VI. – C. Pline salue son cher Tacite

L’heureux chasseur.

Vous allez rire, et à bon droit. Moi, ce Pline que vous connaissez, j’ai pris trois sangliers ; oui, moi, et des plus beaux. Vous-même ? dites-vous ; moi-même, sans toutefois renoncer entièrement à ma paresse et à mon repos. J’étais assis près des filets : j’avais sous la main, non l’épieu ou le dard, mais un stylet et des tablettes . Je méditais et je prenais des notes, pour rapporter du moins mes tablettes pleines, si je revenais les mains vides. Vous n’avez pas lieu de dédaigner cette façon de travailler. On ne saurait croire combien l’esprit est éveillé par le mouvement et l’exercice physique. Et puis ces forêts et cette solitude qui vous entourent et ce grand silence lui-même qu’exige la chasse sont de puissants stimulants de la pensée. Ainsi, quand vous chasserez, vous pourrez emporter, sur ma garantie, avec la pannetière et la gourde, des tablettes aussi. Vous éprouverez que Minerve n’erre pas moins que Diane sur les montagnes . Adieu.

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