Gerson (1838), p. 80.)

Les moines pour un certain Gersen...

Le prétendu Gersen a été créé par les bénédictins du dix-septième siècle, et accueilli par Rome en haine de Gerson. M. Gregory a dépensé beaucoup d’esprit à lui donner un souffle d’existence. Il avance l’ingénieuse hypothèse que l’Imitation, dans sa première ébauche, a dû être un programme d’école, je crois qu’elle serait plutôt sortie d’un manuel monastique. M. Daunou a montré jusqu’à l’évidence la faiblesse du système de M. Gregory (Journal des savants, déc. 1826, octob. et nov. 1827). L’unique pièce sur laquelle il s’appuie, le ms. d’Arona, est du quinzième siècle et non du treizième, au jugement de deux excellents paléographes, M. Daunon et M. Hase.

p365 Il s’y trouve des passages de tous les saints, etc.

M. Gence va chercher dans tous les auteurs sacrés et profanes les passages qui peuvent avoir un rapport, même éloigné, avec les paroles de l’Imitation ; il risque de faire tort à son livre chéri, en faisant croire que ce n’est qu’un centon. — Suarez pense que les trois premiers livres sont de Jean de Verceil, d’Ubertino de Casal, de Pietro Renalutio ; Gerson aurait ajouté le quatrième livre, et Thomas de Kempen aurait mis le tout en ordre. Cet éclectisme est fort arbitraire. La seule chose spécieuse que j’y trouve, c’est que le quatrième livre, d’une tendance bien plus sacerdotale que les trois autres, pourrait fort bien ne pas être de la même main. (J. M. Suarez, Conjectura de Imitatione, 1667, in-4o, Romæ.)

L’auteur c’est le Saint-Esprit...

Voy. aussi dans l’édition de M. Gence (p. liii la note spirituelle et paradoxale qu’il a tirée d’un ms. de l’abbé Mercier de Saint-Léger.

Ce livre a été préparé dans des siècles antérieurs...

« Il y avait, au moyen âge, deux existences : l’une guerrière et l’autre monacale. D’une part, le camp et la guerre ; de l’autre, l’oraison et le cloître. La classe guerrière a eu son expression dans les épopées chevaleresques : celle qui veillait dans les cloîtres a eu besoin de s’exprimer aussi ; il lui a fallu dire ses effusions rêveuses, les tristesses de la solitude tempérée par la religion ; et qui sait si l’imitation n’a pas été l’épopée intérieure de la vie monastique, si elle ne s’est pas formée peu à peu, si elle n’a pas été suspendue et reprise, si elle n’a pas été enfin l’œuvre collective que le monachisme du moyen âge nous a léguée comme sa pensée la plus profonde et son monument le plus glorieux ? » Telle est l’opinion que M. Ampère a exprimée dans son cours. Je suis heureux de me rencontrer avec mon ingénieux ami. J’ajoute seulement que cette épopée monastique me parait n’avoir pu se terminer qu’au quatorzième ou au quinzième siècle.

2 — page 5 — Le franciscain Ubertino de Casal, Ludolph, et même Tauler, etc.

Rien n’est moins judicieux, plus puéril même, que la manière dont Ubertino veut interpréter l’Évangile. « Le bœuf, dit-il, signifie que nous devons ruminer ce que le Christ a fait pour nous, l’âne », etc. (Arbor crucifixi Jesu, lib. III, c. iii.) — Tauler lui-même, qui écrit plus tard, tombe encore dans ces explications ridicules « Via per sinistri pedis vulnus est sitibunda nostræ sensualitatis mortificatio. » (Tauler, éd. Coloniæ, p. 809.) — Quant à p366 Ludolph, il surcharge l’Évangile d’embellissements romanesques qui n’ont rien d’édifiant, il donne le portrait de Jésus-Christ : « Il avoit les cheveulx à la manière d’une noys de couldre moult meure, en tirant sur le vert et le noir à la couleur de la mer, crespés et jusques aux oreilles pendans et sur les espales ventilans ; ou meillieu de son chief deux partyes de cheveulx en la manière des Nazareez, ayant le tronc plain et moult plaisant, la face sans fronce, playes et tache, et modérément rouge, et le nez compétament long, et sa bouche convenablement large sans aucune reprehension ; non longue barbe, mais assez et de la couleur des cheveulx, et au menton fourcheue, le regard simple et moriiffié, les yeux clercs. Estoit terrible en reprenant, et en admonestant doulx et amyable, joyeulx ; en regardant, toute greveté. Il a ploré aulcuneffois, mais jamais ne rist... En parler puissant et raisonnable, peu de parolles et bien attrempées, et en toutes choses bien composées. » (Ludolphus, Vita Christi, trad. par Guill. le Menand, éd. 1521, in-folio, fol. 7.)

3 — page 5 — L’âme ne demande qu’à périr en soi, etc.

Sur cette tendance de l’âme à se perdre en Dieu, et sur la nécessité d’y remédier, voy. saint Bonaventure, Stimuli amoris, p. 242, et Ruysbrock, De Ornatu spiritualium nupliarum, lib. II, p. 333.

4 — page 7 — Cet entretien a lieu sur les ruines du monde...

L’ébauche grandiose de Grainville semble promettre dans son titre le développement de cette situation dramatique ; elle ne tient pas parole, et elle ne le pouvait. Cette épopée matérialiste est bien moins Le dernier homme que La mort du globe. Voy. sur la vie de Grainville le bel article de Ch. Nodier, Dict. de la Conversation, t. XXXI.

5 — page 9 — Le style de la Consolation internelle, etc.

Le rythme me parait être généralement le même que celui de Gerson dans ses sermons français. Je le croirais volontiers l’auteur, non de l’Imitation, mais de la Consolation.

6 — page 9, note 3 — Le latin est loin de cette noble confiance, etc.

Imitatio, lib. III, c. xxi, fol. 56-57, éd. Gence. Internelle consolacion, livre II, c. xxvi, fol. 56-57, éd. 1520, in-12. — Cette édition de la Consolation, qui me parait être une réimpression de l’in-4o p367 sans date, est la plus moderne qu’on puisse lire ; celle de 1522 est déjà gâtée pour le style et pour l’orthographe. Il est à souhaiter qu’on reproduise enfin ce beau livre dans sa forme originale, en supprimant les gloses qui, d’édition en édition, ont été mêlées au texte. M. Onésime Leroy a trouvé à Valenciennes un ms. important de la Consolation. (Onés. Leroy, Etudes sur les mystères et sur les ms. de Gerson, 1837, Paris.)

7 — page 10, note 3 — Mêmes plaintes dans Clémengis...

« Surrexerun scriptores, quos cursores vocant, qui rapido juxta nomen cursu properantes, nec per membra curant orationem discernere, nec pleni aut imperfecti sensus notas apponere, sed in uno impetu, velut ii qui in stadio currunt... ut vix antequam ad metam veniant, pausam faciant... Oro ne per cursorios istos, ut ita dicam, broddiatores id describi facias. » (Nic. Clemeng. Epist., t. II, p. 306.)

Le roi défend aux notaires les abréviations...

« Non apponant abbreviationes... ; cartularia sua faciant in bono papyro, etc. » (Ordonnances, t. I, p. 417, jul. 1304.)

8 — page 12, note 3 — En littérature, les Français, etc.

Nic. Clemeng., t. II, p. 277, epist. 96. — Au reste, j’ai dit ailleurs plus au long ce que je pensais de notre langue et de notre littérature. (Origines du droit, Introduction.)

9 — page 18 — Les Écossais battus à Crevant...

Voy. sur la messe de la victoire fondée à Auxerre et sur le bizarre privilège accordé à la maison de Chastellux : Lebeuf, Histoire d’Auxerre, t. II, p. 283 ; Millin, Voyage, t. I, p. 163 ; Michelet, Origines du droit.

10 — page 18 — Jacqueline, qui était une belle jeune femme, ne se résigna pas...

Lire le charmant récit, un peu long, il est vrai, un peu romanesque, de Chastellain, ch. lxiv, p. 69-71 (éd. Buchon, 1836).

Page 18, note 1 — Elle dit gaiement à Glocester, etc.

Voy. Vossius, Annal. Holl., lib. XIX, p. 528. Dujardin et Sellius, t. III, p. 426.

11 — page 19 et note 2 — Bedford offrit une possession inestimable, etc.

« Donnons, transportons et délaissons les villes, chasteaulx et p368 chastellenies de Péronne, Roye et Mondidier... la ville, cité et bailliage de Tournay, Tournesis, Saint-Amand et Mortagne. » (Archives, Trésor des chartes, J, 249, nos 12 et 13, septembre 1423). — L’histoire de la république de Tournay est encore à faire. Voy. Archives, Trésor des chartes, J, 528-607, et Bibl. royale, mss. Collection d’Esnans, vol. C.

Bedford avait engagé sa frontière de l’est, etc.

Le duc s’engage à restituer, « au cas que, dans ledit temps de deux ans, il ne fasse apparoir des sommes que ledit Roy lui doit. » (Archives, Trésor des chartes, J, 247, juin 1424.)

12 — page 23 et note 3 — Le duc de Lorraine, Charles-le-Hardi, etc.

Voir l’historiette que Juvénal rapporte à la gloire de son père, l’avocat général, et à la honte des ducs de Bourgogne et de Lorraine. (Juvénal des Ursins, p. 247.)

13 — page 25 — En France, Bedford ne pouvait tirer d’argent, etc.

Dix mille marcs promis aux garnisons anglaises de Picardie et de Calais, à prendre sur la rançon du roi d’Ecosse, sur le droit des laines, etc. » (Bibl. royale, mss. Bréquigny 58, ann. 1426, 2,5 juillet.)

Pour attirer et retenir les grands seigneurs anglais, etc.

M. Berriat-Saint-Prix (Hist. de Jeanne d’Arc, p. 159) a fait dans le Trésor des chartes le relevé des dons de terres, de rentes, etc., que le duc de Bedford fit en quelques années aux seigneurs anglais, à Warwick, Salisbury, Talbot, Arundel, Suffolk. Bedford ne s’oubliait pas lui-même. (Archives, Trésor des charles, Registres, 173-175.)

14 — page 25 — Le plan qu’un savant ingénieur a tracé de ces travaux...

Histoire du siège d’Orléans, par M. Jollois, ingénieur en chef des ponts et chaussées (1833, in-folio, Orléans), p. 24-40. Voy. surtout les cartes et plans.

Page 27 — Les bourgeois consentirent à laisser brûler leurs faubourgs...

L’Histoire et Discours au vray du siège, etc. Orléans, 1606, p. 920.

Page 28 — Un jour que le général en chef Salisbury, etc.

Croniques de France dictes de Saint-Denis, imp. à Paris, par Anthoine Verard, 1493, III, 143. Grafton, p. 531.

p369 15 — page 33 — Le receveur général n’avait pas quatre écus en caisse...

« Nisi quatuor scuta. » (Déposition de la veuve du receveur, Marguerite laTouroulde, Procès ms. de la Pucelle, Revision.)

Le roi qui fit dîner La Hire avec lui, etc.

Vigiles de Charles VII, par Martial de Paris. Cette chronique rimée était, dit-on, devenue si populaire, qu’on la chantait même dans les campagnes.

La situation désespérée de Charles VII est prouvée, etc.

Traité du 10 novembre 1428. (Barante, t. V, p. 256, 3e édition.) Dupuy affirme que le comté dc Saintonge fut donné au roi d’Écosse et à ses hoirs mâles, à tenir en hommage et pairie de France. (Bibl. royale, ms. Dupuy, 337, nov. 1428.)

16 — page 31 — Les villes voisines envoyèrent des vivres à Orléans, etc.

M. Jollois (p. 52) a donné les reçus (Archives de ta ville d’Orléans, comptes de la commune, ann. 1428-1429.)

17 — page 34 — Il n’était pas d’homme qui n’eût chanté dans son enfance, etc.

« Cantilenas lugubres super morte dolorosa et a proditoribus nephandis proditorie perpetrata... » (Religieux de Saint-Denis, ms., folio 878.) Il est vrai qu’on fit aussi des complaintes sur la mort du duc de Bourgogne. Nous lisons dans une lettre de grâce qu’un chanoine de Reims, trouvant une de ces complaintes à la suite d’une généalogie d’Henri VI, s’était emporté, avait tiré son couteau et coupé les vers ; le roi lui pardonne à condition qu’il fera faire en expiation « deux tableaux plus beaux, lesquels seront attachés à crampons de fer, l’un en la ville de Reims, et l’autre en l’échevinage d’icelle. » (Archives, Trésor des chartes, Registre clxxiii 676, ann. 1427.)

18 — page 36 — Les Anglais, avec tous leurs beaux semblants d’égards pour l’Église, etc.

Le gouvernement anglais était fort dur. Nous le voyons par les grâces même qu’il accorde. Grâce à un maître d’école d’une amende de 32 écus d’or, qu’il a encourue pour avoir élevé le fils d’un Armagnac (Archives, Trésor des chartes, J, Registre clxxiii, 19, 1424). Lettres de pardon à un religieux qui a soigné un Armagnac blessé (Ibid., 692, 1427), à un écolier qui a étudié le droit Angers (Ibid., 689), à deux frères qui ont été visités par p370 un homme d’armes Armagnac ; il était entré chez eux par la fenêtre pour les maltraiter (Ibid., Registre clxxv, 197, 1432). Grâce de la vie à un maçon de Rouen qui a dit que si le dauphin reprenait la ville, il y avait moyen d’empêcher les Anglais du château de faire des sorties (Archives, Trésor des chartes, Registre clxxiv, 14, 1424).

19 — page 39 — A Paris, un frère Richard, etc.

Journal du Bourgeois de Paris, t. XV, p. 119-122. D’Artigny, Voltaire et Beaumarchais ont cru que ce Richard pouvait avoir endoctriné Jeanne Darc. Voy. la réfutation péremptoire de M. Berriat-Saint-Prix, dans son Histoire de la Pucelle, p. 242-3.

Le carme breton Conecta, etc.

Meyer, Annales Rerum Flandricarum, f. 271 verso.

Une Pierrette bretonne...

« De Bretaigne bretonnant. » (Journal du Bourgeois de Paris, t. XV, p. 134, 1430.)

