XV. – C. PLINE SALUE SON CHER SILIUS PROCULUS.

Les poésies de Proculus.

Vous me demandez de lire vos ouvrages dans ma retraite et d’examiner s’ils méritent d’être publiés, vous employez la prière, vous alléguez des exemples, et vous me suppliez de dérober à mes études quelque peu de mes loisirs, pour les consacrer aux vôtres ; vous ajoutez que M. Tullius encourageait avec une admirable bonté les talents des poètes. Mais vous n’avez besoin ni de prières ni d’exhortations, car j’ai pour la poésie elle-même la plus religieuse vénération, et pour vous l’affection la plus vive. Je satisferai donc à vos désirs, avec autant de diligence que de plaisir. Je crois dès maintenant pouvoir vous répondre que votre livre est beau, qu’il ne mérite pas l’oubli, autant qu’il m’a été donné d’en juger par les parties que vous avez lues devant moi, si pourtant votre débit ne m’en a point imposé, car vous lisez d’une manière ravissante et parfaite. Je me flatte cependant que mes oreilles ne me séduisent pas au point de détruire chez moi toute finesse de goût par leurs enchantements ; elles peuvent bien en émousser un peu et en tordre la pointe, mais non l’arracher et la supprimer. Ce n’est donc pas à la légère que dès maintenant je décide de l’ensemble, quant aux parties j’en jugerai en les lisant. Adieu.

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