Chapitre 6La recherche de Gaw

Pour retrouver la piste de Gaw, il lui fallait retourner d’abord vers le camp des Dévoreurs-d’Hommes. Il marchait plus lentement. Son épaule brûlait sous les feuilles de saule qu’il y avait pressées ; sa tête bourdonnait : il sentait une douleur à l’endroit où l’avait atteint la massue et il éprouvait une grande mélancolie à voir que, après la conquête du Feu, sa tâche demeurait aussi rude et aussi incertaine. Il arriva ainsi au tournant de la même fresnaie d’où, avec ses jeunes hommes, il avait aperçu la halte des Kzamms. Alors, un brasier rouge y éteignait la lueur de la lune montante ; maintenant, le camp était morne, les braises, dispersées par Naoh, s’étaient toutes éteintes, l’argenture nocturne se posait sur l’immobilité des hommes et des choses; on n’entendait que la plainte intermittente d’un blessé.

Naoh, ayant consulté chacun de ses sens, eut la certitude que les poursuivants n’étaient pas revenus. Il marcha vers le camp : les plaintes du blessé cessèrent ; il sembla n’y avoir plus là que des cadavres. D’ailleurs, il ne s’attarda pas ; il marcha dans la direction par où Gaw avait fui tout d’abord, et il retrouva la piste. D’abord facile à suivre, accompagnée qu’elle était par les traces nombreuses des Kzamms, et presque en ligne droite, elle s’infléchissait par la suite, tournait entre des mamelons, revenait sur elle-même, traversait des broussailles. Une mare la coupait brusquement : Naoh ne la ressaisit qu’au tournant de la rive, humide maintenant, comme si Gaw et les autres eussent été trempés dans l’eau.

Devant un bois de sycomores, les Kzamms avaient dû se diviser en plusieurs bandes. Naoh réussit toutefois à démêler la direction favorable et marcha pendant trois ou quatre mille coudées encore. Mais, alors, il dut s’arrêter. De gros nuages engloutissaient la lune, l’aube ne se décelait pas encore. Le fils du Léopard s’assit au pied d’un sycomore qui croissait depuis dix générations d’hommes. Les fauves avaient fini leur chasse, les animaux diurnes ne bougeaient pas encore, cachés dans la terre, les fourrés, les trous des arbres, ou parmi les ramures.

Naoh se reposa ; quelques gouttes du temps éternel s’écoulèrent à travers la vie fugitive du bois. Puis une blancheur froide commença à se répandre de cime en cime. L’aube d’automne, appesantie et morte, effleurait les feuilles débiles et les nids ruineux, poussant devant elle une petite brise qui semblait le soupir des sycomores. Naoh, debout devant la lumière encore pâle comme la cendre blanche d’un foyer, mangea un morceau de chair séchée, se pencha sur le sol et se remit à suivre la piste. Elle le guida pendant des milliers de coudées. Sortie du bois, elle traversa une plaine de sable où l’herbe était rare et les arbrisseaux rabougris ; elle tourna parmi des terres où les roseaux rouges pourrissaient au bord des mares ; elle monta une colline et s’engagea parmi des mamelons ; elle s’arrêta enfin au bord d’une rivière que Gaw, certainement, avait franchie. Naoh la franchit à son tour et, après de longues démarches, découvrit que deux pistes de Kzamms convergeaient : Gaw pouvait être cerné !

Alors, le chef pensa qu’il serait bon d’abandonner le fugitif à son sort, afin de ne pas risquer, contre une seule existence, sa vie, celle de Nam et celle du Feu. Mais la poursuite l’exaspérait, quelque fièvre battait entre ses tempes, une espérance s’obstinait malgré tout ; il subissait aussi le simple entraînement de la chose commencée.

Outre les deux partis de Kzamms, dont Naoh venait de reconnaître la ruse, il fallait craindre celui qui avait poursuivi Nam et qui, après tant de tours et de détours, avait eu le temps de prendre une position avantageuse, si même il ne s’était divisé en groupes enveloppants. Confiant dans sa grande vitesse et dans sa ruse, le fils du Léopard suivit sans hésiter la piste même de Gaw, s’arrêtant à peine pour sonder l’étendue.

