Le vice a d’impénétrables mystères.
Ceux qui ont une fois mis les pieds sur cette pente irrésistible descendent toujours, quoi qu’ils fassent pour remonter.
La femme qui a abandonné une fois l’austère chemin du devoir, cette voie ardue où il est besoin de marcher d’un pied ferme, parvient quelquefois à y rentrer, mais la moindre pierre d’achoppement, le moindre obstacle suffit pour la faire retomber au plus profond du précipice.
Ces quelques réflexions nous étaient nécessaires pour expliquer l’étrange conduite de madame Malassis, et on nous permettra d’esquisser en quelques lignes la biographie de cette femme.
Madame Malassis était, à quinze ans, première demoiselle dans une importante maison de modes de la rue de la Paix.
À seize ans, elle abandonna brusquement cette position pour suivre un vieux débauché veuf, riche, sans enfant, qui remplaça son châle de tartan par un cachemire, et les fleurs de sa coiffure par des branches de corail.
De dix-huit à vingt-trois ans, l’existence de la jeune femme fut livrée à tous les hasards de la vie des pécheresses.
Un adorateur splendide la trouva, un soir, aux prises avec la nécessité la plus âpre, et, prévoyant sans doute que la folle créature ne songerait jamais à l’avenir si l’on n’y songeait pour elle, il lui acheta un fonds de parfumerie sur le boulevard des Italiens.
Là, madame Malassis, qui, par hasard, avait de l’ordre, prit sa situation au sérieux et acquit bientôt cette âpreté au gain, cette économie sévère et bien entendue qui mène les commerçants à la fortune.
Un ancien commis voyageur, un homme qui touchait à la cinquantaine, ne s’effaroucha point du passé un peu leste de la parfumeuse, lui offrit sa main et fut agréé. Comme César Birotteau, le héros immortel de M. de Balzac, M. Malassis était prédestiné aux grandeurs humaines.
Sept ou huit ans lui suffirent pour amasser deux cent mille francs. Il devint adjoint au maire de son arrondissement, membre d’une foule d’institutions philanthropiques, et il produisit dans le monde officiel d’abord, puis dans celui de la finance, et presque dans le faubourg Saint-Honoré, la petite modiste de chez Fanny, l’ancienne femme galante à demi réhabilitée par le mariage. Quand M. Malassis mourut, – et il mourut d’une indigestion à la suite d’un copieux souper fait au Rocher-de-Cancale, – sa femme avait été adoptée par le monde, qui ignorait toute une partie de ses antécédents.
Mais, nous l’avons dit, le vice ne pardonne point… Madame Malassis avait habilement dissimulé ses instincts pervers, et cependant, M. Malassis avait été, disait-on tout bas, bien souvent trahi.
Son mari mort, la veuve rencontra le vieux duc de Château-Mailly.
Elle avait alors trente-cinq ans, l’âge de l’ambition. Elle entrevit un avenir superbe, elle rêva de couvrir et d’éclipser à jamais les fanges de son passé par les perles éclatantes d’une couronne ducale. Pendant deux années, la vieille courtisane prit au sérieux son rôle de femme austère ; elle fut dame patronnesse, elle vit le meilleur monde, se lia intimement avec la marquise Van-Hop, et sut inspirer au vieux duc une irrésistible passion…
On eût pu croire qu’elle avait à jamais reconquis et gravi les sommets ardus de la vertu…
Illusion !
Le jour où elle rencontra ce petit jeune homme au lorgnon d’écaille, aux cheveux bouclés, au minois vulgaire et séduisant, à l’aplomb des fils de famille qui passent, gantés de jaune serin, leur vie sur le boulevard des Italiens, madame Malassis sentit le passé la reprendre dans ses mains crochues et puissantes, et l’abîme se rouvrir sous ses pieds.
Elle était née courtisane, elle devait l’être jusqu’au jour où l’aveugle duc de Château-Mailly la conduirait à l’autel.