Une Marie d’Avignon...

Notices des mss., t. III, p. 347.

Une Catherine de La Rochelle...

Procès, éd. Buchon, 1327, p. 87.

Un petit berger, que Xaintrailles, etc.

Journal du Bourgeois, t. XV, p.411, 1430 ; Jean Chartier, p. 47.

20 — page 41 — Dom-Remy était un domaine de l’abbaye de Saint-Remy de Reims...

Un diplôme de 1090 compte Dom-Remy-la-Pucelle parmi les propriétés de l’abbaye. (M. Varin, Archives administratives de Reims, p. 242.) Depuis, cette propriété fut aliénée ; mais la cure du village semble être restée longtemps à la nomination du monastère de Saint-Remy (M. Varia, d’après D. Martel, Hist. ms. de Reims).

Nos grandes abbayes avaient des possessions bien plus éloignées, etc.

Voy., entre autres ouvrages, la savante introduction de M.Varin, Archives de Reims, p. xxiii-xxiv.

21 — page 42 — Jeanne était fille d’un laboureur...

On voit encore aujourd’hui, au-dessus de la porte de la chaumière qu’habita Jeanne Darc, trois écussons sculptés : celui de Louis XI, qui fit embellir la chaumière ; celui qui fut donné sans doute à l’un des frères de la Pucelle avec le surnom de Du Lis ; et un troisième écusson qui porte une étoile et trois socs de charrue p371 pour exprimer la mission de la Pucelle et l’humble condition de ses parents. (Vallet, Mémoire adressé à l’Institut historique, sur le nom de famille de la Pucelle.)

22 — page 43 et note 2 — Ses pieux parents lui donnèrent le nom plus élevé de Saint-Jean...

Le choix du nom a une singulière importance dans tous les âges religieux (voy. mes Origines du droit), à plus forte raison chez les chrétiens du moyen âge, qui plaçaient l’enfant sous le patronage du saint dont il portait le nom. J’ai parlé déjà au tome II (Tableau de la France) du nom de Jean, et au tome IV de l’opposition de Jean et de Jacques.

23 — page 47 et note 1 — C’était une pucelle des Marches de Lorraine qui devait sauver le royaume...

« Quod debebat venire puella ex quodam nemore canuto ex partibus Lotharingiæ. (Déposit. du premier témoin de l’enquête de Rouen. Notices des mss., t. III, p. 347.)

24 — page 52 — Baudricourt envoya demander l’autorisation du roi...

Comparer sur ce point important Lebrun et Laverdy.

Néanmoins il l’encouragea...

Chronique de Lorraine, ap. D. Calmet, Preuves, t. II, p. vi.

25 — p. 54 — Elle déclara qu’elle avait dix-neuf ans ou environ...

Procès, interrog. du 21 février 1431, p. 54, éd. 1827. Vingt témoins déposèrent dans le même sens. Voy. le résumé de tous les témoignages dans M. Berriat-Saint-Prix, p. 178-179.

C’était une belle fille...

Dépositions, Notices des mss., t. III, p. 373. M. Lebrun des Charmettes voudrait en faire une beauté accomplie. L’Anglais Grafton, au contraire, dans son amusante fureur, dit : « Elle étati si laide qu’elle n’eut pas grand mal à rester pucelle (because of her foule face). » (Grafton, p. 534.) — Le portrait de Jeanne Darc qu’on trouve à la marge d’une copie du Procès, n’est qu’un griffonnage du greffier. Voy. le fac-simile des mss. de la Bibliothèque royale, dans la seconde édition de M. Guido Goerres, Die Jungfrau von Orleans, 1841.

Assez grande de taille, etc.

Philippus Bergam. De Claris Mulieribus, cap. clvii; d’après p372 un seigneur italien qui avait, vu la Pucelle à la cour de Charles VII. (Ibid., p. 369.)

26 — page 55, note 2 — Selon un récit moins ancien, etc.

Sala, Exemples de la hardiesse, ms. français de la Bibl, royale, no 180. (Lebrun, t. I, p. 180-183.)

Il semble résulter des réponses de la Pucelle, etc.

Procès, p. 77, 94-95, 102-106, éd. 1827.

27 — page 58 et note 2 — Cette lettre et les autres que la Pucelle a dictées, etc.

Voy. ces lettre dans Buchon, de Barante, Lebrun, etc.

On reçut même réponse de l’archevêque d’Embrun, etc.

Lenglet du Fresnoy, d’après le ms. de Jacques Gelu, De Puella Aurelianensi, mss. lat. Bibl. Regiae, n° 6199.

28 — page 58 — Les docteurs ne sachant que dire, les dames décidèrent...

« Fut icelle Pucelle baillée à la royne de Cecile, etc. » (Notices des mss., t. III, p. 351.)

29 — page 60 — Les Anglais étaient divisés dans une douzaine de bastilles, etc.

Monstrelet exagère au hasard ; il dit soixante bastilles ; il porte à sept ou huit mille hommes les Anglais tués dans les bastilles du sud, etc.

30 — page 71 — Le vertige prit les Anglais, etc.

Selon la tradition orléanaise, conservée par Le Maire (Histoire d’Orléans), ce serait en mémoire de cette apparition que Louis XI aurait institué l’ordre de Saint-Michel, avec la devise : « Immensi tremor Oceani. » Néanmoins Louis XI n’en dit rien dans l’ordonnance de fondation. Cette devise se rapporte sans doute uniquement au célèbre pèlerinage : In periculo maris.

31 — page 71, note 3 — Le jour de la délivrance resta une fête pour Orléans, etc.

Polluche, Essais hist. sur Orléans, remarque 77, Lebrun des Charmettes, II, 128.

Six jours après le siège, Gerson, etc.

Il n’est pas sûr que ce pamphlet soit de Gerson. (Gersonii Opera, IV, 859.)

p373 Christine de Pisan écrivit aussi, etc.

« Je Christine, qui ay plouré XI ans en l’abbaye close, etc. » (Raimond Thomassy, Essai sur les écrits de Christine de Pisan, p. xlii.)

Plusieurs traités furent publiés, etc.

Henrici de Gorckheim Prop. libr. duo, in Sibylla Francica, ed. Goldast., 1606. Voy. les autres autres auteurs cités par Lebrun, II, 325 et III, 7-9, 72.

32 — page 73 — Le connétable de Richemont vint avec ses Bretons, etc.

Tout cela est fort long dans le Panégyrique de Richemont, par Guillaume Gruel. (Collection Petitot, t. VIII.)

33 — page 74, note 1 — Falstoff s’enfuit et fut dégradé, etc.

Voy. Grafton et le Mémoire curieux que M. Berbrager prépare pour réhabiliter Falstoff.

34 — page 77 — Sacre de Charles VII, conformément au rituel antique...

Voy. Varin, Archives de Reims et mes Origines du droit.

Puis il alla à Saint-Marcou toucher les écrouelles...

Un anonyme du douzième siècle parle déjà de ce don transmis à nos rois par S. Marculphe. (Acta SS. ord. S. Bened., ed. Mabillon, t. VI). M. de Reiffenberg donne la liste des auteurs qui en ont fait mention. (Notes de son édition de Barante, t. IV, p. 261.)

35 — page 80 — L’entrée d’Henri VI ne put être écrite avec quelque détail sur les registres...

« Ob defectum pergameni et eclipsim justitiæ. (Registre du Parlement, cité dans la préface du t. XIII des Ordonnances, p. lxvii.) — « Pour escripre les plaidoieries et les arretz... plusieurs fois a convenu par nécessité... que les greffIers.., à leurs despens aient acheté et paié le parchemin. » (Archives, Registres du Parlement, samedi xx e jour de janvier 1431.

36 — page 81 — Winchester réduisait à rien le protecteur...

Cette royauté des évêques se marque fortement dans un fait très peu connu. Les francs-maçons avaient été signalés dans un statut de la troisième année d’Henri VI comme formant des associations contraires aux lois, leurs chapitres annuels défendus, etc. En 1429, p374 lorsque l’influence du Protecteur Glocester fut annulée par celle de son oncle, le cardinal, nous voyons l’archevêque de Cantorbéry former une loge de francs-maçons et s’en déclarer le chef. (The early History of free masonry in England, by James Orchard Halliweil (1840, London), p. 95.)

37 — page 88 — Le comte d’Armagnac écrivit à la Pucelle de décider lequel des papes il fallait suivre...

Dans Berriat-Saint-Prix, p. 357, et dans Buchon, p. 539, édition de 1838.

38 — page 90 — Prisonnière de guerre... qu’avait-elle à craindre ?...

Voy. ce que j’ai dit plus haut sur l’influence des femmes au moyen âge, sur Héloïse, sur Blanche de Castille, sur Laure, etc., et particulièrement le discours lu à l’Institut : Sur l’Éducation des femmes et sur les écoles de religieuses dans les âges chrétiens (mai 1838).

Le maréchal de Boucicaut venait de fonder un ordre, etc.

« Font à sçavoir les treize chevaliers compaignons, portans en leur devise l’escu verd à la Dame blanche, premièrement, pourceque tout chevalier est tenu de droict de vouloir garder et défendre l’honneur, l’estat, les biens, la renommée et la louange de toutes dames et damoiselles, etc. » (Livre des Faicts du maréchal de Boucicaut.)

39 — page 91, note 3 — Jacqueline de Flandre...

Reiffenberg, notes sur Barante, IV, 398. Voir les Archives du Nord de la France, t. IV, 1re livraison, d’après un ms. de la Bibl. de l’université de Louvain, et le travail que prépare M. Van Ertborn. — Le 1er décembre 1434, Jacqueline fit exposer les causes de nullité de son mariage avec le duc de Brabant : « Doudit mariage et alliance sentoit sa conscience bléchie, se estoit confiessée et l’en avoit estet baillie absolution, moyennant XII cr. couronnes à donner en amonsnes et en penance de corps que elle avoit accomplit. » (Particularités curieuses sur Jacqueline de Bavière, p. 76, in-8o, Mons, 1838.)

La fameuse comtesse qui mit au monde trois cent soixante-cinq enfants...

Art de vérifier les dates, Hollande, ann. 1278, III, 184.

Un comte de Clèves a soixante-trois bâtards...

Ibid., Clèves, III, 184. La partie relative aux Pays-Bas est, p375 comme on le sait maintenant, du chanoine Ernst, le savant auteur de l’Histoire du Limbourg, récemment éditée par M. Laveleye (Liège, 1837).

Jean de Bourgogne, évêque de Cambrai, etc.

Reiffenberg, Histoire de la Toison d’or, p. xxv de l’introduction).

Philippe-le-Bon et ses bâtards...

Voy. particulièrement Archives de Lille, Chambre des comptes, inventaire, t. VIII.

et ses femmes et ses maîtresses...

Reiffenberg, Histoire de la Toison d’or, Introd., p. xxv.

40 — page 94 — Interminables bombances...

La fête des mangeurs et buveurs a été célébrée encore cette année (1841) à Ditheck et Zelick. On y donne en prix une dent d’argent au meilleur mangeur, un robinet d’argent au meilleur buveur.

41 — page 96 — Philippe-le-Bon immola les droits de ses pupilles...

Sur la spoliation de la maison de Nevers, voy. surtout Bibl. royale, mss., fonds Saint-Victor, no 1080, fol. 53-96.

42 — page 98 — Winchester avait lancé une ordonnance...

« Contra terrificatos incanlationibus Puellæ. » (Rymer, 2 mai, 12 décembre 1430.)

43 — page 98, note 3 — Un chroniqueur assure que le couronnement se fit à ses frais...

« ... Magnificis suis sumtibus in regem Franciæ... coronari. » (Hist. Croyland. contin., apud Gale, Angl. Script., I, 516.)

44 — page 99 — Lord Warwick, gouverneur d’Henri...

Le petit Henri VI dit dans son ordonnance : Nous avons choisi le comte de Warwick... « ad nos erudiendum... in et de bonis moribus, literatura, idiomate vario, nutnitura et facetia... » (Rymer, t. IV, pars iv, 1 julii 1428.) — Ce molle atque facetum qu’Horace attribue à Virgile, comme le don suprême de la grâce, semble un peu étrange, appliqué, comme il reste ici, au rude geôlier de la Pucelle. Il semble au reste n’avoir guère été plus doux pour son élève ; la première chose qu’il stipule en acceptant la charge de gouverneur, c’est le droit de châtier. Voy. les articles qu’il présenta au conseil. (Turner, II, 508.)

p376 Avait aussi la surveillance de la Pucelle...

Voy. commission pour faire revue du comte de Warwick, capitaine des château, ville et pont de Rouen, et d’une lance à cheval, quatorze à pied et quarante-cinq archers, pour la sûreté du château, etc. (Archives du royaume, K, 63, 22 mars 1430.)

45 — page 100 — Pierre Cauchon...

Voy. sur Cauchon, Du Boulay, Historia Univers. Parisiensis, V, 912.

Note 1 — Son extrême dureté pour les gens d’église du parti contraire...

Voy. le Religieux de Saint-Denis, ms. Baluze, Bibl. royale, tome dernier, folio 176.

Note 2 — La lettre que Clémengis lui adresse...

Nicol. de Clemang., Epistolæ, II, 323.

L’archevêque de Rouen venait d’être transféré ailleurs...

Gallia Christiana, XI, 87-88.

Winchester le recommanda au pape pour ce grand siège...

« Litteræ directæ Domino Summo Pontifici pro translatione D. Petri Cauchon, episcopi Belvacensis, ad ecclesiam metropolitanam Rothomagensem. , (Rymer, t. IV, pars iv, p. 152, 15 décembre 1429.)

Rouen alors en guerre avec l’Université de Paris...

Voy. la Remontrance de Rouen contre l’Université. (Chéruel, 167.)

Page 101, note — Cauchon recevait des Anglais cent sols par jour...

D’après sa quittance (communiquée par M. Jules Quicheral, d’après le ms. de la Bibl. royale, Coll. Gaignière, vol. IV).

46 — page 102 — Le conseil d’Angleterre interdit aux marchands anglais les marchés des Pays-Bas, etc.

