Histoire du Canada

Gabriel Sagard

et voyages que les Freres mineurs recollects y ont faicts pour la conversion des infidelles

NOTES DU TRANSCRIPTEUR

Ce document a été produit à partir d'un fichier PDF obtenu de la Bibliothèque Nationale de France (Gallica). La numérisation en était assez soignée, mais l'impression de l'édition de 1636 qu'elle reproduit ne peut se vanter de semblable qualité.

Pour éviter la confusion, nous avons converti les grands S en caractères modernes. Nous avons également changés les i-j et les u-v pour les rendre conformes à la prononciation.

Par contre nous avons conservé tous les autres attributs archaïques du texte, tels que l'orthographe, la ponctuation, l'accentuation et les erreurs de notation des chiffres romains.

HISTOIRE

DU CANADA

ET

VOYAGES QUE LES FRERES

Mineurs Recollects y ont faicts pour
la conversion des Infidelles.

DIVISEZ EN QUATRE LIVRES.

Où est amplement traicté des choses principales arrivées dans le pays depuis l'an 1615 jusques à la prise qui en a esté faicte par les Anglois. Des biens & commoditez qu'on en peut esperer. Des moeurs, ceremonies, creance, loix, & coustumes merveilleuses de ses habitans. De la conversion & baptesme de plusieurs, & des moyens necessaires pour les amener à la cognoissance de Dieu. L'entretien ordinaire de nos Mariniers, & autres particularités qui se remarquent en la suite de l'histoire.

Fait & composé par le F. GABRIEL SAGARD,
THEODAT, Mineur Recollect de la Province de Paris.

A PARIS,

Chez Claude Sonnius, rue S. Jacques,
à l'Escu de Basle, & au Compas d'or,
M. DC XXXVI.
Avec Privilege & Approbation.

A TRÈS-AUGUSTE
ET
SERENISSIME PRINCE

Henry de Lorraine,
ARCHEVESQUE ET DUC
de Rheims, premier Pair de
France, nay Legat du S. Siege,
& Abbé des deux Monasteres
S. Denis, & S. Remy, &c.

MONSEIGNEUR,

Il n'y a rien qui charme tant, les affections des hommes, & qui les attache plus puissamment aux grands Princes que la vertu & bon exemple qu'ils doivent à leurs sujets. Vostre naissance de la tres-ancienne, tres Auguste & royalle maison de Lorraine, vous est d'un si grand advantage que je ne m'estonne point de l'opinion de plusieurs que vostre grandeur sera un jour un sainct. La perfection peut estre petite au commencement, mais elle s'esleve comme les Cedres du Liban, & va tousjours croissant à mesure qu'elle est arrousée des benedictions du Ciel, que le Seigneur verse abondamment en vous dont on en voit tous les jours des effects. L'histoire nous apprend (Monseigneur) qu'autrefois il n'estoit pas permis à aucun d'aller saluer les Roys de Perse, que l'on n'eust quelque chose à leur donner, non pour les enrichir: car ils estoient des plus grands & puissans Princes de toute la terre, mais seulement pour obliger les sujets à rendre quelque tesmoignage de l'affection qu'ils portoient à leur Prince.

C'est pourquoy considerant les grandes obligations & bienveillances tres-estroites que Vostre saincte & Royalle maison a acquis sur tous les Religieux du monde dont elle a tousjours esté le support & l'asyle asseuré, j'ay pris la hardiesse de presenter aux pieds de Vostre grandeur cest ouvrage avec son Autheur, qui sera s'il vous plaist pour un asseuré tesmoignage; de l'affection que j'ay à vostre service, & une foible recognoissance de l'obligation que vous ont les Recollects de vostre ville de fainct Denis, & moy en particulier m'ayant autrefois fait l'honneur me commander de luy discourir des moeurs des Sauvages, & du pays de Canada.

S'en est un traicté (Monseigneur) & des choses principales qui s'y sont passées pendant quatorze ou quinze années que nos Peres y ont demeuré pour la conversion du pays. Si vostre, grandeur le reçoit comme je l'en supplie en toute humilité (orné sur son frontispice de vostre Auguste nom) il sera bien venu & chery de tout le monde, & verra-on qu'à l'imitation de tous les Princes de vostre maison, vous cherissez la conversion des infidelles comme ils ont tousjours esté portez pour l'accroissement de l'Empire de Jesus-Christ, l'extirpation des heresies, la paix & le salut des peuples.

