Les Cananéens furent détruits, parce que c’étaient de petites monarchies qui ne s’étaient point confédérées, et qui ne se défendirent pas en commun. C’est que la nature des petites monarchies n’est pas la confédération 1 .
La république fédérative d’Allemagne est composée de villes libres et de petits États soumis à des princes 2 . L’expérience fait voir qu’elle est plus imparfaite que celle de Hollande et de Suisse.
L’esprit de la monarchie 3 est la guerre et l’agrandissement ; l’esprit de la république est la paix et la modération. Ces deux sortes de gouvernements ne peuvent que d’une manière forcée subsister dans une république fédérative.
Aussi voyons-nous dans l’histoire romaine que lorsque les Véiens eurent choisi un roi, toutes les petites républiques de Toscane 4 les abandonnèrent. Tout fut perdu en Grèce, lorsque les rois de Macédoine obtinrent une place parmi les Amphictyons.
La république fédérative d’Allemagne, composée de princes et de villes libres, subsiste parce qu’elle a un chef 5 , qui est en quelque façon le magistrat de l’union, et en quelque façon le monarque.
1 Une raison plus naturelle, c’est qu’il n’est pas si facile de réduire différentes têtes à l’unisson que différents membres. (LUZAC.)
2 Je ne pense pas que M. de Montesquieu ait raison de comprendre l’Allemagne parmi les républiques fédératives, avec la Hollande et les Suisse ; je trouve trop de différence de celle-ci aux deux autres, et cette différence n’a pas même besoin de démonstration. (PECQUET, Analyse raisonnée de l’Esprit des lois, p. 49.)
3 Entendez : de la monarchie française ou de la monarchie espagnole aux XVIe et XVIIe siècles.
4 D’Étrurie. Montesquieu appelle toujours les Étrusques des Toscans.
5 L’empereur.