Rymer, t. IV, pars iv, p. 165, 19 julii 1430. Pour saisir l’ensemble de l’espèce de guerre commerciale qui commençait entre la jeune industrie anglaise et celle des Pays-Bas, voy. les défenses d’importer en Flandre les draps et laines filées d’Angleterre (1428, 1464, 1494), et enfin l’importation permise (1499), sous promesse de réduire les droits sur la laine non travaillée que les Anglais vendront aux Flamands à Calais. (Rapport du jury sur l’industrie beige, rédigé par M. Gachard, 1836.)

p377 47 — page 102 — Charles VII agissait-il pour sauver la Pucelle ? En rien, ce semble...

M. de Laverdy ne justifie le roi que par des conjectures. M. Berriat-Saint-Prix le trouve inexcusable, p. 239.

48 — page 103 — La rançon de la Pucelle fut payée à Jean de Ligny, etc.

Comme le prouve l’une des pièces copiées par M. Mercier aux archives de Saint-Martin-des-Champs. Note de l’abbé Dubois. (Dissertation, éd. Buchon, 1827, p. 217.)

La triste devise de Jean de Ligny, etc.

Le mausolée de la Toison d’or, Amst. 1689, p. 14. Histoire de l’Ordre, IV, 27.

49 — page 106 et note 1 — Henri entra à Paris le 2 décembre...

Dans sa lettre datée de Rouen, 6 novembre 1430, il donne pouvoir au chancelier de France de différer la rentrée du Parlement : « Considérant que les chemins sont très dangereux et périlleux... — Autre lettre datée de Paris, 13 novembre, par laquelle il donne un nouveau délai. (Ordonnances, XIII, 159.)

50 — page 106 et note 2 — Le chapitre ne s’y décida, etc.

« Vocentur ad deliberandum super petitis per D. episcopum Belvacensem, et compareant sub pœna pro quolibet deficiente amittendi omnes distributiones per octo dies... Assertiones pro quadam muliere in carceribus detenta... eidem in galileo exponantur et caritative moneatur... (Archives de Rouen, reg. capitulaires, 14-15 avril 1431, fol., 98 ; communiqué par M. Chéruel.)

51 — page 108 — Winchester fit allouer à l’inquisiteur vingt sols d’or, etc.

Voy. la quittance dans les pièces copiées par M. Mercier aux archives de Saint-Martin-des-Champs. Note de l’abbé Dubois. (Dissertation, éd. Buchon, 1827, p. 219.) -

52 — page 111 — Les Pharisiens restèrent stupéfaits.

« Fuerunt multum stupefacti, et illa hora dimiserunt. » (Procès de Revision. Notices des mss., III, 427.)

Page 112, note — Entre autres questions hostiles et inconvenantes, etc.

(Procès, éd. Buchon, 1827, p. 75. Voy. aussi d’autres questions bizarres de casuistes, p. 131 et passim.)

p378 53 — page 125, note 1 — Procès, 3 avril...

Et non 29 mars, comme porte le ms. d’Orléans, où il y a beaucoup de confusion dans les dates. Voy. éd. Buchon, 1827, p. 139.

54 — page 128 — Quand on délibéra si elle serait mise à la torture, etc.

Notices des mss., p. 245 et passim. — Procès, éd. Buchon, 1827, p. 164, 12 mai.

55 — page 131 — Elle avait goûté d’un poisson que lui envoyait l’évêque de Beauvais, etc.

« Eam interrogavit quid habebat, quæ respondit quod habebat quod fuerat missa quædam carpa sibi per episcopum Bellovacensem, de qua comederat, et dubitabat quod esset causa suæ infirmitatis ; et ipse de Estiveto ibidem præsens, redarguit eam dicendo quod male dicebat, et vocavit eam paillardam, dicens : Tu, paillarda, comedisti aloza et alia tibi contraria. Cui ipsa respondit quod non fecerat, et habuerunt ad invicem ipsa Joanna et de Estiveto multa verba injuriosa. Postmodumque ipse loquens... audivit ab aliquibus ibidem præseritibus, quod ipsa passa fuerat multum vomitum. » (Notices des mss., III, 471.)

« Le roi l’a achetée, elle lui coûte cher !... »

« Rex eam habebat caram et eam emerat. (Ibid.).

56 — page 132 — Ce coup frappé, Winchester reprenait Louviers...

« Non audebant, ea vivente, ponere obsidionem ante villam Locoveris. (Notices des mss., Ill, 473.)

Page 133, note 1 — Winchester au concile de Constance ....

Voy. Endell Tyler, Memoirs of Henry the fifth, II, 61. London, 1838.

57 — page 133 — Cauchon se laissait appeler d’avance : Monseigneur l’archevêque...

« La cædule que tenoit ledit Monseigneur l’arcevesque. » (Lebrun, IV, 79, d’après le ms. d’Urfé.)

58 — page 133, note 3 — ... dans la grande assemblée tenue aux Bernardins...

Bulæus, Hist. Univ. Parisiensis, t. V, passim. Ce couvent célèbre où se tinrent tant d’assemblées importantes de l’Université, p379 où elle jugea les papes, etc., subsiste encore aujourd’hui. C’est l’entrepôt des huiles.

59 — page 134 — « L’ange Gabriel est venu me fortifier », etc.

« L’ange Gabriel est venu me visiter le 3 mai pour me fortifier. » Troisième monition, 11 mai. Lebrun, IV, 90, d’après les grosses latines du procès.

60 — page 134 — Enfin arriva la réponse de l’Université...

Voyez cette pièce curieuse dans Bulæus (Hist. Univ. Paris., V, 395-401.)

61 — page 136 — Ce fut au cimetière de Saint-Ouen, etc.

Voy. les dépositions du notaire Manchon, de l’huissier Massieu, etc. (Notices des mss., III, 502, 505 et passim.)

61 bis — page 137 — Alors Cauchon, se tournant vers le cardinal, etc.

« Inquisivit a cardinali Angliæ quid agere deberet. » (Ibid., 484.)

Le secrétaire de Winchester tira, etc.

« A manica sua. » (Ibid., 486.)

62 — page 138 — ... dans les prisons d’Église...

Voy., au Processus contra Templarios, avec quelle insistance les défenseurs du Temple demandent « ut ponantur in manu Ecclesi ». Les prisons d’Église avaient toutefois cet inconvénient que presque toujours on y languissait longtemps. Nous voyons en 1384 un meurtrier que se disputaient les deux juridictions de l’évêque et du prévôt de Paris, réclamer celle du prévôt et demander à être pendu par les gens du roi plutôt que par ceux de l’évêché, qui lui auraient fait subir préalablement une longue et dure pénitence

« Flere dies suos, et poenitentiam, cum penuriis multimodis, agere, temporis longo tractu. » (Archives du royaume, Registres du Parlement, ann. 1384.)

63 — page 143 — Les prêtres citaient le texte d’un concile du quatrième siècle...

Concil. Gangrense, circa annum 324, tit. xiii, apud Concil. Labbe, II, 420.

64 — page 145 — Quand vint le dimanche matin, etc.

N’est-il pas étonnant que MM. Lingard et Turner suppriment p380 des détails si essentiels, qu’ils dissimulent la cause qui obligea la Pucelle à reprendre l’habit d’homme ? Le catholique et le protestant ne sont ici qu’Anglais.

65 — page 145 et note 3 — Xaintrailles venait de faire une tentative hardie sur Rouen...

Alain Chartier, Chroniques du roi Charles VII, et Jean Chartier, mai 1431, éd. Godefroy, p. 47. Journal du Bourgeois, p. 427, éd. 1827.

66 — page 149 — « Je serai délivrée à grande victoire... »

Procès français, éd. Buchon, 1827, p. 79, III. — « An suum consilium dixerit sibi quod erit liberata a præsenti carcere ? Respondet : Loquamini mecum infra tres menses... Oportebit semel quod ego sim liberata... — Dominus noster non permittet eam venire ita basse, quin habeat succursum a Deo bene cito et per miraculum. » (Procès latin, ms., 27 février, 17 mars 1431.)

67 — page 150 — Il y avait une intention, etc.

Ce détail et la plupart de ceux qui vont suivre, sont tirés des dépositions des témoins oculaires ; Martin Ladvenu, Isambart, Toutmouillé, Manchon, Beaupère, Massieu, etc. Voy. Notices des mss., III, 489-508.

68 — page 155 — Elle rendit témoignage à ses Saintes...

« Quod voces quas habuerat, erant a Deo... nec credebat per easdem voces fuisse deceptam. » (Notices des mss., III, 489.)

M. Henri Martin a donné une explication rationnelle et profonde des voix et des visions de Jeanne Darc : « Le philosophe pourrait soutenir que l’illusion de l’inspiré consiste à prendre pour une révélation apportée par des êtres extérieurs, anges, saints ou génies, les révélations intérieures de cette personnalité infinie qui est en nous, et qui parfois, chez les meilleurs et les plus grands, manifeste par éclairs des forces latentes dépassant presque sans mesure les facultés de notre condition actuelle. Dans la langue des anciennes philosophies et des religions les plus élevées, ce sont les révélations du férouer mazdéen, du bon démon (celui de Socrate), de l’ange gardien, de cet autre Moi qui n’est que le moi éternel, en pleine possession de lui-même, » l’awen des Celtes (Triades des Bardes Gallois). (Hist. de France, t. VI, p. 143, note.)

p381 69 — page 157 — Quelle légende plus belle que cette incontestable histoire !...

Sur l’authenticité des pièces, la valeur des divers manuscrits, etc., voir le travail de M. de Laverdy, et surtout celui du jeune et savant M. Jules Quicherat, auquel nous devrons la première publication complète du Procès de la Pucelle.

Qu’y ajouterait la poésie ?...

Je n’appelle pas poésie le poème d’Antonio Astezano (secrétaire du duc d’Orléans, ms. de Grenoble, 1435), ni celui de Chapelain. Néanmoins ce dernier, comme le remarque très bien M. Saint-Marc-Girardin (Revue des Deux Mondes, septembre 1838), a été traité trop sévèrement par la critique. Sa préface, qu’on a trouvée si ridicule, prouve une profonde intelligence théologique du sujet. — Shakespeare n’y a rien compris ; il a suivi le préjugé national dans toute sa brutalité. — Voltaire, dans le déplorable badinage que l’on sait, n’a pas eu l’intention réelle de déshonorer Jeanne Darc ; il lui rend dans ses livres sérieux le plus éclatant hommage : « Cette héroïne.., fit à ses juges une réponse digne d’une mémoire éternelle... Ils firent mourir par le feu celle qui, pour avoir sauvé son roi, aurait eu des autels, dans les temps héroïques où les hommes en élevaient à leurs libérateurs. » (Voltaire, Essai sur les mœurs et l’esprit des nations, chap. lxxx.) Les Allemands ont adopté notre sainte et l’ont célébrée autant et plus que nous. Sans parler de la Jeanne Darc de Schiller, comment ne pas être touché du pèlerinage qu’accomplit M. Guido Goerres à travers toutes les bibliothèques de l’Europe et par toutes les villes de France pour recueillir les manuscrits, les traditions, les moindres traces d’une si belle histoire ? Cette dévotion chevaleresque d’un Allemand à la mémoire d’une sainte française fait honneur à l’Allemagne, à l’humanité. L’Allemagne et la France sont deux sœurs. Puissent-elles l’être toujours ! (octobre 1840.)

La vierge secourable des batailles...

La réalité populaire me paraît avoir été bien heureusement conciliée avec l’idéalité poétique dans l’œuvre d’une jeune fille à jamais regrettable !... Elle avait eu pour révélation ce moment unique de Juillet. Toutes les deux, l’artiste et la statue, ont été les filles de 1830.

70 — page 160 et note 2 — « ... combien il y a de gloire à être bon !...

Télém., liv. XII. L’original grec le dit aussi, mais bien faiblement, et d’ailleurs dans un autre sens. (Sophocl., Philoct., v. 476.)

p382 71 — page 162 — Sur le comte de Warwick.

72 — page 164 — Sur le cardinal de Winchester.

73 — page 165 — La gloutonnerie de cette gent vorace...

Shakespeare en parle d’une manière très comique.

Either they must be dicted, like mules,
                        And have their provender tied to their mouths,
                        Or, piteous they will look, like drowned mice.

                                        (Shak.,Henri IV, I, P., act. i, sc. 2.)

74 — page 167 — L’homme avoua que Winchester l’avait chargé de tuer le roi...

« By the stirring up and procuring of my saide lorde of Winchester. » (Holingshed, éd. 1577,. fol. 1228, colonn. 2).

75 — page 169 — Le duc de Bourgogne avait dans ses archives les lettres secrètes de Glocester, de Bedford, etc.

Ces pièces, si importantes, étaient encore aux archives de Lille au commencement de ce siècle ; elles en ont été soustraites, et le savant archiviste, M. Leglay, qui en a recouvré d’autres, n’a pu trouver encore la trace de celles-ci ; peut-être sont-elles aujourd’hui dans quelque manoir anglais, au fond d’un musée seigneurial. Heureusement l’inventaire en donne un extrait fort détaillé. Glocester écrit à Bedford pour lui apprendre les liaisons du duc de Bourgogne avec Arthur de Bretagne qui veut le rapprocher du dauphin ; il propose de le faire arrêter. Bedford répond qu’il vaudrait mieux le tuer dans les joutes qui auront lieu à Paris. Puis il écrit que l’occasion a manqué, mais qu’il trouvera moyen de l’attirer et de le faire enlever au passage. (Archives de Lille ; Chambre des comptes, inventaire, t. VIII, ann. 1424).

76 — page 169 — Les Anglais firent acte de souveraineté en Flandre...

En 1423, Bedford avait tranché durement cette grande question de juridiction en faisant casser une sentence des Quatre membres de Flandre par le Parlement de Paris. (Archives du royaume, Trésor des chartes, 30 avril, J, 573.)

Ecrivant aux Gantais et leur offrant protection...

« Et si vous ou les vostres désirez aucune chose devers nous, tousjours nous trouverez disposez de entendre raisonnablement comme souverain... » (Proceedings and ordinances of the privy council of England, vol. IV, 5, 1835.)

p383 77 — page 173 — Les Anglais demandaient que chacun restât en possession de ce qu’il avait, etc.