Ce sont ces vertus là (Prince tres-illustre) qui vous acquerront un grand Empire dans le Ciel, & vous feront aymer de tous les courtisans du Paradis. La terre n'est qu'un petit point, & ce petit point divisé en tant d'autres que je m'estonne comme les Princes, à qui Dieu a donné un coeur si relevé puissent mettre leur affection à chose si basse, & comme un néant devant les yeux de Dieu.

La vostre n'y est point attachée (Monseigneur) vos pensées sont toutes autres, & croy pour moy ayant considere la douceur & bonté de vostre naturel, qu'un jour on dira le coeur de ce Prince estoit tout en Dieu, ce n'est point ma croyance seule, mais de beaucoup d'autres qui sçavent qu'il est permis aux grands de paroistre avec un grand esclat extérieur, tandis, que leur intérieur traicte de paix avec ce Dieu duquel ils sont les images.

Agreez donc, Monseigneur, s'il vous plaist, mes bonnes volontez, & recevez ce petit present de la mesme, affection que ce grand Prince receut le verre, d'eau d'un pauvre villageois: ce n'est point à la valeur du don qu'on regarde, mais à l'affection du coeur d'où il part, mon histoire mal polie ne merite pas de vous estre offerte n'y qui employe aucune heure de vostre loisir, la lecture vous en seroit ennuyeuse comme mon stile grossier trop importun, mais puis que vostre clemence ne desdaigne personne pour petit qu'il soit & ne mesprise le donneur pour son petit don, suffit que vostre grandeur lui fasse l'honneur de le recevoir avec un doux accueil, & le protège à lencontre de tous les envieux, & les langues mesdisantes de ceux qui comme des araignes veneneuses tirent du venin de la fleur d'où l'abeille succe le miel. C'est la très-humble prière que je fais à vostre excellence qui est la sagesse, la bonté & la courtoisie mesme, & tellement accomplie que pour faire un Prince aussi parfait que vous estes, il faudroit recueillir ceste perfection de plusieurs. Ce sont dons que Dieu vous a faits lesquels je prie sa divine bonté vous accroistre, & conserver ses benedictions en vostre Auguste maison, qui suis,

MONSEIGNEUR,

A Paris ce 1 Septembre 1636.

Vostre tres-humble &
tres-affectionné serviteur
en J.-C. GABRIEL SAGARD
Recollect.

AU LECTEUR

E grand Appelles (amy Lecteur) que la venerable antiquité a admiré entre tous les plus excellens Peintres de son temps estoit tellement amateur de la perfection de ses oeuvres qu'il les exposoit à la censure d'un chacun, pour en cognoistre les fautes, & en corriger tous les deffauts, mais comme il arrive ordinairement que les plus impertinens s'emportent facilement en toutes choses, il arriva que le cordonnier fut de fort bonne grâce repris par cet admirable Appelles qu'ayant jugé du soulier, il vouloit encor controller le reste du vestement.

A l'exemple de cet excellent Peintre j'ay librement presenté au publique le premier crayon de mon voyage des Hurons dedié au tres-valleureux & puissant Prince Monseigneur le Comte d'Harcourt Generalissime de l'armée Navale du Roy, lequel a esté parfaitement bien receu, & veu en diverses nations estrangeres, car tant s'en faut que les personnes sages & de bon esprit, & ceux qui ont quelque cognoissances dans le pays y ayent trouvé à redire, qu'au contraire ils m'ont supplié de l'amplifier, & de descrire l'histoire entiere des choses principales qui se sont passées en tout le Canada, pendant quatorze ou quinze années que nos freres y ont demeuré pour la conversion du pays, la lecture de laquelle vous sera d'autant plus utile qu'elle vous portera à une recognoissance envers ce Dieu de tout le monde qui vous a fait naistre dans un pays Chrestien, & de parens Catholiques. Les plus devots y trouveront de quoy occuper leurs bonnes oeuvres & charité à l'endroit de tant de pauvres âmes esgarées & esloignées du chemin de salut. Les affligez leur consideration endurant pour le Paradis, où les pauvres barbares ne souffrent que pour l'enfer. Les esprits curieux, & qui n'ont autre but que leur propre divertissement y verront dequoy se satisfaire allechez par l'aggreable aspect & diversité des choses y contenues, & ceux qui ont voyagé dans le pays comme a fait depuis moy le R. P. Brebeuf Jesuite, pourront avoir le mesme sentiment que ce bon Pere tesmoigna de mon premier Livre, lequel il jugea non seulement digne de voir le jour, mais s'offrit d'en donner son approbation s'il eut esté necessaire.

