Préface

Je venais de terminer Nell Horn. De ce long effort à atteindre, la figuration d'existences réelles, je sortais courbaturé. Sans courage pour commencer le Bilatéral dont, depuis dix-huit mois, j'assemblais les éléments, j'eus soif de contraste, soif de me retremper dans un travail dissemblable. Le fantastique et l’énigmatique, mes délassements de coutume, cette fois ne me souriaient guère. De ma cave à projets, je déterrai alors une liasse, mi-notes, mi-récit, le squelette d'un Conte blanc où la réalité n'avait qu'une part légère.

La fabulation y employait les cordes qui ont fait tressaillir les ancêtres, les annales impérissables de l'amour. Je me mis à l'oeuvre, tentant un poème, mais un poème encadré du vraisemblable de notre époque…

Un mois, deux mois de labeur et, quand j'eus fini, l'ardeur de la réalité m'était revenue, plus fraîche, plus forte : je pus m'enchaîner allègrement à mes treize mois de Bilatéral. Plus tard, relisant le Poème, j'y ai trouvé plaisir, le plaisir, je crois, qu'y trouveront les âmes amoureuses et sans parti pris.

Les Corneilles, annoncées dès 1880 dans Nell Horn, parurent à la Revue Indépendante en août 1887.

Je prends date, mis en défiance contre telle oeuvre postérieure qui pourrait offrir avec celle-ci des analogies trop frappantes : parturient montes… !

Juin1888.

J.-H. ROSNY.

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