D. Plancher (Histoire de Bourgogne, t. IV, p. 203), d’après le journal anglais des conférences, ms. de la Bibi. Harleienne, no 4763.

78 — page 175 — On défendit en Flandre les draps anglais, etc.

Voy. plus haut, page 111, et pour la défense de 1446, Archives générales de Belgique, Brabant, no 2, fol. 123.

79 — page 175 — On se croyait lié viagèrement à celui qui avait signé, etc.

J’ai cité quelques exemples de cet attachement à la lettre dans mes Origines du droit et je pourrais en ajouter une foule d’autres.

80 — page 176 — Le doyen de Paris, Jean Tudert, se jeta aux pieds du duc Philippe, etc...

Ce fut Jean Tudert, et non Bourbon et Richemont, comme le dit à tort Monstrelet. (D. Pancher, IV, 218-219.) En effet, pourquoi Philippe-le-Bon aurait-il préféré ses deux beaux-frères pour leur laisser faire ce personnage humiliant ? Cette observation judicieuse appartient aux auteurs de l’Ancien Bourbonnais (MM. Allier, Michel et Batissier), t. II, p. 50.

81 — page 179 — Le pape nommait souvent aux bénéfices des partisans de l’Angleterre...

Voy. Ordonnances, t. XIII, p. xlv-xlvi.

Le roi adopta dans sa Pragmatique de Bourges les décrets du concile de Bâle, etc.

Ce point essentiel de la Pragmatique est celui sur lequel elle glisse le plus légèrement : « Patronorum jura enervantur... » — Au contraire, elle insiste sur le texte populaire, la nécessité d’empêcher l’argent de sortir du royaume : Thesauri asportantur. (Ordonnances, XIII, 269.)

Ces patrons, descendants des pieux fondateurs...

Le vieux canoniste explique très bien l’origine de ces droits, dans son vers technique :

                        Patronum faciunt dos, ædificatio, fundus.

                                        (Ducange, verb.Patronus.)

Ou protecteurs...

Ibid, et verb. Abbacomites.

82 — page 181 et note 2 — La Pragmatique de Bourges...

Voir les observations fort spécieuses de Pie II sur les inconvénients p384 de la Pragmatique, dans le recueil des Libertés de l’Église gallicane, t. I (sub fin.). Hist. de la Pragm., page 36, d’après Gobellini, Comment. Vol. aussi la réponse du spirituel pontife aux Allemands (Ænae Sylvii Piccolominei Opera, p. 837).

83 — page 182 et note 1 — Le Parlement, dans une remontrance, etc.

Remontrance du Parlement à Louis XI. (Libertés de l’Église gallicane, I, p. 90, no 52-57.) Voy. aussi les observations piquantes sur la fureur avec laquelle on allait intriguer à Rome, pour obtenir les bénéfices : « N’y aura nul qui ait de quoy qui ne se mette en avant pour cuider advancer son fils ou son parent, et souvent perdront leur parent et leur argent. (Ibid., p. 9, no 53.)

La France voulait faire elle-même ses affaires, etc.

Entre autres pamphlets, inspirés de cet esprit gallican, voy. De Matrimonio contracto inter Dominam Pragmaticam et Papam, matrimonium istud debealne consummari, 1430. (Bibl. royale, ms. Dupuy, 670, fol. 42.)

84 — page 191 — A chaque élection, le seigneur était là pour présenter ou recommander, etc.

On peut relever dans la Gallia Christiana les noms des évêques qui furent nommés sous l’influence des grands seigneurs : Dunois. Son familier, D’Illiers, év. de Chartres, 1459. — Armagnac. Jean d’Armagnac, frère du bâtard d’Armagnac, dv. d’Auch, vers 1460. — Pardiac. Jean de Barthon, fils du chancelier de Bernard de Pardiac, comte de La Marche, év. de Limoges, 1440. — Foix. Roger de Foix, év. de Tarbes, 1441, a pour successeur son parent, le cardinal Pierre de Foix. — Albret. Louis d’Albret, év. d’Aire, 1444, de Cahors, 1460. — Bourbon. Charles de Bourbon, év. du Puy, est élu (à neuf ans) archevêque de Lyon, 1446, sur la présentation de son père ; Jean de Bourbon lui succède, comme év. du Puy ; Jacques de Combornes, familier de la maison de Bourbon, est élu év. de Clermont, 1445. — Angoulême. Robert de Montheron, homme lettré, attaché à Jean d’Angoulême, est élu év. d’Angoulême vers 1440 ; Geoffroi de Pompadour, ami et conseiller du même Jean, succède, 1450. — Alençon. Robert Cornegrue, présenté par le duc d’Alençon, est élu év. de Séez, 1453. — Aubusson. Hugues d’Aubusson, év. de Tulle, 1444, etc, etc. (Note communiquée par M. Jules Quicherat, d’après la Gallia Christiana, etc.).

p385 85 — page 185 — Le fils (Adolfe de Gueldre) avait à dire que le parricide était l’usage de la famille...

Voy. Art de vérifier les dates ; Gueldre, aux années 1326, 1361, 1465.

Nous le trouvons dans toutes les grandes maisons des Pays-Bas...

Ibid. Flandre 1226 ( ?), Namur 1236, Berg 1348 et 1404, Cuyck 1386, Hollande 1351 et 1392.

86 — page 186 — Procès de Retz...

Je me suis servi de deux extraits manuscrits du procès ; l’un est à la Bibliothèque royale (no 493, F) ; l’autre, très soigné et très bien fait, m’a été communiqué par le savant M. Louis Du Bois. Le manuscrit original du procès de Retz est aux Archives de Nantes.

87 — page 198 — Les écorcheurs, voyant les Suisses prêts à les recevoir, etc.

Sur les craintes où ces brigands tinrent la Suisse pendant plusieurs années, voy. particulièrement les lettres des magistrats de Berne : Der Schweitzerische Geschichtforscher, XI, 321-488 (1437-1450).

88 — page 200 — Jacques Cœur commerçant à Beyrouth, etc.

« J’y trouvai (à Damas) plusieurs marchands génois, vénitiens, catalans, florentins et français. Ces derniers étaient venus y acheter différentes choses, spécialement des épices, et ils comptaient aller à Barut s’embarquer sur la galère de Narbonne, qu’on y attendait. Parmi eux, il y avait un nommé Jacques Cœur qui, depuis, a joué un grand rôle en France, et a été argentier du roi. » (Extrait du Voyage de Bertrandon de la Broquière en Terre-Sainte et en Syrie, accompli par ordre du duc de Bourgogne, en 1432-1433 ; (Mémoires de l’Académie des sciences morales et politiques, vol. 490).

Il mariait ses nièces ou autres parentes aux patrons de ses galères...

Archives, Trésor des Chartes, Reg. 191, nos 233, 242.

89 — page 215 — Le dauphin reprend Dieppe...

Voy. l’intéressant récit de M. Vitet, Histoire de Dieppe, et Legrand, Histoire de Louis XI, p. 41.43. (Bibliothèque royale, mss., p. 41-43.)

p386 90 — page 217 — Les Armagnacs ne furent lâchés que lorsque Henri VI était marié dans la maison de France...

Voy. la rémission accordée à Armagnac en 1445. J’y trouve, entre autres choses, qu’il avait jeté la bannière du roi dans le Tarn. (Archives, Trésor des chartes, Reg. 177, no 127.)

91 — page 218 — Metz et autres villes de Lorraine soldaient les meilleurs hommes d’épée, etc.

« Dedans laquelle ville de Metz estoient plusieurs compagnons de guerre souldoyez, ainsi que de longtemps ils ont accoustumé d’avoir. » (Mathieu de Couci, p. 538.)

92 — page 219 — On assurait qu’après un combat, etc.

Fugger, Spieger des erzhauses Œsterreich, p. 539.

Tschudi...

Cet excellent chroniqueur, né en 1503, par conséquent postérieur aux événements dont it s’agit ici, ne devait pas être suivi avec une docilité servile. Il est important, comme témoin de la tradition ; mais on aurait dû lui préférer les chroniqueurs contemporains. Voy. Egidius Tschudi’s leben und schriften, von Ildephons Fuchs, Saint-Gallen, 1805.

Jean de Müller...

Son histoire sera continuée, pour les deux derniers siècles, avec une critique supérieure, par MM. Monnard et Vuillemin. M. Monnard a donné de plus une intéressante biographie de Jean de Müller. (Lausanne, 1839.)

93 — page 221 — Dans maintes guerres d’Italie, etc.

Voy. les Mémoires du Loyal Serviteur du chevalier sans paour et sans reprouche.

94 — page 222 — Notre-Dame-des-Ermites...

Sur l’importance de ce pèlerinage, la grandeur féodale de l’abbaye dont les plus grands barons de la Suisse étaient dignitaires, etc., Voy, la curieuse Chronique du Moine. En 1440, la foule des pèlerins qui y venaient des Pays-Bas fut si grande, qu’on crut que c’était une armée ennemie, et l’on sonna la cloche d’alarme. (Chronique d’Einsidlen, par le Religieux, p. 178-184.)

95 — page 22 et note 3 — La Suisse ouvrit asile aux étrangers, etc.

Voy. entre autres preuves Kindlinger, Hœrigkeit, 296 ; et l’important p387 ouvrage de Bluntschli, Histoire politique et judiciaire de Zurich, II, 414, note 161.

96 — page 223, note 1 — Berne resta étrangère à cette guerre contre Zurich...

Voy. les lettres du magistrat : Der Schweitzerische Geschichtforscher, VI, 321-480).

97 — page 223 — Le roi, le dauphin déjà en route, reçurent je ne sais combien d’ambassades, etc.

Bibliothèque royale, mss. Legrand, Histoire de Louis XI, fol. 76. Son récit est excellent et généralement fondé sur les actes.

98 — page 224 — Les Suisses envoyèrent quelques milliers d’hommes...

Les historiens ne s’accordent pas sur le nombre ; ils disent quatre mille, trois mille, seize cents, huit cents. Ces nombres peuvent se concilier ; je suppose volontiers que les Suisses envoyèrent trois ou quatre mille hommes, que seize cents passèrent la rivière, que huit cents ou mille parvinrent jusqu’au cimetière et y firent résistance. Les savants traducteurs et continuateurs de Müller, MM. Monnard et Vuillemin, sont néanmoins portés à croire que le nombre total n’excédait pas deux mille hommes, et que cette petite armée donna tout entière.

Déjà un corps avait passé...

Selon un chroniqueur contemporain encore inédit, ce fut une simple affaire d’avant-garde : « Ledit comte de Dampmartin qui estoit de l’avant-garde, logé à deux lyeues de monseigneur le Dauphin, estoit allé vers luy pour sçavoir quel estoit son bon plaisir qu’il voulloit que on fist contre ceulx de Balle ; et, à son retour, trouva que les Suisses les allèrent assaillir... Et quand ledit comte vit lesdits Suysses qui commencèrent à escarmoucher, il fist saillir sur eulx vingt et ung hommes d’armes... Ledit comte... ayoit à ladite journée soubz son enseigne six ou sept vingt hommes d’armes, sans d’autres qu’il envoya quérir par vingt hommes de ses archiers... (Bibl. royale, cabinet des titres. Ms. communiqué par M. Jules Quicherat.)

99 — page 226 — Mathieu de Couci.

C’est l’historien contemporain ; il a parlé aux combattants mêmes ; historien peu suspect d’ailleurs, puisqu’il loue le courage p388 des Suisses. Et c’est justement le seul que le savant Müller s’obstine à ignorer ; il ne le cite pas une fois. Il va chercher partout ailleurs, dans les on dit d’Æneas Sylvius, qui n’était plus à Bâle, dans la Chronique de Tschudi, écrite cent ans après, etc.

100 — page 227 et note 2 — LesAllemands jetèrent les hauts cris...

Voy. la discussion dans Legrand, Histoire de Louis XI (ms. de la Bibl. royale), d’après les actes originaux.

Le dauphin se montra l’ami des Suisses, etc.

Bibl. royale, ms. Legrand, fol. 71.

Il aimait tant celle ville de Bâle, etc.

Ceci ne se trouve, si je ne me trompe, que dans les historiens suisses, Müller, Geschichte, B. IV, c. ii.

De leur côté, les Suisses, etc.

Je ne puis retrouver la source où j’ai puisé ce fait, qui n’est pas invraisemblable, mais que je n’ose garantir.

101 — page 231 et note 1 — Ordonnance de 1443...

Ordonnances, XIII, 377. Pour mesurer le chemin parcouru, il est curieux de rapprocher de cette vieille ordonnance l’important ouvrage de M. de Montcloux : De la comptabilité publique, 1840.

On croit reconnaître, etc.

Cette remarque judicieuse est de notre grand historien économiste M. de Sismondi, Histoire des Français, XIII, 447.

102 — page 232 — Ces élus, chargés de répartir la taille, seraient appointés par le roi...

« Et n’auront plus doresnavant les juges et chastellains des Seigneurs particuliers (ne autres juges ordinaires) la cognoissance des tailles et aides... Plusieurs juges desdictes chatellenies champêtres ne sont pas expers ne cognoissans en telles matières, ainçois sont les aucuns simples gens méchaniques qui tiennent à ferme desdicts Sieurs particuliers, les receptes, judicatures et prevostez de leurs seigneuries, et lesquels, soubz ombre de l’autorité qui par ce moyen leur seroit donné, se voudroient par aventure affranchir, avec les métoyers et autres familiers serviteurs, du payement des tailles et aides, qui tourneroit à grande folle et charge des manans et habitans des chastellenies... parce qu’il y auroit moins de personnes contribuables.., aussi pour ce que lesdits juges et chastellains ne tiennent leur judicature que de quinzaine en quinzaine... et ne vouldroient laisser leurs affaires pour vacquer à. l’expédition p389 desdites causes, se ils n’avoient gaiges ou salaires pour ce faire. » (Ordonnances ; XIII, 241-7.)

103 — page 232 — Les élus choisiront de préférence dans la paroisse...