Le sol devint dur : le granit apparaissait sous un humus pauvre et de couleur bleuâtre ; puis une colline escarpée se présenta, que Naoh se décida à gravir, car les traces étaient maintenant assez récentes pour que, de la cime, on pût espérer surprendre la silhouette de Gaw ou un parti de poursuivants. Le nomade se glissa parmi la broussaille et parvint tout au haut de la colline. Il poussa une faible exclamation : Gaw venait d’apparaître sur une bande de terre rouge, terre de minium qui semblait arrosée du sang de troupeaux innombrables.

Derrière lui, à mille coudées, les hommes aux grands torses et aux jambes brèves avançaient en ordre éparpillé ; vers le nord, une deuxième troupe débordait. Toutefois, malgré la durée de la poursuite, le fils du Saïga ne semblait pas épuisé ; les Kzamms trahissaient une fatigue pour le moins égale à la sienne. Durant la longue nuit d’automne, Gaw n’avait pris le galop que pour se dérober aux embûches ou pour inquiéter les ennemis. Par malheur, les manœuvres des Kzamms l’avaient égaré ; il se dirigeait à l’aventure, sans plus savoir s’il était au couchant ou au midi du roc où il devait rejoindre le chef.

Naoh put suivre les péripéties de la chasse. Gaw filait vers un bois de pins au nord-est. La première troupe le suivait en formant une ligne brisée qui coupait la retraite sur un front de mille coudées. La deuxième troupe, qui débordait au nord, commençait à s’infléchir, de manière à atteindre le bois en même temps que le fugitif : mais, tandis que celui-ci l’aborderait par le sud-ouest, eux devaient y accéder par le levant. Cette situation n’était point désespérée, ni même très défavorable, pourvu que le fugitif obliquât vers le nord-ouest, dès qu’il se trouverait à couvert. Véloce, il lui serait facile de prendre une avance convenable et, si Naoh le joignait alors, ils pourraient prendre la direction du Grand-Fleuve.

D’un coup d’œil le chef reconnut la voie favorable : c’était une étendue broussailleuse, où il serait caché et qui le mènerait à la hauteur du bois, au couchant. Déjà, il se disposait à descendre de la colline, lorsqu’une péripétie nouvelle, de beaucoup plus redoutable, le fit tressaillir : un troisième parti apparaissait, cette fois au nord-ouest ; Gaw ne pouvait plus éviter l’étreinte des Kzamms qu’en fuyant à l’occident à grande vitesse. Il ne semblait pas avoir conscience du péril, il suivait une ligne droite.

Une fois encore, Naoh hésita entre la nécessité de sauvegarder le Feu, Nam et lui-même, et la tentation de secourir Gaw ; une fois encore, il céda à la force mystérieuse qui pousse l’homme et les bêtes à poursuivre l’œuvre commencée. Le fils du Léopard, après un long regard sur le site, dont toutes les particularités se fixèrent sur sa rétine, descendit la colline.

Il s’engagea le long de la broussaille, dont il suivit la limite occidentale. Puis il fit un crochet à travers de hautes herbes bleues et rousses ; et, comme sa vitesse dépassait de beaucoup celle des Kzamms et de Gaw, qui ménageaient leur souffle, il arriva en vue du bois avant que le fugitif ne s’y fût engagé.

Maintenant, il lui fallait faire connaître sa présence. Il imita la bramée de l’élaphe, en la répétant trois fois : c’était un signal familier aux Oulhamr. Mais la distance était trop grande ; Gaw aurait peut-être entendu en temps ordinaire : las, son attention tendue sur les poursuivants, le rappel lui échappa.