La veuve avait trente-six ans, l’âge des passions volcaniques chez la femme ; elle commençait à paraître son âge, on le chuchotait dans le monde à ses oreilles. Le vieux duc ne s’en apercevait point.
Mais le duc était septuagénaire.
Et peut-être que la voix mystérieuse du cœur s’éveillait enfin chez cette femme, dont la vie n’avait été qu’un long calcul.
Elle avait trouvé sur la route, une nuit, un jeune homme de vingt ans, lancé comme une bombe par l’invisible main de sir Williams ; ce jeune homme lui avait parlé le vulgaire et chaleureux langage de la passion, et la femme, qui tant de fois avait cédé, avait été vaincue encore.
Pendant quelques heures, cet esprit fort, calculateur, ce chiffre devenu femme, avait tout oublié… On lui avait parlé d’amour, à elle qui n’entendait plus ce langage sortit de deux lèvres jeunes et fraîches, et elle avait écouté.
Mais la folie a ses heures, rien de plus !
Madame Malassis voulait bien aimer encore, mais elle voulait aussi épouser le duc.
Aussi, à partir de ce jour, divisa-t-elle habilement son temps.
Rentrée chez elle bien avant la nuit, toujours prête à y recevoir M. de Château-Mailly si un caprice jaloux venait à l’y conduire, elle sortait chaque jour, vers deux heures. Où allait-elle ?
En femme prudente, madame Malassis n’avait pas cru devoir mettre sa femme de chambre ni aucun de ses gens dans le secret de son nouvel amour…
Elle sortait de chez elle en voiture, dans un fiacre la plupart du temps, remontait la rue de la Pépinière, prenait la rue Saint-Lazare, qu’elle suivait dans toute sa longueur, entrait dans l’église Notre-Dame-de-Lorette par la grande porte, y séjournait environ dix minutes, et sortait par la rue Fléchier.
Là se perdaient les traces de madame Malassis. Allait-elle soulager une infortune ? Allait-elle à quelque mystérieux rendez-vous ?
Elle entrait dans une maison de la rue Fléchier, passait comme une ombre devant la loge du portier, montait lestement un escalier, son voile baissé… Une porte s’ouvrait et se refermait… c’était tout…
Quelquefois, une heure et même deux s’écoulaient avant qu’elle ressortît. La veuve traversait de nouveau l’église, regagnait son fiacre et rentrait furtivement rue de la Pépinière.
Il y avait huit jours que cela durait, lorsqu’un soir, vers trois heures, au moment où, redescendant de la rue Fléchier, elle s’apprêtait à retraverser la rue, madame Malassis s’arrêta et recula tout à coup, comme si elle avait vu se dresser devant elle un reptile armé d’un triple dard.
Venture se promenait de long en large sur le trottoir, les mains dans ses poches, un charmant sourire aux lèvres, sifflotant un petit air grivois.
Espérant encore n’être point reconnue, la veuve allait passer outre…
Mais Venture se plaça résolument devant elle, et lui dit :
– Bonjour, madame.
Il donna à ce dernier mot cette inflexion respectueuse et particulière aux domestiques parlant à leur maîtresse.
Et comme madame Malassis demeurait stupéfaite et toute bouleversée, il répéta :
– Bonjour, madame.
Toute troublée encore, mais prête à reconquérir son sang-froid, la veuve prit un air sévère et le regardant fixement.
– Que faites-vous ici, maître Venture ? dit-elle.
– Je me promène, madame.
– Je ne vous ai point pris à mon service pour cela.
Le laquais baissa la tête, balbutia quelques mots d’excuse et se tut.
– Cherchez-moi une voiture, dit-elle, et payez-la. Je viens de vider ma bourse chez de pauvres gens qui meurent de faim.
Venture ne se le fit pas répéter ; il se hâta d’obéir, et madame Malassis rentra chez elle en se disant :
– Voilà un homme que je vais me hâter de congédier.
