XV

– Parole d’honneur ! dit Rocambole en guise d’exorde, je comprends qu’il y ait des gens qui aiment la vertu ; elle a son beau côté…

En prononçant cette phrase, il regarda sir Williams du coin de l’œil et vit l’aveugle hausser légèrement les épaules.

« Bon ! pensa-t-il, il n’est pas changé… il y a toujours en lui de la ressource. » Et il reprit tout haut :

– Vrai ! la vertu dont on fait un usage raisonnable et modéré a bien son mérite. Ainsi je vois ma sœur, un ange, une perle, mon oncle… Ça est bon, ça est naïf, ça fera tout ce que je voudrai ; son mari, idem ! Mais revenons à mon Iliade. Je pleurai si consciencieusement ma mère d’emprunt, que je m’acquis du premier coup l’affection et l’estime de ma sœur d’occasion et de son futur. Ce n’était point assez. J’avais l’estime de ma famille, il me fallait celle du monde. J’allai, au retour du cimetière, provoquer le baron de Chamery-Chameroy, je me laissai toucher deux fois à l’épaule et au bas-ventre, puis je le couchai tout de son long au moyen de ce fameux coup d’épée des dix mille francs, qui avait raté sur ton frère. Cependant le baron n’est pas mort… Il commence à sortir, dit-on ; mais comme on a désespéré de sa vie, l’effet produit a été le même…

« J’ai été le lion de la saison.

« La mort de la marquise de Chamery retardait naturellement le mariage de sa fille ; mais, en même temps, l’isolement de Blanche, ma jeunesse, qui ne me rendait point un chaperon suffisant pour elle, n’ont pas permis d’attendre l’expiration du deuil. J’ai demandé des dispenses à l’Église ; elles ont été accordées, vu l’urgence. Le mariage a été célébré sans pompe, trois mois après la mort de la marquise, c’est-à-dire il y a six semaines.

« Les fiancés et moi nous étions en grand deuil, cela faisait très bien. Il a été convenu que Fabien et sa femme habiteraient chez moi jusqu’à la fin du deuil. À cette époque seulement, Fabien ira prendre possession de l’hôtel qu’il a acheté rue de Babylone, et qui a justement appartenu autrefois à une femme à la mode dont tu dois te souvenir, la baronne de Sainte-Luce. Le soir du mariage, il n’y a eu à l’hôtel de Chamery ni dîner ni réception. Le lendemain, nous sommes partis tous les trois pour notre terre encore indivise de l’Orangerie, où nous avons passé quinze jours. Précisément, j’en étais de retour depuis une huitaine lorsque je t’ai retrouvé. Or, mon bonhomme, depuis un mois que ma sœur est mariée, je mène un peu bien la vie de garçon et je me produis dans le monde. Nous entrons comme chez nous chez le duc de Sallandrera, un Espagnol qui a des millions à Cuba et une fille dont un imbécile serait amoureux. Moi, je veux l’épouser.

Un léger mouvement de sir Williams apprit à Rocambole que son professeur le trouvait ambitieux.

Mais Rocambole ne s’en émut point et continua :

– Le duc de Sallendrera est un homme de cinquante ans, qui sent d’une lieue son gentilhomme. À son immense fortune, il joint des capacités politiques. Il est député aux Cortès. Comme il a une fille unique et que son nom s’éteint avec lui, il a l’intention d’obtenir de la reine, en mariant mademoiselle Pépita-Dolorès-Conception, l’autorisation de transmettre à son gendre ce nom, sa grandesse et son titre de duc… Hé ! hé ! s’interrompit Rocambole, me vois-tu dans quelque temps, mon cher oncle, duc de Sallandrera, grand d’Espagne et ministre plénipotentiaire quelque part ?

Un frémissement de narines approbateur échappa à sir Williams.

