II

Or les petits enfants, sous le rideau flottant,

Parlent bas comme on fait dans une nuit obscure.

Ils écoutent, pensifs, comme un lointain murmure...

Ils tressaillent souvent à la claire voix d’or

Du timbre matinal, qui frappe et frappe encor

Son refrain métallique en son globe de verre...

– Puis, la chambre est glacée... on voit traîner à terre

Épars autour des lits, des vêtements de deuil :

L’âpre bise d’hiver qui se lamente au seuil

Souffle dans le logis son haleine morose !

On sent, dans tout cela, qu’il manque quelque chose...

– Il n’est donc point de mère à ces petits enfants,

De mère au frais sourire, aux regards triomphants ?

Elle a donc oublié, le soir seule et penchée,

D’exciter une flamme à la cendre arrachée,

D’amonceler sur eux la laine et l’édredon

Avant de les quitter en leur criant : pardon.

Elle n’a point prévu la froideur matinale,

Ni bien fermé le seuil à la bise hivernale ? ...

– Le rêve maternel, c’est le tiède tapis,

C’est le nid cotonneux où les enfants tapis,

Comme de beaux oiseaux que balancent les branches,

Dorment leur doux sommeil plein de visions blanches ! ...

– Et là, – c’est comme un nid sans plumes, sans chaleur

Où les petits ont froid, ne dorment pas, ont peur ;

Un nid que doit avoir glacé la bise amère...

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