ISABELLE, ÉLIANTE.
ISABELLE.
L’hymen va donc enfin serrer des nœuds si doux ;
Valère, à son retour, doit être votre époux :
Vous allez être heureuse. Ah ! ma chère Éliante !
ÉLIANTE.
Vous soupirez ? Eh bien ! si l’exemple vous tente,
Dorante vous adore, et vous le voyez bien.
Pourquoi gêner ainsi votre cœur et le sien ?
Car vous l’aimez un peu ; du moins je le soupçonne.
ISABELLE.
Non, l’hymen n’aura plus de droits sur ma personne,
Cousine ; un premier choix m’a trop mal réussi.
ÉLIANTE.
Prenez votre revanche en faisant celui-ci.
ISABELLE.
Je veux suivre la loi que j’ai su me prescrire ;
Ou du moins… Car Dorante a voulu me séduire,
Sous le feint nom d’ami s’emparer de mon cœur ;
Serais-je donc ainsi la dupe d’un trompeur.
Qui, par le succès même, en serait plus coupable,
Et qui l’est trop, peut-être ?
ÉLIANTE.
Il est donc pardonnable.
ISABELLE.
Point ; il ne m’aura pas trompée impunément.
Il vient. Éloignons-nous, ma cousine, un moment.
Il n’est pas de son but aussi près qu’il le pense ;
Et je veux à loisir méditer ma vengeance.