Rocambole poursuivit :

– Mademoiselle Conception m’accueille favorablement ; je crois qu’elle m’aime… La duchesse sa mère me trouve charmant, pour des motifs que je t’apprendrai en temps et lieu. Mais je n’ai pas fait la conquête du duc, au point de vue du mariage, du moins. Seulement, il peut se faire que j’évente une piste, que je réunisse un faisceau de souvenirs peu agréables au duc, comme un arrière-goût de sa jeunesse et de ses folies de garçon… Tu comprends, mon oncle ?

– Oui, fit le hochement de tête de sir Williams.

– J’ai deux grandes affaires en train. L’une pourrait me conduire au dénouement de l’autre. Mon cher beau-frère Fabien est, à son insu, menacé d’un héritage de deux ou trois cent mille livres de rente. J’ai des projets là-dessus… Mais nous en causerons plus tard… Maintenant, parlons de toi, ou plutôt de tes ennemis, qui sont aussi un peu les miens. Tu comprends que depuis trois mois j’ai pris mes renseignements…

Sir Williams s’agita convulsivement dans son fauteuil.

– Tu dois penser, continua Rocambole, que, fidèle à l’adage : À tout seigneur, tout honneur ! j’ai eu la curiosité de savoir ce que devenait ton cher frère, le comte de Kergaz.

Rocambole observa sir Williams ; il vit sur ce visage, que le regard n’éclairait plus, se peindre une expression de haine féroce, et glisser ce cruel sourire où se révélait toute son âme.

– Armand continue à jouir d’un bonheur insolent ; il est toujours philanthrope, toujours aimé de sa femme et de son fils. Notre chère Baccarat est devenue la comtesse Artoff. Mais cette union est presque un mystère.

Le nom de Baccarat produisit sur sir Williams une impression mélangée de haine et d’effroi.

– Ah ! dit Rocambole, on voit que tu te souviens du Fowler, et avant de t’en dire davantage sur elle, je vais te donner un conseil.

L’aveugle demeura immobile, mais la curiosité se peignit sur son visage.

– Ta haine pour ton frère, reprit le faux marquis de Chamery, a été ta perte deux fois de suite. À ta place, je laisserais M. de Kergaz tranquille et ne m’occuperais que de Baccarat… Ah ! celle-là, vois-tu, nous pouvons lui faire une bonne petite guerre, car elle me gêne dans mes projets sur mademoiselle Conception de Sallandrera, comme elle m’a gêné autrefois, quand j’étais le vicomte de Cambolh. Et ce qu’il y a de bizarre, acheva Rocambole, c’est à son insu, et qu’elle est à mille lieues de penser que sa présence à Paris est fort nuisible au marquis de Chamery.

Comment Baccarat pouvait-elle à son insu entraver les projets de Rocambole ? Comment était-elle à Paris ? Quelle existence y menait-elle ?

C’est ce que nous allons bientôt vous dire.

Le soir de ce jour, l’aveugle sir Williams, sous le nom de Walter Bright, fut installé à l’hôtel de Chamery, rue de Verneuil.

Le duc de Sallandrera, dont avait parlé Rocambole, habitait la rue de Babylone, dans un hôtel qui avait longtemps appartenu à lord El…, ce sportsman célèbre dont tout Paris se rappelle les nombreuses excentricités. Cet hôtel était situé tout à côté de l’hôtel Sainte-Luce, que venait d’acquérir le vicomte Fabien d’Asmolles, conseillé en cela par son beau-frère, le marquis de Chamery.

Le marquis avait eu, sans doute, ses vues secrètes.

Or, le duc de Sallandrera, qui habitait Paris depuis environ trois ans, avait dépensé des sommes considérables dans son hôtel, et il en avait fait une merveille. La partie la plus coquettement fastueuse, la plus soignée, la plus artistique dans ses moindres détails d’ornementation et d’ameublement, était, sans nul doute, le second étage tout entier, réservé à mademoiselle Pépita-Dolorès-Conception. La fille unique du duc avait conçu, ordonné ; le père avait payé.

M. de Sallandrera, grand seigneur dans la plus complète acception de ce mot, comprenait fort largement le faste et l’élégance, mais il manquait parfois de goût, et si mademoiselle Conception ne s’était chargée de l’inspirer, bien certainement le bel hôtel de la rue de Babylone n’eût point été considéré comme une merveille de luxe délicat et bien entendu.