Alors, Naoh se décida à paraître : il jaillit des hautes herbes, surgit devant les ennemis et poussa son cri de guerre. Un long hurlement, répété par les partis de Kzamms qui survenaient à l’ouest et à l’est du bois, se répercuta dans l’espace. Gaw s’arrêta, tremblant sur ses jarrets – de joie et d’étonnement – puis, donnant toute sa vitesse, il accourut vers le fils du Léopard. Déjà celui-ci, sûr d’être suivi, fuyait selon la ligne praticable. Mais le troisième parti de Kzamms, averti, avait aussi changé de route et se précipitait pour couper la retraite, tandis que les premiers poursuivants se portaient à grande vitesse dans une direction presque parallèle à celle des fugitifs. Ces manœuvres réussirent : la route de l’ouest se trouva bloquée à la fois par des Kzamms et par une masse rocheuse, presque inaccessible, et il devenait impossible de s’infléchir vers le sud-ouest, où des guerriers formaient un demi-cercle.

Comme Naoh menait directement Gaw vers le roc, les Kzamms, resserrant leur étreinte, poussèrent un cri de triomphe ; plusieurs parvinrent à cinquante coudées des Oulhamr et lancèrent des sagaies. Mais Naoh, traversant un rideau de broussailles, entraînait son compagnon à travers un défilé entrevu du haut de la colline.

Les Kzamms hurlaient ; quelques-uns se hissèrent à leur tour jusqu’au défilé ; les autres tournèrent l’obstacle.

Cependant, Naoh et Gaw fuyaient de toute leur vitesse ; ils eussent pris une avance considérable si le terrain n’avait été si rude, si inégal et si mouvant. Quand ils ressortirent à l’autre extrémité de la masse rocheuse, trois Kzamms débouchaient du nord et coupaient la retraite. Naoh eût pu biaiser en se rejetant au midi ; mais il entendait le bruit croissant de la poursuite : il sut que de ce côté aussi sa course allait être arrêtée. Toute hésitation devenait mortelle.

Il s’élança droit sur les survenants, la massue d’une main et la hache de l’autre, tandis que Gaw saisissait son harpon. Craignant de laisser échapper les Oulhamr, les trois Kzamms s’étaient éparpillés. Naoh bondit sur celui qui était vers sa gauche. C’était un guerrier très jeune, leste et flexible, qui leva sa hache pour parer l’attaque. Un coup de massue lui arracha son arme ; un second coup l’abattit.

Les deux autres Dévoreurs-d’Hommes s’étaient précipités sur Gaw, comptant le terrasser assez vite pour réunir leurs forces contre Naoh. Le jeune Oulhamr avait dardé une sagaie et blessé, mais faiblement, un des agresseurs. Avant qu’il eût pu frapper de l’épieu, il était atteint à la poitrine. Un recul rapide, puis un bond transverse lui permirent de se mettre en garde. Tandis que l’un des Kzamms l’attaquait de face, avec vélocité, l’autre cherchait à le frapper par-derrière : Gaw allait succomber, lorsque Naoh arriva. L’énorme massue s’abattit avec le bruit d’un arbre qui croule ; un Kzamm craqua et s’affaissa ; l’autre battit en retraite, vers un groupe de guerriers qui, débouchant au nord, s’avançait à grande allure.

Il était trop tard. Les Oulhamr échappaient à l’étreinte ; ils fuyaient vers l’ouest, le long d’une ligne où aucun ennemi ne leur barrait le passage ; à chaque bond, ils augmentaient leur avance.

Ils coururent longtemps, tantôt sur la terre sonore, tantôt sur la fange ou parmi les herbes sifflantes, tantôt dans la brousse ou dans les tourbières, tantôt gravissant les côtes et tantôt dévalant éperdument. Bien avant que le soleil fût au milieu du firmament, ils avaient six mille coudées d’avance. Souvent ils espérèrent que l’ennemi cesserait la poursuite, mais, lorsqu’ils atteignaient une cime, ils finissaient toujours par découvrir la meute acharnée des Dévoreurs-d’Hommes.

