LETTRE CXXIII.

USBEK AU MOLLAK MÉHEMET ALI, GARDIEN DES TROIS TOMBEAUX.

A COM.

Que nous servent les jeûnes des immaums et les cilices des mollaks ? La main de Dieu s’est deux fois appesantie sur les enfants de la loi : le soleil s’obscurcit et semble n’éclairer plus que leurs défaites : leurs armées s’assemblent, et elles sont dissipées comme la poussière.

L’empire des Osmanlins est ébranlé par les deux plus grands échecs qu’il ait jamais reçus. Un moufti chrétien ne le soutient qu’avec peine : le grand vizir d’Allemagne 1 est le fléau de Dieu, envoyé pour châtier les sectateurs d’Omar : il porte partout la colère du ciel, irrité contre leur rébellion et leur perfidie.

Esprit sacré des immaums, tu pleures nuit et jour sur les enfants du Prophète que le détestable Omar a dévoyés : tes entrailles s’émeuvent à la vue de leurs malheurs : tu désires leur conversion, et non pas leur perte : tu voudrais les voir réunis sous l’étendard d’Hali, par les larmes des saints ; et non pas dispersés dans les montagnes et dans les déserts, par la terreur des infidèles.

De Paris, le 1 de la lune de chalval, 1718.

1 Le prince Eugène, qui battit les Turcs à Peterwaradin, prit Belgrade en août 1717, remporta beaucoup d’autres avantages, et conclut la paix avantageuse de Passarowitz, en 1718.

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