CHAPITRE PREMIER. DES HOMMES ET DES ANIMAUX PAR RAPPORT A LA MULTIPLICATION DE LEUR ESPÈCE.

O Vénus ! ô mère de l’Amour !

. . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Dès le premier beau jour que ton astre ramène,

Les zéphyrs font sentir leur amoureuse haleine ;

La terre orne son sein de brillantes couleurs,

Et l’air est parfumé du doux esprit des fleurs.

On entend les oiseaux, frappés de ta puissance.

Par mille tons lascifs célébrer ta présence :

Pour la belle génisse on voit les fiers taureaux,

Ou bondir dans la plaine, ou trapr les eaux :

Enfin, les habitants des bois et des montagnes,

Des fleuves et des mers, et des vertes campagnes,

Brûlant à ton aspect d’amour et de désir,

S’engagent à peupler par l’attrait du plaisir :

Tant on aime à te suivre, et ce charmant empire,

Que donne la beauté a sur tout ce qui respire 1 .

Les femelles des animaux ont à peu près une fécondité constante. Mais, dans l’espèce humaine, la manière de penser, le caractère, les passions, les fantaisies, les caprices, l’idée de conserver sa beauté, l’embarras de la grossesse, celui d’une famille trop nombreuse, troublent la propagation de mille manières.

a Les éditions ordinaires donnent : Qu’exerce la beauté.

1 Traduction du commencement de Lucrèce, par le sieur d’Hesnaut. (M.) Hesnaut, mort en 1682, eut la réputation d’être l’homme de son temps qui tournait le mieux les vers. Il n’a traduit de Lucrèce que l’invocation de début.

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