Mais mademoiselle Conception était artiste. Elle peignait en véritable élève des Murillo et des Velasquez ; elle avait étudié l’architecture moresque à l’Alhambra.

Qu’on nous permette une rapide silhouette de ce nouveau personnage de notre histoire.

Conception avait dix-neuf ans, mais les chaudes brises et le soleil de son pays l’avaient si hâtivement mûrie, qu’on lui en eût aisément donné vingt-trois ou vingt-quatre.

Mademoiselle de Sallandrera était née à Séville ; elle était belle comme Andalouse ne peut l’être davantage ; elle avait cette taille flexible aux ondulations mystérieuses que les Espagnols traduisent par le mot de mencho. Ses cheveux noirs de jais, ses yeux d’un bleu sombre et verdâtre comme le bleu de la mer Méditerranée, ses lèvres d’un rouge vif comme du carmin, d’adorables petites mains, un véritable pied d’Andalouse, faisaient de mademoiselle Conception une de ces beautés caractérisées résumant un type, comme on dit dans la langue des arts, qui l’avait fait remarquer de tout Paris.

La première année que la jeune Espagnole avait paru dans le monde parisien, son immense dot aidant, elle avait été accablée de demandes en mariage. Comtes, marquis, barons, hauts financiers, grands industriels étaient entrés en lice. Mais mademoiselle Conception n’avait abaissé ses regards sur aucun, et le duc de Sallandrera, son père, avait poliment éconduit tous les soupirants. L’Andalouse avait formellement annoncé qu’elle avait à peine seize ans, et qu’elle ne voulait point se marier encore.

Du reste, le duc et la duchesse, qui avait trente-cinq ans à peine, était Irlandaise et encore fort belle, avaient adopté pour leur fille l’éducation anglaise. Conception vivait à Paris comme une jeune miss qui ne doit compte de ses actions qu’à elle-même. Elle montait à cheval, le matin, accompagnée d’un seul domestique. Dans la journée, elle sortait en victoria ou en coupé, et s’en allait toute seule avec ses gens faire des emplettes ou étudier au Louvre, où elle prenait des copies. On l’avait vue plusieurs fois aux courses, à la Marche ou à Chantilly, conduisant elle-même à grandes guides un breack à quatre chevaux. Bref, mademoiselle Conception était une lionne.

C’était un matin, au bois, qu’elle avait fait la connaissance de celui que tout Paris prenait pour le marquis de Chamery. Rocambole faisait le tour du lac au petit pas d’un superbe alezan brûlé, qu’il maniait, du reste, avec une grâce sans pareille. Arrivé près de la cascade, il aperçut une amazone montant un très beau cheval arabe blanc comme neige. Le cheval, effrayé par le bruit de la cascade, se cabrait, voltait, reculait et donnait tous les signes d’une terreur profonde. L’amazone luttait avec une grande énergie contre l’animal, et peut-être fût-elle parvenue à le dompter si un accident, heureusement fort rare dans les fastes de l’équitation, ne fût survenu. La bride se rompit. Alors, le cheval, fou d’épouvante et ne se sentant plus maîtrisé par le mors, fit volte-face et s’élança au galop, emportant l’amazone, à qui toute résistance était désormais impossible.

Précisément Rocambole arrivait en sens inverse. Il voulut mettre son cheval en travers et arrêter l’amazone, mais le cheval effrayé fit un bond de côté et passa outre. Alors Rocambole pressa le sien, se lança à sa poursuite, l’atteignit au moment où le cheval, dont la terreur augmentait, allait se précipiter tête baissée dans le lac, et d’un bras vigoureux il enlaça l’amazone et l’enleva de sa selle, tandis que le cheval tombait à l’eau. Cette amazone était mademoiselle Conception.

Elle remercia chaleureusement son sauveur, lui demanda son nom et apprit qu’elle avait affaire au marquis de Chamery.