« Au cas que les commissaires et esleuz trouveront en aucune bonne paroisse ung bon compaignon usité de la guerre, et qu’il n’eust de quoy se mettre sus de habillemens... et fust propice pour estre archer, lesdicts commissaires et esleuz sçauront aux habitans s’ils luy voudront aidier à soi mettre sus... — Se trois ou quatre parroissiens povoient faire un archer, ce demeure à la discrétion des commissaires et esleuz. — Les parroissiens de chascune parroisse seront tenuz d’eulx donner garde de l’archer... qu’il n’ose soy absenter, vendre ou engaiger son habillement. — Le seigneur chastellain, ou son capitaine pour luy, sera tenu de visiter tous les moys les archers de sa chastellenie, et se faulte y trouve, sera tenu de le faire savoir aux commissaires ou esleuz du Roy. » (Ordonnances, XIV, 2, 5.) — Selon un auteur qui parait avoir vécu dans la familiarité de Charles VII, il y aurait eu un areher par cinquante feux. (Amelgardus, dans les Notices des mss., I, 423).

La noblesse entrevoyait combien l’innovation était grave...

Voy. la diatribe de l’historien connu sous le nom d’Amelgard, contre les compagnies d’ordonnances et les francs-archers. (Notices des mss., I, 423.)

104 — page 235 — Louis d’Anjou, qui laissa à Naples une si chère mémoire...

M. de Sismondi, justement sévère pour tous les rois, fait une exception en faveur de celui-ci. (Histoire des républiques italiennes, IX, 54.)

103 — page 236 — Marguerite d’Anjou était née parmi les plus étranges aventures...

Voy. Simonetae, lib. IV ; et Giornali Napolitani, ap. Muratori, XXI, 270, 1108.

106 — page 217 — La mort de Glocester avait été préparée par une maladie de quelques jours...

« In tam arcta custodia, quod præ tristitia decideret in lectum ægritudinis, et infra paucos dies posterius secederet in fata. »

(Wheihamstede, apud Hearne, Script. Angl., II, 365.)

Note 3 — Le soir, Glocester se portait à merveille, etc.

Hist. Croyland. Continuatio, apud Gale, 1, 521. Cette version p390 plus dramatique est reproduite servilement par tous les autres : Hall and Grafton, 1, 629 ; Holinshed, p. 1257 (éd. 1577) ; Shakespeare, etc.

107 — page 249 — Suffolk vendit des évêchés...

« Episcopatus et beneficia regia pro pecuniis conferendo. » (Hist. Croyland. Continuatio, apud Gale, 1, 521.)

L’indemnité, etc., fut échangée pour certaines sommes...

« A prendre sur les deniers qu’il (le roi de France) a coustume lever pour le remboursement des appatis sur les subgetz dudit très-hault et puissant nepveu du paiis de Normandie, afin que sur lesdicts deniers, lesdits subgetz d’iceluy, laissans lesdites terres (du Maine), soient par lui comtemptez. » (Rymer,V, 189, 1448, 11 mars. — Je n’ai pu trouver le traité original de la cession de l’Anjou et du Maine. On ne le connaît que par cet arrangement ultérieur qui tire les dédommagements d’une source odieuse, douteuse, et en laisse la répartition à l’arbitraire du roi d’Angleterre, c’est-à-dire de Suffolk. — Les appatis ou pactiz étaient ordinairement des contributions que les gens d’un pays payaient aux garnisons voisines pour labourer paisiblement. (Ducange, I, 577.)

108 — page 251 — La trêve fut rompue, etc.

Sur la rupture de la trêve, voy. la Ballade patriotique du bedeau de l’université d’Angers, publiée par M. Mazure. (Revue Anglo-Française, avril 1835. Poitiers.)

109 — page 252 — Somerset perd la Normandie...

Mathieu de Couci, p. 444, et Jacques Du Clercq (qui copie Mathieu), I, 344, éd. Reiffenberg. — Voy. les détails de la capitulation, de l’entrée, etc., dans M. Chéruel, p. 125-134, d’après les documents authentiques. Le roi rétablissait la juridiction ecclésiastique dans les prérogatives qu’elle avait perdues sous les Anglais ; il maintenait l’Échiquier, la Charte aux Normands, la Coutume de Normandie, etc. Il ne tarda pas à déclarer les gens de Rouen « francs, quictes et exempts de la compaignie française et de tout ce que ceux de Paris peuvent demander à cette cause ». Cette guerre commerciale entre Rouen et Paris, qui durait depuis si longtemps, ne finit effectivement qu’à l’avènement de Louis XI, qui renouvela l’ordonnance de son père (communiqué par M. Chéruel, d’après les Archives de Rouen, II, § 2, 7 juillet 1450, 4 janvier 1461). — Voy. aussi sur l’entrée une pièce publiée par M. Mazure dans la Revue Anglo-Française, avril 1835 (Poitiers).

p391 110 — page 235 — Suffolk rappela qu’il avait passé trente-quatre ans à faire la guerre en France, etc.

Ceci fait penser à l’honorable exil de lord Collingwood, qui, pendant toute la guerre continentale, n’obtint pas la permission de mettre une fois le pied à terre ni de revoir ses filles.

La défense de vendre les draps anglais en Hollande...

Proceedings and Ordinances of the Privy Council, vol. VI, p. 69, 75, 85 (1837).

Une ballade du temps, etc.

Cette exécrable parodie dépasse 93 ; vous diriez les litanies chantées par Marat. (Ritson’s ancient Songs) — Je regrette fort que la publication des Politicals Songs du savant M. Wright ne s’étende pas encore jusqu’à cette époque (1841).

111 — page 256 et note 1 — Combat de Formigny...

Jean Chartier, 197. Mathieu de Couci, 45. Jacques Du Clercq, 1, 366, éd. Reiffenberg. II est vrai que, ces historiens se copiant, les trois témoignages ne peuvent guère compter que pour un seul.

112 — page 258 — Un coup de terreur fut frappé sur l’Église, etc.

Henri VI reprocha ouvertement au duc d’York d’avoir fait tuer par ses gens l’évêque de Chichester, chancelier d’Angleterre. (Lingaré, d’après les documents conservés par Stow, 393-395. (L’auteur connu sous le nom d’Amelgard prétend, avec moins de vraisemblance, que l’évêque se fit tuer par économie, en disputant sur le prix du passage avec les matelots qui le ramenaient en France. (Notices des mss., I, 417.)

113 — page 258 —Les petits cultivateurs de Kent, etc.

Nous les avons vus (en 1839 !) suivre sans difficulté ce brave Courtney, qui leur donnait parole de ressusciter toutes les fois qu’on le tuerait.

114 — page 258 —Cade...

Shakespeare lui fait dire à tort qu’il est du comté de Kent. Voy. Proceedings and Ordinances of the Privy Council, vol. VI (1837), Preface of sir Harris Nicolas, p. xxvii.

115 — page 264 — Les Anglais ménageaient fort Bordeaux...

Voir, aux précieuses Archives municipales de Bordeaux, le p392 livre des privilèges (depuis la Philippine, 1259), et le livre dit des Bouillons (actes et traités, depuis 1259). Celui-ci était autrefois enchaîné à une table, et il en porte encore la chaîne. J’en ai parlé déjà dans mon Rapport au ministre de l’instruction publique sur les bibliothèques et archives du sud-ouest de la France, 1836.

116 — page 265, note 1 — Le roi avait ordonné aux soldats de payer tout ce qu’ils prendraient, etc.

Voy. Jean Chartier et Mathieu de Couci, p. 21-6, 251, 406, 432, 457, 610. Voir particulièrement Bibl. royale, mss. Doat, 217, fol. 828, Ordre de punir les gens de guerre qui, en Rouergue, ont pris des vivres sans payer, 29 septembre 1446.

117 — page 266 — La Guyenne trouvait fort mauvais que le roi la gardât avec ses troupes, etc.

Le pseudonyme Amelgard, tout Bourguignon de cœur et peu favorable à Charles VII, avoue toutefois que c’était là l’unique objet des plaintes de la Guyenne. A ces plaintes, les gens du roi répondaient que l’argent payé pour les troupes était dépensé par elles dans les villes mêmes qui payaient. (Notices des mss., I, 432)

Les seigneurs assuraient à Londres, etc.

Voy. le chroniqueur connu sous le nom d’Amelgard. (Notices des mss., I, 431.)

118 — page 267 et note 2 — Talbot...

Nous avons plusieurs actes relatifs aux grands biens qu’il se laissa donner : comté de Shrewsbury, comté de Clermont-en-Beauvaisis, capitainerie de Falaise, etc. Voy. aussi, sur les dons faits à Talbot, M. Berriat-Saint-Prix, Histoire de Jeanne d’Arc, p. 159, d’après les Registres du Trésor des chartes, 173-175. — Ce qui n’est pas moins caractéristique, c’est qu’en arrivant à Bordeaux Talbot commence par faire donner à Thomas Talbot (quelque petit parent, ou bâtard ?) l’office lucratif de clerc du marchié. (Rymer, V, 1453, 17 janvier.)

119 — page 268 — La Rochelle avait envoyé seize vaisseaux armés...

Arcère, Histoire de La Rochelle, I, 275.

120 — page 272 — Henri IV, vêtu comme le moindre bourgeois de Londres, etc.

« Obtusis sotularibus et ocreis... ad instar coloni. Togam etiam p393 longam cum capucio rotulato, ad modum burgensis. » (Blakman, De Virtutibus et Miraculus Henri VI, ap. Hearne, p. 298.)

Tout le temps qu’il ne passait pas au conseil, etc.

« Aut in regni negotiis cum consilio suo tractandis, aut in Scripturarom lectionibus vel in scriptis aut chronicis legendis. » (Ibid., p. 299.)

Page 272, note 3 — Cet esprit de paix se montre, etc.

Déposition rapportée par Dupuy dans la notice qu’il a donnée du procès de Jean d’Alençon, à la suite de celui des Templiers, in-12, page 419.

121 — page 273 — Marguerite allait mettre au monde une victime pour la guerre civile...

Je regrette de n’avoir pu consulter sur Marguerite le curieux ouvrage de miss Agnès Strickland : Lifes of the Queens of England.

122 — page 274 et note 1 — Selon la loi anglaise le roi ne peut ni mourir ni se tromper, etc.

Howell’ state trials, II, 624. — Blakstone, I, 247. Allen, Prerogative, passim.

123 — page 275 — Les Anglais n’ont presque rien fondé en France...

Quelques églises, surtout en Guyenne, ont un assez grand nombre de tours et de bastilles. Les villes et bastilles anglaises sont très reconnaissables ; elles ont été fondées, non sur les montagnes, mais près des eaux, en plaine ; elles se composent ordinairement de huit rues qui se coupent à angle droit ; il y a au centre une place avec des portiques grillés qu’on pouvait fermer dans un danger. Telle est encore Sainte-Foix-la-Longue, et quelques petites villes du Périgord et de l’Agénois. Il semble que sous Louis XI on ait imité cette disposition. (Observation de M. Dessalles.)

Voilà pour les constructions. Quant aux institutions, je n’en vois point ici qui ait le caractère anglais. Nos francs-archers ne furent pas précisément imités des archers anglais ; une institution si naturelle sortait d’elle-même du besoin de la défense. — De toutes les provinces conquises par les Anglais, la Normandie est, je crois, la seule où ils aient montré quelque esprit d’administration.

124 — page 276 — ... sur cette pierre d’oubli qu’une Anglaise a déposée à Boulogne...

Peu de temps avant 1830, une demoiselle anglaise vint trouver p394 M. l’abbé Haffreingnes, directeur d’un collège à Boulogne : « Monsieur l’abbé, lui dit-elle, je sais que vous songez à rebâtir la cathédrale de Boulogne ; les Anglais, mes ancêtres, en ont commencé la ruine ; comme Anglaise, je voudrais expier ce qu’ils ont fait, autant qu’il est en moi ; voilà, ma souscription, c’est bien peu de chose, vingt-cinq francs ! — Mademoiselle, répondit le prêtre, votre foi me décide. Dès demain, on commencera les travaux ; vos vingt-cinq francs achèteront la première pierre. » — Aussitôt, il commanda soixante mille francs de travaux, et depuis il y a mis cinq cent mille francs de sa fortune. Voy. la brochure de M. Francis Nettement : A la ville de Boulogne.

125 — page 278 — Lorsque Talbot débarqua en Guyenne,un confident de Philippe-le-Bon ne put s’empêcher de dire, etc.

« M. de Croy lui avoit dit que M. de Bourgogne savoit certainement que se n’eusse esté l’empeschernent de Bourdeaux, l’armée du Roy tournoit sur luy. Et aussi, quant les nouvelles allèrent en Flandre... que Bourdeaux estoit anglois, plusieurs chevaliers et escuyers dudit pays... dirent ces mots, au moins l’ung d’eulx, qu’on dit estre des plus prouchains de mondit seigneur de Bourgogne : Pleust à Dieu que les Anglois fussent aussi bien à Rouen et par toute Normandie, comme à Bourdeaux ; car, se n’eust esté la prinse de Bourdeaux, nous eussions eu à besogner. (Bibl. royale, fonds Baluze, ms. A, fol. 45.)

126 — page 279 — Charles-Quint, Bourguignon, Espagnol, Autrichien, n’en est pas moins trois fois Lancastre...

Le vieux chroniqueur de la maison de Bourgogne, qui en avait bien la tradition, dit au père de Charles-Quint : « Quant à la lignée de Portugal, dont le roy vostre père et vous estes issus, n’estes pas ou serez (vous ou les vostres) sans querelle du royaume d’Angleterre, et principalement de la duché de Lancastre. » Et plus loin : « Quand je pense à ce quartier d’Angleterre où par droit vous vous devez appuyer et soustenir en vos affaires... » (Olivier de La Marche. Introd., ch. IV.)

127 — page 281 — Lollards...

« Lollhardus, lullhardus, lollert, lullert. » (Mosheim, De Beghardis et Beguinabus, append. p. 583.)

128 — page 283 — Le travail en famille...

Douceurs infinies du travail en famille ! celui-là seul les sent bien, p395 dont le foyer s’est brisé... Cette larme sera pardonnée (à l’homme ? non) à l’historien au moment où ce travail va finir, où la famille elle-même est compromise dans plus d’un pays, lorsque la machine à lin va supprimer nos fileuses, celles de la Flandre (1841).

