SCÈNE I.

ISABELLE, ÉLIANTE.

ISABELLE.

L’hymen va donc enfin serrer des nœuds si doux ;

Valère, à son retour, doit être votre époux :

Vous allez être heureuse. Ah ! ma chère Éliante !

ÉLIANTE.

Vous soupirez ? Eh bien ! si l’exemple vous tente,

Dorante vous adore, et vous le voyez bien.

Pourquoi gêner ainsi votre cœur et le sien ?

Car vous l’aimez un peu ; du moins je le soupçonne.

ISABELLE.

Non, l’hymen n’aura plus de droits sur ma personne,

Cousine ; un premier choix m’a trop mal réussi.

ÉLIANTE.

Prenez votre revanche en faisant celui-ci.

ISABELLE.

Je veux suivre la loi que j’ai su me prescrire ;

Ou du moins… Car Dorante a voulu me séduire,

Sous le feint nom d’ami s’emparer de mon cœur ;

Serais-je donc ainsi la dupe d’un trompeur.

Qui, par le succès même, en serait plus coupable,

Et qui l’est trop, peut-être ?

ÉLIANTE.

Il est donc pardonnable.

ISABELLE.

Point ; il ne m’aura pas trompée impunément.

Il vient. Éloignons-nous, ma cousine, un moment.

Il n’est pas de son but aussi près qu’il le pense ;

Et je veux à loisir méditer ma vengeance.

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