Le lendemain, le duc de Sallandrera alla lui-même faire une visite à Rocambole et le remercia chaleureusement. Huit jours après, Rocambole fut invité à un bal que donnait le duc en son hôtel de la rue de Babylone. Quinze jours après, il y dîna.

Dès lors les vues ambitieuses du faux marquis de Chamery prirent leur essor.

– J’épouserai Conception, se dit-il.

Peut-être maître Rocambole était-il bien hardi, comme nous allons le voir en le suivant, le lendemain de l’installation de sir Williams chez lui, jusqu’à l’hôtel du duc de Sallandrera.

Ce fut vers trois heures que le phaéton du marquis entra dans la cour. En passant les rênes à son groom, Rocambole aperçut, rangé près du perron, un élégant tilbury qu’il reconnut sur-le-champ.

– Oh ! oh ! se dit-il, don José, mon rival, fait sa cour à ce qu’il paraît.

Et il fronça légèrement le sourcil.

Un laquais vint recevoir M. le marquis de Chamery.

– M. le duc et madame la duchesse sont sortis, dit-il ; mais mademoiselle est dans son atelier.

Rocambole fit un signe affirmatif et suivit le laquais. Mademoiselle Conception était en effet dans son atelier, le pinceau à la main.

Don José, assis à quelque pas, lorgnait le tableau commencé. En voyant entrer le marquis, don José eut un froncement de sourcils semblable à celui qu’avait eu Rocambole en apercevant le tilbury de l’hidalgo.

Mais cette marque d’antipathie eut à peine la durée d’un éclair.

Les deux hommes se saluèrent avec courtoisie, après que Rocambole se fut méthodiquement incliné par trois fois devant la jeune Espagnole, qui lui tendait la main à l’anglaise.

– Bonjour, lui dit-elle ; vous êtes véritablement bien aimable d’être monté jusqu’ici. Vous allez nous mettre d’accord, mon cousin don José et moi.

Le marquis eut un fin sourire :

– Vais-je donc remplir le rôle de Thémis ? demanda-t-il.

– Peut-être…

– Voyons, mademoiselle, de quoi s’agit-il ?

– Don José et moi, nous avons une discussion tout artistique. Don José prétend que l’école flamande est supérieure à l’école espagnole.

– Et… vous ?

– Moi, en vraie Andalouse que je suis, je prétends le contraire.

– Diable ! fit Rocambole en souriant.

– Quel est votre avis, marquis ?

– Mais, répondit ce dernier, il m’est impossible de me prononcer ainsi sur-le-champ.

– En vérité ?

– Vous le comprenez comme moi, mademoiselle, quand vous saurez que don José et moi nous avons été rivaux.

Un subit incarnat monta au front de mademoiselle Conception.

– Oh ! rassurez-vous, dit Rocambole, à qui ce trouble n’échappa point et parut d’un bon augure, il s’agissait d’un combat très pacifique.

– Vous vous êtes battus ?

– Par l’intermédiaire d’un commissaire-priseur, dit Rocambole.

– Ah ! et comment ?

– C’était avant-hier, à la vente de la galerie du marquis d’A…, don José et moi nous nous sommes disputés un Ruysdaël.

– Oh ! avec un acharnement… dit don José.

– Qui, de la part de votre serviteur, n’était que de l’entêtement et, de celle de don José, une véritable passion.

– Et quel est le vainqueur ?

– Ah ! dame ! fit modestement le marquis, don José était convaincu, moi je ne croyais pas. La foi l’a emporté sur le scepticisme.

– Hé ! mais, dit alors Conception, voici la question jugée, marquis. Vous préférez l’école espagnole à l’école flamande.

– Peut-être.

– Peut-être, observa don José avec impertinence, le marquis n’est-il pas peintre ?

– Oh ! pas plus que vous, dit Conception.

Et puis elle posa son appuie-main et sa palette et vint s’asseoir sur un tête-à-tête en face du marquis, s’éloignant ainsi de don José, qui se mordait les lèvres.

