XV. – C. PLINE SALUE SON CHER ROMANUS.

La lecture interrompue.

Voici un adorable fait-divers auquel vous n’avez pas eu la chance d’assister ; moi non plus ; mais on me l’a raconté encore tout chaud. Passennus Paulus, brillant chevalier romain, et personnage fort érudit, écrit des vers élégiaques. C’est un don de famille, car il est compatriote de Properce et il compte même Properce parmi ses ancêtres. Un jour qu’il faisait une lecture publique, il débuta ainsi : « Priscus, vous désirez… » À ces mots Javolenus Priscus, qui se trouvait là, puisqu’il est l’ami intime de Paulus, s’écria : « Moi ? mais je ne désire rien ». Figurez-vous les éclats de rire, les plaisanteries de l’assistance. Priscus est apparemment d’une santé d’esprit douteuse ; il prend part cependant à la vie publique, il est appelé en conseil dans les tribunaux, il donne même des consultations de droit civil, c’est ce qui rendit sa sortie plus ridicule et plus frappante. Pendant un moment cette étourderie d’un autre refroidit un peu le débit de Paulus. Ceux qui font des lectures doivent veiller non seulement à se montrer sensés eux-mêmes, mais encore à n’inviter que des gens sensés. Adieu.

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