DAPHNIS. – Assisterez-vous à mon mariage ?
LYCÉNION. – Suis-je invitée ?
DAPHNIS. – Certainement.
LYCÉNION. – J’irai.
DAPHNIS. – Vous n’avez pas peur de trop souffrir ?
LYCÉNION. – Rien ne gronde dans mon cœur. Quand je me suis donnée à vous, ne savais-je pas qu’il me faudrait un jour me reprendre ? Mais le décrochage a été pénible. Nous n’en finissions plus. Nos deux âmes tenaient bien.
DAPHNIS. – C’est vrai. L’affaire a un peu traîné en longueur.
LYCÉNION. – Si je ne me sentais pas tout à fait détachée de vous, je couperais à l’instant, sans pitié, les dernières ficelles.
DAPHNIS. – Et plus tard, après le mariage, viendrez-vous nous voir ? Je vous présenterais comme une amie, une parente même.
LYCÉNION. – Ou une institutrice pour les enfants à naître. Plus tard, je les garderais ; vous pourriez voyager.
DAPHNIS. – Je me dispense de plaisanter. Chez moi, vous serez chez vous. Votre couvert sera toujours mis.
LYCÉNION. – Et ma place dans votre lit toujours bassinée.
DAPHNIS. – Pauvre amie, tu souffres !
LYCÉNION. – Pas du tout. Mais vous m’agacez avec votre système de compensations.