Lélie, Trufaldin, Mascarille, masqué.
Trufaldin
Oh ! les plaisants robins qui pensent me surprendre !
Lélie
Masques, où courez-vous ? le pourrait-on apprendre ?
Trufaldin, ouvrez-leur pour jouer un momon.
Bon Dieu ! qu’elle est jolie, et qu’elle a l’air mignon !
Hé quoi ? vous murmurez ? mais sans vous faire outrage,
Peut-on lever le masque et voir votre visage ?
Trufaldin
Allez, fourbes méchants ; retirez-vous d’ici,
Canaille ; et vous, Seigneur, bonsoir, et grand merci.
Lélie
Mascarille, est-ce toi ?
Mascarille
Nenni-da, c’est quelque autre.
Lélie
Hélas ! quelle surprise ! et quel sort est le nôtre !
Aurais deviné, n’étant point averti
Des secrètes raisons qui l’avaient travesti ?
Malheureux que je suis, d’avoir dessous ce masque
Été sans y penser te faire cette frasque !
Il me prendrait envie, en ce juste courroux,
De me battre moi-même et me donner cent coups.
Mascarille
Adieu, sublime esprit, rare imaginative.
Lélie
Las ! si de ton secours la colère me prive,
À quel saint me vouerai-je ?
Mascarille
Au grand diable d’enfer.
Lélie
Ah ! si ton cœur pour moi n’est de bronze ou de fer,
Qu’encore un coup, du moins, mon imprudence ait grâce :
S’il faut pour l’obtenir que tes genoux j’embrasse,
Vois-moi…
Mascarille
Tarare. Allons, camarades, allons :
J’entends venir des gens qui sont sur nos talons.