CHAPITRE VI. VÉRITABLE ORIGINE DU DROIT DE L’ESCLAVAGE.

Il est temps de chercher la vraie origine du droit de l’esclavage. Il doit être fondé sur la nature des choses 1  : voyons s’il y a des cas où il en dérive.

Dans tout gouvernement despotique, on a une grande facilité à se vendre : l’esclavage politique y anéantit en quelque façon la liberté civile.

M. Perry 2 dit que les Moscovites se vendent très-aisément. J’en sais bien la raison : c’est que leur liberté ne vaut rien.

A Achim tout le monde cherche à se vendre. Quelques-uns des principaux seigneurs 3 n’ont pas moins de mille esclaves, qui sont des principaux marchands, qui ont aussi beaucoup d’esclaves sous eux, et ceux-ci beaucoup d’autres ; on en hérite et on les fait trafiquer. Dans ces États, les hommes libres, trop faibles contre le gouvernement, cherchent à devenir les esclaves de ceux qui tyrannisent le gouvernement.

C’est là l’origine juste, et conforme à la raison, de ce droit d’esclavage très-doux que l’on trouve dans quelques pays ; et il doit être doux parce qu’il est fondé sur le choix libre qu’un homme, pour son utilité, se fait d’un maître ; ce qui forme une convention réciproque entre les deux parties.

1 Qu’est-ce que la nature des choses quand il s’agit de l’esclavage ? N’est-ce pas tout simplement la force et l’égoïsme ?

2 État présent de la grande Russie, par Jean Perry. (M.)

3 Nouveau Voyage autour du monde, par Dampierre, t. III. (M.)

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