II

Ce soir, il fait un temps doux après une pluie fine. On part vers cinq heures, on gagne le bois et on marche sur les feuilles jusqu’au coucher du soleil.

Le chien multiplie dans le taillis ses lieues de chien. Sentira-t-il des bécasses ?

Peu importe au chasseur, s’il est poète.

Le quart d’heure de la croule venu, on se place toujours trop tôt, au pied d’un arbre, au bord d’une clairière. Les vols rapides des grives et des merles frôlent le cœur. Le canon du fusil bouge d’impatience. À chaque bruit, une émotion !

L’oreille tinte et l’œil se voile, et le moment passe si vite… que c’est déjà trop tard.

Les bécasses ne se lèveront plus ce soir.

Tu ne peux pas coucher là, poète !

Reviens ; prends la traverse, à cause de la nuit, par les prés humides, où tes souliers écrasent les petites huttes molles des taupes ; rentre chez toi, au chaud, à la lumière, sans remords, puisque tu es sans bécasse, – à moins que tu n’en aies laissé une à la maison !

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