Le soir, en effet, après son dîner, elle sonna, et Venture parut.
La veuve était dans sa chambre à coucher, au coin du feu, toute seule.
Venture salua et se tint debout, sa casquette galonnée à la main.
– Que faisiez-vous ce matin, rue Fléchier ? lui dit-elle d’un ton sec.
– J’attendais madame.
– Vous m’attendiez !… fit-elle en tressaillant.
– J’avais suivi madame depuis la maison…
Un éclair de colère brilla dans les yeux de madame Malassis.
– Et de quel droit ? demanda-t-elle d’une voix irritée.
– J’espionnais madame, répondit-il avec un calme plein de cynisme.
Les lèvres de la veuve blanchirent. Une telle insolence dépassait toutes les bornes.
– Maître Venture, dit madame Malassis, je crois que je vais être obligée de vous faire admettre à Charenton ; car, Dieu me pardonne ! vous devenez fou.
Venture ne répondit point.
Seulement, il remit impudemment sa casquette sur sa tête et s’assit sans façon dans un fauteuil roulé près du feu, vis-à-vis de celui de la veuve.
– Si madame voulait bien causer une minute avec moi, dit-il, elle verrait bien que non seulement je ne suis pas fou, mais que, bien plus, elle a peut-être besoin de moi.
Le regard tranquille, le ton assuré et plein d’arrogance de cet homme, qui, le matin même, était le plus respectueux des valets, bouleversèrent si complètement la veuve, qu’elle s’imagina faire un mauvais rêve.
Cependant, il y avait dans le geste, dans l’attitude, dans le regard de cet homme, une sorte de fascination qui imposa si fort à madame Malassis, qu’elle n’eut ni la force de le chasser d’un signe impérieux de la main, ni de courir à un cordon de sonnette pour appeler sa femme de chambre.
Venture s’assit donc en face d’elle et lui dit :
– Il ne faut jamais se fâcher, madame, avant d’avoir entendu les gens. C’est toujours une chose pénible de casser les vitres sans profit, et la chose devient même parfois dangereuse…
La veuve, stupéfaite, l’écoutait.
– Madame, reprit Venture, veuillez oublier un moment que je porte la livrée et suis à votre service, et écoutez-moi comme on écoute un ami.
Elle fit un geste de répulsion, presque de dégoût.
Il eut un hideux sourire et continua :
– Jouons cartes sur table, madame. Vous allez épouser sous trois semaines, M. le duc de Château-Mailly, un homme fort riche et portant un des plus vieux noms de la noblesse du royaume ; mais il faut si peu de chose pour rompre un mariage ! Quelquefois trois semaines peuvent avoir la durée d’un siècle. Ainsi, par exemple, supposons que M. le duc se soit trouvé comme moi, ce soir, sur le trottoir de la rue Fléchier…
Madame Malassis frissonna et regarda Venture d’un air effaré.
– Ne croyez-vous pas, continua effrontément le laquais, que M. le duc demanderait à réfléchir avant de vous épouser, s’il savait que vous allez chaque jour rue Fléchier, n° 4, que vous montez au premier et sonnez à la porte à droite de l’escalier ? Dispensez-moi de vous dire le reste…
Et Venture regarda insolemment la veuve.
Madame Malassis attacha sur lui des yeux pleins de courroux et de haine.
– Vous êtes un misérable ! dit-elle, et je devine ce que vous voulez…
Alors elle se leva et alla ouvrir le tiroir d’un petit meuble de Boule, dont elle retira un portefeuille.
– Combien vous faut-il ? demanda-t-elle avec dédain.
Venture haussa les épaules.
