LE DEVIN, COLIN, COLETTE, GARCONS ET FILLES DU VILLAGE.
CHŒUR.
Colin revient à sa bergère ;
Célébrons un retour si beau.
Que leur amitié sincère
Soit un charme toujours nouveau.
Du Devin de notre village
Chantons le pouvoir éclatant :
Il ramène un amant volage,
Et le rend heureux et constant.
(On danse.)
ROMANCE.
COLIN.
Dans ma cabane obscure
Toujours soucis nouveaux ;
Vent, soleil ou froidure,
Toujours peine et travaux.
Colette, ma bergère,
Si tu viens l’habiter,
Colin, dans sa chaumière,
N’a rien à regretter.
Des champs, de la prairie,
Retournant chaque soir,
Chaque soir plus chérie,
Je viendrai te revoir :
Du soleil dans nos plaines
Devançant le retour,
Je charmerai mes peines
En chantant notre amour.
(On danse une pantomime.)
LE DEVIN
Il faut tous à l’envi
Nous signaler ici :
Si je ne puis sauter ainsi,
Je dirai pour ma part une chanson nouvelle.
(Il tire une chanson de sa poche.)
I.
L’art à l’Amour est favorable,
Et sans art l’Amour sait charmer ;
À la ville on est plus aimable,
Au village on sait mieux aimer.
Ah ! pour l’ordinaire,
L’amour ne sait guère
Ce qu’il permet, ce qu’il défend ;
C’est un enfant, c’est un enfant.
COLIN, avec le chœur, répète le refrain.
Ah ! pour l’ordinaire,
L’Amour ne sait guère
Ce qu’il permet, ce qu’il défend ;
C’est un enfant, c’est un enfant.
(Regardant la chanson.)
Elle a d’autres couplets ! je la trouve assez belle.
COLETTE, avec empressement.
Voyons, voyons ; nous chanterons aussi.
(Elle prend la chanson.)
II.
Ici de la simple nature
L’Amour suit la naïveté ;
En d’autres lieux, de la parure
Il cherche l’éclat emprunté.
Ah ! pour l’ordinaire,
L’Amour ne sait guère
Ce qu’il permet, ce qu’il défend ;
C’est un enfant, c’est en enfant.
CHŒUR.
C’est un enfant, c’est un enfant.
COLIN.
III.
Souvent une flamme chérie
Est celle d’un cœur ingénu ;
Souvent par la coquetterie
Un cœur volage est retenu.
Ah ! pour l’ordinaire, etc.
(À la fin de chaque couplet le chœur répète toujours ce vers :)
C’est un enfant, c’est un enfant.
LE DEVIN.
IV.
L’Amour, selon sa fantaisie,
Ordonne et dispose de nous ;
Ce dieu permet la jalousie,
Et ce dieu punit les jaloux.
Ah ! pour l’ordinaire, etc.
COLIN.
V.
À voltiger de belle en belle,
On perd souvent l’heureux instant ;
Souvent un berger trop fidèle
Est moins aimé qu’un inconstant.
Ah ! pour l’ordinaire, etc.
COLETTE.
VI.
À son caprice on est en butte,
Il veut les ris, il veut les pleurs ;
Par les… par les.
COLIN, lui aidant à lire.
Par les rigueurs on le rebute.
COLETTE.
On l’affaiblit par les faveurs.
(Ensemble.)
Ah ! pour l’ordinaire,
L’Amour ne sait guère
Ce qu’il permet, ce qu’il détend ;
C’est un enfant, c’est un enfant.
CHŒUR.
C’est un enfant, c’est un enfant.
(On danse)
COLETTE.
Avec l’objet de mes amours,
Rien ne m’afflige, tout m’enchante :
Sans cesse il rit, toujours je chante.
C’est une chaîne d’heureux jours.
Quand on sait bien aimer, que la vie est charmante !
Tel, au milieu des fleurs qui brillent sur son cours,
Un doux ruisseau coule et serpente.
Quand on sait bien aimer, que la vie est charmante !
(On danse.)
COLETTE.
Allons danser sous les ormeaux,
Animez-vous, jeunes fillettes :
Allons danser sous les ormeaux,
Galants, prenez vos chalumeaux.
(Les Villageois répètent ces quatre vers.)
COLETTE.
Répétons mille chansonnettes ;
Et, pour avoir le cœur joyeux,
Dansons avec nos amoureux ;
Mais n’y restons jamais seulettes.
Allons danser sous les ormeaux, etc.
LES VILLAGEOISES.
Allons danser sous les ormeaux, etc.
COLETTE.
À la ville on fait bien plus de fracas ;
Mais sont-ils aussi gais dans leurs ébats ?
Toujours contents,
Toujours chantants ;
Beauté sans fard,
Plaisir sans art :
Tous leurs concerts valent-ils nos musettes ?
Allons danser sous les ormeaux, etc.
LES VILLAGEOISES.
Allons danser sous les ormeaux, etc.