IV

DAPHNIS. – Assisterez-vous à mon mariage ?

LYCÉNION. – Suis-je invitée ?

DAPHNIS. – Certainement.

LYCÉNION. – J’irai.

DAPHNIS. – Vous n’avez pas peur de trop souffrir ?

LYCÉNION. – Rien ne gronde dans mon cœur. Quand je me suis donnée à vous, ne savais-je pas qu’il me faudrait un jour me reprendre ? Mais le décrochage a été pénible. Nous n’en finissions plus. Nos deux âmes tenaient bien.

DAPHNIS. – C’est vrai. L’affaire a un peu traîné en longueur.

LYCÉNION. – Si je ne me sentais pas tout à fait détachée de vous, je couperais à l’instant, sans pitié, les dernières ficelles.

DAPHNIS. – Et plus tard, après le mariage, viendrez-vous nous voir ? Je vous présenterais comme une amie, une parente même.

LYCÉNION. – Ou une institutrice pour les enfants à naître. Plus tard, je les garderais ; vous pourriez voyager.

DAPHNIS. – Je me dispense de plaisanter. Chez moi, vous serez chez vous. Votre couvert sera toujours mis.

LYCÉNION. – Et ma place dans votre lit toujours bassinée.

DAPHNIS. – Pauvre amie, tu souffres !

LYCÉNION. – Pas du tout. Mais vous m’agacez avec votre système de compensations.

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