LETTRE LXXXIV.

RICA A ***.

Je fus hier aux Invalides : j’aimerais autant avoir fait cet établissement, si j’étais prince, que d’avoir gagné trois batailles. On y trouve partout la main d’un grand monarque. Je crois que c’est le lieu le plus respectable de la terre.

Quel spectacle de voir, a assemblées dans un même lieu, toutes ces victimes de la patrie, qui ne respirent que pour la défendre ; et qui, se sentant le même cœur, et non pas la même force, ne se plaignent que de l’impuissance où elles sont de se sacrifier encore pour elle !

Quoi de plus admirable que de voir ces guerriers débiles, dans cette retraite, observer une discipline aussi exacte que s’ils y étaient contraints par la présence d’un ennemi, chercher leur dernière satisfaction dans cette image de la guerre, et partager leur cœur et leur esprit entre les devoirs de la religion et ceux de l’art militaire.

Je voudrais que les noms de ceux qui meurent pour la patrie fussent conservés dans les temples, et écrits dans des registres qui fussent comme la source de la gloire et de la noblesse. b

De Paris, le 15 de la lune de gemmadi 1, 1715.

a A. C. Quel spectacle que de voir dans un même lieu rassemblées toutes ces, etc.

b A. Fussent écrits et conservés dans les temples, dans les registres qui fussent comme la force ( ?) de la gloire et de la noblesse.

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