Je peux donc à bon droit dire que ce Volume peut profiter non seulement aux devots, & personnes portées à la pieté, mais à tous ceux qui ne sont portez que d'une simple curiosité de cognoistre les choses estrangeres & non communes. Pour les esprits blessez ou enyvrez du mal-heureux péché d'envie qui perce jusques aux plus fortes & secretes murailles du monde, il m'est indifferent qu'ils m'ayent en considération ou en mespris, suffit que l'on sçache que ce font personnes qui ne sçauroient souffrir en autruy le bien qu'ils ne peuvent faire eux mesmes.

On me pourra dire que je devois avoir emprunté une plume meilleure que la mienne pour polir mes escrits, & les rendre recommandables, mais c'est dequoy je me soucie le moins, & vous asseure que quand bien je l'aurois pu faire je ne l'aurois pas fait, car il n'est pas raisonnable qu'un pauvre frere mineur comme moy, se pare des riches thresors de l'éloquence d'autruy, & puis je n'ay pas entrepris de contenter les amateurs de beaux discours, mais d'édifier les bonnes ames qui verront en cette Histoire une grande exemple de patience & modestie en nos Sauvages, un coeur vrayement noble, & une paix & union admirable, car que servent tant de mots nouveaux & inventez à plaisir sinon pour vuider l'ame de la devotion & la remplir de vanité. Il n'y a pas jusques à de certaines devotes & petites servantes de Jesus-Christ, qui veulent pindariser & faire les sçavantes en matière de bien dire. Il vaudrait bien mieux, disoit saincte Therese, qu'elles usassent du langage des hermites, sceussent peu parler & bien operer, que de s'amuser à ces cajoleries, ou discours affectez.

On demanda un jour à Démosthenes par quel moyen il estoit plus excellent que les autres en l'art de bien parler, il respondit en consommant, plus d'huyle que de vin. Je pourrois rendre la mesme responce à ceux qui m'interrogeroient du moyen d'avoir pu travailler à mon Histoire, estant si occupé d'ailleurs en d'autres commissions. Que la lampe m'a servy de Soleil, & qu'à peine ses rayons m'ont ils veu composer mes escrits qui portent le pardon de mes fautes s'il s'en trouve dans le corps de ce Livre, car il est bien difficile qu'ayant l'esprit partagé en tant d'endroits & preocupé de tant de differentes affaires il ne s'y soit glissé quelques redites ou trop de sentences & d'exemples, qui portent la rougeur au front de ceux qui se qualifient du nom de Chrestiens, & vivent presque en payens. Tout le monde abonde en son sens & en ses sentimens, quelqu'un me dira que j'ay plustost allégué les sentences des sages payens que non pas des vertueux Chrestiens, je l'ay fait pour ce qu'elles me sembloient plus à nostre confusion, car quand je considere la vie & moeurs d'un Phocion ou d'un Socrates, où les riches documens d'un Marc Aurelle, & d'un Seneque Payens, je suis plus esmeu pour la vertu que non pas par la consideration d'un sainct Jean Baptiste où les belles sentences de quelque autre Sainct qui n'ayent point eu de vices. De mesme je reste plus confus en la pensée de la vie d'une saincte femme que d'un sainct homme, à raison de la fragilité du sexe féminin, qui me donne quelque esperance de pouvoir parvenir à la vertu, l'homme ayant naturellement plus de courage, & la femme moins de resolution.