Or Gaw s’affaiblissait. Sa blessure n’avait pas cessé de répandre du sang. Quelquefois ce n’était qu’un filet insaisissable : malgré la galopade furieuse, la plaie semblait close; puis, après quelques efforts plus brusques ou quelques faux pas dans une fondrière, le liquide rouge se mettait à sourdre. De jeunes peupliers s’étaient rencontrés, Naoh avait construit un tampon de feuilles ; mais la blessure continuait à saigner sous le bandage ; peu à peu, la vitesse de Gaw devint égale, puis inférieure à celle des Kzamms. Chaque fois, maintenant, que les fugitifs se retournaient, l’avant-garde des Kzamms avait gagné du terrain. Et le fils du Léopard, avec une rage profonde, songeait que, si Gaw ne reprenait pas quelque force, ils seraient rejoints avant d’avoir pu atteindre le troupeau des mammouths. Mais Gaw ne reprenait pas de force; une colline se présenta, qu’il gravit avec une peine excessive ; au sommet, les jambes tremblantes, le visage couleur de cendre, le cœur exténué, il chancela. Et Naoh, tourné vers la troupe fauve, qui commençait à gravir la pente, vit combien la distance avait encore décru.

« Si Gaw ne peut plus courir, dit-il d’une voix creuse, les Dévoreurs-d’Hommes nous auront rejoints avant que nous n’arrivions en vue du fleuve.

– Les yeux de Gaw sont obscurs, ses oreilles sifflent comme des grillons ! balbutia le jeune guerrier. Que le fils du Léopard continue seul sa course, Gaw mourra pour le Feu et pour le chef.

– Gaw ne mourra pas encore ! »

Et, se tournant vers les Kzamms, Naoh poussa un furieux cri de guerre, puis, jetant Gaw sur son dos, il reprit sa course. D’abord, son grand courage et sa formidable musculature lui permirent de garder son avance. Sur le sol déclive, il bondissait, emporté par la pesanteur. Flexibles comme des branches de frêne, ses jarrets soutenaient cette chute incessante. Au bas de la colline, son souffle s’accéléra, ses pieds s’alourdirent. Sans sa blessure, qui brûlait sourdement, sans le coup de massue sur la tête, qui faisait encore bruire ses oreilles, il aurait pu, même avec Gaw sur l’épaule, devancer les Dévoreurs-d’Hommes aux jambes trapues et lassés par une longue course. Mais il avait dépassé ses forces ; nulle bête sur la steppe ou sous les futaies n’aurait pu mener une tâche aussi longue et aussi harassante... Maintenant, sans relâche, la distance décroissait, qui le séparait des Kzamms. Il entendait leurs pas gratter la terre et y rebondir ; il savait à chaque moment de combien ils se rapprochaient : ils furent à cinq cents coudées, puis à quatre cents, puis à deux cents. Alors, le fils du Léopard déposa Gaw sur la terre et, les yeux hagards, il eut une hésitation suprême.

« Gaw, fils du Saïga, dit-il enfin, Naoh ne peut plus t’emporter devant les Dévoreurs-d’Hommes ! »

Gaw s’était redressé. Il dit :

« Naoh doit abandonner Gaw et sauver le Feu. »

Tout engourdi, car, malgré les secousses, il avait dormi sur l’épaule du chef, il se secoua, il étendit les bras, et les Kzamms, parvenus à soixante coudées, levaient leurs sagaies pour commencer la lutte. Naoh, résolu à ne fuir qu’au dernier moment, leur fit face. Les premiers projectiles bourdonnèrent ; lancés de trop loin, la plupart retombaient sans même parvenir jusqu’aux Oulhamr; un seul, effleurant Gaw à la jambe, lui fit une blessure aussi légère qu’une épine d’églantier. À la riposte, Naoh atteignit le plus proche des Dévoreurs-d’Hommes ; ensuite, il transperça le ventre d’un guerrier qui s’avançait à grands bonds. Ce double exploit jeta le trouble parmi les agresseurs d’avant-garde. Ils poussèrent une clameur épouvantable, mais s’arrêtèrent pour attendre du renfort.

