Scène VIII

Lélie, Trufaldin, Mascarille, masqué.

Trufaldin

Oh ! les plaisants robins qui pensent me surprendre !

Lélie

Masques, où courez-vous ? le pourrait-on apprendre ?

Trufaldin, ouvrez-leur pour jouer un momon.

Bon Dieu ! qu’elle est jolie, et qu’elle a l’air mignon !

Hé quoi ? vous murmurez ? mais sans vous faire outrage,

Peut-on lever le masque et voir votre visage ?

Trufaldin

Allez, fourbes méchants ; retirez-vous d’ici,

Canaille ; et vous, Seigneur, bonsoir, et grand merci.

Lélie

Mascarille, est-ce toi ?

Mascarille

Nenni-da, c’est quelque autre.

Lélie

Hélas ! quelle surprise ! et quel sort est le nôtre !

Aurais deviné, n’étant point averti

Des secrètes raisons qui l’avaient travesti ?

Malheureux que je suis, d’avoir dessous ce masque

Été sans y penser te faire cette frasque !

Il me prendrait envie, en ce juste courroux,

De me battre moi-même et me donner cent coups.

Mascarille

Adieu, sublime esprit, rare imaginative.

Lélie

Las ! si de ton secours la colère me prive,

À quel saint me vouerai-je ?

Mascarille

Au grand diable d’enfer.

Lélie

Ah ! si ton cœur pour moi n’est de bronze ou de fer,

Qu’encore un coup, du moins, mon imprudence ait grâce :

S’il faut pour l’obtenir que tes genoux j’embrasse,

Vois-moi…

Mascarille

Tarare. Allons, camarades, allons :

J’entends venir des gens qui sont sur nos talons.

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