Mon intention a tousjours esté bonne, & ne voudrois pour rien avoir offencé qui que ce soit, car pour la reprehension que je fais aux vices, personne ne s'en peut offencer que les vicieux mesmes desquels je ne dois pas craindre le mespris, n'y appeler les louanges. Si j'ay parlé advantageusement pour mes Sauvages contre ceux qui negligeoient leur conversion, ç'a esté par devoir, & non pour interest que de celuy de mon Dieu. J'ay blasmé le peu de soin qu'on a eu du pays, & je les ay deu faire pour la mesme intention, & faire veoir les choses comme elles se sont passées pour y apporter les remedes, car ça esté une chose bien déplorable que quelques Marchands des Compagnies anciennes, avant cette nouvelle, qui a pris tout un autre esprit y ayent apporté si peu de soin, & plustost nuits que favorisez nos pieux desseins de les convertir, rendre sedentaires, & peupler le païs.

Je remonstre avec raison combien il seroit necessaire pour le bien du public d'imiter en quelque chose les loix Chinoises, & regler les pauvres & vagabonds, non contre la charité que je dois aux vrais pauvres & membres de Jesus-Christ, mais pour remédier aux abus qui se glissent sous ce nom de pauvres; car en verité il se trouve en beaucoup de choses de la tromperie, qui seroit besoin de cognoistre pour le soulagement des vrays pauvres, & corriger les abus.

Je fais mention des trois Ordres establis par sainct François, non pour en relever le lustre; car il parle assez de soy-mesme, mais pour nostre repos & contenter ceux qui en desirent sçavoir les distinctions j'avois aussi dessein d'inserer en ce volume plusieurs pièces importantes touchant nostre establissement & mission és terres du Canada avec nos Dictionaires & phrases de parler és langues Canadoise, Algoumequine, & Huronne; mais l'ayant veu grossir suffisamment sous ma plume, j'ay creu avec le conseil de nos amis qu'il valloit mieux laisser toutes ces pièces & ces Dictionnaires pour un autre Tome à part, que de grossir trop inconsiderement ce livre, autrement il m'eust fallu contre le sentiment de plusieurs retrancher de mon livre de belles authoritez, lesquelles si elles ne plaisent aux uns, pourront contenter les autres, car il y a des esprits qui se delectent au meslange, & en la diversité, principalement les simples pour lesquels j'escris, & non pour les doctes qui n'ay dequoy leur satisfaire.

Voyla, amy Lecteur, mon petit labeur, l'Histoire du Canada que je vous prie d'aggréer & prendre en bonne part: Si elle ne mérite vostre entretient, qu'elle aye part à vostre amitié qui la deffendra contre tous ses envieux. La bonne vesve au temple ne fut pas mesprisée pour son petit denier, je n'ay pû faire mieux, où il m'eust fallu du temps pour r'appeller mon esprit, & mes pensées souvent esloignées du cours de ma plume, & embarassées aux devoirs de l'obeïssance que j'ay tousjours preferés à mes propres interests, pourveu que Dieu soit loué, & mes pauvres Canadiens assistez, c'est tout ce que je demande, & puis souhaiter avec vos bonnes prières, lesquelles j'implore à ce que Dieu me fasse la grâce de pratiquer pour son amour les mesmes vertus que les barbares exercent pour l'amour d'eux mesmes, & qu'à la fin je vous puisse voir dans le Paradis, où nous conduise le Pere, le Fils, & le sainct Esprit, Amen.

Approbation des Docteurs.

Ous soubsignez Docteurs en Theologie de la Faculté de Paris, certifions avoir leu le livre intitulé, Histoire de Canada, Composé par le Frere Gabriel, de l'Ordre des Recollects, auquel nous n'avons rien trouvé contraire à la Foy Catholique, Apostolique & Romaine, ny aux bonnes moeurs, en foy dequoy nous avons signé le present tesmoignage, ce unziesme Juillet mil six cent trente-six.

Le Maistre. Pean.

Permission du Commissaire general

Nous soubsignez Frere Cherubin de Marcigny de l'Ordre des Fr. Mineurs Recollects, Père des Provinces de S. François, & de S. Bernardin en France, & Commissaire General en cette Province de S. Denys du mesme Ordre, permettons à Fr. Gabriel Sagard, Profez dudit Ordre, & de ladite Province, de faire imprimer un livre intitulé, Histoire du Canada, où les voyages que les FF. Mineurs Recollects y ont faicts en divers temps pour la conversion des Sauvages, avec un dictionaire, des langues Françoise, Huronne & Canadienne. En gardant ce qui est determiné par le sacré Concile de Trente, Ordonnances du Roy, & Constitutions de l'Ordre touchant l'impression des livres. Faict en nostre Convent de l'Annunciation de la glorieuse Vierge à Paris, sous nostre sein, & seau de la Province, le 19 jour du mois de May l'an de grace 1635.