Dans quelle campagne verrait-il plus de soleil, etc.

« Il y aura un rayon de soleil pour toi dans les yeux de ta grand’mère... » Je trouve ceci dans une admirable petite histoire (La Fée hirondelle), qui serait devenue un livre du peuple, si l’auteur ne l’eût cachée parmi ses traductions. (Education familière, traduction de l’anglais, par Mmes Belloc et Montgolfier, t. IV.)

129 — page 283 — L’amitié, la grande confrérie ou commune...

Voy. Ducange, verb. Amicitia. Ordonn., XII, 563, etc.

Note — La ghilde...

Voy. l’étrange formule du sang versé sous la terre, dans mes Origines du droit, p. 195, d’après une note de P. E. Müller sur le Laxdaela-Saga (1826, in-4o, p. 59) : ... Ils vinrent au promontoire Eyrarhval, et là coupèrent une bande de gazon, assez longue pour que les deux extrémités étant attachées à la terre, le milieu pût être soutenu par un javelot ciselé dont ils touchaient le clou de leurs mains. Tous quatre, se plaçant sous le gazon, firent couler leur sang, qui se répandit sur la terre d’où le gazon avait été coupé ; et lorsque leur sang se fût mêlé, ils fléchirent le genou, et, unissant leurs mains droites, jurèrent par tous les dieux de venger la mort l’un de l’autre comme celle d’un frère... » — Voy. aussi les dissertations de Kofod Ancher (1780), de Wilda (1831), et de C.-J. Fortuyn (1834).

130 — page 284 — La halle d’Ypres fut construite de 1200 à 1304...

Selon M. Lambin, archiviste d’Ypres, dans son précieux Mémoire sur l’origine de la halle aux draps (couronné par la Société des antiquaires de la Morinie), Ypres, 1836. Nous venons de perdre ce savant homme, qui sera difficilement remplacé (1841).

131 — page 285 et note 3 — Le carillon, etc.

Le premier carillon de couvent parait être de 1404. (Buschius, Chronicon Windesemense, page 535, anno 1404.)

132 — page 286, note 4 — Caractère de la poésie et de la musique des confréries allemandes...

Voy. les règles Falsche melodie, Falsche blumen, qui proscrivent p396 tout changement, tout embellissement : Wagenseil, De Civitate Noribergensi ; accedit de Der Meister Singer Institutis liber, 1697, p. 531. Mon illustre ami, J. Grimm, n’a pas insisté sur ce point de vue, peu important pour l’objet particulier qu’il avait en vue. Ueber den altdeutschen Meistergesang, von Jacob Grimm. Gœttingen, 1881.

133 — page 287 — Philippe Artevelde pêchait, tout en rêvant, dans l’Escaut, etc.

Reiffenberg, Notes de son éd. de Barante, d’après Olivier de Dixmude, IV, 165.

134 — page 288 — En 1251, la mer était encore tout près de Bruges...

Reiffenberg. Statistique ancienne de la Belgique dans les Mémoires de l’Académie de Bruxelles, VII, 34, 44.

135 — page 288 — De polder en polder, etc.

« Inclinat animus ut Flandra, nescio qua lingua fuisse putem Æstuaria, ea forma quam poldras vocamus. » — Je n’adopte pas l’étymologie ; mais l’opinion de Meïer sur le fond même est considérable.

136 — page 289 et note 1 — La commune primitive fut presque absorbée dans les confréries de métiers, etc.

Je parlerai ailleurs, et tout à mon aise, de la vitalité diverse des communes. Jusqu’ici on a disserté beaucoup sur ce sujet, mais en insistant plutôt sur les formes qu’on prenait pour le fond. Sans doute, il est intéressant pour l’antiquaire de fouiller le mur primitif de la commune, le cadre de pierre qui l’entoure, plus intéressant pour l’historien d’en retrouver le cadre politique, la constitution. Mais la constitution n’est pas la vie encore. Telle commune a grandi par sa constitution, telle autre en dépit de la sienne.

137 — page 200 — ... Une petite ville dont la grande brisait les métiers...

Voy. particulièrement la curieuse brochure de M. Altmeyer : Notices historiques sur la ville de Poperinghen, Gand, 1840 ; et, sur les rapports généraux des villes, la grande et importante chronique flamande (dont le savant M. Schayès a bien voulu m’éclaircir les passages les plus difficiles) : Olivier van Dixmude, uitgegeven door Lambin (1377-1443). Ypres, 1835, in-4°.

p397 l38 — page 292 — Apportant jusqu’à leurs coqs, pour indiquer qu’ils y élisaient domicile...

C’est là le vrai sens qui n’avait pas été saisi. Le coq est un des principaux symboles de la maison, il est témoin de la vie domestique, etc. Voy. mes Origines du droit.

On se moqua de la réclamation...

« Nihil accepturos ; non vestem, sed restem, potius meruisse. » (Meyer, fol. 286.)

139 — page 292 — ... Au moment où les Anglais enlevaient dans la campagne cinq mille enfants...

« Puerorum quinque millia. » (Meyer, fol. 286. ) Le mot puer ne peut pas être interprété autrement. Ces enlèvements d’enfants semblent, au reste, avoir été ordinaires dans les guerres anglaises. Voy. notre t. IV et Monstrelet, t. IV, p. 115.

140 — page 293 — Le peuple de Bruges reçut d’une seule ville de la Hanse, etc.

Sur les rapports des Flamands et de la Hanse, voy. l’ouvrage très instructif de M. Altmeyer : Histoire des relations commerciales et diplomatiques des Pays-Bas avec le Nord de l’Europe, Bruxelles, 1840. L’auteur a tiré des Archives une foule de faits curieux.

141 — page 296 — Alost, etc.

Sanderi Gandavensium Berum libri sex, p. 14.

Et Dendermonde, fiefs d’Empire...

Wielant, dans le Recueil des chroniques belges, t. I p. xlvii.

Libres alleux ou fiefs du soleil...

Ces mots étaient souvent synonymes dans les pays allemands et wallons. (Michelet, Origines du droit.)

un lion courroucé...

« Gris grimmender lœwe. » (Jacob Grimm, Deutsche Rechts alterthümer, p. 763.)

142 — page 297 — Le défendeur pouvait se justifier par sa propre affirmation, etc.

Cet idéal germanique s’est conservé dans la formule du franc-juge westphalien. (Grimm, 860.) Michelet, Origines : « Si le franc-juge westphalien est accusé, il prendra une épée, la placera devant lui, mettra dessus deux doigts de la main droite, et parlera ainsi : Seigneurs francs-comtes, pour le point principal, pour tout p398 ce dont vous m’avez parlé et dont l’accusateur me charge, j’en suis innocent ; ainsi me soient en aide Dieu et tous ses saints ! Puis il prendra un pfenning marqué d’une croix (Kreutzpfenning), et le jettera en preuve au franc-comte ; ensuite il tournera le dos et ira son chemin. »

143 — page 298, note 2 — En Flandre, les sentences capitales étaient sans appel, etc.

Cf. l’importante discussion de MM. Jules de Saint-Genois et Gachard, sur le jugement d’Hugonet et Humbercourt (particulièrement Gachard, p. 43), Bruxelles, 1839.

Les jugements étaient exécutés immédiatement...

A Gand, le condamné ne pouvait être gracié que du consentement des échevins (communiqué par M. de Lenz de Gand).

Les procédures étaient orales le plus souvent...

Les affaires étaient relatées sommairement dans les registres criminels des échevins, comme on le voit aux Archives de Gand (observation communiquée par M. de Saint-Genois).

144 — page 299, note 1 — La tradition par le fétu...

« Jusqu’aujourd’hui, dit Ducange, on a conservé dans beaucoup d’églises des signes de ce genre ; on en voit à Nivelle et ailleurs, de forme carrée ou semblables à des briques. » (Ducange, Gloss. III, 1522.) Voir aussi Michelet, Origines du droit.

145 — page 301 — Philippe-le-Hardi fonda à Lille un modeste tribunal, etc.

Wielant, dans le Recueil des chroniques belges, I, liii.

Les Flamands, au lieu de débattre leurs droits contre ce tribunal français...

« Disoient qu’ilz estoient nuement sous le Parlement. » (Ibid., liv.)

Page 301 — Jean-sans-Peur établit à Gand un conseil suprême, etc.

« En la chambre à Puys-clos ilz parlassent langaige franchois. » (Ibid., lv.)

Ypres et Cassel s’adressèrent tout droit à Paris...

Olivier van Dixmude, 103, 123 (ann. 1423-1427).

Page 302 — La France réclamait juridiction, mais non hommage...

Wielant insiste sur la distinction de l’hommage et du ressort. p399 Il semble pourtant que, sans le ressort, l’hommage a peu d’importance ; le vassal reste à peu près indépendant.

La Bourgogne était si peu disposée à reconnaître ces droits...

« Ils ont donné xvi ou xviii compaignons en habiz de marchans et autres en habiz dissimulez... lesqueiz ont ordonnance de tuer touz officiers du Roy qu’ilz trouveront sur les limites dudit pais de Bourgogne. » (Archives du royaume, Trésor des chartes, J, 258, no 25, ann. 1445.)

146 — page 303 — ... en 1444, lorsque la guerre civile éclata en Hollande...

Sur les querelles infiniment diverses et compliquées des Morues et des Hameçons de Hollande, des Marchands de graisse et des pêcheurs d’anguilles de Frise (Wetkoopers, Schieringers), voy Dujardin et Sellius, IV, 28-31, Ubbo Emmius, lib. xxii-i, etc.

147 — page 304 et note 3 — En Flandre, l’impôt était singulièrement variable...

Je dois ce renseignement et ceux de la page 304, note 4, à l’extrême obligeance de M. Edward Le Glay (fils du sàvant archiviste), qui a bien voulu extraire pour moi les documents financiers que possèdent les Archives de Lille, Chambre des comptes, Recette générale.

148 — page 306 — Cette année méme, 1448, etc.

Date rectifiée par M. Gachard (édit. Barante, II, 85, note 8), d’après le Registre ms. de la collace de Gand.

149 — page 307 et note 1 — Pierre de Brézé...

La vie de M. de Brézé, fort difficile à écrire, recevra sans nul doute un jour nouveau des travaux de M. Jules Quicherat. M. Chéruel a extrait aussi beaucoup de documents inédits, relatifs à M. de Brézé, comme capitaine de Rouen et grand sénéchal de Normandie. (Archives de la ville de Rouen, Registre des délibérations du conseil municipal, vol. IV et VII, passim, ann. 1449-1465).

Le dauphin essaya, en 1446, de le faire tuer...

Voy. le détail dans Legrand, Histoire de Louis XI, livre I, fol. 97-105, ms. de la Bibl. royale.

150 — page 308 — Philippe-le-Bon adressait au roi supplique pour qu’il n’évoquât paint l’affaire de Gand...

La lettre est très humble : « J’escrips par devers Vous et Vous p400 en advertis en toute humilité... Que je ne soye oy préalablement en mes raisons. » (Bibl. royale, mss. Baluze, B, 9675, fol. 10 ; 1451, 29 juillet.)

Sans renoncer â la gabelle, etc.

« Præter salis tributum, in quo mordicus persistebat, exegit vectigal tritici. » (Meyer, fol. 302.) De ce que ces mesures ne sont point relatées dans le registre de la collace de Gand, on ne peut conclure d’une manière absolue qu’elles n’ont pas été prises ; elles frappaient plus directement les campagnes.

151 — page 310 — On avait furtivement enregistré des buissonniers dans le métier des tisserands...

« Quod externos (dumicos vocant) quosdam cives pecunia corrupti in numerum admisissent textorum ; quas quidem connivente Philippo quidam fadas fuisse putabant. » (Meyer, f. 302 verso.) Un peu plus loin, il semble indiquer le contraire ; selon toute apparence, le second passage est altéré.

152 — page 311 — L’exaspération du duc eût été si furieuse que ses députés à Gand, etc.

« Depuis... ont envoyé en cette ville quatre malvaix garçons... qu’ils avoient eu propost de y faire de nuit ung cry par eulz advisé pour tuer leurs adversaires.., eurent lettres patentes... contenant sauve-garde de leurs personnes... Les deux des quatre furent prins... et par l’absence des baillis et officiers... recognoissans leurs mauvaisetés, décapités. » (Lettre des Gantais au roi, ap. Blommaërt, Causes de la guerre, p. 12, Gand, 1839.)

153 — page 312 — Alors le grand justicier de Gand, etc.

Olivier de La Marche, qui n’a aucune intelligence du monde allemand et flamand, défigure tout cela et le tourne en ridicule.

154 — page.313 — Mons et Malines n’étaient rien moins qu’amies de Gand, etc.

Gachard, Notes sur Barante, passim, d’après le Registre ms. du conseil de ville de Mons.

155 — page 314, note 1 — Le duc remercia les Brugeois...

Beaucourt, Tableau fidèle des troubles (d’après les documents mss.), p. 124-125.

Gand avait écrit au roi une belle et noble lettre, etc.

Dans Blommaërt, Causes de la guerre, p. 14.

p401 156 — page 315 — Saint-Pol avait du roi mission expresse, etc.

« Se mondit sire de Bourgogne est content que lesdicts commissaires s’employent à la pacification desdictes questions... se transporteront à Gand... et leur exposeront... que le Roi vouldroit faire et administrer à tous ses bons sujets toute raison et justice et les préserver et garder des oppressions, nouvelletez et inconvéniens... Se mondit sire de Bourgogne ne fust content.., néanmoins lesdits ambassadeurs pourront par bons moyens faire savoir auxdits de Gand que l’entremise du Roy est de leur faire bonne justice, s’ils la luy requèrent. Et si mondit sire de Bourgogne mectoit du tout en rompture ou difficulté le faict de restitucion desdictes terres de Picardie, lesdicts ambassadeurs pourront aller par devers lesdicts de Gand... et leur signifier que le Roy a toujours esté et est prest de leur faire... bonne raison et justice. » [Si les deux parties refusaient de prendre le roi pour arbitre, les ambassadeurs leur défendront de passer outre] « le plus doulcement qu’ils pourront. » (Instruction du 5 juillet 1452, Bibliothèque royale, mss. Baluze, A, 9675, fol. 77-81.