Cette pause fut favorable aux Oulhamr. La piqûre semblait avoir réveillé Gaw. D’une main encore faible, il avait saisi un harpon et il le brandissait, attendant que les ennemis fussent à bonne portée. Naoh, voyant le geste, demanda :

« Gaw a donc repris de la force ? Qu’il fuie !... Naoh retardera la poursuite... »

Le jeune guerrier hésitait, mais le chef reprit d’un ton bref :

« Va ! »

Gaw se mit à fuir, d’un pas qui, d’abord lourd et hésitant, s’affermissait à mesure. Naoh reculait, lent et formidable, tenant à chaque main une sagaie, et les Kzamms hésitaient. Enfin, leur chef ordonna l’attaque. Les dards sifflèrent, les hommes bondirent. Naoh arrêta encore deux guerriers dans leur course et prit du champ.

Et la poursuite recommença sur la terre innombrable. Gaw parfois retrouvait ses jarrets, parfois s’alanguissait, les muscles mous, le souffle rude.

Naoh l’entraînait par la main. L’avantage n’en restait pas moins aux Kzamms. Ils suivaient d’un trot soutenu, sans même se hâter, confiants dans leur endurance. Or Naoh ne pouvait plus emporter son compagnon. La grande fatigue et la fièvre rendaient sa blessure pesante ; son crâne s’emplissait de rumeur ; et, par surcroît, il avait heurté son pied contre une roche.

« Il faut que Gaw meure ! ne cessait de répéter le jeune guerrier. Naoh dira qu’il a bien combattu. »

Sombre, le chef ne répondait point. Il écoutait le trot des ennemis. De nouveau, ils furent à deux cents coudées, puis à cent, tandis que les fugitifs gravissaient une pente. Alors, le fils du Léopard, rassemblant ses énergies profondes, maintint la distance jusqu’au haut du mamelon. Et là, jetant un long regard sur l’occident, la poitrine palpitante à la fois de lassitude et d’espérance, il cria :

« Le Grand-Fleuve... les mammouths ! »

L’eau vaste était là, miroitante parmi les peupliers, les aulnes, les frênes et les vernes ; le troupeau était là aussi, à quatre mille coudées, paissant les racines et les jeunes arbres. Naoh se rua, entraînant Gaw dans un élan qui leur fit gagner plus de cent coudées. C’était le dernier soubresaut ! Ils reperdirent cette faible avance, coudée par coudée. Les Kzamms poussaient leur cri de guerre...

Quand deux mille coudées séparèrent Naoh et Gaw de la cime du mamelon, les Kzamms étaient presque à portée. Ils gardaient leur pas égal et bref, d’autant plus sûrs d’atteindre les Oulhamr qu’ils les acculeraient au troupeau de mammouths. Ils savaient que ceux-ci, malgré leur indifférence pacifique, ne souffraient aucune présence ; donc, ils refouleraient les fugitifs.

Toutefois les poursuivants ne négligeaient pas de se rapprocher ; on entendait maintenant leur souffle, et il fallait encore parcourir mille coudées !... Alors Naoh poussa une longue plainte et l’on vit un homme émerger d’un bois de platanes ; puis une des énormes bêtes leva sa trompe avec un barrit strident. Elle s’élança, suivie de trois autres, droit vers le fils du Léopard. Les Kzamms, effarés et contents, s’arrêtèrent : il n’y avait plus qu’à attendre le recul des Oulhamr, à les cerner et à les anéantir.

Naoh, cependant, continua de courir pendant une centaine de coudées, puis, tournant vers les Kzamms son visage creux de fatigue et ses yeux étincelants de triomphe, il cria :

« Les Oulhamr ont fait alliance avec les mammouths. Naoh se rit des Dévoreurs-d’Hommes. »

Tandis qu’il parlait, les mammouths arrivèrent ; à la stupeur infinie des Kzamms, le plus grand mit sa trompe sur l’épaule de l’Oulhamr. Et Naoh poursuivit :

« Naoh a pris le Feu. Il a abattu quatre guerriers dans le campement ; il en a abattu quatre autres pendant la poursuite... »

Les Kzamms répondirent par des hurlements de fureur, mais, comme les mammouths avançaient encore, ils reculèrent en hâte, car, pas plus que les Oulhamr, ils n’avaient encore conçu que l’homme pût combattre ces hordes colossales.

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