– Savez-vous, monsieur le marquis, lui dit-elle, que j’ai vendu Ibrahim ?

– Votre cheval arabe ?

– Oui, cette affreuse bête qui m’aurait fait tuer si vous n’étiez venu à mon secours.

– Ah ! mademoiselle…

– Je l’ai vendu à Camille Dornay, ce banquier de vingt-cinq ans qui a les plus belles écuries des Champs-Élysées.

– Combien ? demanda Rocambole.

– Sept mille deux cents francs.

– C’est pour rien.

– Oh ! pour rien ! dit don José, allongeant sa lèvre inférieure et se rapprochant de Conception, je trouve que c’est fort cher, moi.

Conception laissa bruire un frais éclat de rire entre ses lèvres.

– Monsieur le marquis, dit-elle en montrant don José, je vous présente l’homme le plus ignorant de la terre en connaissances hippiques. Mon cousin est de force à prendre un cheval anglais pour un normand croisé de percheron, et il trouve que pour douze cents francs on doit avoir tout ce qu’il y a de bon, de joli et de distingué. Si je ne m’étais mêlée de son écurie, vous le rencontreriez attelant un gros mecklembourg à son tilbury et montant au Bois quelque cheval de fiacre qu’on lui aurait vendu pour un demi-sang.

Don José écouta, sans dire un mot, cette raillerie, et se contenta de répondre :

– Ma cousine est en belle humeur… elle se moque de moi de bon cœur…

– Mais non, répliqua Conception, je dis la vérité.

Et comme si elle eût eu à tâche de flageller don José devant M. de Chamery, elle railla l’Espagnol sur sa maladresse de chasseur, comme elle l’avait raillé sur son peu d’aptitude en sport…

Rocambole était ravi. Seulement, en homme parfaitement élevé, il prenait le parti du jeune Espagnol, taxait Conception de peu d’indulgence et triomphait complètement en forçant son rival à accepter de lui aide et secours.

Don José demeurait impassible et acceptait les persiflages de Conception avec une bonne humeur, une indifférence parfaites. Cependant une ou deux fois, l’œil froidement observateur de Rocambole saisit au vol un regard de fureur concentrée que don José jetait à sa cousine.

En même temps, il lui sembla que Conception pâlissait et éprouvait, sous le poids de ce regard, un malaise, un embarras que ne dissimulaient qu’imparfaitement sa gaieté apparente et ses éclats de rire moqueurs.

– Oh ! oh ! se dit-il, est-ce que don José serait le maître qui s’impose dans l’ombre et Conception l’esclave qui obéit ?

Depuis longtemps le prétendu marquis de Chamery nourrissait l’espérance d’un tête-à-tête avec Conception. Il espérait même, ce jour-là, voir partir don José. Mais don José paraissait disposé à ne point lui céder la place.

Les deux jeunes gens passèrent près de deux heures dans l’atelier, déterminés tous deux sans doute à ne point laisser le champ libre à son rival.

Conception devina cette résolution sur-le-champ. Alors sa gaieté tomba, son sourire disparut, elle devint rêveuse, et la conversation, fort animée d’abord, s’éteignit peu à peu.

Tout à coup don José tira sa montre.

Rocambole eut l’espoir qu’il allait se récrier sur l’heure avancée, et partir.

Mais don José dit à Conception :

– Mon oncle est sorti ?

– Oui.

– Rentrera-t-il pour dîner ?

– Sans doute.

– Alors je l’attendrai. Je dînerai même ici. J’ai de graves nouvelles à lui donner.

Conception tressaillit et Rocambole la vit pâlir.

– Des nouvelles de Cadix, acheva don José d’une voix qui parut mordante, cruelle, implacable à Rocambole.

En même temps, il lui sembla que mademoiselle Pépita-Dolorès-Conception de Sallandrera chancelait et était près de se trouver mal.

– Oh ! oh ! pensa le faux marquis de Chamery, il me semble que voici un coin de mystère !… Le mystère a nom Cadix !

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