– Vous allez trop vite en besogne, madame, dit-il ; avant d’acheter, il faut savoir ce qu’on achète. Avant de me demander ce que je veux obtenir pour prix de mon silence, apprenez au moins dans quelle mesure je peux vous desservir, si bon me semble… Chère madame, reprit-il, vous êtes ce qu’on nomme une femme prudente ; c’est-à-dire que vous n’écrivez jamais, et, par conséquent, vous pourriez nier devant le duc, lui affirmer que je mens, que vous ne connaissez point M. Arthur, qu’enfin vous ignorez tout ce que je veux dire.
– Je l’ignore en effet, dit madame Malassis, qui retrouva une sorte d’aplomb et d’indulgence au plus fort de cette situation désespérée.
– Soit, ricana le laquais. Seulement, vous ne me ferez pas l’injure de croire, madame, que je mets mon vin en bouteilles avant sa fermentation, c’est-à-dire que je m’embarque dans une affaire sans avoir pris mes précautions.
– Après ? dit-elle froidement.
– Le duc est amoureux, par conséquent il est aveugle. À la rigueur, il pourrait vous croire innocente et victime d’un odieux laquais, si je ne lui apportais que des indices. Heureusement, j’ai un dossier…
À ce mot de dossier, madame Malassis eut le frisson.
– Madame, reprit Venture, vous n’avez pas toujours eu trente-six ans ; vous avez été jeune, inconsidérée, légère… Vous avez écrit… et beaucoup, et à bien des gens…
Et comme elle le regardait avec terreur, cet homme, qui lui parut être un démon vomi par l’enfer, se prit à lui raconter froidement, année par année, et presque jour par jour, son existence à elle madame Malassis, depuis l’heure où elle était sortie de la maison de modes de la rue de la Paix, jusqu’à celui où elle l’écoutait, l’angoisse au cœur et la sueur au front.
Un avocat général fulminant un réquisitoire contre un criminel, et fouillant sa vie passée jusque dans ses replis les plus obscurs, eût été moins instruit, peut-être, que ne se montra Venture, en racontant sa propre vie à madame Malassis.
Il n’oublia aucun détail, aucune intrigue, corroborant chaque fait d’un nom, d’une date, d’un numéro de rue, relatant chaque lettre tombée, on ne pouvait deviner comment, entre ses mains.
C’était à épouvanter le plus hardi des forçats. Pendant quelques minutes, madame Malassis l’écouta en silence et comme atterrée.
– Vous voyez bien, madame, dit Venture, que je puis bien des choses, et que de moi seul dépend votre mariage avec M. le duc de Château-Mailly.
Elle courba la tête, et deux larmes jaillirent de ses yeux.
– Combien vous faut-il ? murmura-t-elle enfin.
– Ah ! dit-il en souriant, vous n’êtes pas assez riche.
– Je le deviendrai.
– Non, je ne veux pas d’argent.
Et cet homme, que tout à l’heure elle voulait chasser, la dominait alors complètement, arrêta sur elle un regard calme, assuré, dominateur, et reprit :
– Madame, vous auriez tort de croire que vous êtes simplement en mon pouvoir. Je suis tout et ne suis rien à la fois. Vous êtes au pouvoir d’une association immense, puissante, et dont je ne suis que l’humble mandataire.
Et comme elle continuait à le regarder avec terreur :
– Ce n’est pas au prix de quelques chiffons de mille francs que l’association mystérieuse que je représente vous vendra jamais la couronne ducale de Château-Mailly, c’est au prix de vous-même, de votre dévouement, de votre liberté… Voyez, réfléchissez…
Et Venture se leva ; puis il reprit l’attitude humble, respectueuse, servile, d’un domestique prêt à exécuter les ordres de sa maîtresse.
– Quand madame aura réfléchi, dit-il, elle sonnera. Je dois lui dire qu’elle n’a qu’à choisir : ou voir, ce soir même le dossier dont j’ai eu l’honneur de lui parler dans les mains de M. le duc de Château-Mailly, et se résigner, par conséquent, à la rupture de son mariage… ou entrer franchement, résolument les yeux fermés, dans une association qui, après tout, ne désire que son bonheur, en échange de quelques légers services.
