L’empire romain fut envahi ; et l’un des effets de la calamité générale, fut la destruction du commerce a . Les Barbares ne le regardèrent d’abord que comme un objet de leurs brigandages ; et quand ils furent établis, ils ne l’honorèrent pas plus que l’agriculture et les autres professions du peuple vaincu.
Bientôt il n’y eut presque plus de commerce en Europe ; la noblesse, qui régnait par tout, ne s’en mettait point en peine.
La loi 1 des Wisigoths permettait aux particuliers d’occuper la moitié du lit des grands fleuves, pourvu que l’autre restât libre pour les filets et pour les bateaux ; il fallait qu’il y eût bien peu de commerce dans les pays qu’ils avaient conquis b .
Dans ces temps-là s’établirent les droits insensés d’aubaine et de naufrage 2 : les hommes c pensèrent que les étrangers ne leur étant unis par aucune communication du droit civil, ils ne leur devaient, d’un côté, aucune sorte de justice, et, de l’autre, aucune sorte de pitié.
Dans les bornes étroites où se trouvaient les peuples du nord, tout leur était étranger : dans leur pauvreté, tout était pour eux un objet de richesses. Établis, avant leurs conquêtes, sur les côtes d’une mer resserrée et pleine d’écueils, ils avaient tiré parti de ces écueils même d .
Mais les Romains, qui faisaient des lois pour tout l’univers, en avaient fait de très-humaines sur les naufrages 3 : ils réprimèrent, à cet égard, les brigandages de ceux qui habitaient les côtes, et, ce qui était plus encore, la rapacité de leur fisc 4 .
a A. B. Le commerce fut encore plus avili après l’invasion de l’empire romain. Les Barbares, etc.
1 Liv. VIII, tit. 4, § 9. (M.)
b A. B. Dans les pays conquis par ces barbares.
2 C’était le droit de piller les navires qui se brisaient à la côte, ou qui se perdaient en mer.
c A. B. Ces hommes pensèrent, etc.
d A. B. De ces mêmes écueils.
3 Toto titulo, ff. de incend. ruin. naufrag. et Cod. de naufragiis : L 3, ff. ad leg. Cornel. de sicariis. (M.)
4 L. 1, Cod. de naufragiis. (M.)