SCÈNE VIII.

LE DEVIN, COLIN, COLETTE, GARCONS ET FILLES DU VILLAGE.

CHŒUR.

Colin revient à sa bergère ;

Célébrons un retour si beau.

Que leur amitié sincère

Soit un charme toujours nouveau.

Du Devin de notre village

Chantons le pouvoir éclatant :

Il ramène un amant volage,

Et le rend heureux et constant.

(On danse.)

ROMANCE.

COLIN.

Dans ma cabane obscure

Toujours soucis nouveaux ;

Vent, soleil ou froidure,

Toujours peine et travaux.

Colette, ma bergère,

Si tu viens l’habiter,

Colin, dans sa chaumière,

N’a rien à regretter.

Des champs, de la prairie,

Retournant chaque soir,

Chaque soir plus chérie,

Je viendrai te revoir :

Du soleil dans nos plaines

Devançant le retour,

Je charmerai mes peines

En chantant notre amour.

(On danse une pantomime.)

LE DEVIN

Il faut tous à l’envi

Nous signaler ici :

Si je ne puis sauter ainsi,

Je dirai pour ma part une chanson nouvelle.

(Il tire une chanson de sa poche.)

I.

L’art à l’Amour est favorable,

Et sans art l’Amour sait charmer ;

À la ville on est plus aimable,

Au village on sait mieux aimer.

Ah ! pour l’ordinaire,

L’amour ne sait guère

Ce qu’il permet, ce qu’il défend ;

C’est un enfant, c’est un enfant.

COLIN, avec le chœur, répète le refrain.

Ah ! pour l’ordinaire,

L’Amour ne sait guère

Ce qu’il permet, ce qu’il défend ;

C’est un enfant, c’est un enfant.

(Regardant la chanson.)

Elle a d’autres couplets ! je la trouve assez belle.

COLETTE, avec empressement.

Voyons, voyons ; nous chanterons aussi.

(Elle prend la chanson.)

II.

Ici de la simple nature

L’Amour suit la naïveté ;

En d’autres lieux, de la parure

Il cherche l’éclat emprunté.

Ah ! pour l’ordinaire,

L’Amour ne sait guère

Ce qu’il permet, ce qu’il défend ;

C’est un enfant, c’est en enfant.

CHŒUR.

C’est un enfant, c’est un enfant.

COLIN.

III.

Souvent une flamme chérie

Est celle d’un cœur ingénu ;

Souvent par la coquetterie

Un cœur volage est retenu.

Ah ! pour l’ordinaire, etc.

(À la fin de chaque couplet le chœur répète toujours ce vers :)

C’est un enfant, c’est un enfant.

LE DEVIN.

IV.

L’Amour, selon sa fantaisie,

Ordonne et dispose de nous ;

Ce dieu permet la jalousie,

Et ce dieu punit les jaloux.

Ah ! pour l’ordinaire, etc.

COLIN.

V.

À voltiger de belle en belle,

On perd souvent l’heureux instant ;

Souvent un berger trop fidèle

Est moins aimé qu’un inconstant.

Ah ! pour l’ordinaire, etc.

COLETTE.

VI.

À son caprice on est en butte,

Il veut les ris, il veut les pleurs ;

Par les… par les.

COLIN, lui aidant à lire.

Par les rigueurs on le rebute.

COLETTE.

On l’affaiblit par les faveurs.

(Ensemble.)

Ah ! pour l’ordinaire,

L’Amour ne sait guère

Ce qu’il permet, ce qu’il détend ;

C’est un enfant, c’est un enfant.

CHŒUR.

C’est un enfant, c’est un enfant.

(On danse)

COLETTE.

Avec l’objet de mes amours,

Rien ne m’afflige, tout m’enchante :

Sans cesse il rit, toujours je chante.

C’est une chaîne d’heureux jours.

Quand on sait bien aimer, que la vie est charmante !

Tel, au milieu des fleurs qui brillent sur son cours,

Un doux ruisseau coule et serpente.

Quand on sait bien aimer, que la vie est charmante !

(On danse.)

COLETTE.

Allons danser sous les ormeaux,

Animez-vous, jeunes fillettes :

Allons danser sous les ormeaux,

Galants, prenez vos chalumeaux.

(Les Villageois répètent ces quatre vers.)

COLETTE.

Répétons mille chansonnettes ;

Et, pour avoir le cœur joyeux,

Dansons avec nos amoureux ;

Mais n’y restons jamais seulettes.

Allons danser sous les ormeaux, etc.

LES VILLAGEOISES.

Allons danser sous les ormeaux, etc.

COLETTE.

À la ville on fait bien plus de fracas ;

Mais sont-ils aussi gais dans leurs ébats ?

Toujours contents,

Toujours chantants ;

Beauté sans fard,

Plaisir sans art :

Tous leurs concerts valent-ils nos musettes ?

Allons danser sous les ormeaux, etc.

LES VILLAGEOISES.

Allons danser sous les ormeaux, etc.

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