Et Venture sortit.
Pendant une heure, madame Malassis demeura courbée sous le poids de ses iniquités passées, se demandant comment un infernal génie avait pu reconstituer ainsi toute sa vie pour s’en faire une arme terrible ; puis elle chercha à deviner ce qu’on attendait, ce qu’on pouvait attendre d’elle…
Et puis, nous l’avons dit déjà, comme elle touchait à l’âge de l’ambition, à cet âge mûr où certaines femmes deviennent impitoyables et se résolvent à fouler le monde sous leurs pieds, si ce peut être une action utile à leur égoïsme, elle sonna et dit à Venture, qui se représenta :
– Parlez… Je suis prête à vous écouter… à vous… obéir…
Et la femme altière baissa la tête et s’humilia devant ce laquais.
Que se passa-t-il alors entre elle et lui ? Nul ne le sait.
Mais, dès le lendemain, le sourire était revenu aux lèvres de la belle veuve, son regard était calme ; elle était sûre, désormais, d’épouser le duc de Château-Mailly, et Venture était redevenu le plus respectueux des intendants.
Chaque jour, madame Malassis sortait comme à l’ordinaire et s’en allait rue Fléchier.
Quelquefois même, son intendant portait à M. Arthur un petit billet ambré, écrit de la belle main de sa maîtresse.
Les choses en étaient là lorsque la marquise Van-Hop, sur une traîtresse indication de madame Malassis, était accourue chez elle, y avait appris vaguement que M. de Verny avait été gravement blessé le matin, et s’était évanouie sous le coup de cette foudroyante nouvelle.
La marquise évanouie, la veuve sonna ; Venture accourut et aida sa maîtresse à porter madame Van-Hop sur un sofa.
Alors madame Malassis lui fit respirer des sels, lui prodigua mille soins, et, au moment où elle rouvrait les yeux, elle congédia Venture, qui s’esquiva sans bruit.
– Ah ! murmura la marquise en promenant autour d’elle un regard étonné, que s’est-il passé, mon Dieu ?
– Rien, chère amie, absolument rien, répondit madame Malassis. Vous vous êtes trouvée mal… une syncope, voilà tout.
Et comme la marquise, horriblement pâle, se souvenait et se sentait étreindre par une angoisse indicible, madame Malassis se hâta d’ajouter :
– Rassurez-vous, du reste, dit-elle, rassurez-vous, ma bonne, ma chère marquise, sa blessure n’est point mortelle… on le sauvera.
Madame Van-Hop jeta un cri… un cri de joie imprudente et folle.
Et puis, tout à coup, elle s’aperçut qu’elle avait livré son secret ; elle devina que déjà une autre âme que la sienne avait deviné les tortures inouïes de son âme ; et la pure et chaste femme, l’innocente victime des trahisons du hasard et de l’infernale malice des hommes, se prit à rougir et à balbutier.
Elle courba le front comme un criminel qui fait l’aveu de son forfait, et, dans un premier élan de douleur, elle murmura :
– Mon Dieu ! mon Dieu ! je suis perdue !
Mais alors aussi madame Malassis, qui sans doute avait prévu ce désespoir, cette honte anticipée de la femme vertueuse qui croit être déjà coupable ; madame Malassis, qui avait étudié consciencieusement ce rôle, s’agenouilla devant elle, prit ses deux mains dans les siennes, la regarda avec une indicible expression d’indulgence et de dévouement, disant :
– Je n’étais que votre amie, voulez-vous que je sois votre sœur ?
La marquise ne répondit pas, mais elle pressa convulsivement les mains de la veuve, et, dans cette étreinte, celle-ci devina que la créole altière, la femme sans reproche et qui pouvait marcher le front levé, avait désormais le cœur troublé. Le gouffre s’était entrouvert.