IV. – C. Pline salue sa chère Calvina.

La donation généreuse.

Si votre père avait laissé plusieurs créanciers, ou même un seul autre que moi, vous auriez peut-être eu raison de délibérer si vous devez accepter un héritage, lourd même pour un homme. Mais puisque, guidé par les devoirs de la parenté, j’ai désintéressé je ne dis pas les plus importuns, mais les plus pressés, et que je reste votre seul créancier ; puisque même du vivant de votre père au moment de votre mariage j’ai contribué à votre dot pour une somme de cent mille sesterces, outre celle que votre père promit pour ainsi dire sur mon bien, (car c’est sur ma fortune qu’elle devait être payée), vous avez un gage certain de ma bienveillance, et, confiante en elle, vous devez relever la mémoire et l’honneur de celui qui n’est plus. Pour vous y exhorter plus par des actes que par des paroles, je vous ferai donner quittance de tout ce que me devait votre père. N’appréhendez point qu’une telle donation me soit onéreuse. Il est vrai que mes ressources sont en somme modestes, mon rang coûteux, mon revenu, par suite de la gestion de mes terres, aussi modique qu’incertain ; mais si le revenu manque, l’économie y supplée ; elle est comme la source, d’où jaillissent mes libéralités. Il faut pourtant les régler, de façon qu’elles ne se tarissent pas à force de profusion, mais il faut les régler à l’égard des autres ; avec vous au contraire le compte s’en équilibrera toujours, même si ma générosité a dépassé la mesure. Adieu.

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