D’autre part, il donna une sentence d’arbitre, etc.

Le duc leur paya leur sentence. II leur alloua la somme, énorme alors, de 24,000 livres, « pour cause de leurs vacations, frais et dépens ». (Gachard, Notes sur Barante, p. 106, d’après le Compte de la recette générale des finances de 1452.

157 — page 316 — A quoi les ambassadeurs répliquèrent que la seule aide du vin, etc.

« Et en parlant de plusieurs choses, le sire de Charny me dist que le peuple de France estoit mal content du Roy pour les tailles et aides qui couroient et la mangerie qui se y faisoit, et qu’il y avoit grant dengier. A quoy je lui respondy, au regart des aydes, que laide du vin ès pays de mondit seigneur de Bourgogne montent plus en une seule ville que toutes les aydes du Roy en deux villes ; et au regart des tailles, que le Roy ne faisoit tailles que pour ses gens d’armes, qui ne montoit que à xiii ou xvi sols par feu, qui nestoit pas grant chose ; et au regart des rnangeries que la provision y est bien aisée à mectre et que le Roy y avoit bonne voulonté... » (Bibliothèque royale, mss. Baluze (décembre, 1452), A, fol. 45.)

Page 316 — Les Gantais répondirent durement, etc.

Bibliothèque royale, mss. Baluze, ibid.

p402 158 — page 324 — La singulière fortune des Braquemont et des Béthencourt...

Au quatrième siècle, les Braquemont de Sedan se marièrent aux Béthencourt de Normandie, qui prétendaient descendre d’un compagnon du Conquérant ; ainsi, au douzième siècle, les Bouillon s’étaient mariés aux Boulogne, les Ardennes à la côte, d’où vint Godefroi de Bouillon. La course de terre et de mer dans les Marches ou le long des rivages ne suffisait pas à l’ambition de ces aventuriers. Les Braquemont, ayant transmis par mariage aux fameux sangliers (aux La Marck) leur tanière ardenaise, allèrent avec les Béthencourt chercher leur aventure, comme on disait, sous ce bon capitaine breton Duguesclin, qui aimait les gens de guerre, les laissait piller, s’enrichir, et parfois en faisait de grands seigneurs. Un Béthencourt fut tué en se battant pour Duguesclin à Cocherel. Un Robin de Braquemont le suivit à cette belle et profitable guerre d’Espagne, où ils furent tous comblés par le bâtard de Castille qu’ils avaient fait roi. Robin devint un grand d’Espagne, épousa une Mendoza, se fit faire amiral de Castille et, comme tel, se donna le plaisir de détruire des flottes anglaises avec les vaisseaux castillans. Mais tout grand qu’il était en Espagne, devenu vieux, il voulut revoir la France, et il fit un marché avec son neveu Béthencourt qui s’ennuyait à Paris d’être chambellan d’un roi fol ; Béthencourt engageait au vieux Robin ses bonnes terres de Normandie, et prenait en échange de prétendus droits de l’amiral de Castille sur les îles Fortunées ; étrange marché où le jeune Normand semblait dupe, mais ce fut lui qui y gagna.

Le marché surprend moins, quand on songe que l’imagination, la puissance de foi et de croyance, fort calmée alors du côté mystique, s’étaient tournées avec une singulière vivacité vers les voyages lointains. L’homme aux millions, Marco Polo, avait troublé les âmes par ses récits prodigieux de l’Asie. Nos Dieppois racontaient mille choses merveilleuses de l’Afrique, de la côte d’Or. Sur cette route, les îles Fortunées, les fameuses Hespérides, avaient un immense prestige ; autour du pic de Ténériffe, ce géant des montagnes, on aimait à placer une population de géants. Dans cette poétique conquête, Béthencourt montra une prudence hardie, mais froide, un admirable sens normand. Il ne s’adressa d’abord ni au roi de France ni au roi d’Espagne ; tous deux auraient peut-être prétendu quelque chose du chef de Louis La Cerda, infant de Castille et petit-fils de saint Louis, qui jadis s’était fait nommer l’infant de la Fortune et couronner roi des Canaries par le pape. Béthencourt embarqua, quelques Normands, mais, pour que l’affaire p403 ne devint pas toute normande, il prit aussi des gens de Languedoc, un Gadifer, entre autres, chevalier de l’ancienne roche, qui servit utilement de sa chevalerie l’habile spéculateur. Celui-ci eut à peine pris pied que, sans s’inquiéter de l’associé, il passa en Espagne et se fit reconnaître roi des Canaries sous la suzeraineté espagnole. Mais en même temps il resta indépendant de l’Espagne sous le rapport ecclésiastique, et obtint du pape qu’il aurait un évêque à lui. Cela fait, il procéda tout doucement à l’expulsion de l’ami Gadifer, le paya de paroles, traînant en longueur les choses promises, jusqu’à ce qu’il perdit patience et retourna en Gascogne aussi léger qu’il était venu. — Béthencourt paraît avoir eu le vrai génie de la colonisation. Quand il revint chercher des hommes en Normandie, tout le monde voulait le suivre, les grands seigneurs s’offraient ; il ne voulut que des laboureurs. Ce qui prouve au reste que son gouvernement était doux et juste, c’est qu’il ne craignit pas d’armer les gens du pays. (Voir l’Histoire de la première découverte et conquête des Canaries, faite dès l’an 1402 par messire Jean de Béthencourt, eserite par Bontier, religieux, et Le Verrier, prestre, domestiques dudit sieur. In-12, 1630). M. Ferdinand Denis possédait un ms. important de ce livre. — Voy. Godefroy, Charles VI, p. 685, sur les rapports de Louis d’Orléans avec Robert ou Robinet de Braquemont ; et sur Béthencourt et Gadifer de La Salle, Archives, Trésor des chartes, J, 645.

159 — page 326 — Le serment de Charles VII était : Sainct-Jean ! Sainct-Jean !

Ms. anonyme, intitulé : De la Vie, Complexion et Condition dudit Roy Charles VII, ap. Godefroy, p. 1.

160 — page 327, note 2 — Le Mannekenpiss, etc.

Nulle part, l’inconvenance n’est plus frappante que dans la première miniature du magnifique Quinte-Curce, ms. de la Bibliothèque royale. Le traducteur portugais fait la dédicace du livre à Charles-le-Téméraire ; on voit au loin la mère du duc, Portugaise aussi et protectrice du traducteur ; mais la présence de cette princesse n’a pas empêché l’artiste de représenter au premier plan une fontaine dont le Mannekenpiss est un singe d’or ; au-dessous, un fol lappe et boit. (Bibliothèque royale, ms. no 6727.)

161 — page 330 — Jean Van Eyck, etc.

Son vrai nom est Jean le Wallon, Joannes Gallicus. (Facius, De p404 Viris illustribus, p. 46, écrit en 1466.) Le dessin du musée de Bruges est signé de ces mots : Johes de Eyck me fecit 1437. Il a écrit de, et non van. C’est donc à tort qu’on l’appelle Van Eyck, ou Jean de Bruges. Dans son œuvre capitale de l’Agneau, il a placé au loin les tours de sa ville natale, pour constater qu’il était un enfant de la Meuse, et pour protester peut-être indirectement contre la Flandre qui volait sa gloire. Né à Maas-Eyck, sur la limite même des langues, Allemand par la patience, ce violent et hardi novateur est encore-bien plus Wallon.

Son tableau de l’Agneau, qu’on venait voir des plus lointaines contrées...

Albert Durer alla le voir ; il en parle avec enthousiasme dans ses notes de voyages. Ce chef-d’œuvre fut demandé en vain par Philippe II au clergé de Saint-Jean. Il le fut par les commissaires de la Convention, qui en enlevèrent quatre volets ; les huit autres furent cachés par des gens de cour, au péril de leur vie. En 1815, les volets transportés à Paris revinrent à Gand, mais plusieurs ont été vendus, et sont à Berlin.

Van Eyck avait laissé là l’inachevable Cologne...

Voir au musée de Bruges un admirable dessin à la plume, qui représente une Vierge pensive au pied de la tour de Cologne (?) inachevée.

Ce tableau, qui date si bien ce moment de la Renaissance, etc.

Gœthe a dit, non sans apparence, que ce tableau était « le pivot de l’histoire de l’art. » Voir le Journal de l’art sur le Rhin, et Keversberg, Ursula, 181-182 ; MTaagen, 182 ; Rumohr, vol. II, § 13, etc., etc.

Page 332, note 3 — Parmi les personnes attachées à l’ambassade, etc.

Voy. Gachard, Documents inédits, t. II, p. 63-91, et Reiffenberg, Notes sur Barante, IV, 289.

Page 332 — La grande école des trois cents peintres de Bruges...

C’est sans doute par ces nombreux élèves que Van Eyck fit exécuter la plupart des miniatures d’un beau ms. que M. de Paulmy croit avoir été orné entièrement de sa main. La première miniature doit être du maître. Elle représente le duc de Bourgogne, avec le collier de la Toison, recevant le ms. des mains de l’artiste agenouillé. Le peintre est sérieux, déjà âgé, mais fort. Le duc, en robe noire fourrée, plus âgé, pâle, vieux, reçoit sans regarder autre chose que sa pensée ; regard politique, fin, méticuleux. Derrière, à la gauche du prince, un des officiers semble faire signe au lecteur p405 qu’il fasse attention au grand prince devant lequel il est. A la droite, un jeune homme en robe de velours fourré doit être Charles-le-Téméraire, ou le grand bâtard de Bourgogne. Les autres miniatures sont bien inférieures ; elles ne le sont pas moins à celles du beau Quinte-Curce de la Bibliothèque royale. Elles sont évidemment de fabrique. On sent que les gravures remplaceront bientôt les miniatures. (Bibliothèque de l’Arsenal, ms. de Renaud de Montauban, par Huon de Villeneuve, mis en prose sous Philippe-de-Valois, orné de miniatures postérieures, l’année 1430.)

162 — page 33, note 1 — Après la mort d’Agnès, Charles VII eut d’autres amours, etc.

État de 1454-5 : A mademoiselle de Villequier pour lui aider à entretenir son estat. ii m livres. Beaucoup de dons à des femmes, veuves, etc. — 1454-5. A Marguerite de Salignac, damoiselle, pour don à elle fait par le roi pour lui aider à une chambre pour sa gésine. — 1454-5. A madame de Montsoreau pour don, iii c livres. (Bibliothèque royale, mss. Béthune, vol. V, no 8442.)

163 — page, 336 — ... le poète endormi...

Alain Chartier est un Jérémie pour cette triste époque. Voir dans son Quadrilogue invectif, ce qu’il dit au nom du peuple sur la lâcheté des nobles, sur leur indiscipline, etc., p. 417, 447. Je trouve dans ses poésies peu de choses qui aient pu lui mériter d’être baisé d’une reine ; peut-être le fut-il pour ces vers mélancoliques et gracieux :

                        Oblier ?... Las il n’entr’oublie
                        Par ainsi son mal, qui se deult (dolet).
                        Chacun dit bien : Oblie ! Oblie !
                        Mais il ne le fait pas qui veult !

(Alain Chartier, p. 494, in-4o, 1617.)

164 — page 338 et note 1 — Jacques Cœur, etc.

Un Jean Cuer, monnoier à la Monnoie de Paris, obtient rémission en 1374, pour avoir pris part à une batterie des gens de la maison du roi contre les bouchers. (Archives, Registre, J, 106, nos 77, 207.)

La chapelle funéraire des Cœurs...

Voy. la Description patriarcale, primatiale et métropolilaine de Bourges, par Romelot, p. 182-190.

Le registre de l’église ne lui donne qu’un titre, etc.

« 29 juin 1462 (?) obiit generosi animi Jacobus Cordis, miles, p406 Ecclesiæ capitaneus generalis contra infideles, qui sacristiam nostram extruxit et ornamentis decoravit, aliaque plurima ecclesiæ procuravit bona. » (Ibid., 177.)

165 — page 338, note 2 — La misère où s’était trouvé Charles VII...

La savante éditrice de Fenin et de Comines, à qui je dois cette note, l’a tirée du Ms. 122 du fonds Cangé, Bibliothèque royale.

La faute de Jacques Cœur d’avoir pris un trop puissant débiteur...

Il n’était pas le seul qui eût fait cette faute. Un bourgeois de Bourges, Pierre de Valenciennes, fournit à lui seul trois cent milliers de traits d’arbalète, etc. Le roi lui donna la haute, moyenne et basse justice à Saint-Oulechart, près Bourges. (Archives, Registre, J, clxxix, 10 bis, ann. 1447.)

166 — page 339 — Le journal de Pitti...

Cité par Delécluze, Histoire de Florence, II, 362.

167 — page 340 — L’ennemi capital de Jacques Cœur, Otto Castellani, etc.

En 1459, le roi accorde rémission à maître Pierre Mignon, qui, après avoir étudié ès arts et décret à Toulouse et à Barcelone, a gravé de faux sceaux et s’est occupé de magie. Il a fait à Octo Castellan, depuis argentier du roi, deux images de cire : « L’un pour mectre feu Jacques Cuer, nostre argentier lors, en nostre male grâce, et lui faire perdre son office d’argentier ; l’autre, pour faire que ledit Octo Castellan, Guillaume Gouffier et ses compagnons fussent en nostre bonne grâce et amour. » (Archives, Registre, J, cxc, 14, ann. 1459.)

Parait avoir été parent des Médicis...

Un Jaco de Médicis, de Florence, âgé de vingt-cinq ans (parent d’Octo Castellan, trésorier de Toulouse), sortant de l’hôtel de la Trésorerie où il exerce fait de marchandise, rencontre Bertrand Bétune, ruffian, qui le frappe, sans avoir eu auparavant nulle parole avec lui ; de là un combat et une rémission accordés à Médicis. — Je dois la découverte de cette pièce à M. Eugène de Stadler. (Archives, Registre, J, 179, no 134, déc. 1448 ; voy. aussi J, 195, ann.1467.)

p407 168 — page 340, note 3 — Jacques Cœur fut sauvé par les patrons de ses galères, etc.