De Cherubin de Marcigny,
Commissaire General.

Permission des Superieurs.

J'Ay soubsigné Frere Antoine des Moynes, Diffiniteur de la Province de Paris, Ordre de S. François des FF. Mineurs Recollects, certifie avoir veu, & leu par le commandement de nostre Reverend P. Provincial, le R. P. Ignace Legault, un livre intitulé, Histoire du Canada, où les voyages que les F F. Mineurs Recollects ont faits en dîners temps pour la conversion des Sauvages en l'Amérique, avec un Dictionnaire des langues Françoise, Algoumequine, Huronne, & Canadienne: faict & composé par Fr. Gabriel Sagard, Religieux de la mesme Province & du mesme Ordre, & n'y avoir trouvé rien de contraire à nostre saincte Foy, ny aux bonnes moeurs, ains l'ay jugé fort utile, & profitable d'estre mis en public, pour exciter les coeurs des fidels Catholiques, Apostoliques, & Romains, à assister ces pauvres idolâtres, touchant leur conversion au vray Dieu. Faict en nostre Convent de S. Germain en Laye, ce jour S. Denys Areopagite 9 Octobre 1635.
Fr. Antoine des Moynes.

J'Ay soubssigné Theologien, Predicateur, & Confesseur des Peres Recollects de la Province de sainct Denys en France, certifie avoir leu le livre intitulé Histoire du Canada, & voyages que les FF. Mineurs Recollects y ont faicts pour la conversion des Sauvages, avec un Dictionnaire des langues Françoise, Canadoise, Algoumequine, & Huronne: faict & composé par le Frère GABRIEL SAGARD. Religieux de nostre mesme Ordre & Institut. Auquel je n'ay rien trouvé contraire à la Religion Catholique, Apostolique, & Romaine, la lecture duquel fera recognoistre aux ames Chrestiennes l'extreme obligation qu'elles ont à Dieu du don de la Foy, voyans la barbarie és moeurs prophanes, & brutalité de vie de ces peuples: ce que les Chrestiens seroient si Dieu ne les avoit pollis par la cognoissance de son nom & lumière de la foy. J'ay juge que ce livre pourroit estre utile au public. En foy dequoy j'ay signé de ma main, ce vingt septiesme jour de Décembre 1634. A nostre Convent de Paris.

F. ANGE CARRIER,
qui supra.

Extraict du Privilege du Roy.

PAR Grace & Privilege du Roy, donné à Paris le 17 jour de May 1635, signé par le Roy en son Conseil, Croiset, & seellé du grand seau de cire jaulne, il est permis à Fr. Gabriel Sagard Theodat, Religieux Recollect, de faire imprimer un livre intitulé, Histoire du Canada, où les voyages que les Frères Mineurs Recollects y ont faicts en divers temps pour la conversion des Sauvages, avec un Dictionnaire des langues Françoises, Huronne, & Canadienne. Et deffenses à tous Imprimeurs & Libraires de ce Royaume, pays & terres de nostre obeyssance d'Imprimer ledit livre, d'en vendre, ny distribuer d'autre impression que de celle que ledit Fr. Gabriel Sagard Theodat, aura faict imprimer durant le temps de six ans, à compter du jour que la première impression sera achevée, sur peine de confiscation des exemplaires, de deux mille livres d'amende & de tous dépens, dommages, & interests, ainsi que plus au long est contenu audit Privilege.

Achevé d'imprimer pour la première fois le dernier Aoust 1636.

Et ledit Fr. GABRIEL SAGARD, a transporté le droict de son Privilege à CLAUDE SONNIUS Marchand Libraire à Paris, pour en joüyr selon la teneur d'iceluy.

HISTOIRE

DU CANADA

ET

VOYAGES DES PERES

RECOLLECTS EN LA

nouvelle France.

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