Voy. les rémissions accordées à Jean de Village et à la veuve de Guillaume de Gimart, tous deux natifs de Bourges. (Archives Registre, J, 191, nos 233, 242.)

Page 340 — Louis XI, à peine roi, le réhabilita fort honorablement...

« Ayans en mémoire les bons et louables services à Nous faits par ledit feu Jacques Cœur. (Lettres de Louis XI pour restitution des biens, etc. : Godefroy, Charles VII, p. 862.)

169 — page 342, note 1 — Le dauphin venait d’envoyer au duc de Bourgogne, etc.

Ce détail et presque tous ceux qui suivent, sont tirés du savant ouvrage inédit où j’ai puisé si souvent : Bibliothèque royale, mss. Legrand, Histoire de Louis XI, livre II, folio 89.)

Il comptait sur la Savoie...

Rien ne caractérise mieux l’ardente ambition de ces Savoyards que l’aveu qu’ils en firent au duc de Milan : « Nous distes : Par le Saint Dyex ! ne reurra un an que je ayra plus de païs que not mais nul de mes encesseurs, et qu’il sera plus parlé de moy que ne fut mais de nul de notre lignage, ou je mourrai en la poine ! » (Lettre de Galéas Visconti à Amédée VI, 1373. Cibrario e Promis, Documenti, monete et sigilli, 289.)

170 — page 342 — Une foule d’améliorations s’étaient faites en Dauphiné...

Voy. le Registre Delphinal de Mathieu Thomassin, fait par commandement du dauphin Louis, 1456. (Bibliothèque royale, mss. Colbert, 3657, sous le titre de Chronique du Dauphiné.)

171 — page 343 — La réhabilitation de la Pucelle d’Orléans...

En attendant la publication intégrale que prépare M. Jules Quicherat, voir les extraits deLaverdy (Notices des mss., t. III). (Note de 1841.)

Note 1 — La Pucelle ressuscita plusieurs fois...

En 1436, une fausse Pucelle se fit reconnaître par les deux frères de Jeanne, à Metz. Elle s’attacha à la comtesse de Luxembourg, puis suivit à Cologne le comte de Virnembourg. Là elle se conduisit si mal que l’inquisiteur la fit arrêter ; mais le comte intercéda ; elle revint en Lorraine, où elle se maria à un seigneur des Harmoises. Elle alla à Orléans, où la ville lui fit des présents. p408 (Symphorien Guyon, Histoire d’Orléans (1650), IIe partie, p. 265.) — « En celluy temps (1440) en amenèrent les gens d’armes une, laquelle fut à Orléans très honorablement receue, et quand elle fut près de Paris, la grant erreur recommença de croire fermement que c’estoit la Pucelle, et pour cette cause on la fit venir à Paris et fut monstrée au peuple au palais sur la pierre de marbre et là fut preschée, et dit qu’elle n’estoit pas pucelle et qu’elle avoit été mariée à ung chevalier, dont elle avoit eu deux filx, et avec ce disoit qu’elle avoit fait aucune chose dont il convint qu’elle allast au Saint-Père, comme de main mise sur son père on mère, prestre ou clerc violentement. Elle y alla vestue comme un homme, et fut comme souldoyer en la guerre du Saint-Père Eugène, et fist homicide en ladite guerre par deux foys, et quand elle fut à Paris encore retourna en la guerre, et fust en garnison et puis s’en alla. » (Journal du Bourgeois de Paris, 185-6, ann. 1440.) — La troisième Pucelle, amenée à Charles VII en 1441, le reconnut à une botte faulve qu’il portait alors pour un mal de pied. Le roi lui dit : « Pucelle, ma mie, vous soyez la très bien revenue, au nom de Dieu qui scet le secret qui est entre vous et moi. » Elle se jeta à genoux en lui avouant son imposture. (Exemples de hardiesse, ms. Bibliothèque royale, n° 180, cité par Lenglet, II, 155.)

172 — page 345 — « Si Dieu ou fortune, écrivait ce bon fils », etc.

Ces détails et tous ceux qui concernent même indirectement Chabannes, se trouvent, avec les lettres originales (fol. ccxcvii-cccii), dans : « la Chronique Martinienne de tous les papes qui furent jamais et finis et jusques au pape Alexandre derrenier décédé en 1503, et avecques ce les additions de plusieurs chroniqueurs. (Et à la fin :) Imprimée à Paris par Antoyne Vérard, marchant libraire. »

173 — page 346 — Le roman du Renard...

Roman du Renard, publié par Méon, 1826, 4 vol. Supplément, par Chabailles, 1835. Reinardus Vulpes, carmen epicum seculis IX et XII conscriptum, ed. Mone, 1832. Reinard Fuchs, von Jacob Grimm, 1834.

174 — page 347 — Ce fut entre le dauphin, la duchesse et le duc un grand combat d’humilité...

Reiffenberg, Mémoire sur le séjour du dauphin Louis XI aux Pays-Bas, dans les Mémoires de l’Académie de Bruxelles, t. V, p. 10-15.

p409 175 — page 347, note 3 — Sous l’influence des Croy, les taxes diminuent, etc.

Comptes annuels, communiqués par M. Edward Le Glay. (Archives de Lille, Chambre des comptes, Recette générale.)

176 — page 348 — ... lorsqu’on apprit que Ladislas venait de mourir...

Voy. les détails dans Legrand, fol. 31-34, mss. de la Bibliothèque royale.

Note 1 — Le roi ne lâcha pas prise, etc.

Voir les instructions données à Thierri de Lenoncourt. (Bibliothèque royale, mss. Dupuy, 760 ; 6 avril 1459.)

177 — page 352, note — Les ducs de Bourgogne essayèrent de simplifier par des moyens violents, etc.

Voy. surtout Bibliothèque royale, mss. S. Victor, 1080, fol. 53-96. — Sur la politique de cette absorbante maison de Bourgogne, il est curieux de lire aussi le procès d’un bâtard de Neufchâtel, qui, dans l’intérêt de cette maison, fabriquait des actes contre Fribourg. (Der Schweitzerische geschichtforscher, I, 403.)

Du côté de la France, les affaires étaient plus mêlées encore...

La ruine de Liège, en 1468, me donnera occasion d’en parler au long. Quant aux rapports de nos rois avec les La Marck, voir entre autres choses l’autorisation que Charles VII leur donne de fortifier Sedan, novembre 1455. (Bibliothèque royale, mss. Dupuy, 435, 570.)

178 — page 353 — Le Parlement avoua ne connaître nulle autorité au-dessus de l’équité et de la raison...

Le caractère rationaliste et anti-symbolique de nos légistes n’est marqué nulle part plus fortement que dans l’acte suivant, adressé à la ville de Lille : « Clarissima virtutum justitia, qua redditur unicuique quod suum est, si judiciali quandoque indigeat auctoritate fulciri, non frivolis, aut inanibus tractari, mediis ratione carentibus, et quibus a recto possit diverti tramite, sed in via veritatis suæ fidelis ministræ, debet fideliter exhiberi. Si vero contrarium quodvis antiquitas aut consuetudo tenuerit, regalis potentia corrigere seu reformare tenetur. Ea propter notum facimus... quod, cum ex parte... scabinorum, burgensium, communitatis, et habitatorum villæ nostræ Insulensis, nobis fuerit declaratum quod in dicta villa ab antiquo viguit observantia seu consuetudo talis : p410 Quod si quis clamorem exposuerit, seu legem petierit dictæ villæ contra personam quamcumque super debito vel alias de mobili quæ denegetur eidem, dicti scabini (ad excitatioriem baillivi vel præpositi nostri...) per judicium juxta prædictam legem antiquam pronunciant quod actor et reus procedant ad Sancta, proferendo verba... : « Nescimus aliquid propter quod non procedant ad Sancta, si sint ausi. » Et ordinatio, seu modus procedendi ad dicta Sancta, quod est dictu facile, juramentum fieri solet ab utraque partium, sub certis formulis, ac in idiomate extraneis, et insuetis, ac difficillimis observari. Super quibus... si quoquo modo defecerit in idiomate, vel in forma, sive fragilitate linguæ, juranti sermo labatur, sive manum solito plus elevet, aut in palma pollicem firmiter non teneat, et alia plura frivola et inania... non observet, causam suam penitus amittit. Nos considerantes quod talis observantia seu consuetudo, nulla potest ratificari teniporum successione longæva, sed quanto diutius justitiæ paravit insidias, tantot debet attentius radicitus exstirpari, Constituimus... aboleri... ordinantes quod ad faciendum ad sancta Dei Evangelia juramentuni solemne modo et forma quibus in Parlamento nostro, Parisiis et aliis regni nostri curiis, est fieri consuetum... per dictos scabinos admittantur. Anno 1350, mense martii. » (Ord., II, 399-400.)

179 — page 355, note 1 — La bibliothèque de Bourgogne...

Chronique de David Aubert, Bibliothèque royale, ms. 6766, citée par Laserna-Santander, Mémoire sur la Bibliothèque de Bourgogne (1809), p. 11. Voy. aussi sur le même sujet la Notice de M. Florian-Frocheur, 1839 ; et l’Histoire des Bibliothèques de la Belgique, par M. Namur, 1840.

180 — page 355 et note 3 — L’étiquette de la cour de Bourgogne

On en trouve le détail dans les Honneurs de la cour, écrits par une grande dame, et imprimés par Sainte-Palaye, à la suite de ses Mémoires sur l’ancienne chevalerie, II, 171-267. Le fait suivant montre combien l’étiquette était inflexible. Au mariage du duc de Bourgogne : « Je vis que madame d’Eu souffrit que monsieur d’Antony, son père (Jean de Melun, sire d’Antoing), à nue tête lui tint la serviette, quand elle lava devant souper, et s’agenouillât presque jusqu’à terre devant elle ; dont j’ouis dire aux sages que c’étoit folie à monsieur d’Antony de le faire et encore plus grande à sa fille de le souffrir. » (Cérémonial de la cour de Bourgogne, éd. de Dunod, p. 747.)

p411 Chambres de rhétorique...

Les Rederiker, comme Grimm l’a parfaitement établi, ne sont pas des Meistersaenger. Leurs Chambres n’offrent qu’un travestissement des mœurs françaises ; leurs noms de fleurs semblent empruntés à nos Jeux floraux. Dans le Meistergesang, point de prix proposé, point de hiérarchie ; au contraire, les Chambres de rhétorique avaient des empereurs, des princes, des doyens, etc. Elles proposaient des prix à ceux qui amèneraient le plus de monde à leurs fêtes, aux poètes qui improviseraient à genoux sans se relever, etc. (Laserna-Santander, Bibliothèque de Bourgogne, 152-200. — Jacob Grimm, Ueber den altdeutschen Meistergesang, 156.)

L’invention d’un symbolisme vide...

Rien ne caractérise mieux le triste esprit de cette époque, que les devises en rébus. La ville de Dôle met un soleil d’or dans ses armes, supposant que Dôle rappelle Délos, l’île du soleil. La maison de Bourbon ajoute à ses armes le chardon (cher don). (Batissier, Bourbonnais, II, 204.) Un Vergy qui possède les terres de Valu, Vaux et Vaudray, prend pour devise J’ai valu, vaux et vaudray. (Reiffenberg, Histoire de la Toison d’or, p. 2-4.) Voir aussi mes Origines du droit trouvées dans les formules et symboles.

181 — page 355 — Au moment où l’esprit moderne éclatait dans l’imprimerie

Au milieu du siècle, lorsqu’on se remit, après les guerres, à songer, à chercher, à lire, des livres commencèrent à circuler qu’on croyait encore manuscrits, mais d’une régularité d’écriture extraordinaire, de plus, à bon marché, en grand nombre : plus on en achetait, plus il en venait. Ils se trouvaient (chose merveilleuse) identiques ; c’est-à-dire que les acheteurs en comparant leurs bibles, leurs psautiers, y trouvaient mêmes formes, mêmes ornements, mêmes initiales sanglantes, comme de la griffe du diable. Mais, tout au contraire, c’était la moderne révélation de l’esprit de Dieu. Le Verbe attaché d’abord aux murailles, fixé aux fresques byzantines, s’était de bonne heure détaché en tableaux, en images de Christ, décalqué de véroniques en véroniques. L’esprit était muet encore ; captif dans la peinture, il faisait signe, et ne parlait pas. De là d’incroyables efforts, de gauches essais pour faine dire aux images ce qu’elles ne peuvent dire ; la rêveuse Allemagne surtout subit la torture d’un symbolisme impuissant. Van Eyck finit par s’en lasser ; il laissa les Allemands suer à peindre l’esprit, p412 se mit à peindre naïvement des corps, et s’enfonça dans la nature. La peinture étant convaincue en ceci d’impuissance, un art nouveau devenait nécessaire pour exprimer l’esprit, pour le suivre dans ses transformations, ses analyses, ses poursuites variées. Je reprendrai ailleurs cette grande histoire.

On conte qu’un rêveur, errant dans une forêt de Hollande, etc.

C’est la tradition hollandaise que je ne crois devoir ni adopter ni rejeter. Voir Lambinet, Daunou, Schwaab, et d’autre part Meerman, Léon Delaborde, etc. Au reste, des deux découvertes (la mobilité des caractères et la fonte) la première était une chose naturelle, nécessaire, amenée par un progrès invincible, ainsi que je le montrerai. La grande invention, c’est la fonte ; là fut le génie, la révolution féconde.

182 — page 356 — Louis XI protégea les imprimeurs contre ceux qui les croyaient sorciers...

Taillandier, Résumé historique de l’introduction de l’imprimerie à Paris, Mémoires des antiquaires de France, t. XIII. Académie des inscriptions, t. XIV, p. 237.

183 — page 358 — Si le roi a contre le duc le Parlement, etc.

Voy., entre autres pièces curieuses, l’assignation au comte d’Armagnac, qui aurait tenu ses enfants en prison jusqu’à leur mort, pour s’emparer de leur bien. (Bibliothèque royale, ms. Doat, 218, fol. 128.)

184 — page 361 et note 1 — Un petit homme en noir jupon, etc.

Sur l’histoire héroïque des huissiers, voir entre autres choses : Information sur un excès fait à Courtrai en la personne d’un sergent du Roy. (Archives du royaume J, 573, an.

fin du tome cinquième

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